Aussi, mais pas seulement; ton livre s'adresse aussi d'une part, aux chercheurs en histoire (auxquels se réfère Patrice), d'autre part aux lecteurs, critiques et amateurs du genre (ce qui justifie son tirage dans une gamme de prix grand public); ce qui aurait certainement pu justifier un peu plus d'attention aux Enfants de l'histoire (ceci étant, comme toi, je suis loin de le considérer comme un bon livre de Ruellan...).silramil a écrit : mon but est aussi de dégager un corpus exploitable pour des chercheurs en littérature.
Simon Bréan - La Science-fiction en France
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- bormandg
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"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Salut,
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Patrice
Non, visiblement c'est rarissime, et les efforts de Messac semblent être l'exception. Mais d'une manière générale, comment considère-t-on la littérature américaine dans son ensemble à l'époque?jeandive a écrit :bon je pourrais attendre de lire le livre ( que j'ai ) mais vu qu'on en parle , sans vouloir poluer le post de patrice : on " decouvre " la sf apres guerre mais avant , de même que de rares auteurs francophones furent publiés en pulps , jamais eu d'auteurs US traduit en français , y compris avec d'autres noms ? ( je pense a ces traducteurs qui s'appropriaient plus ou moins le texte , comme pour doc savage a un moment )
et a priori aucuns auteurs francophones n'auraient été anglophiles ( comme messac) et influencé dans ses idees ou ecritures par la lecture d'imports ?
et donc , de façon général , peu d'echanges litteraires , d'influences entre le vieux et le nouveau continent avant 45 ? ( que ce soit en paralitterature -le polar par exemple , ou en lit générale
A+
Patrice
Re!
Pour en finir avec "Les Enfants de l'histoire", ça n'est effectivement pas un grand roman, même s'il se lit bien, mais il me semble important pour le fait que pour la première fois, un auteur français se base sur des événements strictement contemporains (mai 68) pour écrire un roman de SF qui en est une sorte d'analyse. En cela, il préfigure largement le courant "Ici et maintenant" dont Simon parle par la suite (j'y reviendrai), mais dont Ruellan ne s'est finalement jamais mêlé.
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Patrice
Pour en finir avec "Les Enfants de l'histoire", ça n'est effectivement pas un grand roman, même s'il se lit bien, mais il me semble important pour le fait que pour la première fois, un auteur français se base sur des événements strictement contemporains (mai 68) pour écrire un roman de SF qui en est une sorte d'analyse. En cela, il préfigure largement le courant "Ici et maintenant" dont Simon parle par la suite (j'y reviendrai), mais dont Ruellan ne s'est finalement jamais mêlé.
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Patrice
A noter que Francis Carsac, par exemple, était un grand connaisseur d'Astounding. Des lecteurs pouvaient avoir connaissance de textes en anglais, oui.Patrice a écrit :Salut,
Non, visiblement c'est rarissime, et les efforts de Messac semblent être l'exception. Mais d'une manière générale, comment considère-t-on la littérature américaine dans son ensemble à l'époque?jeandive a écrit :bon je pourrais attendre de lire le livre ( que j'ai ) mais vu qu'on en parle , sans vouloir poluer le post de patrice : on " decouvre " la sf apres guerre mais avant , de même que de rares auteurs francophones furent publiés en pulps , jamais eu d'auteurs US traduit en français , y compris avec d'autres noms ? ( je pense a ces traducteurs qui s'appropriaient plus ou moins le texte , comme pour doc savage a un moment )
et a priori aucuns auteurs francophones n'auraient été anglophiles ( comme messac) et influencé dans ses idees ou ecritures par la lecture d'imports ?
et donc , de façon général , peu d'echanges litteraires , d'influences entre le vieux et le nouveau continent avant 45 ? ( que ce soit en paralitterature -le polar par exemple , ou en lit générale
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Patrice
Je n'ai pas trouvé trace de "traductions/récupérations" par des traducteurs.
Il faut se rappeler par ailleurs la SF des Pulps, quoique vigoureuse avant, a atteint un "âge d'or" vers 37... et qu'entre 39 et 45 il n'était plus trop question d'importer de la littérature américaine, notamment pour des raisons de quotas de papier... pas vraiment le moment de lancer des collections nouvelles.
La faiblesse de l'information / de l'intérêt pour ces textes se marque quand même au fait qu'il ait fallu 5 à 8 ans avant que des collections et des revues se montent, alors que pour le roman policier par ex, il y avait des circulations depuis longtemps.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.
