Simon Bréan - La Science-fiction en France

Modérateurs : Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m

Avatar du membre
bormandg
Messages : 11906
Enregistré le : lun. févr. 12, 2007 2:56 pm
Localisation : Vanves (300 m de Paris)
Contact :

Message par bormandg » mar. nov. 27, 2012 11:02 am

Eons a écrit :
bormandg a écrit :Mon problème est celui-ci:
Dans les deux cas il y a un référentiel dans lequel il n'y a pas de forces ou de modifications internes au référentiel, et un autre dans lequel il faut introduire des contraintes (forces de Coriolis dans le repère tournant, ralentissement du temps dans le vaisseau luminique). Et prétendre regarder le mouvement du référentiel sans forces ou contraintes par rapport à celui supposé immobile quand on le choisit comme référentiel crée une asymétrie dérangeante pour la pensée relativiste.
C'est parce que tu sembles croire que parce que les choses sont relatives il y a forcément symétrie des situations, or cela n'est vrai que si celles-ci sont équivalentes dans le temps et l'espace, et ce n'est pas le cas pour les exemples en question.

Si A et B s'éloignent l'un de l'autre à vitesse croissante, il n'y aura symétrie que si tous deux accèlèrent de manière identique.

Si A tourne sur lui-même et donc voit B comme si ce dernier tournait autour de lui, B en revanche ne verra pas A tourner autour de lui.
Mais laisse l'accélération à sa place, qui est totalement en dehors du problème. Et laissons ce problème hors de ce fil.
Ceci étant et pour en revenir au problème de la distance d'étude d'un mouvement littéraire (comme le fait remarquer Simon le problème est différent pour une oeuvre isolée), le problème est effectivement de savoir dans quelle mesure le fait de pouvoir encore confronter son étude aux témoignages de ceux qui ont vécu la période concernée est nécessaire. Voire indispensable. Le fait que Simon arrive à une perception que Gérard, qui a été un acteur içmportant, ou moi, qui n'ai été que spectateur lointain, trouvons assez proche de nos souvenirs, prouve qu'il est possible de trouver un équilibre entre un minimum de recul nécessaire et une lenteur excessive.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

Avatar du membre
Eons
Messages : 6338
Enregistré le : sam. févr. 17, 2007 6:49 pm
Localisation : Le cœur de Flandre
Contact :

Message par Eons » mar. nov. 27, 2012 2:09 pm

bormandg a écrit :Mais laisse l'accélération à sa place, qui est totalement en dehors du problème.
C'est là où tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu'au coude (au moins). :mrgreen:
bormandg a écrit :Et laissons ce problème hors de ce fil.
Je l'avais déjà signalé, qu'on était hors sujet. :lol:
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr

Avatar du membre
dracosolis
Messages : 7417
Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 8:08 pm
Contact :

Message par dracosolis » mer. nov. 28, 2012 8:46 am

Gérard Klein a écrit :
dracosolis a écrit : et j'ajoute que perso un intervalle de 50 piges pour juger si un livre est intégrable à un corpus ne parait ni exorbitant, ni malavisé
se foutre de la gueule des universitaires sur ce thème, et les traiter de frileux quand ils ne sont que méthodiques, patients et méticuleux et ne font que ce pour quoi ils sont créés et payés me semble un chouïa pas chié
en gros, il vaut mieux que les universitaires -- comme la Loi -- soient lents, toutes les autres options sont pires
Je m'inscris totalement en faux par rapport au discours de draco qui a trop parfaitement intériorisé les contraintes de Richelieu, par ailleurs ecclésiastique.
Ce n'est pas le rôle de l'université de définir un corpus éternel et immuable comme le lui prescrivait ainsi qu'à l'Académie le Cardinal avec d'évidentes visées politiques. Il s'y connaissait en orthodoxie.
Laissons au Vatican et à son bureau spécialisé le soin de définir la liste des saints.
Un corpus universitaire et même scolaire est destiné à évoluer et à être l'objet de controverses.

Le délai de cinquante ans me semble tout aussi absurde. Cela signifierait que les universitaires, aussi bien littéraires ou philosophes qu'historiens s'interdiraient de réfléchir à quoi que ce soit de postérieur à 1962. À la trappe, presque toute l'œuvre de Michel Foucault. Et celle de Bourdieu, etc.
En sciences sérieuses, je frémis à l'idée des conséquences.
Ça ne signifie pas que les universitaires doivent se prononcer en toge sur les prix littéraires de l'an dernier, mais qu'un délai de dix ans ou tout au plus de quinze permet déjà d'avoir le recul suffisant pour autoriser une réflexion éclairée. On pourra toujours la faire évoluer si besoin est.

