Roland C. Wagner a écrit :Quand j'ai lu La Forêt des Mythagos (la novella de base), j'ai eu l'impression d'avoir affaire à un texte de science-fiction, et cette impression a subsisté pendant la lecture du roman. (Par contre, j'ai été déçu par les suites, qui déclinent le thème plus qu'elles ne l'explorent.)
N'ayant pas encore lu
La Forêt des Mythagos, je prends le risque de mal interpréter ce que tu dis, tu me corrigeras si je fais un contresens. Ce que tu dis me semble très intéressant pour comprendre (en partie) ta vision des choses (et peut-être celle d'Ocnle Joe, mais il n'intervient pas ici, alors je ne vais pas l'invoquer

) exposée sur le fil SF.
J'ai l'impression que tu considères que le "vertige" dont parle Mélanie (même si tu ne te reconnais pas dans ce terme, c'est pour simplifier) est, pour toi, bijectivement associé à la SF. C'est-à-dire : seule la SF peut procurer (pour toi, je ne prétends pas que tu généralises) ce vertige, et si tu ressens ce vertige, l'oeuvre peut (doit ?) être considérée comme de la SF, même si elle ne comporte pas véritablement d'outillage scientifique ou d'analyse scientifique. Est-ce que je me trompe complètement ?
Parce que cela pourrait être mis en parallèle de la démarche de Lem dans le fil d'à côté : si lui recherche la trace de la métaphysique dans la SF (par goût, ou pour en expliquer le rejet, peu importe), tu rechercherais pour ta part la trace de la SF dans les oeuvres qui te procurent ce vertige, même si ces oeuvres ne sont pas à proprement parler de la SF.
Bon, ça paraît un peu binaire dit comme ça, il faut bien sûr y apporter toutes les nuances d'usage et englober les autres intervenants, mais ça me semble intéressant parce qu'on touche peut-être là à une caractéristique commune à ces deux sensibilités (schématiquement, SF vs métaphysique) mais prise sous un prisme différent.
Mais bon, ce n'est qu'une inteprétation et en plus une digression, tu n'es pas obligé de répondre, ou tu peux le faire en MP.
Pour revenir au sujet :
Si la fantasy est très bien outillée pour mettre en scène des mythes et des archétypes, elle l'est fort mal dès lors qu'il s'agit de prendre un certain recul analytique. Parce que la psychanalyse des contes de fées (exemple pris au hasard, il y en a plein d'autres), ça passe difficilement dans un univers à basse technologie (et éventuellement avec de la magie) où ni Freud, ni Jung, ni Bettelheim ne font partie de la culture locale. (Sauf potentiellement chez Pratchett, bien sûr.)
Je n'en lis pas assez pour sortir un exemple, mais la fantasy ne pourrait-elle pas inventer ses propres outils, ses propres références ? C'est ce qui me paraît en être une particularité : se donner le droit de s'inventer un système de références qui n'a rien à voir avec notre réalité, passée, présente ou future (même si elle peut bien sûr s'en inspirer) ; prendre à droite à gauche des théories/systèmes de pensée qui sont dans notre monde incompatibles/issus d'époques différentes, pour en faire quelque chose de transposable dans les mondes de fantasy. Non ?
EDIT : Célia et Mélanie ont nettement mieux exprimé ce que je voulais dire dans la dernière partie de mon post...