- bormandg
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Manquerait-il un point d'interrogation à la finn de ta dernière phrase?jeandive a écrit :bon je pourrais attendre de lire le livre ( que j'ai ) mais vu qu'on en parle , sans vouloir poluer le post de patrice : on " decouvre " la sf apres guerre mais avant , de même que de rares auteurs francophones furent publiés en pulps , jamais eu d'auteurs US traduit en français , y compris avec d'autres noms ? ( je pense a ces traducteurs qui s'appropriaient plus ou moins le texte , comme pour doc savage a un moment )
et a priori aucuns auteurs francophones n'auraient été anglophiles ( comme messac) et influencé dans ses idees ou ecritures par la lecture d'imports ?
et donc , de façon général , peu d'echanges litteraires , d'influences entre le vieux et le nouveau continent avant 45 ? ( que ce soit en paralitterature -le polar par exemple , ou en lit générale
Ceci étant, je n'étais pas là, mais il me semble avoir lu à propos de certain(s?) auteur(s?) français qude l'entre deux guerres qu'il(s?) lisai(en?)t les pulps, et ont donc d'une manière ou d'une autre intégré l'apport de la sf à leur écriture du roman d'imagination scientifique. Ceci étant, et malgré la tentative de correction de Boris Vian dans son article de 1951, la SF apparaît, dans les années 50, comme une nouveauté sans rapport direct avec la branche mourante de l'imaginaire scientifique. Sauf au Fleuve Noir qui, AMA, branche son anticipation sur les romans populaires de l'entre-deux-guerres, et la continuation des aventures Ferenczi, tout en y incluant l'apport de la SF, sans s'y rattacher toutefois, malgré les quelques traductions qui apparaissent. En y repensant, il serait sans doute nécessaire de signaler que, dans l'esprit des lecteurs, il me semble avoir perçu même dix ans plus tard qu'il a fallu un certain temps (et la volonté des rédacteurs de Satellite et de Fiction) pour que le Fleuve Noir soit perçu comme traitant le même domaine que le Rayon fantastique et Présence du futur, étiquetés SF dès le départ.
Et pour conclure sur la dernière affirmation ou question: je crois, d'après ce que j'ai entendu, qu'il a effectivement fallu attendre 1945 pour que le polar américain soit perçu comme comparable à la branche correspondante de la littérature européenne; pour la littérature blanche, vu qu'Hemingway a vécu et été publié en France avant guerre (et sans doute d'autres), le problème ne s'est pas posé dans les mêmes termes. Avec cette différence que, pour la SF, on a voulu croire à une branche nouvelle et oublié qu'il y avait une branche correspondante, nommée autrement, dans la littérature française, alors que dans le polar la production française était mise en concurrence, pas oubliée.
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Il faut quand même bien se souvenir que ce sont des époques (avant les deux guerres…) où, en France, la littérature nationale est largement autosuffisante. La France est le pays de la littérature (croit-on), et ce qui vient de l'extérieur vient par dessus le marché. C'est le monde entier qui est censé admirer les grands littérateurs français, pas l'inverse.Patrice a écrit : Mais d'une manière générale, comment considère-t-on la littérature américaine dans son ensemble à l'époque?
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Patrice
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Quels romans policiers? les romans américains? Les collecions étaient liées à l'importante production française et anglaise, non? Bien sûr, elles ont aussi accueilli les textes américains, mais pas sous couvert d'un "nouveau genre".silramil a écrit : La faiblesse de l'information / de l'intérêt pour ces textes se marque quand même au fait qu'il ait fallu 5 à 8 ans avant que des collections et des revues se montent, alors que pour le roman policier par ex, il y avait des circulations depuis longtemps.
Ceci étant, et comme il me semble l'avoir vu rappeler, il y avait des collections de romans d'aventure. Et ces collections absorbaient une part de la faible production française, en particulier tout ce qui aurait pu être apparenté aux aventures spatiales du space opera, non?
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Avec néanmoins reconnaissance de certains auteurs, à commencer par Hemingway ou, plus anciens, Mark Twain, Edgar Poe, Henry James....Lensman a écrit :Il faut quand même bien se souvenir que ce sont des époques (avant les deux guerres…) où, en France, la littérature nationale est largement autosuffisante. La France est le pays de la littérature (croit-on), et ce qui vient de l'extérieur vient par dessus le marché. C'est le monde entier qui est censé admirer les grands littérateurs français, pas l'inverse.Patrice a écrit : Mais d'une manière générale, comment considère-t-on la littérature américaine dans son ensemble à l'époque?
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L'idée que la littérature américaine serait une AUTRE littérature (une sous-littérature) n'apparaît que pour la science-fiction.
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"ces textes" = les textes américains; pas de rapport avec les coll d'aventure ici, donc.bormandg a écrit :Quels romans policiers? les romans américains? Les collecions étaient liées à l'importante production française et anglaise, non? Bien sûr, elles ont aussi accueilli les textes américains, mais pas sous couvert d'un "nouveau genre".silramil a écrit : La faiblesse de l'information / de l'intérêt pour ces textes se marque quand même au fait qu'il ait fallu 5 à 8 ans avant que des collections et des revues se montent, alors que pour le roman policier par ex, il y avait des circulations depuis longtemps.
