De la méconnaissance de la littérature de science-fiction ? Moi, je ne connaissais pas ce Roland Wagner de l'UMP, mais je ne m'y connais pas en politique...Roland C. Wagner a écrit :Ce n'est pas du second degré. Le seul Roland Wagner sur ce site est un obscur politicien de l'UMP alors que le Roland Wagner auteur de plus de 50 romans n'existe pas pour eux. Si ça n'est pas du déni, qu'est-ce que c'est ?
Du sense of wonder à la SF métaphysique
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Lensman a écrit :J'aime bien aussi le "au delà du folklore SF".

Finalement, on est revenus au temps de Limite.
C'était quand, déjà ?
Ah oui, fin des années 80.
Bonjour la modernité.
Bon, je retourne à mes photos de mecs éventrés avec les couilles fourrées dans la bouche.
C'est p'têt' pour ça que Lehman a dit que j'étais un "grand conteur", en fait.
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Je dois dire qu'autant les premières critiques, je m'en réjouissais sans m'arrêter à quelques conneries, autant là, j'ai une furieuse envie de taper.
J'édite pour une ou deux raison, dont mon envie furieuse d'ajouter : la prochaine ils vont nous sortir "enfin des textes qui mériteraient d'entrer dans une collection de littérature générale !" ? Non ? Parce que là franchement, c'est pire à chaque fois...
J'édite pour une ou deux raison, dont mon envie furieuse d'ajouter : la prochaine ils vont nous sortir "enfin des textes qui mériteraient d'entrer dans une collection de littérature générale !" ? Non ? Parce que là franchement, c'est pire à chaque fois...
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Fluctuat a écrit :
Nous remarquerons que le 90éme anniversaire de la naissance de Francis Carsac passe inaperçu. Le pire c'est qu'il est passé inaperçu dans le milieu lui même et qu'il n'y a eu aucune manifestation pour marquer le coup. Mais ceci est une autre histoire.Lune d'Encre, la prestigieuse collection dédiée à la science-fiction des éditions Denoël dirigée par Gilles Dumay, fête ses dix ans cette année. Hasard du calendrier, le genre aurait également 100 ans, si l'on en croit les spécialistes considérant que c'est en 1909 que le français Maurice Renard publie son texte manifeste,
Bienvenu chez Pulp Factory :
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Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
http://propos-iconoclastes.blogspot.com
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Nous nous rattraperons l'année prochaine sur les 50 ans de Roland C. Wagner.Fabien Lyraud a écrit :Fluctuat a écrit :Nous remarquerons que le 90éme anniversaire de la naissance de Francis Carsac passe inaperçu. Le pire c'est qu'il est passé inaperçu dans le milieu lui même et qu'il n'y a eu aucune manifestation pour marquer le coup. Mais ceci est une autre histoire.Lune d'Encre, la prestigieuse collection dédiée à la science-fiction des éditions Denoël dirigée par Gilles Dumay, fête ses dix ans cette année. Hasard du calendrier, le genre aurait également 100 ans, si l'on en croit les spécialistes considérant que c'est en 1909 que le français Maurice Renard publie son texte manifeste,
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Le Club des Policemen Yiddish aurait mérité d'être publié dans la prestigieuse collection AIlleurs & Demain.Le_navire a écrit :Je dois dire qu'autant les premières critiques, je m'en réjouissais sans m'arrêter à quelques conneries, autant là, j'ai une furieuse envie de taper.
J'édite pour une ou deux raison, dont mon envie furieuse d'ajouter : la prochaine ils vont nous sortir "enfin des textes qui mériteraient d'entrer dans une collection de littérature générale !" ? Non ? Parce que là franchement, c'est pire à chaque fois...

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Tu viens de gagner une invitation à la teuf pour l'occasion. Bravo.Christopher a écrit :Nous nous rattraperons l'année prochaine sur les 50 ans de Roland C. Wagner.Fabien Lyraud a écrit :Fluctuat a écrit :Nous remarquerons que le 90éme anniversaire de la naissance de Francis Carsac passe inaperçu. Le pire c'est qu'il est passé inaperçu dans le milieu lui même et qu'il n'y a eu aucune manifestation pour marquer le coup. Mais ceci est une autre histoire.Lune d'Encre, la prestigieuse collection dédiée à la science-fiction des éditions Denoël dirigée par Gilles Dumay, fête ses dix ans cette année. Hasard du calendrier, le genre aurait également 100 ans, si l'on en croit les spécialistes considérant que c'est en 1909 que le français Maurice Renard publie son texte manifeste,
Retiens aussi le 18 mai 2013, tu ne le regretteras pas.
