Je pense que si on enlève à ces images leurs titres et leur label éditeur, il ne se trouvera pas grand monde ici (ni ailleurs) pour les classer instincitement dans la catégorie SF. Présence du futur n'a joué la carte de l'illustration SF qu'à la fin mais pendant l'essentiel de son existence, elle a eu des couvertures abstraites (ombres sphériques et elliptiques au début) puis des images "pop" ou photos retouchées pas terribles). Sans doute justement pour éviter d'être classée dans la Sf basique et souligner son ambition littéraire – exactement comme GK chez Laffont. En règle générale, l'illustration SF est figurative et réaliste, voire hyperréaliste.MF a écrit :Des boulons ?Lem a écrit :Or, la SF est une littérature réaliste, intensément fictionnelle, et dont l'imagerie tend naturellement à l'hyperréalisme ("plus il y a de boulons, mieux est le vaisseau ; plus il y a de plumes, mieux est la fille ailée").
Du sense of wonder à la SF métaphysique
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Déjà, le nom a été donné, c'est un petit minimum à accepter, ou alors, on est dans le n'importe-quoi (je rappelle que nous parlons de science-fiction). Ce nom et ce corpus étant là, le minimum que l'on doit demander à sa théorisation, si on en fait une théorisation, c'est de traiter du futur. Ce serait bien d'arrêter de tourner autour du pot, on pourrait peut-être avancer. Non?Lem a écrit :Pour le dire en termes plus clairs : si le futur est consubstantiel à la science-fiction, alors elle se réduit à l'anticipation et il n'y a aucune raison de lui donner un autre nom.
Oncle Joe
Oncle, soyons clairs.
1) Je suis d'accord pour discuter du futur dans la SF, de son importance, de son rôle déterminant, caractéristique ou ce que tu voudras, dans les termes où tu voudras.
2) Je suis d'accord pour dire que Renard n'en fait pas grand-cas.
3) Mais tu ne réponds pas à la question préalable sans laquelle, justement, on ne sait pas de quoi on parle.
– Le futur est-il l'un des sujets-clés de la SF ? Oui.
– Le sujet central ? C'est très possible.
– Est-il l'essence de la SF ? Là, c'est beaucoup plus difficile de répondre. Ça implique de parler de définition. Parce que c'est ce que Renard fait. Il ne parle pas des thèmes du roman scientifique : il propose une définition. Pour évaluer la portée de son texte, il faut évaluer la portée de sa définition. Donc, je ne tourne pas autour du pot, je te repose la question : penses-tu que le futur est un élément de la définition de la SF (non de ses thèmes, ça je le sais) ? Et si oui, pourquoi la SF n'est-elle pas simplement l'anticipation ? (Et que faire des classiques non-situés dans le futur ?)
1) Je suis d'accord pour discuter du futur dans la SF, de son importance, de son rôle déterminant, caractéristique ou ce que tu voudras, dans les termes où tu voudras.
2) Je suis d'accord pour dire que Renard n'en fait pas grand-cas.
3) Mais tu ne réponds pas à la question préalable sans laquelle, justement, on ne sait pas de quoi on parle.
– Le futur est-il l'un des sujets-clés de la SF ? Oui.
– Le sujet central ? C'est très possible.
– Est-il l'essence de la SF ? Là, c'est beaucoup plus difficile de répondre. Ça implique de parler de définition. Parce que c'est ce que Renard fait. Il ne parle pas des thèmes du roman scientifique : il propose une définition. Pour évaluer la portée de son texte, il faut évaluer la portée de sa définition. Donc, je ne tourne pas autour du pot, je te repose la question : penses-tu que le futur est un élément de la définition de la SF (non de ses thèmes, ça je le sais) ? Et si oui, pourquoi la SF n'est-elle pas simplement l'anticipation ? (Et que faire des classiques non-situés dans le futur ?)
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JDB et Oncle Joe ont partiellement répondu, mais je voudrais revenir sur l'affirmation d'Erion selon laquelle la science-fiction constituerait une subculture homogène ou du moins fortement connectée entre textes, BD, cinéma et télévision. En tout cas plus que d'autres genres.
Cette affirmation me semble complètement fantasmatique voire pire encore journalistique.
Je crois pouvoir en dire quelque chose parce que j'ai vécu toute l'époque et connu pratiquement tous les acteurs.
1) La BD
La génération d'après-guerre (j'avais trois ans en 1940 et huit en 1945) ignorait complètement la bande dessinée américaine de l'avant-guerre, Guy l'éclair, Mandrake (si c'était de la sf), Luc Bradfer (c'en était parfois) et n'a pas pu être influencée par elle. Elle était introuvable dans les éditions française et plus encore américaine, après guerre. J'ai trouvé sur les marchés de banlieue à peu près tous les Wells, Renard et Rosny, et évidemment Barjavel, et c'est même comme ça que j'ai découvert le Rayon Fantastique et le FNA chez un bouquiniste des Coquetiers. Mais de BD, point. J'ai vu quelques albums de Robinson très tardivement et j'ai évidemment été fasciné.
Seuls, Ruellan, Curval, et peut-être Carsac, qui sont ou étaient plus âgés que moi d'une dizaine d'années ou plus, ont pu connaître cette BD avant guerr. Elle n'intéressait ni Versins ni Van Herp.
