Du sense of wonder à la SF métaphysique
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- Roland C. Wagner
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Décidément, je me range au côté d'Onc' Joe, dont j'admire la lucidité d'esprit.
Modifié en dernier par Roland C. Wagner le sam. janv. 23, 2010 1:10 pm, modifié 1 fois.
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Bizarre, bizarrebormandg a écrit :une fiction spéculative non SF

Je n'arrive décidément pas à me faire ces définitions d'autorité...bormandg a écrit :(ce qui veut dire, je le précise: sans utiliser les règles et l'étiquette de la SF

Et j'aimerais avoir une liste de ces "règles" et un manuel de cette "étiquette", alors que ce qui me semble quand même le plus important c'est le contenu, non ?
Giangi
- Roland C. Wagner
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Wahou...Lem a écrit :(Dans le cadre ancien, avant la speculative fiction) : la même chose que quand je lis La bibliothèque de Babel. Quand je découvre que le texte prend mon appétit de "merveille" au sérieux – qu'il ne se défile pas – ; quand je vois que la bibliothèque est vraiment infinie et que c'est ça qui intéresse l'auteur, que c'est ça qu'il explore (et non prend pour prétexte d'une satire ou d'une allégorie) ; il y a un instant de transition où j'ai l'impression d'assister à quelque chose de primordial ; l'impression de voir des idées, des concepts "tomber" dans la matière ; et où j'éprouve une sorte de sidération. Comme si le texte tenait une promesse que le monde ordinaire passe son temps à décevoir… (Je n'interprète pas ce qui se passe, hein ; je me contente de décrire ce que j'éprouve.)Parce que c'est bien cela que je te demandais : ton analyse de ta perception de lecteur.
Ce qui fais que tu considéres que L'Enfer quand Dieu n'est pas présent ou En remorquant Jéhovah sont de la SF
Si maintenant j'analyse ce que j'éprouve quand je lis… je ne sais pas… Rendez-vous avec Rama, pour prendre de la SF pure et dure, j'ai la même impression au moment critique où l'éclairage intérieur de l'objet s'allume et où le narrateur découvre qu'il est suspendu à une échelle de deux kilomètres de long. Et encore quand Rama se dégèle, que l'océan cylindrique craque, que la vague se forme, etc. Je suis conscient, bien sûr, du caractère particulier que confère aux images leur plausibilité scientifique mais sous ce caractère, je crois profondement que l'impression est la même. Voilà pourquoi j'ai cherché le point commun.
Plus que de la sidération ou de l'émerveillement, ça ressemble bien à ce qu'un jour bien arrosé, j'avais appelé l'éblouissement.
Ce flash qui peut faire ignorer toutes les éventuelles incohérences du texte.
Ce qui peut faire aimer Egan même si on ne connait aucune des théories scientifiques qu'il mobilise (je ne dis pas ça pour toi, je sais que tu les connais).
Respect !
Et je suis sérieux.
Je comprends mieux pourquoi tu défends tant l'aspect esthétique.
Et aussi pourquoi nous sommes, sans doute, à des extrémités distinctes -mais pas forcément opposées- du panel des lecteurs de SF.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
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T'avais promis, Roland !!!Roland C. Wagner a écrit :Ah, j'allais oublier : comme le résultat des votes du petit sondage rigolo que j'avais lancé a été mystérieusement inversé, je continuerai naturellement à intervenir sur ce fil.
RAOUL VOLFONI : Y'en a qui abuseraient de la situation, mais mon frère et moi c'est pas notre genre. Qu'est ce qu'on peut faire qui t'obligerait ?
MONSIEUR FERNAND : Décarrer d'ici. J'ai promis à mon pote de m'occuper de ses affaires. Seulement puisque je vous dis que j'ai eu tort, là. Seulement tort ou pas tort, maintenant, c'est moi le patron. Voilà.
(Les Tontons Flingueurs)
Oncle Joe
MONSIEUR FERNAND : Décarrer d'ici. J'ai promis à mon pote de m'occuper de ses affaires. Seulement puisque je vous dis que j'ai eu tort, là. Seulement tort ou pas tort, maintenant, c'est moi le patron. Voilà.
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- Roland C. Wagner
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Modération, SVP.Pete Bondurant a écrit :T'avais promis, Roland !!!Roland C. Wagner a écrit :Ah, j'allais oublier : comme le résultat des votes du petit sondage rigolo que j'avais lancé a été mystérieusement inversé, je continuerai naturellement à intervenir sur ce fil.
