La route de Cormac McCarthy

Modérateurs : Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m

Avatar du membre
Don Lorenjy
Messages : 1442
Enregistré le : jeu. mars 09, 2006 9:03 am
Contact :

Message par Don Lorenjy » ven. juin 26, 2009 9:06 pm

Le_navire a écrit :Dans l'absolu, c'est une histoire de survivants.
Malgré tout le respect, Capitaine, c'est là que nos avis divergent.
C'est une histoire de mourant, fondamentalement, et qui nous touchera tous un jour. Là, le mourant a le temps de se voir mourir et, sachant pourtant qu'il n'y a plus rien derrière, se demande ce qu'il emporte et ce qu'il laisse, ce qu'il s'autorise ou pas. Alors que ça n'a plus aucune importance.
C'est cette question illogique d'un point de vue pragmatique qui m'a touché.

Et pour Roland : même si l'émotion n'est pas toujours la nourriture qu'on cherche, elle fait toujours du bien, surtout par surprise (encore que, depuis qu'on te le répète, ça risque d'émousser la surprise si tu tentes la lecture).
Les marques Don Lorenjy et Don Lo sont retirées des rayons

Avatar du membre
Le_navire
Messages : 2341
Enregistré le : lun. févr. 12, 2007 4:15 pm
Localisation : Au milieu.

Message par Le_navire » ven. juin 26, 2009 10:41 pm

Non, on ne diverge pas. Tu as parfaitement raison : ils sont plus des morts en sursis (bref, le sursis) que des survivants avec ce que le terme peut comporter de notion positive. Bien vu mon grand.
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"

Avatar du membre
thomasday
Messages : 486
Enregistré le : mar. févr. 24, 2009 1:44 pm
Localisation : Extrême-sud de la Picardie (près de la crème)

Message par thomasday » sam. juin 27, 2009 5:47 am

Le_navire a écrit :Dans l'absolu, c'est une histoire de survivants. Il aurait pu l'écrire dans un contexte différent (deux survivants d'un crash d'avion en plein jungle, par exemple).
Certainement pas !
Désolé...
Mais ce livre achève (momentanément ?) l'oeuvre de Cormac McCarthy, c'est la destination de son corpus "dit des confins" centré sur les rapports entre l'homme et la nature. Dans La Route, il met en scène la mort de la nature, dans un cadre très chrétien pour ne pas dire "biblique".
La Route, c'est son livre des Révélations.
Il prend tout son sens quand on a lu De si jolis chevaux, Le grand passage, Des villes dans la plaine.

TD

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » sam. juin 27, 2009 7:25 am

Encore un truc à connotation religieuse!
Quand je pense que j'ai failli me mettre à le lire! Sauvé par TD!
Oncle Joe, un peu crevé mais vivant

Avatar du membre
Thomas Geha
Messages : 692
Enregistré le : ven. févr. 10, 2006 10:15 am
Localisation : Rennes
Contact :

Message par Thomas Geha » sam. juin 27, 2009 10:50 am

Lensman a écrit :Encore un truc à connotation religieuse!
Quand je pense que j'ai failli me mettre à le lire! Sauvé par TD!
Oncle Joe, un peu crevé mais vivant
Le roman le plus proche de la route dont je me souviennes, et ça rejoint un peu TD, c'est Le Crépuscule de Briareus... J'ai beaucoup aimé La Route, mais je n'ai pas cessé de penser à ce bouquin de Richard Cowper pendant toute ma lecture.

Avatar du membre
bormandg
Messages : 11906
Enregistré le : lun. févr. 12, 2007 2:56 pm
Localisation : Vanves (300 m de Paris)
Contact :

Message par bormandg » sam. juin 27, 2009 11:01 am

Roland C. Wagner a écrit :Aucun doute sur le fait que le bouquin est bien meilleur que, par exemple, Le Grand Feu de M.-A. Rayjean :

Image
L'image et ma mémoire disent B R Bruss; j'avoue ne plus me rappeler du contenu.
Pour en revenir à Cormack, en écrivant un enième roman post-apocalyptique en littérature générale et en ignorant (sciemment ou non) les 10^6 romans et nouvelles parus sur le thème dans les revues et collections de SF, est-ce qu'il ne serait pas tout bonnement en train de réinventer la roue sous prétexte qu'il n'est pas mécanicien? :twisted:
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

Avatar du membre
Le_navire
Messages : 2341
Enregistré le : lun. févr. 12, 2007 4:15 pm
Localisation : Au milieu.