Evidemment, on a connu un peu après-guerre Poïvet, Les Pionniers de l'Espérance (son fils est un psychiatre qui détient beaucoup d'originaux et que j'espère rencontrer un jour), et les journaux belges, Spirou et Tintin, mais très timides sur le plan sf. Et Coq hardi. Mais pour les magazines de l'avant-guerre, ils étaient introuvables et mythologiques. Curval parlait de Mandrake avec des sanglots dans la voix.
J'ai cherché. On n'en trouvait pas parce que presque tout avait été détruit pendant la guerre, pour se chauffer. Les prix pour des collections sont monstrueux et dépassent les 10 000 euros. Voir la Bible que représente Le Trésor des BD avec ses cotes. Même Moliterni n'a pas pu m'en trouver il y a quelques temps.
Bref on ne connaissait pas. Vers le milieu des années 1960, j'ai passé des annonces dans France-Soir, alors journal le plus lu, pour chercher des Journal de Mickey, Robinson et même le Donald de l'après-guerre. Aucune réponse.
Vers 1966, j'avais une carte de la BN et j'allais souvent rue de Richelieu pour mes travaux de socio-économie pour la CDC. Latéralement, j'ai demandé à consulter le mythique Robinson et autres. On m'a gentiment mais fermement éconduit sous toutes sortes de prétextes: ce n'était pas sur place, il fallait faire une demande administrative, il y en avait pour des semaines, c'était au classement, on ne savait pas où c'était ni même si ça existait. Je n'ai pas insisté.
J'ai été membre fondateur du Club des bandes dessinées, à la suite d'articles dans Fiction, avec Dorémieux, Goimard, Resnais, Moliterni (un ami et un voisin récemment disparu), Lacassin et je ne sais plus qui d'autre. On était une vingtaine. Voir le Giff-Wiff. La sf n'intéressait pas beaucoup la plupart. Les premières demandes de réédition-reproduction ont concerné Burne Hogarth (Tarzan) et Popeye puis Prince Vaillant. Ensuite seulement sont venus Flash Gordon et Mandrake. La subculture de la bande dessinée qui s'est forgée alors n'était pas du tout centrée sur la sf. Il suffit du reste de consulter les beaucoup plus tardives histoires de la BD qui ont été écrites par Moliterni et d'autres pour s'en convaincre. Dans l'Âge d'or de la BD, les journaux illustrés de 1934 à 1944, de Jean-Jacques Gabut (un must absolu), la part de la sf est secondaire. Je cherche toujours à lire le mythique Brick Bradford à travers le temps, que je ne connais que par ouï-dire. Le seul grand succès de réédition fut le Windsor McKay, Little Nemo, chez Pierre Horay, rien à voir avec la sf. Un peu les Burne Hogarth qui fut du reste invité en France. Les autres rééditions sont demeurées confidentielles de quelques centaines d'exemplaires (le Club des Bandes dessinées devenu ensuite prétentieusement le Centre des Littératures d'Expression graphique, le CELEG) à quelques milliers, difficilement retrouvables aujourd'hui. Evidemment, il y a eu Artima et quelques one shots rarissimes. Et après-guerre, nous lisions Bibi Fricotin et les Pieds Nickelés. Pas vraiment de la sf.
Certes, Jean-Claude Forest avec qui j'ai éclusé en compagnie d'André Ruellan et de Curval, des litres de Calvados et de whisky sans négliger le rouge, a illustré le Rayon (notamment le Gambit des étoiles), Fiction, et créé Barbarella (pour V Magazine, dirigé par Gallet) et était, modérément, amateur de sf. Druillet, un ami de toujours, avait été impressionné par les premiers Moorcock, plutôt versant fantasy, et la question se posera toujours de savoir si Lone Sloane doit quelque chose à Elric. Je reposerai un jour la question à Phillipe. Pellaert que j'ai aussi connu n'était pas très sf. Gillon non plus, mais il savait tout dessiner et il a travaillé avec Forest. Le cas de Mœbius que j'ai bien connu aussi et un peu fait travailler est plus complexe, mais ça n'a jamais été un fondu de sf. C'est l'étrangeté des images qui l'intéressaient et c'est surtout sous l'influence de Jodo qui, lui s'intéressait beaucoup à une certaine sf, qu'il y est venu.
C'est Mézières et Christin qui correspondraient le mieux à l'idée de connexion. Mais Jean-Claude Mézières, un de mes voisins et ami de toujours, n'a jamais beaucoup lu de sf. Il a un faible pour le Western. Et Christin non plus, même si j'ai publié ses Prédateurs enjolivés dans A&D.
Bref une poignée de gens qui se connaissaient et s'estimaient mais qui représentaient peu de choses dans l'immense univers en croissance exponentielle de la BD.
Quand on consulte Actuel et même Métal Hurlant, on s'aperçoit que la science-fiction littéraire y était tout à fait marginale. Dionnet la tolérait mais Manœuvre par exemple s'y intéressait très peu ou pas du tout. C'était toute la contre-culture, et surtout le rock, qui les intéressait, dont la sf, même en imagerie, était une toute petite partie.
2) Cinéma et télévision
Si l'on considère le cinéma et la télévision en France, c'est encore bien pire, ou plus clair. Aucun lien. Il n'y a pratiquement pas de cinéma de science-fcition ou même apparenté en France et quand il a pu s'en faire, ça a toujours été à l'écart des auteurs même connus du domaine. Quand Mocky me propose une collaboration, c'est pour adapter un Jean Ray, plus policier que fantastique. À la télévision, rien ou pratiquement. J'ai travaillé dur pendant deux ans avec les Bogdanoff à un scénario de série, Les Naufragés de l'infini, dont nous avons écrit une quinzaine d'épisodes sans jamais que cela débouche.
