Évidemment parce que les Français sont individualistes à mort, selon leur réputation internationale.Fabien Lyraud a écrit :Sur la conversion d'une démarche individuelle en courant collectif j'ai un autre exemple. Les cyberpunks. Le courant naît avec Gibson, mais très vite d'autres auteurs (Williams, Sterling, Swanwick, Effinger...) lui emboîte le pas. Mais on trouve déjà dix ans avant de nombreux éléments du cyberpunk chez Jeury (le virtuel, les multinationales toutes puissantes, les IA, la drogue) chez Jeury. Certes l'esthétique est différente, plus politique dans le sens noble du terme, chez l'auteur français, mais on trouve presque tout. Or Jeury n'a pas donné naissance à un courant majeur de la SF française, il demeure une voix individuelle forte.
Il me semble qu'avec cet exemple là on a l'impression que l'histoire bégaie. Pourquoi la démarche de Jeury n'a pas donné naissance à un courant tandis que celle de Gibson, oui ? Je ne pense pas que Jeury recherchait la reconnaissance des "doctes". Donc pourquoi en France dans la SF on arrive pas à transformer les démarches individuelles en démarches collectives ? Je pense qu'il faut se poser la question.
Du sense of wonder à la SF métaphysique
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Mon immortalité est provisoire.
La thèse que cette opposition vise à servir n'est pas pro-américaine... elle devra rendre compte de la création française, à partir des années cinquante, qui se fait justement en premier lieu dans un microcosme dynamique, puis ne cesse de s'étendre.Gérard Klein a écrit :L'opposition ou le rapport entre intertextualité et macrotextualité me semble pour le coup tout à fait métaphysique. Elle doit servir une thèse que je ne comprends pas du tout sauf si c'est pour dire que les Américains ont fait mieux que nous. Plus, certainement.
Bien sûr que pour qu'il y ait intertextualité, et éventuellement macrotextualité (terme que je ne comprends pas même si sur le vocabulaire je suis plutôt large d'esprit) il faut qu'il y ait une accumulation de textes et que cela prend du temps.
Pour ce qui est de la terminologie, je suis preneur d'un autre terme que macro-texte pour désigner l'espace virtuel où s'accumulent les images et idées de la science-fiction et où se projettent les fantasmes de milliers de lecteur...
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La question de l'avenir des élivres a été débattue sur un autre fil et elle n'a pas vraiment sa place ici. J'ai déjà exposé sur cet autre fil mes convictions.MF a écrit : Il semble bien que la belle convention tacite inter-professionnelle qui liait éditeurs et libraires (les éditeurs ne vendent pas de livre en direct et les libraires ne se fournissent pour les VF que chez les éditeurs français) soit en train de voler en éclats.
Le communiqué de presse commun du SLF (syndicat de la librairie française) et du SDLC (syndicat des distributeurs de loisirs culturels) a au moins le mérite d'être clair : "Le SLF et le SDLC mènent une action commune pour encadrer et développer le marché du livre numérique en France".
Encadrer un marché![]()
Jésus, Marie, Joseph, où sont passés les petits libraires d'antan si attachés à conseiller le lecteur...
J'adore en particulier ce passageLà, c'est certain. Je réactive mes minitels !La création d’un « hub » interprofessionnel
Afin de faciliter la diffusion des œuvres numériques, le SDLC et le SLF s’engagent à mettre en œuvre tous les moyens pour créer, dans le courant de l’année 2010, un « hub » interprofessionnel (éditeurs et libraires). Cette interface unique jouera le rôle d’un tiers de confiance et permettra de faire transiter les fichiers depuis les entrepôts numériques des différents éditeurs vers les consommateurs via les sites Internet des libraires.
Pour garantir un fonctionnement compatible avec les enjeux du marché, ce « hub » doit être géré conjointement entre les éditeurs et les libraires dans le cadre d’une gouvernance paritaire.
Cette solution, essentielle au développement du livre numérique, sera simple et transparente pour le consommateur.
Cela dit, l'idée complètement loufoque sous-jacente au texte cité et qu'il est difficile de retrouver dans cette logomachie à usage strictement pseudo-consensuel, est que les acquéreurs de textes électroniques (pour e-books) iront charger leurs e-books chez les libraires qui seront équipés d'appareils idoines, pour un prix voisin de l'actuel, et que donc rien ne changera, à la gestion des stocks près.
De même naturellement que vous allez téléphoner dans votre bistro favori. Ou éventuellement à la Poste quand elle a encore une cabine ce qui me semble de plus en plus problématique.
Même si je ne pense pas que le basculement s'effectuera en moins d'une dizaine d'années, il me semble vraisemblable que les libraires disparaîtront, comme naguère les disquaires, et que seuls peut-être les grands réseaux, et encore, c'est à voir, disposeront de telles stations de téléchargement parce qu'ils vendront le matériel. Il est évident que l'essentiel du téléchargement se fera par le net, avec ou sans piratage et plus que probablement avec, surtout quand le très haut débit se généralisera d'ici quinze à vingt ans.
Il est également intéressant de réfléchir à l'avenir des bibliothèques.
Mon hypothèse est que cela se fera au profit des super-best-sellers, à quelques niches près, portant essentiellement sur des gratuits. Avec ou sans Google, vous aurez de quoi lire pendant un bon millier d'années pour rien, si vous vivez jusque là. Rien que de la vieille SF par exemple.