C'est tout à l'honneur de Simon Bréan et de Natacha Vas-Deyres d'avoir examiné à la fois des œuvres plus récentes ET des œuvres relativement mineures mais qui marquent une étape ou un moment significatif, et de l'avoir fait malgré le conformisme ambiant dans leur milieu professionnel, parvenant avec courage et audace à le faire plier.
Je ne suis pas toujours convaincu par les Cultural Studies à l'américaine qui virent souvent au journalisme à peine informé, mais du moins elles engendrent de vigoureux débats et elles ne font pas l'impasse sur ce qui a pu se passer pour les deux générations précédentes.
c'est bien possible que j'ai intériorisé un discours, je n'en disconviens pas, et sans doute suis je politiquement suspecte de penser qu'une nation se définit sur un corpus commum (notamment culturel) qu'il revient à certains de définir et pas à d'autres

mais peut-être est-ce parce que je baigne dans des milieux où la base même de ce corpus est hors de portée de l'individu lambda et qu'il me revient tous les jours de le tirer jusqu'à lui tandis que toi la plupart des gens que tu croises y baignent comme poissons qui ont oublié ce qu'est l'eau, ne se rendent même pas compte qu'ils nagent et peuvent même faire des bonds hors de ce bain sans s'étouffer ou étouffer les voisins


en gros ce que je dis c'est qu'on peut pas faire dead poets dans le 93 ou le 20° : pour lutter contre le conformisme, il faut encore qu'il y ait une norme, qu'il ne parait pas exorbitant que l'université l'établisse en général, surtout si elles n'étouffent pas en prime les tentatives comme celles de Simon
Modifié en dernier par dracosolis le mer. nov. 28, 2012 11:58 am, modifié 1 fois.
Antéchrist N°4
Idéologue Relativiste à mi-temps
Antéchrist N°4 :

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » mer. nov. 28, 2012 9:40 am

dracosolis a écrit :
en gros ce que je dis c'est qu'on peut pas faire dead poets dans le 93 ou le 20° : pour lutter contre le conformisme, il faut encore qu'il y ait une norme, qu'il ne parait pas exorbitant que l'université l'établisse en général, surtout si elles n'étouffent pas en prime les tentatives comme celles de Simon
La culture donnée à l'école, c'est un conditionnement. Et le moyen de faire autrement ? Ce conditionnement est absolument nécessaire pour le fonctionnement du système, pour inculquer des règles indispensables sans lesquelles on ne peut pas construire grand chose (par exemple, la nécessité de croire qu' "il y a des choses de valeur", que "les choses de valeur doivent être admirées et respectées", etc.). Sans un corpus respecté, qui vaut ce qu'il vaut, on ne peut pas vivre une société intéressante (il me semble). Mais comme toute la société n'est pas masochiste, tant qu'à faire, il se trouve dans le corpus général de la "culture", des choses qui sont appréciées par beaucoup avec sincérité, sans que ce soit simplement quelque chose de formel ou de forcé ! c'est heureux… Par exemple, je ne doute pas que plein de gens admirent l'œuvre de Proust avec la plus grande sincérité, en en éprouvant du plaisir à la lire, il doit y avoir quelque chose qui fonctionne dans ce que je considère à comme un truc inepte, à titre personnel. Si j'idolâtre les symphonies de Bruckner ou de Chostakovitch, c'est AUSSI parce que ce corpus de musique classique est protégé et mis en valeur par la société (et c'est coûteux), même si l'immense majorité des membres de la société sont au mieux indifférents à ces cacophonies ennuyeuses. C'est de la "musique classique", c'est-à-dire installée dans la "musique officielle", dont le rôle est social : c'est la musique que l'on doit mettre en avant (écouter serait parfois un grand mot), parce que c'est de la "vraie" culture, que doivent respecter et forcer à respecter les gardiens de la société, ou se qui se présentent comme tels. Bruckner, Proust et Chostakovitch sont dans un même corpus, la culture officielle.
Cela me semble indispensable, totalement indispensable, de placer le concept de culture au centre de la société. Après, il faut (pour nous, peut-être?) être bien conscient que cela ne garantit en RIEN la "véritable" valeur (si ce concept existe!) des productions culturelles présentées comme telles.
C'est pour cette raison que je suis toujours surpris lorsque l'on voit des critiques jouer sur les deux tableaux, d'une part en classant les productions culturelles en deux groupes, les "sérieuses et de qualité" d'un côté, et les "la sous-littérature, etc" de l'autre), et se permettre cependant de porter des jugements de "goût" sur des ouvres du corpus officiel ("je n'aime pas Victor Hugo", par exemple). En effet, si le critique s'appuie sur la dichotomie "œuvres sérieuses et de qualité" (ie officiellement reconnues selon des critères artistiques posés comme tels), il n'a pas le droit (selon moi) de dire qu'il "n'aime pas Victor Hugo", parce que cet écrivain est désormais admis dans le corpus officiel. Il est obligé d'accepter le verdict.
S'il ne l'accepte ça, je trouve cela très bien, mais dans ces conditions, il faut renoncer, en faisant de la critique, à s'appuyer sur la dichotomie "œuvres sérieuses, composées dans des normes raffinées" et "les autres productions". Et si on se place dans ce cadre exigeant (vers lequel, à mon sens, les critiques devraient essayer de tendre, même si c'est forcément problématique), les remarques sur le "style", par exemple, devraient être faites avec la plus extrême prudence, vu le formalisme considérable que recouvre la notion de style. Or, l'expérience montre que dans un grand nombre de critiques, l'argument "c'est mal écrit" ou à l'inverse "voilà un texte écrit avec style" est employé massivement, alors que le "style", justement, est un des élément les plus formels qui soient, un de ceux qui est le moins susceptible de s'éloigner des marques de la culture "officielle".
Bon, je ne suis peut-être pas aussi clair que je le voudrais, j'essaie péniblement de sortir mon esprit lourdement embrumé de la confusion, justement…