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Etrangement, le principal résultat de ce fil en ce qui me concerne aura été (outre l'extinction de mon désir de théoriser), de faire de moi un de ces types qui, quand on leur demande si ce qu'ils écrivent est de la science-fiction, répondent "non".
Si je me laisse convaincre par Silramil qui trouve que même "speculative fiction" ne convient pas parce que trop connoté, et dans la mesure où je ne me vois pas parler de fiction analogique, je finirai sans doute par déclarer quelque chose comme : "non, ce que je fais, ce n'est pas de la SF, c'est de la littérature".
Quatre cents pages pour faire le deuil d'une illusion d'optique née en 1974. Il fallait ça.
Si je me laisse convaincre par Silramil qui trouve que même "speculative fiction" ne convient pas parce que trop connoté, et dans la mesure où je ne me vois pas parler de fiction analogique, je finirai sans doute par déclarer quelque chose comme : "non, ce que je fais, ce n'est pas de la SF, c'est de la littérature".
Quatre cents pages pour faire le deuil d'une illusion d'optique née en 1974. Il fallait ça.
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Bien, faisons une mise au point pour ceux qui n'auraient pas tout suivi suite au sondage lancé par Roland.
Personne d'Actusf n'a modifié, truqué, inversé ou agit d'une quelconque manière pour modifier les résultats du sondage.
Le camarade Christopher m'a envoyé un MP pour que son compte soit supprimé. Voilà pourquoi il n'est plus parmi nous ce matin. Ce n'est pas une sanction de notre part, juste un souhait de sa part.
Le fil sur le sondage a été supprimé à la demande de Roland.
Maintenant j'aimerai assez que les provocations, insultes, petites phrases assassines, accusations diverses s'arrêtent. Actusf vous offre un espace de discussion, respectez le, respectez-vous !
Merci de votre attention
Jérôme
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley
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D'un autre côté, par définition, tous les auteurs de SF font de la littérature. C'est juste qu'elle est plus ou moins reconnue par le ghetto de la littérature générale.Lem a écrit : Si je me laisse convaincre par Silramil qui trouve que même "speculative fiction" ne convient pas parce que trop connoté, et dans la mesure où je ne me vois pas parler de fiction analogique, je finirai sans doute par déclarer quelque chose comme : "non, ce que je fais, ce n'est pas de la SF, c'est de la littérature".
Quatre cents pages pour faire le deuil d'une illusion d'optique née en 1974. Il fallait ça.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/
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Ne te laisse pas convaincre, alors, et garde fiction spéculative, en précisant bien que ce n'est pas la fiction spéculative d'Heinlein et consorts. Après tout, cette expression n'a jamais remplacé celle de science-fiction et elle reste un peu flottante.Lem a écrit :Etrangement, le principal résultat de ce fil en ce qui me concerne aura été (outre l'extinction de mon désir de théoriser), de faire de moi un de ces types qui, quand on leur demande si ce qu'ils écrivent est de la science-fiction, répondent "non".
Si je me laisse convaincre par Silramil qui trouve que même "speculative fiction" ne convient pas parce que trop connoté, et dans la mesure où je ne me vois pas parler de fiction analogique, je finirai sans doute par déclarer quelque chose comme : "non, ce que je fais, ce n'est pas de la SF, c'est de la littérature".
Quatre cents pages pour faire le deuil d'une illusion d'optique née en 1974. Il fallait ça.
Je défends avec acharnement un usage restrictif du terme "science-fiction" parce qu'il me paraît être le résultat d'une évolution historique, un fait objectif en quelque sorte, dont il faut s'accommoder mais qui se prête mal à un investissement théorique précis (i.e. une définition abstraite). La "science-fiction" est à mes yeux un corpus formé du fait d'une configuration éditoriale, et d'un mouvement cognitif particulier (l'élan collectif formé par la convergence des sense of wonder individuels).
Le terme de "spéculation" convient bien pour décrire aussi bien la "science-fiction archaïque" (19e) que la "science-fiction moderne" (date d'origine à débattre). Il peut également être employé pour des auteurs tels que Borges. Parler à leur propos de "fiction spéculative" me paraît moins délicat que de remployer le terme de science-fiction.
D'une certaine manière, on en revient également à la notion de conjecture, chère à Versins, qui lui avait permis d'élargir son horizon à d'autres choses que la "science-fiction" au sens historique.
Il reste beaucoup à dire et à penser sur ce vaste domaine, et le nom de "fiction spéculative" peut servir d'étiquette au moins temporaire. (même si cela peut déplaire...)
