Où vois-tu que je dis que Renard donne LA bonne définition de la SF? Pour moi, on ne peut pas en donner. Par contre, il fait ressortir des caractéristiques de beaucoup de textes de science-fiction. Visiblement, Versins est très proche de Renard, en parlant de "conjecture romanesque rationnelle".Lem a écrit :Si je comprends bien ton argument :Lensman a écrit :Mais la SF n'est pas structurée, au temps de Renard. A son époque, la discussion n'a pas leu d'être. Une fois la SF structurée, il est évident que le choix de ce qui est publié dans les collections devient un vrai sujet.
– Renard donne la bonne définition de la SF
– mais comme il le fait à une époque où la SF n'éprouve pas le besoin de trier ce qui se publie sous son étiquette, cette définition n'a aucune importance et on ne peut donc pas dire que Renard est le définisseur ?
Je trouve ce raisonnement… je ne sais pas. Etonnant.
Moi non plus, je ne pense pas que le roman de Duits soit de la SF "au sens strict". Mais il est paru sous l'étiquette comme des centaines d'autres textes non-stricts. Et de ce fait, il a élargi et enrichi (on peut aussi dire : rendu diffuse) la perception de la SF en tant que phénomène éditorial, en tant que somme intuitive de tout ce qui est publié sous l'étiquette. Quand Elisabeth Vonarburg publie Chroniques du pays des mères, il y a quand même un petit parfum de fantasy qui plane (ne serait-ce qu'au niveau de l'esthétique générale). Quand Brussolo fait Portrait du Diable au chapeau melon, ça n'a rien de scandaleux parce que dans cette même collection, cinquante ans plus tôt, on publiait Malpertuis de Jean Ray. Individuellement, Duits et les autres peuvent ne pas être de la SF. Mais leur présence dans les multiples catalogues a contribué à la perception générale du genre : il est licite d'y lire(et d'y écrire) des textes non-stricts. De toute façon, cette partie de la discussion est close. Le genre élargi, c'est la fiction spéculative. (Pour la première fois, hier, je me suis surpris à me dire qu'effectivement, le terme convenait mieux. Je repensais à Un jour sans fin, film que j'adore, que j'ai toujours intuitivement classé SF (large) et j'y ai pensé comme ça : fiction spéculative. Je suis en train de métaboliser.)Toi qui aimes l'intuition, je pense avoir l'intuition que Duits ne relève pas de la SF. Et je crois que tout le monde l'a, cette intuition (sauf toi?…) Ce qui n'empêche en rien d'apprécier Charles Duits, ni n'empêche un écrivain de SF de subir son influence, etc.
Mais le sujet, c'était la SF, pas TOUT ce qui peut influencer ou attirer un auteur (ou un amateur) de SF ET qui recoupe le champ d'autres sensibilités: fort heureusement pour nous tous, nos sensibilités sont multiples, et interagissent.
Comment te faire comprendre ce que je veux dire? Dans nos discussions, on a parlé de "Faire voile", de Farmer. Peut-on dire que la définition de Versins, "conjecture romanesque rationnelle", va coller? Pas évident, car le terme "rationnel" va poser des problèmes (bien que je peux m'en tirer, mais il s'agit aussi d'être bien convaincant pour les autres, et ce n'est pas si simple; ma meilleure démonstration reste mon article sur la science-fiction-fiction; c'est discutable). Pas évident d'appliquer la définition Versins à Charles Duits, non plus. Pourtant, il n'y a pas d'hésitation pour moi; Farmer se situe dans un courant de la SF où on s'intéresse au sens même des lois de la physique, de l'histoire, etc. (relire sa petite explication de texte). Il y a, au centre, une démarche SF. Duits, lui, est dans un tout autre courant, où le fait de spéculer "rationnellement" (même dans un sens peu précis) importe peu. On le mettra dans la "fiction spéculative" évidemment sans problème. Comme on peut y mettre la SF. Comme on peut y mettre la Fantasy.
Oncle Joe