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C'est vrai que c'est amusant aussi, ça...Roland C. Wagner a écrit :Le Club des Policemen Yiddish aurait mérité d'être publié dans la prestigieuse collection AIlleurs & Demain.Le_navire a écrit :Je dois dire qu'autant les premières critiques, je m'en réjouissais sans m'arrêter à quelques conneries, autant là, j'ai une furieuse envie de taper.
J'édite pour une ou deux raison, dont mon envie furieuse d'ajouter : la prochaine ils vont nous sortir "enfin des textes qui mériteraient d'entrer dans une collection de littérature générale !" ? Non ? Parce que là franchement, c'est pire à chaque fois...
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Il y a dans science-fiction un mot terrible.
Ce mot terrible est science.
La science, ou plutôt faudrait-il parler de sciences car elles entretiennent entre elles assez peu de rapports sauf une vague idéologie et un semblant de méthodologie commune, mais nous retiendrons ici le terme science pour les subsumer, sachant qu'il s'agit d'un impropre raccourci. Donc la science inspire la crainte du moins à ceux qui ne la pratiquent pas et en ignorent à peu près tout. En fait, je parlerai ici de science et de technologie, les deux se rejoignant bien dans le terme technoscience que plusieurs, dont mes amis Pierre Papon et Gibert Hottois, disent chacun avoir inventé.
Il s'agit en fait de deux craintes très distinctes mais qui peuvent se rejoindre:
— celle d'abord que suscite l'appréhension d'un apprentissage minimal d'une science;
— celle ensuite qui résulte de la terreur qu'inspirent ses conséquences et ses effets. Par conséquences, j'entendrai les effets à court ou moyen termes, relativement et parfois parfaitement prévisibles, comme les effets secondaires d'un médicament; et par effets les conséquences à long terme généralement insoupçonnées, ainsi l'effet de serre. Effets ou conséquences, ou inversement, à votre plaisir.
Considérons d'abord la première. Manifestement les tentatives primitives d'inculcation de rudiments de sciences à des esprits rétifs, en particulier de la Reine (et servante) des sciences, les mathématiques, leur ont laissé des souvenirs si épouvantables que la simple évocation du mot leur fait venir des crises d'urticaire psychique. Ils ont développé des structures défensives souvent appuyées, hélas, sur un mot malheureux de Pascal opposant l'esprit de géométrie et celui de finesse. Comme ils n'entravent rien à la géométrie, il leur reste l'esprit de finesse.
Et ils ne se font pas prier de le faire savoir. "Moi, les sciences! Je suis un littéraire. Un Pur."
Nous négligerons ici provisoirement de rechercher du côté de l'enseignement (qui y a pourtant de lourdes responsabilités, et madame Stella Baruk s'est fort clairement exprimée là-dessus) les sources de tels traumatismes qui ont en tout cas assuré, hélas, la coupure entre les deux cultures.
Je me permettrai de citer ici un texte de Jacques Dufresne à propos d'un livre fameux de C.P. Snow qui me semble parfaitement résumer la question:
"En 1959, C. P. Snow (physicien et romancier anglais né en 1905) publia The two Cultures, un essai qu'il aurait pu tout aussi bien intituler: Les deux solitudes. Les deux cultures, ce sont deux groupes qui s'ignorent et souvent se détestent. D'un côté, des scientifiques de plus en plus spécialisés et distants du grand public, de l'autre les littéraires, groupe qui inclut ceux que l'on appelle les intellectuels. Au début du présent siècle du moins (en fait le vingtième), ces derniers avaient, dans le monde du haut savoir, le monopole de la communication avec le grand public.
C. P. Snow appartenait à l'une et à l'autre de ces deux solitudes. À un groupe de littéraires distingués, il posa un jour la question suivante: «combien parmi vous pourraient décrire le second principe de la thermodynamique?» On lui répondit sur un ton hostile que très peu parmi eux pourraient en effet répondre à une telle question. Pour un scientifique, commenta C. P. Snow, le second principe est pourtant aussi important que les oeuvres de Shakespeare peuvent l'être pour un littéraire."
Je ne sais ce qu'il en est advenu en Grande-Bretagne et aux États-Unis, et si la troisième culture appelée de ses vœux par Snow dans un ouvrage ultérieur est survenue, mais en France dans le milieu littéraro-culturalo-médiatocratique, voire politico-administratif qu'il m'est arrivé, sous mes diverses casquettes de fréquenter ces cinquante dernières années, je peux affirmer qu'il n'en est absolument rien et que le mot "science" continue à y être discrètement obscène. Introduisez un vague sujet scientifique dans un dîner en ville même si l'actualité s'y prête et vous verrez la maîtresse de maison commencer à s'agiter. À la rigueur un sujet médical est tolérable surtout s'il y a un médecin ou un chirurgien à table. Brièvement.
