Lensman a écrit :Lem a écrit :Donne des exemples de choses intrinsèquement ridicules dans la sf.
Le fait de proposer une représentation de l'avenir, donc condamnée à l'obsolescence.
La parenté avec les théories barjos.
Ce sont des obstacles presque insurmontables, qui rendent extrêmement problématiques l'accession au statut de "grande" littérature.
Il y a aussi la montagne de néologismes bizarres, prononçables uniquement si on connaît le bas-teuton. C'était quoi déjà les noms sur ton B.R. Bruss ? Mais ça vaut aussi pour le nom des extra-terrestres chez Vance dans le cycle de Tschaï (avec un nuage de lait). Déjà Xipéhuz, d'où qu'on le prenne, c'est pas vraiment sérieux comme nom.
Certains sous-mythes propres au genre : le savant fou, le professeur et son assistante.
Le Godzilla de Honda en 1954 est un film de SF très attachant, mais bon, ce qu'il en reste ce n'est guère le propos anti-nucléaire et d'éthique scientifique, mais bien un monstre en caoutchouc qui détruit Tokyo. La même année, il y a les Sept Samouraï et Musashi.
Cette sorte de naïveté enfantine qui transparaît dans ces oeuvres est réjouissante, et je considère même qu'elle est nécessaire pour que le genre vive. Il faut assumer cette part de folie décomplexée qui attire le public des fans et révulse les gens sérieux.
Ce qu'on remarque, justement, c'est que les fans font le tri, ils absorbent l'aspect ridicule et analysent les motifs, le propos. Mais pour un lecteur n'étant pas préparé à ça, le saut est très dur. Beaucoup ne le font pas. Ils regardent le robot de "Le jour où la Terre s'arrêta" et disent "ouh qu'il est moche". Il faut être très fan du genre pour se rendre compte de la poésie de la chose.
C'est là que le propos de Lensman sur l'âge d'entrée en SF est important. Quand on est gamin, tout cet aspect ridicule, on ne le voit pas, on est innocent (et c'est une bonne chose). Si on lit que les extra-terrestres Xoruziens de la planète Murggar attaquent la planète Terre, à coup de rayons à positrons surfacés, à 12 ans, ça passe. A 20, ça devient déjà plus problématique, après, ca devient grotesque (sauf si on a une approche amoureuse du genre). Une bonne partie de l'écran se situe là.
Alors oui, il y a Brunner, Dick, Ballard, mais il y a aussi tout le reste.
Il me semble aussi, Serge, que tu évacues un aspect, évoqué récemment dans la discussion, qui est "la culture SF en tant que subculture". Tu distingues la littérature SF et le cinéma SF. J'ai la conviction que cette division n'est pas une bonne approche. Certes, il existe des adaptations de romans de littérature générale, mais ces adaptations ne sont pas intégrées au corpus. Alors que les films de SF (ou les BD de SF) sont intégrés au corpus. Même sans parler des romans qui en sont issus, les amateurs de SF vont parler de Star Wars, Star Trek, etc. Les références vont se croiser, ça va alimenter le genre. Parce qu'il existe une "sous-culture" SF qui déborde le pur cadre littéraire et qui est présente dans notre environnement, bien plus que les seuls romans. Pour quelqu'un qui n'a jamais lu un roman de SF, il reste l'imagerie des films, les affiches, les gadgets, les jouets SF. Il y a peu de "goodies" littérature générale (un agenda Joyce, un stylo-bille Racine).
Tout cela participe à l'image que se font les "élites" de la SF.