Lem a écrit :
L'écriture est un outil quand elle est pratiquée de manière utilitaire. En général, en littérature, c'est l'inverse, y compris dans la sf. Quant à cette analogie avec les meubles, elle me paraît suspecte. On dira bien devant le meuble "ce coup de marteau est unique" ou "il a une façon de limer bien à lui". Et on pourra même s'intéresser aux outils proprement dit si Boulle les a créés de toute pièce pour des besoins spécifiques, comme on s'intéresse aux néologismes inventés par un auteur qui ne trouve pas dans le vocabulaire courant ce dont il a besoin. Les mots sont les outils. L'écriture est une pratique et éventuellement, un art.
Non.
L'écriture est un outil. Les mots sont une matière. J'utilise le terme "écriture" et pas style, parce que c'est un terme qui ne correspond pas à grand chose, en soi.
"Style", c'est comme "métaphysique", tout le monde croit savoir ce que c'est, mais quand on regarde attentivement, chacun a son propre point de vue sur la question.
En revanche, tous les auteurs font des choix d'écriture. Certains seront lyriques, d'autres secs, ça sera très varié, et, si possible, avec un but.
Et non, on ne s'intéressera PAS aux outils de Boulle. La valeur d'un meuble Boulle ne dépend pas des considérations sur les outils. On a quasiment aucune véritable idée du secret à la base des violons Stradivarius, ça n'a jamais empêché personne d'apprécier leur son.
Oui, on pourrait étudier les outils, mais les connaître ne change rien à l'oeuvre créée. Tout ça pour dire que discuter sur le style, le décortiquer, ca peut avoir du sens pour des universitaires, des spécialistes, mais qu'au niveau de la critique/chronique, il ne faut pas le surévaluer.
(et c'est un amateur de Flaubert qui dit ça. Mais quand on le lit, on voit qu'il changeait régulièrement de point de vue selon les moments, selon les périodes où il avait du mal à écrire)
Et surtout, le point important, c'est que PERSONNE n'est d'accord sur ce que renferme la notion de "bien écrit". Mais alors vraiment pas.