Fabien Lyraud a écrit :Quant au procès Moselli, il ne me semble avoir eu aucune importance.
Jacques Van Herp pense lui qu'au contraire cela a été un coup d'arrêt pour la proto SF et que ça a rendu les éditeurs plus frileux quant à ce qu'il pouvait publier. Par exemple il faudra attendre 1929 pour les Offenstadt osent à nouveau publier dans Science et Voyages un nouveau texte de SF. .
Quoiqu'en ait pensé et écrit Van Herp que j'ai bien connu et qui avait deux têtes de Turc, l'Église catholique et les Américains, ce procès qui est longtemps passé inaperçu n'a empêché ni Moselli de poursuivre sa carrière, ni Sciences et Voyages de publier des romans de science-fiction et d'aventures, Le Secret de la Sunbeam valley en 1927, de Bernay et Pons, La Cité de l'or et de la lèpre, de Guy d'Armen en 1928, La Horde des monstres, de Darblin, en 1928, La Guerre des océans, du susdit Moselli en 1928/29, L'homme qui fit hurler le monde, de Doyle, en 1929, Les Chasseurs d'homme de Thévenin en 1929/30, etc. etc. Je les ai tous lus et j''en ai réédité quelques uns avec préface et bibliographie, et commentaire de Van Herp qui ne parle pas de ce procès, dans Ailleurs et demain Classiques. Il y en eut d'autres jusqu'en 1935 au moins.
Par ailleurs et quoique le caractère rural de la France ne soit pas contestable jusqu'en 1950 (j'ai travaillé là-dessus sur les migrations vers les villes moyennes après la Seconde Guerre Mondiale, qui furent considérables), celui des États-Unis n'était pas statistiquement moindre.
Quant à l'information scientifique en France, elle est bien assurée, plus ou moins épisodiquement, par de nombreuses revues depuis le 19° siècle, voir Le Magasin Pittoresque, Le Tour du Monde, Le Journal des Voyages, et notamment à partir de 1911 sauf erreur par La Science et la Vie, par La Nature qui devient ultérieurement La Recherche. Il y en eut d'autres, notamment orientées vers les adolescents dès 1900 et dont je n'ai pas les références sous la main même si j'en ai des collections en Bretagne. Il y a aussi Mécanique Populaire, de source américaine. Puis Sciences et Avenir après 1945.
Il reste à voir si le monde rural s'y est aussi peu intéressé. Je ne le crois pas mais les recherches restent à faire pour ce que j'en sais.
Ce sont des sujets complexes où un peu de recherche ne messied pas.Et oû il ne suffit pas de citer un auteur, certes respectable mais qui poursuit parfois ses propres lubies sur lesquelles il nous est arrivé de nous accrocher, très amicalement.
Ce qui est intéressant, c'est que dés lors, la coupure entre les deux cultures de Snow est affirmée et que ce sont les classes dites intermédiaires et moyennes et le prolétariat cultivé qui s'intéressent à la science, pas l'élite littéraire à quelques exceptions notables près, Paul Valéry et plus tard Raymond Queneau, le directeur de l'Encyclopédie de la Pléiade qui lui valut plus de critiques dans son milieu que d'encouragements.
Un histoire de la vulgarisation scientifique en France reste à écrire même si des travaux lacunaires mais intéressants existent.
Parmi les amateurs éclairés de la science-fiction, citons tout de même Raymond Ruyer qui y fait une large place dans sa thèse, l'Utopie et les utopies, 1950, et qui prend la relève de Messac et de deux ou trois autres. Peu nombreux hélas, mais l'enseignement universitaire en est responsable et le demeure pour beaucoup.
Mon immortalité est provisoire.