Message par Le_navire » sam. juin 27, 2009 11:36 am

thomasday a écrit :
Le_navire a écrit :Dans l'absolu, c'est une histoire de survivants. Il aurait pu l'écrire dans un contexte différent (deux survivants d'un crash d'avion en plein jungle, par exemple).
Certainement pas !
Désolé...
Mais ce livre achève (momentanément ?) l'oeuvre de Cormac McCarthy, c'est la destination de son corpus "dit des confins" centré sur les rapports entre l'homme et la nature. Dans La Route, il met en scène la mort de la nature, dans un cadre très chrétien pour ne pas dire "biblique".
La Route, c'est son livre des Révélations.
Il prend tout son sens quand on a lu De si jolis chevaux, Le grand passage, Des villes dans la plaine.

TD


Oh que c'est vilain, Gilles !!!! :D Tronquer une citation ! La suite de la phrase allait dans le même sens. Même si je n'avais pas développé, parce qu'il me semble entre autre qu'on en avait parlé ailleurs.
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"

Avatar du membre
Goldeneyes
Messages : 274
Enregistré le : jeu. nov. 01, 2007 10:48 am

Message par Goldeneyes » sam. juin 27, 2009 11:36 am

Thomas Geha a écrit :Le roman le plus proche de la route dont je me souviennes, et ça rejoint un peu TD, c'est Le Crépuscule de Briareus... J'ai beaucoup aimé La Route, mais je n'ai pas cessé de penser à ce bouquin de Richard Cowper pendant toute ma lecture.
Marrant. Pour avoir lu les deux aussi, je n'ai pas du tout pensé au Crépuscule à la lecture de La Route (cela dit, ce n'est pas une raison pour ne pas lire Richard COWPER...). Des différences notables opposent les deux romans, la principale étant que l'action du Crépuscule se déroule alors que le monde ne s'est pas encore effondré. Au contraire, La Route est un roman post-apo pur jus. MC CARTHY articule son roman autour d'un sujet qui occupe tout le devant de la scène : la relation du père et de son fils dans un contexte d'extinction (de la lumière ^^). Le Crépuscule, quant à lui, cultive une foultitude de thématiques, toutes fortement ancrées dans les préoccupations du genre SF. Mais à n'en pas douter, les deux romans constituent des instants de lecture passionnants... Et deux autres points les relient : la qualité de la plume de leur auteur et de leur traduction respective, ainsi que cette espèce d'aura mystique (pour ne pas dire religieuse) dont ils sont imprégnés...

Avatar du membre
Thomas Geha
Messages : 692
Enregistré le : ven. févr. 10, 2006 10:15 am
Localisation : Rennes
Contact :

Message par Thomas Geha » sam. juin 27, 2009 12:04 pm

Goldeneyes a écrit :
Thomas Geha a écrit :Le roman le plus proche de la route dont je me souviennes, et ça rejoint un peu TD, c'est Le Crépuscule de Briareus... J'ai beaucoup aimé La Route, mais je n'ai pas cessé de penser à ce bouquin de Richard Cowper pendant toute ma lecture.
Marrant. Pour avoir lu les deux aussi, je n'ai pas du tout pensé au Crépuscule à la lecture de La Route (cela dit, ce n'est pas une raison pour ne pas lire Richard COWPER...). Des différences notables opposent les deux romans, la principale étant que l'action du Crépuscule se déroule alors que le monde ne s'est pas encore effondré. Au contraire, La Route est un roman post-apo pur jus. MC CARTHY articule son roman autour d'un sujet qui occupe tout le devant de la scène : la relation du père et de son fils dans un contexte d'extinction (de la lumière ^^). Le Crépuscule, quant à lui, cultive une foultitude de thématiques, toutes fortement ancrées dans les préoccupations du genre SF. Mais à n'en pas douter, les deux romans constituent des instants de lecture passionnants... Et deux autres points les relient : la qualité de la plume de leur auteur et de leur traduction respective, ainsi que cette espèce d'aura mystique (pour ne pas dire religieuse) dont ils sont imprégnés...
effectivement, la qualité de plume n'est pas étrangère à mon impression. Comme d'ailleurs cette "aura mystique" que tu signales. Pour le reste, je suis entièrement de ton avis.

