Tétard a écrit :Parce que le soldat moderne, au service de l'Etat, est censé être froid et rationnel, qu'il massacrera plus souvent des civils que d'autres soldats.Parce que les effets des armes de destruction à distance sont peu susceptibles de faire fantasmer, je pense.
Pour fantasmer sur un semblant de "passion" humaine, mieux vaut se tourner vers les irréguliers, résistants et terroristes du monde entier.
Il me semble difficile de fantasmer sur un bombardement massif (si ce n'est pour les incendies, balles traçantes et missiles qui éclairent la nuit : mais cela ressort plus à un feu d'artifice, vu à 2000km douillettement installé devant son poste de TV).
Ouh là, le soldat moderne froid et rationnel ?Tu situes quand la limite entre le dragon des dragonnades et le soldat moderne.
Il me semble, au contraire, que dans la fiction, le soldat professionnel comme barbare est une figure assez commune. Comment analyses-tu "Apocalypse Now" ?
Le "combat à distance", c'est loin d'être la réalité des combats. On se dirige de moins en moins vers des conflits égalitaires (une armée contre une autre, sur un champ de bataille délimité) mais de plus en plus de conflits asymétriques (une armée régulière contre des francs-tireurs). Y'a énormément de place pour de la barbarie là-dedans (et des deux côtés).
D'autre part, si on en croit les récits des soldats de la guerre de Corée (combat assez classique), on s'approche assez vite de la folie. Tel ce soldat qui en était venu à collectionner les oreilles des ennemis morts. Bien des années plus tard, il ne comprend toujours pas comment il en a été capable.
Autre cas, la guerre de 14-18. Essentiellement, chaque assaut, c'est deux phases : un bombardement intensif des lignes ennemis, un assaut à la baïonnette. Ce qui a rendu fou la plupart des soldats, c'était pas le corps à corps, mais la barbarie du bombardement. Rester pendant des heures dans des explosions, un bruit assourdissant, ca rend fou. Alors parler de "rationnel et froid", hum.