3) Le policier
Si l'on regarde le policier par contre, il y a de vrais liens avec les séries télévisées françaises, et depuis longtemps. Et même avec les BD. Sauf erreur, Simenon a été adapté en BD. De nombreux auteurs de romans policiers se sont vus confier des scénarios de polars. On pourrait évoquer là une vraie subculture homogène.
4) Aux États-Unis
Même aux États-Unis, que je connais évidemment moins bien, la subculture est bien plus évidente pour le policier et le fantastique que pour la science-fiction. Beaucoup d'auteurs de romans noirs sont devenus scénaristes. idem pour le fantastique.
En science-fiction, à part Matheson, tout à fait marginal à la sf, et Harlan Ellison qui a beaucoup fréquenté Hollywood, on ne trouve pas grand monde. Les scénaristes américains ont puisé dans la sf ce qui a donné au teigneux Ellison l'occasion de quelques conflits et procès, mais en dehors de ceux-à, pas grand monde. Bradbury à qui on demande de scénariser Moby Dick (pas vraiment de la sf) et dont on tire deux séries B assez ratées. En cherchant bien, on doit trouver quelques collaborations, mais les connexions, dans les deux sens sont très peu nombreuses, sauf sans doute pour les novelisations qui ont empêché quelques auteurs de mourir de faim tout en ruinant leur œuvre personnelle. Bon, il y a Clarke et Kubrick et certainement l'intérêt de ce dernier pour la sf.
5) L'Histoire, une subculture?
Même à propos de la BD historique, il serait beaucoup plus facile de prouver l'existence d'une vraie subculture. D'abord, elle est nombreuse et variée. Ensuite la plupart des auteurs, scénaristes et dessinateurs de BD historique avaient une vraie curiosité et culture historique, je pense par exemple à Bourgeon et Cothias, ce dernier que j'ai bien connu. Le lien avec les historiens s'est fait à travers l'Histoire de France en BD, publiée par Larousse, je crois, et récemment rééditée par Le Monde, qui fut un immense succès. Les Astérix ont suscité chez les historiens un regard certes souvent moqueur mais intéressé. Inutile de revenir sur le lien entre peinture et plus généralement imagerie et histoire.
7) Varia et conclusion
Pour le roman sentimental, c'est sans doute plus complexe et je ne connais guère. Mais il y a entre romans, films et séries télévisées d'évidentes et nombreuses connexions.
Aux USA, le western a constitué une vraie subculture, textes, films, séries télévisées musique country.
Bref, cette histoire de subculture, c'est compliqué et il ne faut pas la supposer ou en parler à tort et à travers. Il en existe manifestement une, et depuis longtemps dans les textes de science-fiction, comme je l'ai souvent signalé. Elle a débordé sur l'image, le cinéma et la télévision, et on voit mal comment il aurait pu en être autrement, mais il s'est plus agi d'une contagion que de lins forts.
Une autre histoire à écrire.
En dehors de la science-fiction littéraire, subculture largement transnationale, la seule subculture qui corresponde à un concept précis est évidemment le jazz.
Incidemment et pour conclure, parlant d'Histoire, c'est Jacques Goimard qui aurait évidemment été le mieux placé pour l'entreprendre. Il avait la formation et la culture à la foi générale et spécialisée nécessaires. Il a du reste plusieurs fois exprimé le désir de voir écrite une telle Histoire. En un sens son projet d'Encyclopédie dont j'espère qu'il ira à son terme va dans ce sens. On verra. malheureusement, Jacques Goimard a toujours eu un problème avec l'écriture, il n'avait pas la plume facile, et son état présent, désolant pour tous ses amis, ne nous laisse pas beaucoup d'espoir quant à sa production future.
Cette affirmation me semble complètement fantasmatique voire pire encore journalistique.
Je crois pouvoir en dire quelque chose parce que j'ai vécu toute l'époque et connu pratiquement tous les acteurs.
1) La BD
La génération d'après-guerre (j'avais trois ans en 1940 et huit en 1945) ignorait complètement la bande dessinée américaine de l'avant-guerre, Guy l'éclair, Mandrake (si c'était de la sf), Luc Bradfer (c'en était parfois) et n'a pas pu être influencée par elle. Elle était introuvable dans les éditions française et plus encore américaine, après guerre. J'ai trouvé sur les marchés de banlieue à peu près tous les Wells, Renard et Rosny, et évidemment Barjavel, et c'est même comme ça que j'ai découvert le Rayon Fantastique et le FNA chez un bouquiniste des Coquetiers. Mais de BD, point. J'ai vu quelques albums de Robinson très tardivement et j'ai évidemment été fasciné.
Seuls, Ruellan, Curval, et peut-être Carsac, qui sont ou étaient plus âgés que moi d'une dizaine d'années ou plus, ont pu connaître cette BD avant guerr. Elle n'intéressait ni Versins ni Van Herp.
Evidemment, on a connu un peu après-guerre Poïvet, Les Pionniers de l'Espérance (son fils est un psychiatre qui détient beaucoup d'originaux et que j'espère rencontrer un jour), et les journaux belges, Spirou et Tintin, mais très timides sur le plan sf. Et Coq hardi. Mais pour les magazines de l'avant-guerre, ils étaient introuvables et mythologiques. Curval parlait de Mandrake avec des sanglots dans la voix.