De fait.
Si j'avais sous-titré Retour sur l'horizon "quinze grands récits de fiction spéculative", une partie de la surprise exprimée par certains commentateurs aurait disparu d'elle-même. C'est sans doute le bon choix. Idem pour un recueil comme Le haut-lieu. Mais ça ne change rien au deuil : ne plus employer le terme science-fiction que dans son usage restreint (ce qui revient en gros, dans mon cas, à ne plus l'employer du tout) après trente-cinq ans d'usage, sortir le travail théorique de ce cadre, est une idée probablement salutaire mais aussi assez mélancolique. Il va falloir que je m'y fasse.
Si j'avais sous-titré Retour sur l'horizon "quinze grands récits de fiction spéculative", une partie de la surprise exprimée par certains commentateurs aurait disparu d'elle-même. C'est sans doute le bon choix. Idem pour un recueil comme Le haut-lieu. Mais ça ne change rien au deuil : ne plus employer le terme science-fiction que dans son usage restreint (ce qui revient en gros, dans mon cas, à ne plus l'employer du tout) après trente-cinq ans d'usage, sortir le travail théorique de ce cadre, est une idée probablement salutaire mais aussi assez mélancolique. Il va falloir que je m'y fasse.
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Si tu veux théoriser, je pense qu'inévitablement tu dois te poser la question du sens. Et donc tu dois t'intéresser à la sémiotique et te demander comment le sens se construit en SF. Comment le lecteur construit ce sens. Le rapport entre le monde de fiction et la réalité consensuel et ce genre de choses.
Bienvenu chez Pulp Factory :
http://pulp-factory.ovh
Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
http://propos-iconoclastes.blogspot.com
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Est-ce que ce deuil n'est pas nécessaire, et libérateur ? Tu as écrit d'excellents récits de science-fiction. Pour autant, écris-tu encore de la science-fiction?Lem a écrit :De fait.
Si j'avais sous-titré Retour sur l'horizon "quinze grands récits de fiction spéculative", une partie de la surprise exprimée par certains commentateurs aurait disparu d'elle-même. C'est sans doute le bon choix. Idem pour un recueil comme Le haut-lieu. Mais ça ne change rien au deuil : ne plus employer le terme science-fiction que dans son usage restreint (ce qui revient en gros, dans mon cas, à ne plus l'employer du tout) après trente-cinq ans d'usage, sortir le travail théorique de ce cadre, est une idée probablement salutaire mais aussi assez mélancolique. Il va falloir que je m'y fasse.
"Qu'importe le flacon..." Il faut suivre ton inspiration, sans te soucier des étiquettes.
Elles n'ont d'intérêt qu'après-coup, quand on essaie de comprendre comment les choses fonctionnent.
- bormandg
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Le problème est que le seul usage incontestable et à mes yeux correct de l'expression "science-fiction" est le placement dans le cadre d'un mouvement artistique, historiquement et culturellement défini par le respect de certaines règles d'écriture et de publication et l'apposition d'une étiquette.Lem a écrit :De fait.
Si j'avais sous-titré Retour sur l'horizon "quinze grands récits de fiction spéculative", une partie de la surprise exprimée par certains commentateurs aurait disparu d'elle-même. C'est sans doute le bon choix. Idem pour un recueil comme Le haut-lieu. Mais ça ne change rien au deuil : ne plus employer le terme science-fiction que dans son usage restreint (ce qui revient en gros, dans mon cas, à ne plus l'employer du tout) après trente-cinq ans d'usage, sortir le travail théorique de ce cadre, est une idée probablement salutaire mais aussi assez mélancolique. Il va falloir que je m'y fasse.
A l'intérieur de ce mouvement cohabitent des oeuvres de fiction spéculative qui cherchent une reconnaissance comme partie intégrante de la littérature, et des oeuvres de pur divertissement qui ne cherchent que la satisfaction immédiate du lecteur "populaire", qui ignorent le "déni" comme les "prescripteurs" les rejettent (et avec elles, les oeuvres plus spéculatives). Il est clair, Serge, que tu fais partie des auteurs spéculatifs et que tu souffres de ce que la part spéculative de tes livres et leur appartenance à la littérature spéculative dont une partie n'est pas SF, soit déniée. Vis à vis des non-membres de la communauté SF, ta réponse devrait être: "j'écris de la fiction spéculative, en utilisant consciemment les outils mis au point par la SF, et je publie donc en SF".
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."