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par Gérard Klein » ven. déc. 18, 2009 10:28 pm
J'ai eu plus qu'une fois l'impression, sur ce fil, qu'on y débattait sur la validité du principe d'Archimède et ses limites, alors que le navire est en flammes et en train de sombrer.
Cela dit et sans me lancer dans un nouvel intermède, le soupçon sur Verne est fondé sur l'absence chez lui de spéculation intellectuelle et plus encore sur le refus délibéré d'entrevoir une interaction prospective entre la technologie et la société. D'où sa manie, que je crains d'avoir été le premier à souligner dans mes articles de Fiction, "Pour lire Verne", de détruire à la fin de tous ses romans la merveille scientifique. Pas de restes, pas de conséquences.
Pour moi la science-fiction moderne apparaît avec le thème de l'action de la technoscience sur la société. Évident chez Wells et dans une certaine mesure chez Rosny, il est peut-être un peu plus ancien. À voir.
Cela dit, et précisément, une Histoire repose sur des méthodes et non sur une inspiration ni sur un projet de convaincre qui que ce soit, pas même des instances supposément légitimantes. Sinon, cela s'appelle de la propagande.
Bien entendu , l'objectivité, dans le domaine historique, demeure restreinte. Mais il y a tout de même les textes et les témoignages sur lesquels peut s'exercer une réflexion, à l'occasion spéculative.
Une Histoire de la science-fiction en France, incluant la proto-sf, la sf archaïque et la sf moderne, reste à écrire. Elle serait essentielle, non seulement à la compréhension du genre, mais bien au delà, à un élargissement de l'histoire de la littérature dans ce pays.
Elle ne peut être que largement transnationale. Wells devient un auteur en France dès qu'il y jouit d'une large audience. Et d'autres, assurément.
En bref, une telle Histoire est nécessaire. Reste à l'écrire sérieusement. Les anglo-saxons s'y sont plusieurs fois essayé. Pas tellement nous.
C'était un peu ce qu'avait entrepris dans son domaine Sarane Alexandrian avec son Histoire de la littérature érotique.
Latéralement, le roman policier français qui a sa propre histoire et qui semble avoir obtenu plus de légitimité, a été, au moins autant que le fut l'anticipation à la française par la science-fiction, secoué par la découverte, après la Seconde Guerre Mondiale, du roman noir américain. Curieusement, Boris Vian s'est intéressé aux deux domaines. Et aussi, dit-on, au jazz.
Enfin, contrairement à ce que dit Érion, si, bien entendu, le domaine de la science-fiction s'étend au delà de son expression littéraire et en particulier dans la bande dessinée d'avant-guerre et d'après, cela est aussi vrai pour d'autres domaines littéraires. Il y a de très nombreuses BD historiques dans Robinson, Le Journal de Mickey et Donald, et dans toutes les revues de BD d'avant la loi scélérate de 1949 et même après, de même qu'il existe de très nombreuses bandes policières (Dick Tracy) voire sentimentalo-psychologiques (de la petite Annie à celle interminable de (je ne retrouve plus son nom mais je l'ai bien connu et même fait travailler, un grand dessinateur, vous le connaissez tous, j'ai son nom sur le clavier) qui paraissait dans France-Soir et qui racontait la terrible histoire sentimentale d'une belle jeune femme, au total en bien plus grand nombre que celles de sf.
Ce qui revient à dire que la proposition d'Érion s'étend à tous les genres, pardon, à toutes les espèces littéraires, et n'a donc aucune validité particulière dans le domaine qui nous occupe.
Id pour le cinéma.
Mon immortalité est provisoire.