J'ai cherché. On n'en trouvait pas parce que presque tout avait été détruit pendant la guerre, pour se chauffer. Les prix pour des collections sont monstrueux et dépassent les 10 000 euros. Voir la Bible que représente Le Trésor des BD avec ses cotes. Même Moliterni n'a pas pu m'en trouver il y a quelques temps.
Bref on ne connaissait pas. Vers le milieu des années 1960, j'ai passé des annonces dans France-Soir, alors journal le plus lu, pour chercher des Journal de Mickey, Robinson et même le Donald de l'après-guerre. Aucune réponse.
Vers 1966, j'avais une carte de la BN et j'allais souvent rue de Richelieu pour mes travaux de socio-économie pour la CDC. Latéralement, j'ai demandé à consulter le mythique Robinson et autres. On m'a gentiment mais fermement éconduit sous toutes sortes de prétextes: ce n'était pas sur place, il fallait faire une demande administrative, il y en avait pour des semaines, c'était au classement, on ne savait pas où c'était ni même si ça existait. Je n'ai pas insisté.
J'ai été membre fondateur du Club des bandes dessinées, à la suite d'articles dans Fiction, avec Dorémieux, Goimard, Resnais, Moliterni (un ami et un voisin récemment disparu), Lacassin et je ne sais plus qui d'autre. On était une vingtaine. Voir le Giff-Wiff. La sf n'intéressait pas beaucoup la plupart. Les premières demandes de réédition-reproduction ont concerné Burne Hogarth (Tarzan) et Popeye puis Prince Vaillant. Ensuite seulement sont venus Flash Gordon et Mandrake. La subculture de la bande dessinée qui s'est forgée alors n'était pas du tout centrée sur la sf. Il suffit du reste de consulter les beaucoup plus tardives histoires de la BD qui ont été écrites par Moliterni et d'autres pour s'en convaincre. Dans l'Âge d'or de la BD, les journaux illustrés de 1934 à 1944, de Jean-Jacques Gabut (un must absolu), la part de la sf est secondaire. Je cherche toujours à lire le mythique Brick Bradford à travers le temps, que je ne connais que par ouï-dire. Le seul grand succès de réédition fut le Windsor McKay, Little Nemo, chez Pierre Horay, rien à voir avec la sf. Un peu les Burne Hogarth qui fut du reste invité en France. Les autres rééditions sont demeurées confidentielles de quelques centaines d'exemplaires (le Club des Bandes dessinées devenu ensuite prétentieusement le Centre des Littératures d'Expression graphique, le CELEG) à quelques milliers, difficilement retrouvables aujourd'hui. Evidemment, il y a eu Artima et quelques one shots rarissimes. Et après-guerre, nous lisions Bibi Fricotin et les Pieds Nickelés. Pas vraiment de la sf.
Certes, Jean-Claude Forest avec qui j'ai éclusé en compagnie d'André Ruellan et de Curval, des litres de Calvados et de whisky sans négliger le rouge, a illustré le Rayon (notamment le Gambit des étoiles), Fiction, et créé Barbarella (pour V Magazine, dirigé par Gallet) et était, modérément, amateur de sf. Druillet, un ami de toujours, avait été impressionné par les premiers Moorcock, plutôt versant fantasy, et la question se posera toujours de savoir si Lone Sloane doit quelque chose à Elric. Je reposerai un jour la question à Phillipe. Pellaert que j'ai aussi connu n'était pas très sf. Gillon non plus, mais il savait tout dessiner et il a travaillé avec Forest. Le cas de Mœbius que j'ai bien connu aussi et un peu fait travailler est plus complexe, mais ça n'a jamais été un fondu de sf. C'est l'étrangeté des images qui l'intéressaient et c'est surtout sous l'influence de Jodo qui, lui s'intéressait beaucoup à une certaine sf, qu'il y est venu.
C'est Mézières et Christin qui correspondraient le mieux à l'idée de connexion. Mais Jean-Claude Mézières, un de mes voisins et ami de toujours, n'a jamais beaucoup lu de sf. Il a un faible pour le Western. Et Christin non plus, même si j'ai publié ses Prédateurs enjolivés dans A&D.
Bref une poignée de gens qui se connaissaient et s'estimaient mais qui représentaient peu de choses dans l'immense univers en croissance exponentielle de la BD.
Quand on consulte Actuel et même Métal Hurlant, on s'aperçoit que la science-fiction littéraire y était tout à fait marginale. Dionnet la tolérait mais Manœuvre par exemple s'y intéressait très peu ou pas du tout. C'était toute la contre-culture, et surtout le rock, qui les intéressait, dont la sf, même en imagerie, était une toute petite partie.
2) Cinéma et télévision
Si l'on considère le cinéma et la télévision en France, c'est encore bien pire, ou plus clair. Aucun lien. Il n'y a pratiquement pas de cinéma de science-fcition ou même apparenté en France et quand il a pu s'en faire, ça a toujours été à l'écart des auteurs même connus du domaine. Quand Mocky me propose une collaboration, c'est pour adapter un Jean Ray, plus policier que fantastique. À la télévision, rien ou pratiquement. J'ai travaillé dur pendant deux ans avec les Bogdanoff à un scénario de série, Les Naufragés de l'infini, dont nous avons écrit une quinzaine d'épisodes sans jamais que cela débouche.