Oncle Joe

Avatar du membre
Sylvaner
Messages : 642
Enregistré le : mer. janv. 28, 2009 10:15 pm
Localisation : Plein Centre

Message par Sylvaner » mer. nov. 28, 2012 11:34 am

Lensman a écrit : C'est pour cette raison que je suis toujours surpris lorsque l'on voit des critiques jouer sur les deux tableaux, d'une part en classant les productions culturelles en deux groupes, les "sérieuses et de qualité" d'un côté, et les "la sous-littérature, etc" de l'autre), et se permettre cependant de porter des jugements de "goût" sur des ouvres du corpus officiel ("je n'aime pas Victor Hugo", par exemple). En effet, si le critique s'appuie sur la dichotomie "œuvres sérieuses et de qualité" (ie officiellement reconnues selon des critères artistiques posés comme tels), il n'a pas le droit (selon moi) de dire qu'il "n'aime pas Victor Hugo", parce que cet écrivain est désormais admis dans le corpus officiel. Il est obligé d'accepter le verdict.
Gide sur la question du plus grand poète français a écrit : Victor Hugo, Hélas.
Comme des millions de parents, j'essaie d'apprendre à mes enfants la différence entre "j'aime pas" et "c'est pas bon".*

Les bons critiques (même ceux que je n'aime pas par ailleurs) savent faire cette différence... les autres se sentent obligés d'appeler la qualité à la rescousse de leur appréciation.

Mon dernier prof de français jubilait lorsqu'il disait que Zola était une sorte de bûcheron insensible, sauf dans les rares passages romantiques où il savait écrire, ou lorsqu'il assénait à des jeunes adultes que Sade était "ennuyeux comme la pluie". Le premier commentaire m'apparaît aujourd'hui stupide, même si Zola m'endors, le second bien plus légitime - l'ennui étant forcément subjectif.

