marypop a écrit :Maintenant je peux avoir l'adresse du journaliste xD ?
Roland a écrit :Demande à Lehman.
marypop a écrit :J'ose pas il me fait peur.
Ne te laisse pas abuser par toutes les méchancetés qu'on raconte sur moi ; je suis quasiment le gendre idéal.
Pour revenir au sujet du fil : suis-je le seul à avoir été légèrement désappointé par le dernier épisode (en date) du feuilleton de Gérard ? Sa substance tient en une phrase quasi-inaugurale :
la science inspire la crainte du moins à ceux qui ne la pratiquent pas et en ignorent à peu près tout
Ce qui est tout à fait correct & a été bien des fois rappelé sur ce fil, ainsi que la considération conjointe sur la séparation entre les sciences et les humanités mais on ne peut pas dire que ce soit nouveau ni décisif pour expliquer le déni : c'est à peu près dans tous les textes critiques un peu approfondis sur la SF depuis les années 50. J'aurais aimé, moi, que GK reste dans la lignée de ses papiers précédents, qu'il remonte aux origines de cette coupure et établisse ce qui la fonde (car au XVIIIème siècle, si je ne m'abuse, la partition était beaucoup moins flagrante) : entrée de la formation des intellectuels dans l'ère de la spécialisation ? Conscience plus nette d'une incompatibilité de fond entre les deux domaines – mais à partir de quand et pourquoi ? Il y a bien des questions à poser mais peut-être y reviendra-t-il plus tard.
Par contre, je trouve dans
Modernités : XIXème-XXème siècles, le troisième tome de l'assez considérable
Histoire de la France littéraire de Patrick Berthier et Michel Jarrety (PUF, Quadrige, 2006), une remarque très intéressante.
Il est à noter que cette
Histoire possède un plan ouvert et multithématique. A peu près tous les aspects de la question littéraire y sont abordés. Dans la première partie ("Formes"), on a ainsi :
– Le roman (XIXème, puis XXème siècle)
– Le conte et la nouvelle (idem)
– Le théâtre et la mise en scène (idem)
– L'éclatement poétique (avant 1848 ; 1848-1913 ; au XXème siècle)
– Ecritures de l'Histoire au XIXème siècle
– Ecritures de la transgression au XXème siècle
– L'écrivain par lui-même (autobio, correspondances)
– L'œuvre moderne
Les autres grandes parties sont : "Parcours" (critique, art, théorie, essai) et "Présences" (vie, travail, rôle social de l'écrivain).
Ce plan accorde finalement peu de place au roman : une quarantaine de pages sur le XIXème et la même chose sur le XXème. A noter que, pour le XIXème, la littérature de divertissement, le roman historique, le feuilleton sont très correctement servis avec, en plus, une belle page sur Verne. Dans la partie XXème siècle, il y a un très long passage, regroupant plusieurs sous-chapitres, sur ce qui fut d'abord une contre-culture : les Surréalistes, Queneau, l'Oulipo, les débuts du Nouveau Roman… Et dans le paragraphe sur les Surréalistes, on trouve ceci (bizarrement inséré dans un passage sur Gracq) :
Le roman, cette fois encore, ne contrevient pas aux interdits de Breton : la vraisemblance de l'histoire ne doit pas être cherchée, comme dans les romans "réalistes", dns une conformité avec l'ordre de la raison et du monde social, mais dans la cohérence d'un univers onirique. Est-ce à dire que le roman ne mérite crédit qu'à condition de proposer un monde clos, soumis soit aux mécanismes de la conscience, soit aux puissances du surnaturel ? Ce serait négliger le roman de science-fiction qui, s'il a permis à Jules Verne d'explorer avec une forme de rationalité les limites imaginables de la science, peut avoir aussi pour vertu de jeter une passerelle du réel au surréel. Mais, entre une abondante production qui applique les recettes commerciales et les recherches savantes d'un Claude Ollier qui, dans La vie sur Epsilon (1972), donne moins à rêver sur un espace géographique que sur l'espace du texte, la France n'a pas vu naître au XXème siècle un génie comparable à Bradbury.
"Pas français".