3) Le policier
Si l'on regarde le policier par contre, il y a de vrais liens avec les séries télévisées françaises, et depuis longtemps. Et même avec les BD. Sauf erreur, Simenon a été adapté en BD. De nombreux auteurs de romans policiers se sont vus confier des scénarios de polars. On pourrait évoquer là une vraie subculture homogène.
4) Aux États-Unis
Même aux États-Unis, que je connais évidemment moins bien, la subculture est bien plus évidente pour le policier et le fantastique que pour la science-fiction. Beaucoup d'auteurs de romans noirs sont devenus scénaristes. idem pour le fantastique.
En science-fiction, à part Matheson, tout à fait marginal à la sf, et Harlan Ellison qui a beaucoup fréquenté Hollywood, on ne trouve pas grand monde. Les scénaristes américains ont puisé dans la sf ce qui a donné au teigneux Ellison l'occasion de quelques conflits et procès, mais en dehors de ceux-à, pas grand monde. Bradbury à qui on demande de scénariser Moby Dick (pas vraiment de la sf) et dont on tire deux séries B assez ratées. En cherchant bien, on doit trouver quelques collaborations, mais les connexions, dans les deux sens sont très peu nombreuses, sauf sans doute pour les novelisations qui ont empêché quelques auteurs de mourir de faim tout en ruinant leur œuvre personnelle. Bon, il y a Clarke et Kubrick et certainement l'intérêt de ce dernier pour la sf.
5) L'Histoire, une subculture?
Même à propos de la BD historique, il serait beaucoup plus facile de prouver l'existence d'une vraie subculture. D'abord, elle est nombreuse et variée. Ensuite la plupart des auteurs, scénaristes et dessinateurs de BD historique avaient une vraie curiosité et culture historique, je pense par exemple à Bourgeon et Cothias, ce dernier que j'ai bien connu. Le lien avec les historiens s'est fait à travers l'Histoire de France en BD, publiée par Larousse, je crois, et récemment rééditée par Le Monde, qui fut un immense succès. Les Astérix ont suscité chez les historiens un regard certes souvent moqueur mais intéressé. Inutile de revenir sur le lien entre peinture et plus généralement imagerie et histoire.
7) Varia et conclusion
Pour le roman sentimental, c'est sans doute plus complexe et je ne connais guère. Mais il y a entre romans, films et séries télévisées d'évidentes et nombreuses connexions.
Aux USA, le western a constitué une vraie subculture, textes, films, séries télévisées musique country.
Bref, cette histoire de subculture, c'est compliqué et il ne faut pas la supposer ou en parler à tort et à travers. Il en existe manifestement une, et depuis longtemps dans les textes de science-fiction, comme je l'ai souvent signalé. Elle a débordé sur l'image, le cinéma et la télévision, et on voit mal comment il aurait pu en être autrement, mais il s'est plus agi d'une contagion que de lins forts.
Une autre histoire à écrire.
En dehors de la science-fiction littéraire, subculture largement transnationale, la seule subculture qui corresponde à un concept précis est évidemment le jazz.
Incidemment et pour conclure, parlant d'Histoire, c'est Jacques Goimard qui aurait évidemment été le mieux placé pour l'entreprendre. Il avait la formation et la culture à la foi générale et spécialisée nécessaires. Il a du reste plusieurs fois exprimé le désir de voir écrite une telle Histoire. En un sens son projet d'Encyclopédie dont j'espère qu'il ira à son terme va dans ce sens. On verra. malheureusement, Jacques Goimard a toujours eu un problème avec l'écriture, il n'avait pas la plume facile, et son état présent, désolant pour tous ses amis, ne nous laisse pas beaucoup d'espoir quant à sa production future.
Mon immortalité est provisoire.
Il y a actuellement, et depuis un certain nombre de décennies, quelque chose qui porte le nom de science-fiction. C'est un état de fait. Je me passionne autant que toi et tous nos amis à essayer de comprendre comment cela fonctionne. Je ne doute pas que Renard a des choses à dire sur quelque chose qui a largement à voir avec cet immense mouvement qu'est la science-fiction, et ça me passionne. Seulement, il faudrait voir à ne pas inverser les choses. Il y a la science-fiction, qui s'est construite, s'est développée, etc. Elle n'a pas à se plier aux théories de Renard. C'est exactement le contraire: si nous avons envie (et nous avons tous envie, il n'y a pas de problème), nous pouvons mettre Renard dedans.Lem a écrit :Oncle, soyons clairs.
1) Je suis d'accord pour discuter du futur dans la SF, de son importance, de son rôle déterminant, caractéristique ou ce que tu voudras, dans les termes où tu voudras.
2) Je suis d'accord pour dire que Renard n'en fait pas grand-cas.
3) Mais tu ne réponds pas à la question préalable sans laquelle, justement, on ne sait pas de quoi on parle.
– Le futur est-il l'un des sujets-clés de la SF ? Oui.
– Le sujet central ? C'est très possible.
– Est-il l'essence de la SF ? Là, c'est beaucoup plus difficile de répondre. Ça implique de parler de définition. Parce que c'est ce que Renard fait. Il ne parle pas des thèmes du roman scientifique : il propose une définition. Pour évaluer la portée de son texte, il faut évaluer la portée de sa définition. Donc, je ne tourne pas autour du pot, je te repose la question : penses-tu que le futur est un élément de la définition de la SF (non de ses thèmes, ça je le sais) ? Et si oui, pourquoi la SF n'est-elle pas simplement l'anticipation ? (Et que faire des classiques non-situés dans le futur ?)