* ce ne sont pas des fautes de négation, c'est du style !
---
"Il aura fallu des millions d'années à l'espèce humaine pour descendre des arbres et seulement dix de plus pour se mettre en vitrine." R. Powers

Avatar du membre
dracosolis
Messages : 7417
Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 8:08 pm
Contact :

Message par dracosolis » mer. nov. 28, 2012 12:04 pm

ce matin, l'élève Lud est arrivé en classe avec ses "graphes" pour me les montrer :
l'un représentait les coursives du sisu (vaisseau spatial dans citoyen de la galaxie que nous avons étudié précédemment)
l'autre était un portrait de Fagin (un Fagin un peu Jap mais bon) dans oliver twist et un autre de gavroche (je travaille sur les orphelins en ce moment, je me demande pourquoi^^), ce gosse est incapable de me faire une rédac de cinq lignes mais il aura Heinlein, Dickens et victor hugo en images mentales
je vois pas ce que je peux faire de mieux pour l'instant...
désolée
je ne suis que part de l'école, la culture perso c'est tout ce qu'on apprend à aimer ou à contester une fois qu'on en est sorti de l'école avec les moyens de le faire




et juste pour rire un des derniers titres de l'express, attention bientôt, ils vont découvrir l'amérique, tes journalistes culturels, GK
Antéchrist N°4
Idéologue Relativiste à mi-temps
Antéchrist N°4 :

Avatar du membre
Eons
Messages : 6338
Enregistré le : sam. févr. 17, 2007 6:49 pm
Localisation : Le cœur de Flandre
Contact :

Message par Eons » mer. nov. 28, 2012 12:34 pm

Sylvaner a écrit :Comme des millions de parents, j'essaie d'apprendre à mes enfants la différence entre "j'aime pas" et "c'est pas bon".
Combat de (très) longue haleine, et pas toujours gagné à la fin… Image
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr

Gérard Klein
Messages : 1595
Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
Localisation : En face de la Fac Jussieu

Message par Gérard Klein » mer. nov. 28, 2012 4:24 pm

dracosolis a écrit :c'est bien possible que j'ai intériorisé un discours, je n'en disconviens pas, et sans doute suis je politiquement suspecte de penser qu'une nation se définit sur un corpus commum (notamment culturel) qu'il revient à certains de définir et pas à d'autres
mais peut-être est-ce parce que je baigne dans des milieux où la base même de ce corpus est hors de portée de l'individu lambda et qu'il me revient tous les jours de le tirer jusqu'à lui tandis que toi la plupart des gens que tu croises y baignent comme poissons qui ont oublié ce qu'est l'eau, ne se rendent même pas compte qu'ils nagent et peuvent même faire des bonds hors de ce bain sans s'étouffer ou étouffer les voisins
en gros ce que je dis c'est qu'on peut pas faire dead poets dans le 93 ou le 20° : pour lutter contre le conformisme, il faut encore qu'il y ait une norme, qu'il ne parait pas exorbitant que l'université l'établisse en général, surtout si elles n'étouffent pas en prime les tentatives comme celles de Simon
Ce contre quoi j'ai protesté, c'est d'abord le délai d'un demi-siècle qui me semble insensé. Simon Bréan en parlant de la difficulté à estimer la production de moins de douze ans en sf propose une limite beaucoup plus pertinente et que j'accepte. Dix, douze, quinze ans, pas de problème.
Quand j'étais au lycée (j'ai eu mon bac en 1954), donc vers 1951 ou 1952, pas en première ni en philo, on nous a fait lire entre autres Sartre et en particulier sa nouvelle Le mur. Je me souviens encore d'une dissert sur cette nouvelle et l'absurde, et d'avoir fait remarquer que Sartre avait triché. Incidemment, ça m'a appris pas mal de choses sur l'écriture de nouvelles que j'entamais à l'époque. On lisait aussi Théophile Gautier, on n'était pas âgiste.
Lire Sartre, ça semblait tout à fait normal et il était loin d'être mort. La Nausée et Malraux, je crois que c'est plutôt à Science Po qu'on m'a fait lire ça.

Ainsi, je ne trouverais pas du tout anormal qu'on fasse lire Michel Houellebecq en première ou en terminale (dans des éditions expurgées évidemment, car ces pauvres bambins ne savent rien du sexe).

Quant au corpus, il suffit de regarder des littératures et choix de textes un peu anciens pour voir à quel point il a changé disons au cours des cent dernières années. Le corpus théorique, peut-être pas, mais le corpus effectivement enseigné, oui. Quand j'étais très jeune, Victor Hugo était honni, je n'ai jamais compris pourquoi. Moi dès l'âge de neuf ou dix ans je le lisais avidement dans la petite collection Nelson qu'avaient mes grands-parents. Si bien que quand j'ai été testé pour débilité légère à onze ans, je pouvais résumer et parfois citer des passages entiers de La Légende des siècles à des psychologues légèrement désorientés.
Beaucoup plus récemment, j'ai relu avec Lola, treize ou quatorze ans à l'époque, donc au collège, Les Fourberies de Scapin, évidemment jamais revu depuis ma scolarité.

