Le_navire a écrit :
Et si le problème, ce n'était pas la SF, mais tout simplement que les gens n'ont aucune envie de se plonger dans une littérature de questionnement ? Si on n'était tout simplement pas dans une problématique littéraire, mais dans une phase politique où l'individu lecteur lambda ne veut tout simplement pas qu'on l'emmerde à lui demander de se poser des questions sur le monde parce qu'en l'absence d'idélolgie et d'utopie politique, le monde le fait déjà assez chier comme ça ? Hein ?
Bon.
Je vais prendre un xanax, moi.
Héhé.
Pour prolonger la remarque plus haut, ou préciser pourquoi je l'ai faite:
- j'expliquais la grande idée de la préface de Serge à un collègue et ami de philo, qui fut jadis lecteur de SF (mais comme beaucoup de gens croisés ces dernières années dans divers milieux,
il n'en lit plus). La SF comme continuation "secrète" ou "discrète" de la métaphysique par d'autres moyens. Et mon collègue de me poser abruptement la question: "Ok, mais alors il faudra dire ce que la métaphysique elle-même y a gagné, ce que ce passage par la SF lui a apporté." D'où, donc, ma remarque. Chez Serge, je vois à peu près ce que "métaphysique" pourrait vouloir dire. ça recouvre une onto-théologie, sans doute, un questionnement sur l'histoire, l'historicité, et bien sûr une place de choix accordée à "l'événement" (dont Claude Romano, par exemple, a fait l'origine de nouvelles configuration de mondes, ce qui signifie que ce qu'on définirait comme démarche littéraire SF, est au fond la formule littérale de la description la plus fidèle et la plus concrète de notre propre vie de tous les jours, traversée d'événements)... mais ça reste à préciser, notamment par rapport à tout ce qui en a été dit au vingtième siècle, en même temps que la SF. Je veux dire: la métaphysique a continué de son côté, pas seulement par la SF, mais avec les méthodes habituelles de construction de concepts, d'élaboration de systèmes... (Whitehead, Heidegger, toute une certaine phénoménologie, à qui Janicaud avait reproché son goût paradoxal pour l' "archi-originaire", pour ce qui n'est pas phénoménal, etc., la métaphysique à l'anglo-saxonne, jusqu'à des systèmes actuels qui sont en train de s'écrire, et sont publiés dans un relatif anonymat). Jusqu'à la proclamation philosophique de la fin ou de la mort de la métaphysique, qui nécessite encore, paradoxalement, pour être soutenue, une certaine métaphysique.
- Par contre, loin de moi l'idée de dénigrer le papier que Serge citait. Ce papier doit être un motif de réjouissance pour ceux qui aiment la SF, et l'imaginaire en général. On peut regretter que les contraintes matérielles obligent ce papier à une telle brièveté, et qu'il demeure dans la promesse plus que dans les longs développements; toutefois ces derniers, comme je le suggérais, doivent être pris en charge par la "théorie", plus que par la critique, ou le journalisme.