A dire le fond de ma pensée, c'est d'abord l'ignorance scientifique abyssale de ce milieu qui m'a proprement terrifié surtout quand il s'agissait de personnalités dont les fonctions pouvaient ou devaient les amener à prendre des décisions technoscientifiques. Et quand je dis terrifié, je suis très en dessous de mon épouvante. Mais c'est un autre sujet.
Et qu'on ne me dise pas, comme fit un intervenant, que dans les plus hautes sphères, il y a des polytechniciens. J'en ai fréquenté beaucoup. J'en ai même un dans ma famille. Certes ils ont été frottés, un temps, d'un peu de sciences. Mais en dehors de ceux, éminemment respectables, chercheurs ou industriels pointus, qui en ont fait une vocation, ils n'en ont plus jamais entendu parler passé l'âge de vingt deux ou vingt trois ans. Ils font des choses sérieuses, dirigent des banques ou des entreprises, et n'ont guère le temps d'ouvrir Pour la science ou la Recherche. Ils se souviennent peut-être encore du second principe. Peut-être.
Alors, la science-fiction. Certes du Cristal qui songe de Theodore Sturgeon aux Océanique(s) de Greg Egan, il y a un très large spectre d'intromission plus ou moins poussée de la science. Reste que ces gens-là, comme chantait Brel, ont une extraordinaire capacité à déceler le miasme. Ils sont bien plus sensibles qu'un allergique. Ils donneraient raison au Benveniste de la mémoire de l'eau. Ils règnent sur la presse, l'édition, la télévision et la radio, bref les médias. Alors, la science(-fiction), ce n'est pas leur Culture, donc ce n'est pas la Culture.
Certains petits malins ont dans le passé essayé de tourner la difficulté en gardant les initiales de spéculative fiction, empruntant à Robert Heinlein un concept qui n'avait chez lui rien d'un évitement. Peine perdue. Ces gens-là, dès la première ligne vous reniflent la chose.
Oh, de la science, ils en admettent bien un peu au compte-gouttes. Je dois reconnaître que la situation s'est considérablement améliorée par rapport aux années 1950 où, lors des débuts de l'astronautique, Paris-Match expliquait à ses lecteurs admiratifs qu'une fusée fonctionnait parce que ses gaz prenaient appui sur l'air. Depuis les années 1980, les grands quotidiens se sont dotés de pages et de rubriques scientifiques confiées à des journalistes spécialisés souvent extrêmement compétents. Mais à la radio et à la télévision, c'est plus epsilonnesque. Alors quand on se trouve dans l'entre-deux des deux cultures, comme l'est par nature la science-fiction, vous pouvez imaginer le destin, le silence, entre l'ignorance et le mépris.
Vous direz que je me moque. C'est vrai, mais j'ai quelques raisons. Deux anecdotes qui n'ont rien à voir avec la science-fiction mais qui donnent la température de l'eau du bain.
Dans les années 1980, éditeur auprès de Robert Laffont, je lançais une entreprise insensée, soutenir le projet de Georges Ifrah d'écrire une Histoire Universelle des chiffres, ce qu'il mit cinq ans à faire. Il lui fallut de temps en temps manger. Laffont fit ce qu'il put. Puis on alla chercher ailleurs. J'allai avec ma sébile au Centre National des Lettres dans l'espoir d'obtenir une aide pour Ifrah. On me reçut avec courtoisie puis avec componction, puis avec effroi: "Monsieur, vous n'y pensez pas. Une Histoire des chiffres. C'est de la science. Ici, vous êtes aux Lettres…"
Ifrah obtint une petite aide du CNRS, que ce dernier en soit remercié. Accessoirement, à la suite de cette mésaventure et de quelques autres je suppose, le Centre fut ultérieurement et solennellement rebaptisé Centre National du Livre. L'Histoire Universelle des Chiffres d'Ifrah était bien un livre qui connût du reste un énorme succès.
Un jour que je me réjouissais de déjeuner avec une jeune femme qui m'était très chère, bac plus quatre ou cinq et diplômée d'une école très connue, qui devint par la suite une remarquable éditrice, elle se précipita vers moi, toute illuminée par ce qu'elle venait d'apprendre: "Gérard, est-ce que tu savais que le soleil est une étoile? On vient de me le dire." L'effarement qu'elle lut sur mon visage dut lui donner à penser qu'en effet je l'ignorais et que grâce à elle, je venais de le découvrir.
