Juste à un détail près: le problème posé par Vinge de la Singularité. ne nous dit-il pas lui aussi que nous n'avons pas, malgré la SF qui les cherche, les outils pour pensrer ce qui arrive?Lem a écrit :Coïncidence assez remarquable : juste après avoir posté sur Doré, je jette un coup d'œil sur France 5 et tombe sur un doc intitulé Tous connectés de Bernard Malaterre. On y parle à cet instant de Second Life ; Jacques Attali et Jean-Claude Guillebaud spéculent sur le virtuel, son avenir, son impact sur la société, etc. Je ne dis rien sur la qualité générale du doc et des propos car à l'instant où je comprends de quoi il est question, Guillebaud déclare (en substance) : "Nous ne savons pas quoi dire de pertinent, en fait, car nous n'avons pas eu le temps de penser cette situation. Le virtuel remet tout en cause. Les concepts de lieux. Les concepts de temps. Les concepts de personne. Nous n'avons pas les outils pour penser ce qui arrive."
Premier réflexe intérieur (comme d'habitude en gros) : "Si ce type avait lu de la sf, il serait quand même moins désemparé. Il saurait au moins que quelque part, il y a une forme littéraire qui travaille ces questions – à défaut de fournir des réponses – depuis vingt ans au moins, et plus encore si on remonte à Galouye et Dick".
Deuxième réflexe : "Eh mais… C'est le sujet du fil. Un intellectuel qui constate son dénuement théorique sur des concepts métaphysiques – face à ces mêmes concepts transformés en objets."
Du sense of wonder à la SF métaphysique
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Il y a, sous-entendu, le déni de l'existence de la SF comme moyen de réflexion sur les questions en cause, non?.silramil a écrit :Néanmoins, cela entraîne-t-il un rejet ou un déni ?Lem a écrit : Deuxième réflexe : "Eh mais… C'est le sujet du fil. Un intellectuel qui constate son dénuement théorique sur des concepts métaphysiques – face à ces mêmes concepts transformés en objets."
Second Life est, à son niveau, un phénomène de société, parfois critiqué mais en tout cas autonome et prospère.
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On dirait que tu mélanges les problèmes, celui de la survie des revues et celui de leur contenu et de leur couverture. Et je ne suis pas d'accord, ni Fiction, ni galaxie ne chercjhent la lecture par les enfants; par les jeunes adultes, sans doute, mais en cherchant aussi, voire surtout, leur part adulte.Lensman a écrit :Mais les illustrations de couverture ne sont pas très pittoresques, la plupart du temps...Lem a écrit :La Revue des Deux Mondes (depuis 1829), doyenne des périodiques françaisLensman a écrit :l'existence de revues spécifiques.
Je sais bien que leur époque glorieuse est passée depuis longtemps, mais justement, le fait qu'elles survivent encore vaille de vaille est un sujet d'étonnement pour moi. Elles devraient avoir disparu depuis longtemps. Au USA, il y a toujours F&SF, Analog et Isaac Asimov Magazine.
Il y a-t-il d'autres littératures dans ce cas?
Quelle serait la raison "forte" (à part l'inertie, le hasard, la bonne volonté de deux ou trois cinglés, etc) qui sous-tend cette existence aussi prolongée?
La Nouvelle Revue Française - NRF (1908-...)
Europe (1923- ..)
Les Temps modernes (1945-...)
Souffles (1950-...)
Action Poétique (1956-...)
Cette couverture, si laide, si repoussante quand on a une once de bon goût, mais qui va attirer les gamins, et leurs révèlent qu'ils sont des adeptes...
Je ne le connais pas très bien les autres revues (bien qu'en en ayant lu pas tout de même... là, je suis dans "Critique", c'est dire!) mais elles ne ne donnent pas l'impression d'avoir le même mode de fonctionnement, la même ambiance, avec le courrier des lecteurs (le courrier des lecteurs!!!), les annonces "le mois prochain, la suite des aventures de Gilbert Gosseyn"!", les cotations avec les petites étoiles (ça le ferait bien, dans les revues normales...)... ça a fort peu de chose à voir, pas le même statut.Les revues de SF, on les lit pour s'amuser...