Et je me suis aperçu que la langue était en grande partie incompréhensible pour cette jeune fille très intelligente mais peu liseuse, qui avait pourtant bénéficié pratiquement depuis sa naissance de mes contes et propos de table pendant toutes ses vacances. Moi-même, si je comprenais à peu près ce que je lisais (comme je comprends à peu près Shakespeare dans le texte), j'avais beaucoup de mal à l'expliciter.
Plus grave encore, les situations sociales lui échappaient complètement, comme à ses copines du reste qui s'en foutaient complètement et apprenaient par cœur ce qu'on voulait leur faire dire (ce que Lola faisait difficilement). Le rôle du père dans le choix d'un amant ou d'un fiancé, les relations sociales entre maître et valet, la question de l'héritage, et, je me mélange peut-être avec L'Avare (pas les textes sous la main), l'histoire inventée d'enlèvement et de pirates barbaresque, paraissaient à Lola complètement absurdes voire incompréhensibles.
Dans un autre champ, je me souviens d'avoir lu à haute voix devant un petit auditoire écroulé de rire les petits romans américains de Chateaubriand, Attala et cie. Je vous les recommande.

Le corpus nationaliste, c'est une évidence: à l'origine des langues, ou du moins de leur usage idéal, de toutes les nations européennes on place un auteur qui ne les a évidemment pas inventées: La Chanson de Roland en France ou qui on voudra, plutôt Molière (voir ci-dessus), Racine et Corneille, Shakespeare en GB, Goethe en Allemagne, Le Dante en Italie, Cervantès en Espagne, et sans doute Gernsback au Luxembourg.
Ça ne me gène pas du tout et je pense en effet qu'il faut un fonds culturel commun. Mais à le maintenir inchangé on s'expose à ce qu'il soit subi comme un pensum et aussitôt oublié, en tout cas jamais assimilé et qu'il laisse place entière au dernier manga.
Je sais très bien que les enseignants, fort heureusement, prennent des libertés avec le programme et essaient de bien choisir les textes de référence.
Mais ne faudrait-il pas donner un grand coup d'époussetage sur tout ça?
Je pense que je rejoins là-dessus les profondes réflexions de l'Oncle. l'enseignement actuel semble trop souvent fait pour les premiers de la classe et pour les enfants de profs, à ce que j'en vois.
La remarque vaut du reste pour l'enseignement des mathématiques. Lire là-dessus les livres de Mme Stella Baruk que j'ai rencontrée deux ou trois fois et qui explique très bien pourquoi les Français sont (en moyenne, notion déjà complexe) nuls en mathématiques.
Moi y compris qu'on a hélas complètement mais pas définitivement dégouté des maths au fil du secondaire.
Tout de même premier en maths en philo. Les autres étant plus nuls.
Mon immortalité est provisoire.

Gérard Klein
Messages : 1595
Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
Localisation : En face de la Fac Jussieu

Message par Gérard Klein » mer. nov. 28, 2012 4:34 pm

J'ajouterai qu' à cet âge, on m'a fait faire du latin et du grec parce que c'était la tradition et que ni les enseignants ni mes parents n'avaient lu Messac, qu'il ne m'en est hélas pas resté grand chose, sauf le Bailly et le Gaffiot, et que j'ai dû apprendre tout seul l'anglais. Je faisais aussi de l'allemand, il ne m'en est resté pas grand chose non plus hélas, cette fois pour de vrai, je le lis et parle à peine. Mieux vaudrait dire pas.

Mais j'ai quand même eu une mention Bien au bac philo et manqué le Très Bien de quatre points (je crois que c'est un examinateur, navré, qui me l'a dit, ou bien le protal). Je ne m'en suis jamais remis.
Mon immortalité est provisoire.

