Le respect des faits ?Lensman a écrit :Comme je te l'ai déjà dit, j'ai l'impression que tu englobes trop de choses. Par exemple, dans le cas de Gurdjieff, cela ne me paraît guère pertinent d'aller le chercher dans l'histoire de la science-fiction. J'ai tendance à me dire que si je supprime l'œuvre de Gurdjieff, voire même l'influence de Gurdjieff (façon de parler..), je ne vois pas très bien ce que l'histoire de la SF y perdrait
– Le Mont Analogue et Ravage sont tous les deux écrits sous l'influence de G. L'un des derniers (et des plus beaux) romans scientifiques classiques et le réputé "premier" roman de sf français moderne.
– Le Mont Analogue a laissé les traces de son influence un peu partout et il semble difficile de considérer qu'une histoire de la SFF sans Mœbius, Jodorowski et Schuiten puisse être considérée comme complète
– Pauwels, autre membre de l'entourage de G. est coauteur du Matin et cofondateur de Planète dont tout le monde reconnaît qu'elle a joué un grand rôle dans notre histoire. "Grand" ne signifie pas "bon". "Grand" signifie "grand". Important. C'est dans ce creuset qu'ont eu lieu, entre autres, les confusions liées à la réception de Lovecraft – précisément pour cette raison.
– Enfin, il n'est un mystère pour personne que Bergier était… très ouvert, pour employer un euphémisme, sur la question de la scientificité. Ce type n'a été rien de moins que le Campbell français.
Si tu penses qu'on peut énoncer ces faits (et encore une fois, ce sont des faits, je ne vois pas comment on pourrait écrire une histoire de la SFF sans les mentionner), si tu penses qu'on peut les énoncer sans les connecter
a) à la pulsion régulièrement hétéroclite que la SFF a manifestée (n'est-ce pas Jimmy ? N'est-ce pas Jérôme Sériel ? N'est-ce pas Horizons du Fantastique et tous les autres que je renonce à citer) et
b) à ce qui semble bien avoir été, sinon leur origine commune, du moins un indice de cette empreinte particulière présente avant-guerre
alors effectivement, mieux vaut renoncer à l'idée même de raconter l'histoire. Mais dans ce cas-là, explique-moi comment tu rends compte du rôle de Palmer dans Amazing, de la séduction, même provisoire, que Hubbard exerça sur Campbell et de l'épisode dianétique de AEVV ?
J'ai posté un plan provisoire, plus haut. Ce que je poste, ce sont des morceaux, des idées, des sources à rapporter à cette épine dorsale, comme les extraits de Baudelaire l'autre jour sur la façon dont Poe a été perçu. Chacun peut faire la même chose. Le but final est de contribuer à l'histoire de la SFF, rien d'autre.'il y a quelques pages, on s'interrogeait avec gravité sur le fait de savoir sur Jules Verne était vraiment de la proto-SF (en tout cas, ça avait l'air de torturer nos fameux proto-théoriciens). si on ne centre pas un peu les choses, on court vers le n'importe-quoi.
Si trouver l'empreinte de Gurdieff dans certaines œuvres de la SF mystique ou ésotérique fraçaise (et ceci n'est pas un jugement de valeur ; certaines de ces œuvres sont médiocres, d'autres formidables comme Arzach ou l'Incal), dans l'hétéroclitisme de Planète, dans la réception primitiviste de Lovecraft et dans un certain tropisme du courant sf surréaliste n'est pas "comprendre d'où ça vient ? Comment ça fonctionne ?", je ne sais pas de quoi on parle.'il vaut mieux, au contraire, comprendre d'où ça vient, comment ça fonctionne, etc, pour clarifier et en désamorcer le caractère inquiétant.