Le monde de la distraction, ce côté "entertainment" (comme disent les anglo-Saxons) participatifs, sans lequel la Sf devient une chose bien tristounette...
"Le Bulletin Officiel" tient bien le coup, aussi, mais...
Les revues de SF attirent l'attention des enfants. Cette relation de la SF aux enfants crève les yeux, pour moi. Et on peut y rester, si on le veut, même quand on n'est plus, formellement, un enfant. Non seulement rien ne s'y oppose, mais c'est tout à fait naturel... si on a l'état d'esprit.
Oncle Joe
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Lem
Il n'y a pas de sous-entendu, comme je l'ai dit dans ma réponse à Silramil :bormandg a écrit :Il y a, sous-entendu, le déni de l'existence de la SF comme moyen de réflexion sur les questions en cause, non?silramil a écrit :Néanmoins, cela entraîne-t-il un rejet ou un déni ?Lem a écrit : Deuxième réflexe : "Eh mais… C'est le sujet du fil. Un intellectuel qui constate son dénuement théorique sur des concepts métaphysiques – face à ces mêmes concepts transformés en objets."
Second Life est, à son niveau, un phénomène de société, parfois critiqué mais en tout cas autonome et prospère.
La remarque de Guillebaud appuie la première partie de l'hypothèse (pas de métaphysique dans la formation intellectuelle au XXème siècle). Ce n'est que ça mais c'est déjà ça.
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Vous avez dit bizarre?Roland C. Wagner a écrit :Voilà quelque chose qui m'étonnera toujours : j'ai écrit un roman fantastique, ou de fantasy urbaine, sans aucune rationalisation de la magie (elle existe, point à la ligne), et tu n'es pas le premier à vouloir le ranger dans la science-fiction.MF a écrit :Malsaine la curiosité !Roland C. Wagner a écrit :Et La Saison de la sorcière ?
Juste par curiosité.
Ben oui, il est dans mon corpus, tu t'en doutes.
Bizarre, bizarre…
Comme MF, je range dans la SF tout ce qui témoigne d'une certaine forme de réflexion (jusqu'à L'Île de Robert Merle) et, par voie de conséquence, un certain ,nombre d'écrits apparemment de fantasy d'auteurs de SF (par exemple Cugel). Une façon de dire que "Chassez le naturel (la SF), il (elle) revient au galop (de ses chevaux-vapeur)"...
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Dans l'argot fandomatique, ce sont les "gens ordinaires", ceux qui ne lisent pas de science-fiction.jlavadou a écrit :On peut s'intéresser à ce genre de question tout en étant personne.Roland C. Wagner a écrit :Finalement, cette histoire de métaphysique en variable cachée et tout ça, c'est quand même du baratin pour les mundanes.
Tiens, c'est marrant, dans mon dico d'anglais, mundane, ça veut dire commun, banal
Tiens, un extrait d'Il est parmi nous, métaroman métaphysique s'il en est :
Norman Spinrad a écrit :— Les fans sont des Slans, d'accord, déclara-t-il avec emphase, des super garçons et filles mutants cachés, capables de comprendre que le destin futur de l'humanité est celui d'une espèce transcendante qui voyagera dans l'espace et ne cessera d'évoluer, tandis que les pauvres mundanes ignorants actuellement responsables de ce monde ont des problèmes à voir assez loin devant eux pour éviter de se marcher sur la queue tandis qu'ils se ruent comme des lemmings vers les abysses ultimes de la catastrophe planétaire.
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AMA tu confonds le tout et la partie. Que le rejet de la SF soit corrélé à celui de la métaphysique, je suis d'accord. Qu'il y ait une relation de causalité, non.Lem a écrit :L'hypothèse est : le rejet de la sf (en France) vient de plusieurs facteurs connus depuis longtemps. Je propose d'en ajouter un autre qui n'était pas cité jusqu'ici et qui semble pouvoir rendre compte de la perception du genre comme "ridicule". Ce qui est rejeté sous cette perception, c'est l'élément métaphysique de la sf (car au XXème siècle, la métaphysique a été jugée comme globalement "ridicule").Sand a écrit :L'hypothèse est-elle "la métaphysique cause le rejet de la SF" ou "la cause du rejet de la métaphysique est aussi la cause du rejet de la SF" ?