Bref, la science et par suite la science-fiction, si tant est qu'il y ait dedans de la science, ce sur quoi on pourrait discuter au long d'un fil aussi long que celui-ci, ce n'est pas de la Littérature et ce n'est pas de la Culture. On n'est pas dans la Finesse.
Et du côté des scientifiques, allons voir.
Eh bien, dans les années 1950, quand je commençais à publier et même à passer à la radio et à la télévision, j'en ai rencontré, surtout des disciples de Marcel Boll, qui tordaient affreusement le nez, prétextant parfois que la science-fiction leur faisait une affreuse concurrence, ce que je n'ai pas encore compris.
Pour faire bon poids, je citerai Jacques Monod, non qu'il se soit à ma connaissance jamais directement prononcé sur la science-fiction. En conclusion ultime de Le hasard et la nécessité (1970), il écrit: « L'ancienne alliance est rompue ; l'Homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'Univers d'où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n'est écrit nulle part. À lui de choisir entre le Royaume et les ténèbres. »
Cette phrase est évidemment à double sens. Il n'y a pas de créateur, ce que seul contestera l'Oncle Joe. Mais vu l'improbabilité que se reproduise la même combinaison par hasard, il n'y a aucune chance pour que nous ne soyons pas seuls dans l'univers. Exit (provisoirement) l'exobiologie. Ainsi Monod exclut deux fois la science-fiction, pas de Dieu, pas non plus d'extraterrestres.
Curieusement, Monod reprend, certainement en le sachant, la conclusion de Lecomte du Noüy, mathématicien et biologiste, adoptée pour des raisons diamétralement opposées dans son dernier livre, L'Homme et sa destinée (1947) auquel Monod fait très explicitement réponse. Parce que l'improbabilité de la vie lui semble tout aussi grande, du Noüy estime inévitable l'admission d'un créateur. Trente ans plus tard, les hypothèses ont bien changé.
Donc la science-fiction et les scientifiques! Il se trouve que dans une carrière chargée, riche et aventureuse, je me suis énormément intéressé à la divulgation de la culture scientifique, probablement parce que depuis l'âge de six ou sept ans, j'ai essayé de remédier à mon ignorance. J'ai donc collaboré à deux institutions dont c'était l'objet.
J'ai fait partie, à titre bénévole, du conseil d'administration de l'Agence Jules Verne tout le temps qu'elle a existé, de 1989 à 1993 ou 1994, je ne sais plus. J'y suis entré à la demande de Jean Audouze, alors conseiller scientifique du Président de la République, malgré ma protestation de n'être pas véritablement un scientifique car je ne tiens ni l'économie ni la psychologie pour des sciences, des humanités certes, des savoirs, parfois solides, mais pas des sciences au sens où je l'entends. J'y ai retrouvé ou rencontré Jean Michel-Arnold, alors animateur du CNRS Images-Média, Jean-Claude Carrière, Paul Caro, Marie-Odile Monchicourt et d'autres personnalités. Tous étaient ou avaient été d'avides lecteurs de science-fiction, en tout cas des connaisseurs. Le propos de l'Agence était d'encourager la présence de la science dans les médias et en particulier à la télévision, éventuellement par le recours à la fiction. Je crois que l'Agence a obtenu certains résultats qui se sont évidemment dissipés après sa disparition. J'ai néanmoins tiré de cette expérience la conviction que le milieu de la télévision, à de très rares exceptions près, était d'une vulgarité et d'une ignorance scientifique à toute épreuve.
J'ai également participé, des années durant, à l'ASTS, Association des scientifiques et techniciens en sciences (je cite de mémoire) qui a été et demeure, du moins je l'espère, très influente dans la Propagation des Doctrines de la Science à l'aide de conférences et d'expositions. J'ai même fait partie de l'un ou l'autre de ses conseils, scientifique ou autre, que j'ai quelque peu négligé, je le reconnais, parce qu'on ne peut pas tout faire. Ces scientifiques très éminents m'ont fait venir parce que j'étais, outre un directeur de collection d'information scientifique, La Fontaine des sciences, un écrivain de science-fiction. C'est même là que j'ai rencontré pour la première fois Roland Lehoucq.
Je pourrais citer d'autres exemples parmi lesquels quelques directeurs du CNRS et même Claudie Haigneré (que j'ai, oui, rencontrée avant Lem, c'était, excusez du peu, à l'Assemblée Nationale, où je participais avec elle à une table ronde sur l'espace.) J'ai planché à Toulouse, au CNES.