Esr-ce que je suis assez clair, de mon côté?
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le sam. déc. 19, 2009 9:12 pm, modifié 1 fois.
C'est intéressant car en lisant ça, je me rappelle le collège, le lycée, et je me rends compte que c'est en France une énorme traversée du désert où l'enseignement fait tout pour annihiler cette détestable tendance naturelle de l'humain à vouloir créer. Obligation de citer à tire-larigot, de réciter, de recoller des morceaux de pensée existante afin de ne pas trop exprimer sa pensée propre, que ce soit en français ou en philo… Je me rappelle ma joie les très rares fois où les consignes laissaient libre cours à la créativité ou à l'expression de l'opinion. Seules exceptions, le cours d'allemand où l'on discutait de société, et les arts plastiques où les profs nous laissaient simplement dessiner sur des thèmes très libres. Quant à la philo, je me souviens que je rédigeais d'abord la dissertation uniquement à partir de ma réflexion, avant de la retoucher pour faire plaisir au prof en y insérant des citations et des noms de philosophes, ce qui doublait la note sans rien ajouter au sens. En primaire, il y a les rédactions libres. Dans les études supérieures, on se frotte à nouveau à la création. Mais entre les deux, nada.bormandg a écrit :D'accord avec ce point de vue; je rappelle que, hors discussion SF, je dis de plus en plus souvent que notre monde a connu ce que j'appelle une apocalypse mentale, la disparition de la volonté de construire, de créer, et son remplaceùent par une volonté d'exploiter (exclusivement) ce qui existe, et comme cela est limité, de s'emparer de tout ce qu'on peut parce que sinon ce sont les autres qui... Je parle de paradigme du créateur pour le mode de pensée quasiment disparu, de paradigme du prédateur (mais j'ai envie de parler plutôt de paradigme du charognard, qui exploite les restes de ce qui a été créé autrefois, et dont l'archétype est plus encore Mad Max que Conan ou Napoléon) pour le mode de pensée actuelleent généralisé dans la population.
Dois-je rappeler que, pour moi aussi, le refus de la SF est lié à ce rejet de l'idée même de construction, de création?
École et académisme allant de pair, il ne faut, effectivement, pas s'étonner que, si l'école refuse la création, les institutions rejettent la SF. Vu que l'on vit à l'ère des références, à l'ère où il est de bon ton de flatter les initiés dans le sens de la culture, peut-être qu'un roman de SF qui lancerait des clins d'œil à quelques classiques de litt. gén. serait considéré du meilleur goût dans les milieuzautorizés.

Ceci dit, pour revenir à ton paradigme du charognard, la réutilisation n'est pas toujours synonyme d'absence de créativité. En musique, le sampling en est le meilleur exemple.
La réutilisation doit aussi être vue comme une libération de l'art, sans doute initiée par les détournements (l'urinoir de Duchamp, etc.). C'est une possibilité nouvelle, inimaginable auparavant. Elle peut être bien ou mal exploitée, mais toute ouverture de nouveaux possibles, tout déblocage mental est certainement positif.
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Les livres de Vonnegut, de Ballard, non ? (et de Dick peut-etre) ?Est-ce que Des fleurs pour Algernon, de Daniel Keyes, ne serait pas un candidat plausible à la catégorie "paru sous le label mais légitimé" ?
Mais il leurs faut couper le plus possible les liens avec la SF pour être acceptés. Ballard n'écrit plus de SF à partir de Empire du soleil, Vonnegut affirmait (je crois?) n'en avoir jamais écris ..etc.
Et il n'y aura JAMAIS Van Vogt par exemple, ni même Heinlein .
En parlant de Lovecraft, à la fin de son petit 10x18, Maurice Levy écrit:
Donc - la reconnaissance - si reconnaissance il y a - sera très limitée et surtout très sélective !... dans le contexte de la littérature de l'étrange - ET DANS CELUI-LA SEULEMENT - L'œuvre de notre auteur prend du relief et une certaine importante.
Il faudra signer l'acte de renoncement à la SF avec son sang

Je nuancerais ça, au minimum à la marge et peut-être un peu plus en profondeur;Gérard Klein a écrit :Bref une poignée de gens qui se connaissaient et s'estimaient mais qui représentaient peu de choses dans l'immense univers en croissance exponentielle de la BD.
Quand on consulte Actuel et même Métal Hurlant, on s'aperçoit que la science-fiction littéraire y était tout à fait marginale. Dionnet la tolérait mais Manœuvre par exemple s'y intéressait très peu ou pas du tout. C'était toute la contre-culture, et surtout le rock, qui les intéressait, dont la sf, même en imagerie, était une toute petite partie.
