I beg to differ...
Gérard Klein a écrit :
Il ne s'agit manifestement pas pour Lem d'une Histoire Nationaliste de la science-fiction en France mais d'une histoire d'un pan trop négligé d'une littérature qui est dès ses origines transnationale. Je ne vois dans un tel projet aucune entreprise de légitimation, mais une entreprise disons scientifique pour autant que l'histoire le soit.
Si ce n'est que cela, j'applaudis des deux mains. Je ne crois pas déformer ce que Lem a dit plus haut en suggérant qu'il y a un peu plus qu'une entreprise scientifique et qu'il y a une volonté d'unifier un champ littéraire qui, à mes yeux, est mieux défini par des délimitations et des oppositions. Question de méthode, mais aussi question d'objectif.
Si je me trompe, je prie Lem de m'en excuser.
De même opposer "imagination scientifique" et "science-fiction" me semble également absurde. Les mots diffèrent plus que leurs contenus.
Il s'agit moins de contenu que de mise en forme du contenu. Si on se contente de repérer les objets contenus par les textes, alors OK, c'est la même chose, parce qu'il s'agit dans les deux cas de textes qui présentent comme des réalités concrètes et rationnelles des mondes en même temps autres que celui que nous connaissons.
Ce qui me paraît crucial est le traitement réservé à ces objets. Dans le roman scientifique, ils apparaissent pour disparaître (il me semble que tu as fait cette remarque à propos des merveilles de Verne quelque part), tandis que dans la science-fiction, ces objets changent le monde, et même ils l'ont déjà changé quand commence l'histoire.
Maintenant savoir si la littérature du passé, quelque soit le genre, explique la présente dans sa totalité me semble également une perspective dénuée de sens. Tout le monde devrait savoir que l'évolution n'est pas une théorie prédictive et très faiblement historiquement causale.
Je serais curieux de lire une thèse sur la présence de Hugo Victor dans l'œuvre de Nothomb ou de Beigbeder. Ce qui est ce qu'on demande quand on cherche l'influence de Renard sur RCW par exemple.
parfaitement d'accord : il est hors de question de faire de la téléologie et de lire dans un article de Renard les principes d'écriture de la science-fiction un siècle plus tard.
Je ne parlais pas d'influence de Renard sur RCW. Je parlais d'effet de réception. Si on peut dire qu'on a le sentiment de lire les mêmes choses, ou le même genre de chose, quand on ouvre un livre d'Asimov, d'Egan, et de Wagner, d'après moi on ne peut pas dire qu'on ressente la même chose devant Le docteur Lerne et La Balle du néant.
Et il n'est pas certain, contrairement à ce que l'institution scolaire pourrait faire croire, qu'on soit devant le même type de texte quand on lit Les Misérables et 99 francs. Je pourrais développer le même genre d'argument pour les distinguer que ceux que j'évoque pour la science-fiction.
Tout simplement, après un certain temps, ce n'est plus la même chose. Le roman du XIX n'est pas celui du XX, même si ça s'appelle encore pareil. Le moment de rupture ou d'évolution n'est pas aisé à repérer.