Bref, des scientifiques, j'en ai connu plein et publié quelques uns, et la science-fiction, oui, ils toléraient parfaitement quand ils n'en étaient pas de grands amateurs.
Ils étaient de l'autre côté de la grande scission entre les deux cultures. Ce n'est pas de ce côté là que vient le déni.
Alors faut-il une certaine culture scientifique pour lire et aimer la (bonne) science-fiction (celle qui n'est pas débile et réservée aux amateurs de mangas, du moins ceux qui revendiquent sa débilité)?
Peut-être et peut-être pas. Il faut sûrement une certaine curiosité des choses de la science. Une culture scientifique, je ne sais pas exactement ce que c'est. Mais je sais que j'ai commencé à en acquérir une entre huit et dix ans d'âge, en lisant La Nature, devenue beaucoup plus tard La Recherche. Puis, vers dix ans, sans cesser de lire la précédente dont je possède encore la collection, j'ai été abonné à la naissante Sciences et Avenir. J'avais lu dans les débris de la bibliothèque de mon oncle maternel des La Science et la Vie des années 1930, et des Sciences et Voyages (et pas seulement les romans). Et tout ce qui me tombait sous la main, y compris La relativité, d'André Metz, dont se souviennent tous ceux qui ont essayé d'y comprendre quelque chose à l'époque. Bien plus tard, en 1966, Demètre Ioakimidis me recommanda de lire le Scientific American. Je crois que depuis je n'ai jamais manqué un numéro même si je lis aussi Pour la Science. Et le Science News.
Je ne suis pas un scientifique. Je me suis fait une culture scientifique de bric et de broc. Ce qui me permet de parler ou plutôt de baragouiner avec des scientifiques parfois de très haut niveau. Ils me manifestent de l'indulgence, jamais de compassion.
J'aime la science. Et aussi la science-fiction. Il y a peut-être un lien.
Mais si vous avez peur de la science, si vous détestez la science, vous avez, malheureusement pour vous, très peu de chances de simplement respecter la science-fiction.
Je n'ai pas parlé ici de la seconde peur de la science, celle de ses conséquences et effets. Mais je l'observe souvent, et si, dans certains cas, elle a sa légitimité, je dois dire que souvent elle me fait peur, à moi, parce que l'obscurantisme n'est jamais très loin.
Oui, les sciences peuvent être inquiétantes. Parlons-en.
Mais il y a pire encore, dans le déni de la science-fiction, que la peur de la science.
C'est ce que vous saurez la prochaine fois.
(À suivre)
Ce mot terrible est science.
La science, ou plutôt faudrait-il parler de sciences car elles entretiennent entre elles assez peu de rapports sauf une vague idéologie et un semblant de méthodologie commune, mais nous retiendrons ici le terme science pour les subsumer, sachant qu'il s'agit d'un impropre raccourci. Donc la science inspire la crainte du moins à ceux qui ne la pratiquent pas et en ignorent à peu près tout. En fait, je parlerai ici de science et de technologie, les deux se rejoignant bien dans le terme technoscience que plusieurs, dont mes amis Pierre Papon et Gibert Hottois, disent chacun avoir inventé.
Il s'agit en fait de deux craintes très distinctes mais qui peuvent se rejoindre:
— celle d'abord que suscite l'appréhension d'un apprentissage minimal d'une science;
— celle ensuite qui résulte de la terreur qu'inspirent ses conséquences et ses effets. Par conséquences, j'entendrai les effets à court ou moyen termes, relativement et parfois parfaitement prévisibles, comme les effets secondaires d'un médicament; et par effets les conséquences à long terme généralement insoupçonnées, ainsi l'effet de serre. Effets ou conséquences, ou inversement, à votre plaisir.
Considérons d'abord la première. Manifestement les tentatives primitives d'inculcation de rudiments de sciences à des esprits rétifs, en particulier de la Reine (et servante) des sciences, les mathématiques, leur ont laissé des souvenirs si épouvantables que la simple évocation du mot leur fait venir des crises d'urticaire psychique. Ils ont développé des structures défensives souvent appuyées, hélas, sur un mot malheureux de Pascal opposant l'esprit de géométrie et celui de finesse. Comme ils n'entravent rien à la géométrie, il leur reste l'esprit de finesse.
Et ils ne se font pas prier de le faire savoir. "Moi, les sciences! Je suis un littéraire. Un Pur."