Que les acteurs de cette histoire aient été peu nombreux, c'est certain. Mais je crois qu'ils ont eu très tôt le sentiment d'appartenir à une culture commune. Le position d'Opta comme débouché pour l'illustration où on retrouve pratiquement tout le monde (forest, Druillet, Mœibus, Auclair…) en couverture de Fiction, des Galaxies-bis, les jaquettes et les plats intérieurs du CLA (tiens, encore un Club) a, d'après les témoignages de tous ceux que je connais et que j'ai interrogés, joué un rôle décisif. A la même époque, il y a la librairie Futuropolis (nommée ainsi en hommage à Pellos, évidemment) qui va devenir éditeur avec Robial, futur maquettiste des Humanos, et rééditer beaucoup de classiques BD (Superman, Mandrake, Brick Bradford, Les pionniers de l'espérance, Guy L'éclair). C'est aussi Robial qui a trouvé le nom "Métal Hurlant" et de son propre aveu, c'était un hommage à un vieux Fleuve Noir : Métal de mort. On peut difficilement dire que Dionnet "tolérait" la SF écrite : c'est par là qu'il a commencé (les Humanos ont reçu leur nom en hommage à Jack Williamson). Avant Métal, il y a eu la rubrique SF de Pilote crée par lui (de haute lutte contre Goscinny, si j'ai bien compris) illustrée par tous les grands noms de l'époque et qui a servi de laboratoire ; et aux Humanos, il a publié de la SF (Ellison, entre autres). Et Goimard avait sa rubrique dans Métal ! Druillet m'a souvent dit que son imaginaire provenait des Dieux rouges de Jean d'Esme (réédité en feuillleton dans tintin au début du journal, après La guerre des mondes illustrée par Jacobs), des Henneberg et de Wul (dans Sloane, le Wul est un vieux dieu), sans oublier Lovecraft bien sûr. Et Demuth a écrit pour lui, ainsi que moi – et toi, quand tu l'as préfacé. Christin et Mézières ont emprunté "Valérian" aux Henneberg, aussi. Le chef d'œuvre de Mœbius s'intitule Le garage hermétique de Jerry Cornélius – difficule d'être plus référentiel.
Peu nombreux, oui. Mais indiscutablement dedans et en interaction avec la SF littéraire.
C'est marrant, ce que tu écris... que de souvenirs... Je revois Mr Piétri, mon prof de philo, me rendant une copie en disant: "Altairac, c'est passable, mais ce n'était pas la peine d'ajouter ces citations qui ne servent à rien. Je connais!".Atv' a écrit : Quant à la philo, je me souviens que je rédigeais d'abord la dissertation uniquement à partir de ma réflexion, avant de la retoucher pour faire plaisir au prof en y insérant des citations et des noms de philosophes, ce qui doublait la note sans rien ajouter au sens. .
Ce devait être un TRES bon prof de philo...
Oncle Joe
Hum.Lensman a écrit :Il y a actuellement, et depuis un certain nombre de décennies, quelque chose qui porte le nom de science-fiction. C'est un état de fait. Je me passionne autant que toi et tous nos amis à essayer de comprendre comment cela fonctionne. Je ne doute pas que Renard a des choses à dire sur quelque chose qui a largement à voir avec cet immense mouvement qu'est la science-fiction, et ça me passionne. Seulement, il faudrait voir à ne pas inverser les choses. Il y a la science-fiction, qui s'est construite, s'est développée, etc. Elle n'a pas à se plier aux théories de Renard. C'est exactement le contraire: si nous avons envie (et nous avons tous envie, il n'y a pas de problème), nous pouvons mettre Renard dedans.
Esr-ce que je suis assez clair, de mon côté?
Nous avons manifestement un problème de compréhension mutuelle.
Je ne conteste pas du tout l'existence de la science-fiction, ni son nom.
Je ne conteste pas du tout non plus la chronologie générale de la SF. Renard est Renard, et Gernsback Gernsback. Je n'essaie pas de plier la science-fiction à ce qu'en a dit ou pressenti Renard.
Mais tu me parles du futur.
Tu me dis en substance : comment peut-on affirmer que Renard est un théoricien décisif de la SF s'il n'a rien dit du futur ?
C'est pourquoi je te demande : explique-moi en quoi le futur est consubstantiel à la SF ? Pour que ton objection sur le rôle de Renard puisse être reçue, il faut que le lien organique futur/SF soit démontré. Pas : thématique. Organique. Définitionnel.
Personnellement, je ne crois pas que le futur soit définitionnel pour la SF. Je crois qu'il n'en est que l'un des thèmes (peut-être le plus important, mais c'est une autre question). Mais je pousse la contradiction jusqu'à son terme et je dis : si le futur est consubstantiel à la SF comme tu sembles le croire, alors faut-il en déduire que cette littérature n'est rien d'autre que l'anticipation ?
Est-ce que tu me comprends mieux, maintenant ?
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Je me suis souvent demandé si la BD en France ne jouait pas quelque par le même rôle que le cinéma aux USA.Si l'on considère le cinéma et la télévision en France, c'est encore bien pire, ou plus clair. Aucun lien. Il n'y a pratiquement pas de cinéma de science-fcition ou même apparenté en France et quand il a pu s'en faire, ça a toujours été à l'écart des auteurs même connus du domaine.
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Excuse moi, c'est toi qui présentes Renard comme un théoricien de la science-fiction.Lem a écrit : C'est pourquoi je te demande : explique-moi en quoi le futur est consubstantiel à la SF ? Pour que ton objection sur le rôle de Renard puisse être reçue, il faut que le lien organique futur/SF soit démontré. Pas : thématique. Organique. Définitionnel.
Personnellement, je ne crois pas que le futur soit définitionnel pour la SF. Je crois qu'il n'en est que l'un des thèmes (peut-être le plus important, mais c'est une autre question). Mais je pousse la contradiction jusqu'à son terme et je dis : si le futur est consubstantiel à la SF comme tu sembles le croire, alors faut-il en déduire que cette littérature n'est rien d'autre que l'anticipation ?
"Est-ce que tu me comprends mieux, maintenant ?