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » sam. juin 27, 2009 4:51 pm

Thomas Geha a écrit : Comme d'ailleurs cette "aura mystique" que tu signales.
Une "aura mystique"? ça fait un sacré (sic) handicap, à un bouquin...
Oncle Joe

Avatar du membre
Thomas Geha
Messages : 692
Enregistré le : ven. févr. 10, 2006 10:15 am
Localisation : Rennes
Contact :

Message par Thomas Geha » sam. juin 27, 2009 4:58 pm

Lensman a écrit :
Thomas Geha a écrit : Comme d'ailleurs cette "aura mystique" que tu signales.
Une "aura mystique"? ça fait un sacré (sic) handicap, à un bouquin...
Oncle Joe
Tout dépend. Regarde, il y en a une qui plane aussi sur le Kid Jesus de Pelot, et pourtant, on va pas dire que c'est le livre le plus pro-chrétien que j'ai lu.

Avatar du membre
Transhumain
Messages : 1246
Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 11:23 am
Contact :

Message par Transhumain » sam. juin 27, 2009 5:13 pm

Lensman a écrit :Une "aura mystique"? ça fait un sacré (sic) handicap, à un bouquin...
Oncle Joe
Oui, oui. Envisager, le temps d'un LIVRE, dans l'univers d'un LIVRE, une présence divine, c'est quand même abuser. Croire aux vampires en revanche, aux zombies, aux voyages dans le temps, aux vaisseaux-fantômes et aux mutants transparents, c'est pas pareil, parce que ça existe vraiment.

Avatar du membre
Roland C. Wagner
Messages : 3588
Enregistré le : jeu. mars 23, 2006 11:47 am

Message par Roland C. Wagner » sam. juin 27, 2009 5:34 pm

Transhumain a écrit :Envisager, le temps d'un LIVRE, dans l'univers d'un LIVRE, une présence divine, c'est quand même abuser. Croire aux vampires en revanche, aux zombies, aux voyages dans le temps, aux vaisseaux-fantômes et aux mutants transparents, c'est pas pareil, parce que ça existe vraiment.
La différence fondamentale, à mon sens, c'est qu'il y a énormément de gens qui croient vraiment en un machin transcendantal alors que ceux qui sont convaincus de l'existence des vampires ou des zombies ou des vaisseaux fantômes sont nettement moins nombreux — et j'aurais tendance à penser qu'il y en a encore moins en ce qui concerne le voyage dans le temps.

Ce que je veux dire, c'est que la "présence divine" est une croyance trop répandue pour pouvoir être considérée comme une simple hypothèse de travail, à la différence de la transparence.

Que Jéhova, la Trinité divine ou Allah me foudroie dans la seconde si j'ai écrit une bêtise.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

الكاتب يكتب

Avatar du membre
Transhumain
Messages : 1246
Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 11:23 am
Contact :

Message par Transhumain » sam. juin 27, 2009 5:53 pm

Roland C. Wagner a écrit :La différence fondamentale, à mon sens, c'est qu'il y a énormément de gens qui croient vraiment en un machin transcendantal alors que ceux qui sont convaincus de l'existence des vampires ou des zombies ou des vaisseaux fantômes sont nettement moins nombreux — et j'aurais tendance à penser qu'il y en a encore moins en ce qui concerne le voyage dans le temps.

Ce que je veux dire, c'est que la "présence divine" est une croyance trop répandue pour pouvoir être considérée comme une simple hypothèse de travail, à la différence de la transparence.

Que Jéhova, la Trinité divine ou Allah me foudroie dans la seconde si j'ai écrit une bêtise.
Mais cette "présence", qui d'ailleurs n'est jamais évoquée que comme possibilité, voire comme expression symbolique ou métaphorique d'autre chose, n'est pas une "hypothèse de travail" : elle fait simplement partie du paysage, de l'univers du livre. Dans La Route, en quelque sorte, Dieu est parti, ne laissant sur terre qu'une infime parcelle de lumière, ce "feu" que portent le père et l'enfant.

Papageno
Messages : 2270
Enregistré le : dim. sept. 10, 2006 10:28 am
Localisation : Auxerre (Yonne)

Message par Papageno » sam. juin 27, 2009 7:27 pm

ll y a quand même des auteurs que l'on sens profondément croyant.
Walter Miller, par exemple, c'est du moins l'impression que ma donnée la lecture de "Un cantique pour Leibowitz" - mais peut-être que je me trompe !
Alors, introduire dieu et la religion dans un histoire de SF me choque pas plus que ça ! tout dépend de la façon dont c'est traitée.
Il me semble d'ailleurs que se soit une thématique très fréquente dans la SF, et depuis très longtemps avec des textes iconoclasmes ou pas !

Répondre

Retourner vers « Vos dernières lectures »