Nous négligerons ici provisoirement de rechercher du côté de l'enseignement (qui y a pourtant de lourdes responsabilités, et madame Stella Baruk s'est fort clairement exprimée là-dessus) les sources de tels traumatismes qui ont en tout cas assuré, hélas, la coupure entre les deux cultures.
Je me permettrai de citer ici un texte de Jacques Dufresne à propos d'un livre fameux de C.P. Snow qui me semble parfaitement résumer la question:
"En 1959, C. P. Snow (physicien et romancier anglais né en 1905) publia The two Cultures, un essai qu'il aurait pu tout aussi bien intituler: Les deux solitudes. Les deux cultures, ce sont deux groupes qui s'ignorent et souvent se détestent. D'un côté, des scientifiques de plus en plus spécialisés et distants du grand public, de l'autre les littéraires, groupe qui inclut ceux que l'on appelle les intellectuels. Au début du présent siècle du moins (en fait le vingtième), ces derniers avaient, dans le monde du haut savoir, le monopole de la communication avec le grand public.
C. P. Snow appartenait à l'une et à l'autre de ces deux solitudes. À un groupe de littéraires distingués, il posa un jour la question suivante: «combien parmi vous pourraient décrire le second principe de la thermodynamique?» On lui répondit sur un ton hostile que très peu parmi eux pourraient en effet répondre à une telle question. Pour un scientifique, commenta C. P. Snow, le second principe est pourtant aussi important que les oeuvres de Shakespeare peuvent l'être pour un littéraire."
Je ne sais ce qu'il en est advenu en Grande-Bretagne et aux États-Unis, et si la troisième culture appelée de ses vœux par Snow dans un ouvrage ultérieur est survenue, mais en France dans le milieu littéraro-culturalo-médiatocratique, voire politico-administratif qu'il m'est arrivé, sous mes diverses casquettes de fréquenter ces cinquante dernières années, je peux affirmer qu'il n'en est absolument rien et que le mot "science" continue à y être discrètement obscène. Introduisez un vague sujet scientifique dans un dîner en ville même si l'actualité s'y prête et vous verrez la maîtresse de maison commencer à s'agiter. À la rigueur un sujet médical est tolérable surtout s'il y a un médecin ou un chirurgien à table. Brièvement.
A dire le fond de ma pensée, c'est d'abord l'ignorance scientifique abyssale de ce milieu qui m'a proprement terrifié surtout quand il s'agissait de personnalités dont les fonctions pouvaient ou devaient les amener à prendre des décisions technoscientifiques. Et quand je dis terrifié, je suis très en dessous de mon épouvante. Mais c'est un autre sujet.
Et qu'on ne me dise pas, comme fit un intervenant, que dans les plus hautes sphères, il y a des polytechniciens. J'en ai fréquenté beaucoup. J'en ai même un dans ma famille. Certes ils ont été frottés, un temps, d'un peu de sciences. Mais en dehors de ceux, éminemment respectables, chercheurs ou industriels pointus, qui en ont fait une vocation, ils n'en ont plus jamais entendu parler passé l'âge de vingt deux ou vingt trois ans. Ils font des choses sérieuses, dirigent des banques ou des entreprises, et n'ont guère le temps d'ouvrir Pour la science ou la Recherche. Ils se souviennent peut-être encore du second principe. Peut-être.
Alors, la science-fiction. Certes du Cristal qui songe de Theodore Sturgeon aux Océanique(s) de Greg Egan, il y a un très large spectre d'intromission plus ou moins poussée de la science. Reste que ces gens-là, comme chantait Brel, ont une extraordinaire capacité à déceler le miasme. Ils sont bien plus sensibles qu'un allergique. Ils donneraient raison au Benveniste de la mémoire de l'eau. Ils règnent sur la presse, l'édition, la télévision et la radio, bref les médias. Alors, la science(-fiction), ce n'est pas leur Culture, donc ce n'est pas la Culture.
Certains petits malins ont dans le passé essayé de tourner la difficulté en gardant les initiales de spéculative fiction, empruntant à Robert Heinlein un concept qui n'avait chez lui rien d'un évitement. Peine perdue. Ces gens-là, dès la première ligne vous reniflent la chose.
Oh, de la science, ils en admettent bien un peu au compte-gouttes. Je dois reconnaître que la situation s'est considérablement améliorée par rapport aux années 1950 où, lors des débuts de l'astronautique, Paris-Match expliquait à ses lecteurs admiratifs qu'une fusée fonctionnait parce que ses gaz prenaient appui sur l'air. Depuis les années 1980, les grands quotidiens se sont dotés de pages et de rubriques scientifiques confiées à des journalistes spécialisés souvent extrêmement compétents. Mais à la radio et à la télévision, c'est plus epsilonnesque. Alors quand on se trouve dans l'entre-deux des deux cultures, comme l'est par nature la science-fiction, vous pouvez imaginer le destin, le silence, entre l'ignorance et le mépris.