J'ai l'impression que ton raisonnement est:
Je cherche un théoricien de la science-fiction.
Je trouve des textes de Renard sur le merveilleux scientifique, qui ont l'air de bien aller. Tiens, on me fait remarquer qu'il ne parle pas tellement du futur, alors que tout de même, ça a l'air d'être pour le moins présent dans la science-fiction, à tel point qu'il y a même des gens qui croient que la science-fiction se confond avec l'anticipation.
c'est embêtant... mais non, pas tant que ça: il suffit de dire que, puisque Renard n'y accorde pas tellement d'importance, c'est que ce n'est pas si important que ça dans la science-fiction. Prouvez moi le contraire!
Autrement dit, ce que je comprends, c'est: Renard décide en gros de ce qu'est la science-fiction.
Cela me pose problème d'un point de vue logique, parce que, encore une foi, c'est toi qui as posé Renard comme un théoricien fondamental de la science-fiction. Est-ce que, parfois, tu ne te demandes pas si ce n'est pas un peu lourd pour les épaules de Renard?
A côté de cela, Gérad Klein a écrit, un peu plus haut:
"Pour moi la science-fiction moderne apparaît avec le thème de l'action de la technoscience sur la société. Évident chez Wells et dans une certaine mesure chez Rosny, il est peut-être un peu plus ancien. À voir. Pour moi la science-fiction moderne apparaît avec le thème de l'action de la technoscience sur la société. Évident chez Wells et dans une certaine mesure chez Rosny, il est peut un peu plus ancien. À voir."
Tiens, un concept qui n'a pas été assez relevé, celui de "science-fiction moderne".
Peux-être faudrait-il penser la science-fiction comme quelque chose de dynamique. Non?
Oncle Joe
PS: Ah si, j'ajoute un détail: je ne suis pas Maurice Renard, mais je connais un peu la science-fiction (je suis plus vieux, non plus jeune, enfin bon, que lui). Jamais je n'aurais le culot, compte tenu du corpus, de présenter une théorie de la science-fiction (SI il faut présenter une théorie de la science-fiction, je dis bien si), qui n'accorderait pas une place centrale au futur; à moi de me débrouiller pour ne pas exclure le reste... ça doit être faisable, avec un peu d'imagination.
Français, encore un effort pour être théoriciens de la science-fiction!
Modifié en dernier par Lensman le sam. déc. 19, 2009 10:00 pm, modifié 7 fois.
Ou ai-je pu dire que la SF était une subculture strictement française ? Je n'en ai pas l'impression, et pas vraiment la conviction. Ce que tu dis explique sans doute assez bien pourquoi la science-fiction FRANCAISE n'a pas participé à la subculture, et qu'elle a échoué à devenir quelque chose de populaire, mais ca ne remet pas en cause le caractère global de la science-fiction comme genre. Ce qui n'est pas le cas de la "littérature générale" L'exemple du policier est assez parlant, parce qu'il a servi les auteurs nationaux.Gérard Klein a écrit : En dehors de la science-fiction littéraire, subculture largement transnationale, la seule subculture qui corresponde à un concept précis est évidemment le jazz.
A l'opposé, on peut du coup étudier pourquoi un genre (la SF) qui est perçue par les amateurs à travers tout un ensemble de supports, ne profite pas aux auteurs nationaux du genre. Mais là, il faut tenir compte des structures éditoriales.
A mes étudiants, je demande chaque année ce qui les a amené à lire de la science-fiction (pour les rares qui en lisent), je peux dire que 99 fois sur cent, c'est lié à un film. J'ai même eu une étudiante qui a 15 ans de moins que moi et qui m'a dit "quand j'étais petite, je regardais Albator à la télé, et je voulais lire des histoires comme dans la série". Bon, ceux qui "passent à l'acte" représentent une part infime des amateurs de SF, mais c'est un phénomène que je vois trop systématiquement pour ne pas lui accorder un certain crédit.
Mon cas personnel n'est guère éloigné. Si je regarde mon "parcours littéraire SF", j'ai quasi un sans faute : je n'arrivais pas à lire Verne, Barjavel ne me passionnait pas (j'ai pas dépassé 20 pages du Grand secret), j'ai vraiment commencé à lire de la SF quand on m'a offert Fahrenheit 451, et ensuite j'ai lu ce qu'il y avait en bibliothèque (Le Guin, Vonnegut, Brunner, Bester, Moorcock, Spinrad). Je n'ai jamais lu un Peter Randa, un Limat, ni Richard-Bessière ou Guieu. En gros, aucun Fleuve Noir qu'on cache sous son lit. Quand il y a des listes des "100 meilleurs livres de SF" je dois en avoir lu 80% ou pas loin. Donc, j'aurais une culture SF sans aucune tâche, sans tout ce fatras ridicule, ces objets fantaisistes qui font honte et qui ont discrédité le genre ??
Non. J'ai baigné moi aussi dans un bain de SF populaire, parce que j'ai connu dans les années 78-80 les premiers anime japonais (Goldorak, Albator, Capitaine Flam - une adaptation de SF américaine, au passage). Si je n'ai pas lu les Fleuve Noir, c'est parce que je les avais vus (ou pas loin) quand j'avais 5-8 ans (et j'en ai consommé quotidiennement). Si bien qu'arrivé à l'âge de la vraie lecture (celle qu'on choisit, pas celle qu'on vous impose) je suis passé directement à autre chose de plus "consistant".
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/
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