Lensman a écrit :Bon... là, on se bloque un peu... il y avait quelques questions (pesantes, je sais, je suis lourd) sur le problème du caractère "populaire" et 'jeunesse" de la SF (par exemple que faire du Fleuve Noir Anticipation?), le problème de la "qualité littéraire", etc. Quel type de réponse peut avoir la fameuse "critique" devant cette situation, en France? (Nous partions de 1950). Je ne vois pas comment il peut y avoir acceptation.
Oncle Joe
Un mot, Tonton:
la "qualité littéraire" telle qu'acceptée par la critique est une notion variable (et donc explicable par tout un tas de raisons qu'on doit pouvoir retrouver).
Dans ce que la critique culturellement dominante en littérature admet comme "qualité littéraire", tu peux mettre des styles aussi différents et hétérogènes que Céline, Beckett, Proust, et Pierre Michon.
Un exemple de malentendu sur cette question du beau style, de la belle langue:
- on dit de Michon qu'il est le dernier grand classique, en style, héritier de Flaubert et de Gracq à la fois.
- or Michon lui-même se défend d'être un "classique", son style, ou plutôt la forme esthétique qu'il a su créer, il ne l'a pas trouvée en cherchant à "bien écrire", à faire "des belles phrases". Il a cherché à écrire "juste", à ce que ça sonne juste. Et cette justesse, il faut l'expliquer...
- Si Michon draine autant de fans et de louanges critiques (sur fond d'un snobisme parfois un peu pénible, mais bon, c'est la rançon du succès critique), comment expliquer que quelqu'un comme Guy Dupré, qui écrit dans une langue magnifique et très classique, et par moments comparable à celle de Michon, soit en revanche si peu relayé dans la critique littéraire dominante? (outre le problème des opinions politiques, hein...)
Je ne dis pas cela pour discréditer ton idée d'une perception de la SF comme littérairement pauvre ou faible, à l'origine de sa mise à l'écart de la culture dominante.
Bien évidemment, ce facteur joue.
Mais dès qu'on tente de le penser, de le définir jusqu'au bout, avec toute la clarté possible, on voit que la culture dominante n'a pas une conception si univoque (ni parfois si élitiste) de la qualité littéraire, et du beau style...