Vous direz que je me moque. C'est vrai, mais j'ai quelques raisons. Deux anecdotes qui n'ont rien à voir avec la science-fiction mais qui donnent la température de l'eau du bain.
Dans les années 1980, éditeur auprès de Robert Laffont, je lançais une entreprise insensée, soutenir le projet de Georges Ifrah d'écrire une Histoire Universelle des chiffres, ce qu'il mit cinq ans à faire. Il lui fallut de temps en temps manger. Laffont fit ce qu'il put. Puis on alla chercher ailleurs. J'allai avec ma sébile au Centre National des Lettres dans l'espoir d'obtenir une aide pour Ifrah. On me reçut avec courtoisie puis avec componction, puis avec effroi: "Monsieur, vous n'y pensez pas. Une Histoire des chiffres. C'est de la science. Ici, vous êtes aux Lettres…"
Ifrah obtint une petite aide du CNRS, que ce dernier en soit remercié. Accessoirement, à la suite de cette mésaventure et de quelques autres je suppose, le Centre fut ultérieurement et solennellement rebaptisé Centre National du Livre. L'Histoire Universelle des Chiffres d'Ifrah était bien un livre qui connût du reste un énorme succès.
Un jour que je me réjouissais de déjeuner avec une jeune femme qui m'était très chère, bac plus quatre ou cinq et diplômée d'une école très connue, qui devint par la suite une remarquable éditrice, elle se précipita vers moi, toute illuminée par ce qu'elle venait d'apprendre: "Gérard, est-ce que tu savais que le soleil est une étoile? On vient de me le dire." L'effarement qu'elle lut sur mon visage dut lui donner à penser qu'en effet je l'ignorais et que grâce à elle, je venais de le découvrir.
Bref, la science et par suite la science-fiction, si tant est qu'il y ait dedans de la science, ce sur quoi on pourrait discuter au long d'un fil aussi long que celui-ci, ce n'est pas de la Littérature et ce n'est pas de la Culture. On n'est pas dans la Finesse.
Et du côté des scientifiques, allons voir.
Eh bien, dans les années 1950, quand je commençais à publier et même à passer à la radio et à la télévision, j'en ai rencontré, surtout des disciples de Marcel Boll, qui tordaient affreusement le nez, prétextant parfois que la science-fiction leur faisait une affreuse concurrence, ce que je n'ai pas encore compris.
Pour faire bon poids, je citerai Jacques Monod, non qu'il se soit à ma connaissance jamais directement prononcé sur la science-fiction. En conclusion ultime de Le hasard et la nécessité (1970), il écrit: « L'ancienne alliance est rompue ; l'Homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'Univers d'où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n'est écrit nulle part. À lui de choisir entre le Royaume et les ténèbres. »
Cette phrase est évidemment à double sens. Il n'y a pas de créateur, ce que seul contestera l'Oncle Joe. Mais vu l'improbabilité que se reproduise la même combinaison par hasard, il n'y a aucune chance pour que nous ne soyons pas seuls dans l'univers. Exit (provisoirement) l'exobiologie. Ainsi Monod exclut deux fois la science-fiction, pas de Dieu, pas non plus d'extraterrestres.
Curieusement, Monod reprend, certainement en le sachant, la conclusion de Lecomte du Noüy, mathématicien et biologiste, adoptée pour des raisons diamétralement opposées dans son dernier livre, L'Homme et sa destinée (1947) auquel Monod fait très explicitement réponse. Parce que l'improbabilité de la vie lui semble tout aussi grande, du Noüy estime inévitable l'admission d'un créateur. Trente ans plus tard, les hypothèses ont bien changé.
Donc la science-fiction et les scientifiques! Il se trouve que dans une carrière chargée, riche et aventureuse, je me suis énormément intéressé à la divulgation de la culture scientifique, probablement parce que depuis l'âge de six ou sept ans, j'ai essayé de remédier à mon ignorance. J'ai donc collaboré à deux institutions dont c'était l'objet.
