Il y a quand même une façon d'échapper au relativisme – même si elle est elle-même le consensus d'une époque, donc relative elle aussi. C'est l'idée d'autonomie de l'œuvre.Lensman a écrit :on a l'étrange impression que la littérature n'est (presque) QUE sociologique, lorsqu'il s'agit de la caractériser (je ne parle même pas de définiton)
Est jugé littéraire tout texte qui s'autosuffit.
Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que si, en lisant la lettre d'un fou, on oublie que son auteur est fou pour se laisser embarquer par l'expérience de la lecture, l'expérience esthétique, cette lettre est de la littérature. Ça veut dire que si, en lisant une biographie, on échange à un moment "le désir d'avoir des informations sur une vie réellement vécue" contre le seul plaisir de lire, pour soi et en soi, en se foutant que ce soit vrai ou pas, c'est de la littérature. Etc.
Une autre manière de l'exprimer : quand la forme et le fond cessent d'être séparables, c'est de la littérature.
Et – pourquoi pas ? – un exemple qui ne t'aidera pas, qui te fera même ricaner mais que je trouve, pour ma part, étrangement pertinent. Un jour, au cours d'une émission télé, on a demandé à Derrida d'expliquer ce qu'était la déconstruction (sous-entendu de l'interviewer : c'est une notion très compliquée, pouvez-vous en donner une définition simple, compréhensible par tous ?) Derrida a réfléchi un bon moment et puis, il a finalement lâché : "la déconstruction, c'est l'Amérique."
Cette phrase, c'est de la littérature. Tu vois ce que veux dire ? (1)
(1) Non ? Bon.