Est-ce que ça répond à ta question ?
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Bon, ben je sens que ça va être dur de faire croire que j'écris de la littgen, alors…rmd a écrit :C'est parce qu'il y a écrit "roland C Wagner" sur la couverture. Tout le monde est persuadé qu'un bouquin de toi est forcément de la SF.Roland C. Wagner a écrit :Bizarre, bizarre…
D'un autre côté, quel intérêt ?
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Je conteste le "la". Sand aurait DU écrire "UNE" cause (non déterminante).Lem a écrit :Voilà.Sand a écrit :la métaphysique est perçue comme "ridicule"
(donc) l'élément métaphysique de la sf est la cause de la perception de la SF comme "ridicule" (avec d'autres causes, mais ça c'est acquis)
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'il y a un deux ex machina à la fin... (au sens propre comme au figuré)Hoêl a écrit :Tu as lu Rupture dans le réel de PeterF. Hamilton ?Et même que j'irais beaucoup plus loin que ce que disait Joe : s'il y a un fantôme dans un roman de SF, ce n'est pas un fantôme, mais quelque chose qui ressemble à ce que les superstitions diverses racontent des fantômes. Et si c'est un vrai fantôme, alors c'est de la fantasy (ou du fantastique, etc).
Parce que c'est de la S.F. et ça ne me semble pas cadrer avec ta théorie . Pour mémoire , on y trouve des fantômes , des revenants qui possèdent des vivants et même un dieu .
Oui, j'ai même adoré ce bouquin.
Il ne me semble pas avoir été confronté à autre chose que des phénomènes naturels, même si cette reality dysfunction indique au départ une incapacité des peuples confrontés au phénomène à le comprendre.
Cette épreuve est surmontée lorsque la rupture dans le réel n'est plus vue comme telle, mais quand un esprit humain parvient à percevoir la véritable nature du temps et des esprits.
A mes yeux, et sans forcer trop, tous les éléments apparemment surnaturels sont censés avoir une explication rationnelle, même si elle dépasse en grande partie l'entendement humain.
Modifié en dernier par silramil le lun. déc. 07, 2009 3:29 pm, modifié 1 fois.
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Tes chances d'une épée d'académicien, non?Roland C. Wagner a écrit :Bon, ben je sens que ça va être dur de faire croire que j'écris de la littgen, alors…rmd a écrit :C'est parce qu'il y a écrit "roland C Wagner" sur la couverture. Tout le monde est persuadé qu'un bouquin de toi est forcément de la SF.Roland C. Wagner a écrit :Bizarre, bizarre…
D'un autre côté, quel intérêt ?
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Est-ce à dire que la réponse de PF Hamilton est dans le style "vivement le post-humain"? (pas encore trouvé le temps et le courage de lire la trilogie).silramil a écrit :et même qu'il y a un deux ex machina à la fin...Hoêl a écrit :Tu as lu Rupture dans le réel de PeterF. Hamilton ?Et même que j'irais beaucoup plus loin que ce que disait Joe : s'il y a un fantôme dans un roman de SF, ce n'est pas un fantôme, mais quelque chose qui ressemble à ce que les superstitions diverses racontent des fantômes. Et si c'est un vrai fantôme, alors c'est de la fantasy (ou du fantastique, etc).
Parce que c'est de la S.F. et ça ne me semble pas cadrer avec ta théorie . Pour mémoire , on y trouve des fantômes , des revenants qui possèdent des vivants et même un dieu .
Oui, j'ai même adoré ce bouquin.
Il ne me semble pas avoir été confronté à autre chose que des phénomènes naturels, même si cette reality dysfunction indique au départ une incapacité des peuples confrontés au phénomène à le comprendre.
Cette épreuve est surmontée lorsque la rupture dans le réel n'est plus vue comme telle, mais quand un esprit humain parvient à percevoir la véritable nature du temps et des esprits.
A mes yeux, et sans forcer trop, tous les éléments apparemment surnaturels sont censés avoir une explication rationnelle, même si elle dépasse en grande partie l'entendement humain.
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