J'ai fait partie, à titre bénévole, du conseil d'administration de l'Agence Jules Verne tout le temps qu'elle a existé, de 1989 à 1993 ou 1994, je ne sais plus. J'y suis entré à la demande de Jean Audouze, alors conseiller scientifique du Président de la République, malgré ma protestation de n'être pas véritablement un scientifique car je ne tiens ni l'économie ni la psychologie pour des sciences, des humanités certes, des savoirs, parfois solides, mais pas des sciences au sens où je l'entends. J'y ai retrouvé ou rencontré Jean Michel-Arnold, alors animateur du CNRS Images-Média, Jean-Claude Carrière, Paul Caro, Marie-Odile Monchicourt et d'autres personnalités. Tous étaient ou avaient été d'avides lecteurs de science-fiction, en tout cas des connaisseurs. Le propos de l'Agence était d'encourager la présence de la science dans les médias et en particulier à la télévision, éventuellement par le recours à la fiction. Je crois que l'Agence a obtenu certains résultats qui se sont évidemment dissipés après sa disparition. J'ai néanmoins tiré de cette expérience la conviction que le milieu de la télévision, à de très rares exceptions près, était d'une vulgarité et d'une ignorance scientifique à toute épreuve.
J'ai également participé, des années durant, à l'ASTS, Association des scientifiques et techniciens en sciences (je cite de mémoire) qui a été et demeure, du moins je l'espère, très influente dans la Propagation des Doctrines de la Science à l'aide de conférences et d'expositions. J'ai même fait partie de l'un ou l'autre de ses conseils, scientifique ou autre, que j'ai quelque peu négligé, je le reconnais, parce qu'on ne peut pas tout faire. Ces scientifiques très éminents m'ont fait venir parce que j'étais, outre un directeur de collection d'information scientifique, La Fontaine des sciences, un écrivain de science-fiction. C'est même là que j'ai rencontré pour la première fois Roland Lehoucq.
Je pourrais citer d'autres exemples parmi lesquels quelques directeurs du CNRS et même Claudie Haigneré (que j'ai, oui, rencontrée avant Lem, c'était, excusez du peu, à l'Assemblée Nationale, où je participais avec elle à une table ronde sur l'espace.) J'ai planché à Toulouse, au CNES.
Bref, des scientifiques, j'en ai connu plein et publié quelques uns, et la science-fiction, oui, ils toléraient parfaitement quand ils n'en étaient pas de grands amateurs.
Ils étaient de l'autre côté de la grande scission entre les deux cultures. Ce n'est pas de ce côté là que vient le déni.
Alors faut-il une certaine culture scientifique pour lire et aimer la (bonne) science-fiction (celle qui n'est pas débile et réservée aux amateurs de mangas, du moins ceux qui revendiquent sa débilité)?
Peut-être et peut-être pas. Il faut sûrement une certaine curiosité des choses de la science. Une culture scientifique, je ne sais pas exactement ce que c'est. Mais je sais que j'ai commencé à en acquérir une entre huit et dix ans d'âge, en lisant La Nature, devenue beaucoup plus tard La Recherche. Puis, vers dix ans, sans cesser de lire la précédente dont je possède encore la collection, j'ai été abonné à la naissante Sciences et Avenir. J'avais lu dans les débris de la bibliothèque de mon oncle maternel des La Science et la Vie des années 1930, et des Sciences et Voyages (et pas seulement les romans). Et tout ce qui me tombait sous la main, y compris La relativité, d'André Metz, dont se souviennent tous ceux qui ont essayé d'y comprendre quelque chose à l'époque. Bien plus tard, en 1966, Demètre Ioakimidis me recommanda de lire le Scientific American. Je crois que depuis je n'ai jamais manqué un numéro même si je lis aussi Pour la Science. Et le Science News.
Je ne suis pas un scientifique. Je me suis fait une culture scientifique de bric et de broc. Ce qui me permet de parler ou plutôt de baragouiner avec des scientifiques parfois de très haut niveau. Ils me manifestent de l'indulgence, jamais de compassion.
J'aime la science. Et aussi la science-fiction. Il y a peut-être un lien.
Mais si vous avez peur de la science, si vous détestez la science, vous avez, malheureusement pour vous, très peu de chances de simplement respecter la science-fiction.
Je n'ai pas parlé ici de la seconde peur de la science, celle de ses conséquences et effets. Mais je l'observe souvent, et si, dans certains cas, elle a sa légitimité, je dois dire que souvent elle me fait peur, à moi, parce que l'obscurantisme n'est jamais très loin.
Oui, les sciences peuvent être inquiétantes. Parlons-en.
Mais il y a pire encore, dans le déni de la science-fiction, que la peur de la science.
C'est ce que vous saurez la prochaine fois.
(À suivre)
Mon immortalité est provisoire.