Ceci étant, et comme il me semble l'avoir vu rappeler, il y avait des collections de romans d'aventure. Et ces collections absorbaient une part de la faible production française, en particulier tout ce qui aurait pu être apparenté aux aventures spatiales du space opera, non?
Pour le policier, oui, surtout de l'anglais et du français - mais l'intérêt pour des productions étrangères était acquis depuis longtemps. La "découverte" du roman noir s'est faite très vite à la Libération, plus vite en tout cas que pour la SF (qui est d'ailleurs tenue pour une potentielle nouvelle mode permettant de refaire le coup éditorial du roman noir).
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.
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Absolument. Avec, comme signalé plus haut, le fait que le "roman noir" américain est intégré dans un "genre" déjà existant, tandis que la science-fiction est importée en tant que "genre" nouveau.silramil a écrit : Pour le policier, oui, surtout de l'anglais et du français - mais l'intérêt pour des productions étrangères était acquis depuis longtemps. La "découverte" du roman noir s'est faite très vite à la Libération, plus vite en tout cas que pour la SF (qui est d'ailleurs tenue pour une potentielle nouvelle mode permettant de refaire le coup éditorial du roman noir).
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Gallimard a fait un excellent coup avec la Série Noire présentée dès le début comme une collection populaire. Tandis qu'avec le Rayon Fantastique cet aspect populaire n'est pas mis en avant. La SF est une littérature défendue par des intellectuels comme Boris Vian ou François le Lionnais. Le public populaire n'est pas vraiment considérée en dehors de Fleuve Noir Anticipation.
Bienvenu chez Pulp Factory :
http://pulp-factory.ovh
Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
http://propos-iconoclastes.blogspot.com
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Je ne sais pas si cela a joué sur le PUBLIC populaire, et pas seulement dans les analyses rue S Bottin. La série noire était-elle distribuée en gare comme le Fleuve Noir? Si oui, pourquoi le Rayon fantastique ne l'était-il pas?.Ets-ce que le fait que la collection était co-dirigée par Hachette n'est pas plus largement en cause, comme cela est en cause dans l'arrêt de la collection parce que les comptes SEMBLAIENT déficitaires?Fabien Lyraud a écrit :Gallimard a fait un excellent coup avec la Série Noire présentée dès le début comme une collection populaire. Tandis qu'avec le Rayon Fantastique cet aspect populaire n'est pas mis en avant. La SF est une littérature défendue par des intellectuels comme Boris Vian ou François le Lionnais. Le public populaire n'est pas vraiment considérée en dehors de Fleuve Noir Anticipation.
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A propos de sous-littérature, c'est la même chose pour le roman policier américain (dit "noir"): tout apprécié qu'il soit, ce n'est qu'une littérature de divertissement, ce n'est pas de la "grande littérature".D'ailleurs, c'est effectivement une littérature de divertissement; mais pour certains esprits, c'est dévalorisant de le dire! Il est vrai que la SF a la particularité de s'attirer des noms d'oiseau, alors que pour le policier, on se contentait d'habitude de sourire en disant que ça pouvait tout de même être un bon divertissement. Mais on dévie du fil, on a rappelé cela si souvent...bormandg a écrit : Avec néanmoins reconnaissance de certains auteurs, à commencer par Hemingway ou, plus anciens, Mark Twain, Edgar Poe, Henry James....
L'idée que la littérature américaine serait une AUTRE littérature (une sous-littérature) n'apparaît que pour la science-fiction.
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le dim. nov. 18, 2012 4:20 pm, modifié 1 fois.
Heureuse époque, où apparemment on ne savait pas bien compter, chez les éditeurs, à la différence d'aujourd'hui… Manque de chance, et comme par hasard, la désinvolture de comptage, s'il y en a bien eu une, aurait penché en défaveur de la collection de SF… c'est bête, hein? Je n'oserais pas dire "qui veut noyer son chien…", mais tout de même… allons bon, mes tendances parano du moment qui reprennent !bormandg a écrit :.Ets-ce que le fait que la collection était co-dirigée par Hachette n'est pas plus largement en cause, comme cela est en cause dans l'arrêt de la collection parce que les comptes SEMBLAIENT déficitaires?
Oncle Joe
Elsa Triolet achetait des romans de la série noire pour les lire aux toilettes, quand elle terminait un volume, elle le jetait. On peut dire que le roman policier était une littérature de cabinets.Lensman a écrit : A propos de sous-littérature, c'est la même chose pour le roman policier américian (dit "noir"): tout apprécié qu'il soit, ce n'est qu'une littérature de divertissement, ce n'est pas de la "grande littérature".D'ailleurs, c'est effectivement une littérature de divertissement; mais pour certains esprits, c'est dévalorisant de le dire! Il est vrai que la SF a la particularité de s'attirer des noms d'oiseau, alors que pour le policier, on se contentait d'habitude de sourire en disant que ça pouvait tout de même être un bon divertissement. Mais on dévie du fil, on a rappelé cela si souvent...
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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