Gérard Klein
Messages : 1595
Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
Localisation : En face de la Fac Jussieu

Message par Gérard Klein » mer. nov. 28, 2012 4:49 pm

NB: Quand j'avais cinq ou six ans, un peu après avoir appris à lire vers quatre ans et demi grâce à une voisine institutrice retraitée dans le manuel Lire sans larmes (publicité mensongère éhontée), j'ai lu avec passion La vie de Saint-Louis, de Joinville, dans une petite édition scolaire de classiques, couverture crème avec un motif couleur bordeaux léger.
Personne n'a jamais compris pourquoi.
Moi non plus.
Mon immortalité est provisoire.

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » mer. nov. 28, 2012 5:25 pm

Gérard Klein a écrit : Plus grave encore, les situations sociales lui échappaient complètement, comme à ses copines du reste qui s'en foutaient complètement et apprenaient par cœur ce qu'on voulait leur faire dire (ce que Lola faisait difficilement). Le rôle du père dans le choix d'un amant ou d'un fiancé, les relations sociales entre maître et valet, la question de l'héritage, et, je me mélange peut-être avec L'Avare (pas les textes sous la main), l'histoire inventée d'enlèvement et de pirates barbaresque, paraissaient à Lola complètement absurdes voire incompréhensibles.
.
Heu… en quoi est-ce grave ??? A part d'être spécialisé dans le domaine, il n'y a pas de raison de connaître toutes les coutumes invraisemblables des différentes époques. Il faut expliquer les coutumes aux gamins AVANT, si l'on tient de toute force à étudier la pièce. L'étude ressemblera alors davantage à de l'histoire sociale qu'à de l'étude littéraire, mais bon, on ne perd pas spécialement au change, il me semble. On n'est pas à ça près!

Oncle Joe

Gérard Klein
Messages : 1595
Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
Localisation : En face de la Fac Jussieu

Message par Gérard Klein » mer. nov. 28, 2012 5:50 pm

En effet.
Mais pire encore, on lui a dit que c'était une pièce drôle.
Rigolote comme tout.
Et là, elle n'a vraiment pas compris.
Moi non plus du reste. J'ai été incapable de lui expliquer où et pourquoi il fallait rire.
On a trouvé tous les deux cette histoire plutôt sinistre et parfaitement immorale.

Les Tontons flingueurs, quand même, et pour le scénario et pour la langue, c'est autre chose.
Quoique ça lui semble tout aussi dépassé.
Mon immortalité est provisoire.

Avatar du membre
Nébal
Messages : 4266
Enregistré le : ven. mai 04, 2007 5:45 pm
Localisation : Paris
Contact :

Message par Nébal » mer. nov. 28, 2012 6:03 pm

Bof...

Avatar du membre
dracosolis
Messages : 7417
Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 8:08 pm
Contact :

Message par dracosolis » mer. nov. 28, 2012 6:36 pm

Gérard Klein a écrit :
Les Tontons flingueurs, quand même, et pour le scénario et pour la langue, c'est autre chose.
Quoique ça lui semble tout aussi dépassé.
tu ne te trompe pas, pour certains gamins les Tontons c'est aussi impénétrable qu'Andromaque (sisi^^)
(je dis andromaque parce que j'ai fait les deux avec la même classe de quatrième dans un état - les gosses - de sidération)
(d'ailleurs je me suis laissé dire que pour certains anglais pourtant très cultivés l'humour des tontons flingueurs était carrément inappropriable)

la langue a réellement changé, je fais de la trad et de l'expo sociale en permanence (sinon, ils captent même pas les ENJEUX du bouzin)
(ce que je trouve curieux d'ailleurs dans un contexte où les filles d’immigré admettent parfaitement les "lois du père" à la maison, et ne les reconnaissent pas dans la littérature)
(en revanche j'ai jamais réussi à dire que molière c'était drôle vu que j'ai jamais trouvé non plus^^)



bon cela dit, les tontons ça a 50 piges, il est temps que l'université tranche leur cas^^
Antéchrist N°4
Idéologue Relativiste à mi-temps
Antéchrist N°4 :

Avatar du membre
Nébal
Messages : 4266
Enregistré le : ven. mai 04, 2007 5:45 pm
Localisation : Paris
Contact :

Message par Nébal » mer. nov. 28, 2012 6:48 pm

dracosolis a écrit :bon cela dit, les tontons ça a 50 piges, il est temps que l'université tranche leur cas^^
Ou un tribunal.

Hop : http://youtu.be/qyu7AyFaDmg

Et sinon, Molière non plus, spadrol.

Répondre

Retourner vers « Vos dernières lectures »