La question intéressante est celle du POD. Bien adapté aux microstructures et à l'auto-édition, je ne lui vois pas beaucoup d'avenir dans l'édition traditionnelle.
Il est clair en tout cas qu'il ne subsistera à long terme pas grand chose de l'édition telle que nous la connaissons. Quand? C'est tout le problème.
Comment? Par un processus de concentration mondiale, monopolistique, au mieux oligopolistique, comme nous le vivons pour les logiciels, les navigateurs et la VPC.
La question subsidiaire, qui en intéresse quelques uns ici, est: de quoi vivrons les auteurs? Eh bien, je répète depuis des années que sauf pour les auteurs de super best-sellers, et encore, c'est à voir, ils devront aller quémander des subventions auprès de patrons, terme anglo-saxon pour dire mécènes (terme grec) comme avant l'invention du droit d'auteur.
Après les auteurs, ce sont les acteurs qui peuvent se faire du souci. Mas ce n'est pas notre affaire et tout cela a été abondamment décrit dans la science-fiction.
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Retour sur l'horizon : Quinze grands récits de science-fiction.
Table des matières : une préface et quatorze récits.
Le quinzième, la préface, est donc une fiction.
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Tout s'explique.Erion a écrit :[Les exigences, au niveau d'un lecteur, ne sont pas les mêmes selon qu'il lit une fiction ou un essai. Dans un essai, il faudra argumenter, avancer des exemples, des sources, alors que dans une fiction, la cohérence suffit.
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C'est Jacques Jorgensen qui a écrit l'histoire de la SF française moderne.
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Tout s'explique.Gérard Klein a écrit :[Sur la communauté des lecteurs correspondant avec Gernsback, il ne faut tout de même pas se raconter d'histoires. Il suffit de les compter dans les trois premières années de ses revues. Ce sont vingt personnes ou moins, toujours les mêmes et quelques uns sont probablement des faux-nez d'auteurs plus ou moins putatifs. Les Futurians sont encore moins. À peu près le nombre qu'on rencontrait dans la librairie de Valérie Schmdt et celui qu'on retrouve les beaux jours au DDL. Et la dizaine de lecteurs qui écrivaient régulièrement à Fiction.
C'est Jacques Jorgensen qui a écrit l'histoire de la SF française moderne.
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nan, c'est déjà pris. j'aime bien l'idée de prendre des mots peu usités (ou de les créer) quand je considère qu'ils désignent quelque chose de neuf ou d'informulé. Donner un sens nouveau aux mots de la tribu, tout ça.Lem a écrit :La culture ? L'imaginaire ?silramil a écrit :Pour ce qui est de la terminologie, je suis preneur d'un autre terme que macro-texte pour désigner l'espace virtuel où s'accumulent les images et idées de la science-fiction et où se projettent les fantasmes de milliers de lecteur...
Cela dit, dans mes réflexions, ce que désigne le mot de "culture" n'est pas sans rapport avec "macro-texte".
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Si Roland ne l'a pas encore servi: la noosphère (pas la noosfère, (R) )Lem a écrit :La culture ? L'imaginaire ?silramil a écrit :Pour ce qui est de la terminologie, je suis preneur d'un autre terme que macro-texte pour désigner l'espace virtuel où s'accumulent les images et idées de la science-fiction et où se projettent les fantasmes de milliers de lecteur...

Modifié en dernier par bormandg le lun. févr. 01, 2010 10:17 pm, modifié 1 fois.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
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MODE BLAGUE VELUM ON :silramil a écrit :nan, c'est déjà pris. j'aime bien l'idée de prendre des mots peu usités (ou de les créer) quand je considère qu'ils désignent quelque chose de neuf ou d'informulé. Donner un sens nouveau aux mots de la tribu, tout ça.Lem a écrit :La culture ? L'imaginaire ?silramil a écrit :Pour ce qui est de la terminologie, je suis preneur d'un autre terme que macro-texte pour désigner l'espace virtuel où s'accumulent les images et idées de la science-fiction et où se projettent les fantasmes de milliers de lecteur...
Cela dit, dans mes réflexions, ce que désigne le mot de "culture" n'est pas sans rapport avec "macro-texte".
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J'ai expliqué pourquoi: c'est le caractère particulier de la dynamique américaine qui fait pour moi que la science-fiction est la science-fiction. Regarde le catalogue Ailleurs & Demain…Lem a écrit :Je ne comprends pas pourquoi Oncle, Roland et quelques autres se braquent à ce point sur Gernsback. La position de GK (ou la mienne ; sur ce point on est d'accord) est parfaitement banale :
C'est sympathique que des gens la théorisent (pas si bien que ça…), mais c'est mieux qu'elle existe…
Cela dit, on peut toujours se construire une histoire mythique du genre, ça ne mange pas de pain…
Oncle Joe
Et tant qu'on y est, on peut remplacer "imaginaire" par "fiction", comme ça, tout le monde s'y retrouvera!Lem a écrit :
Edité : l'apparition de ce qu'il faut bien appeler un super-label, "l'imaginaire", pour englober toutes les subdivisions à partir de la fin des années 80 est évidemment à replacer dans ce contexte.
Qu'essaies-tu de prouver? Ton tableau est magnifique, et je me demande pourquoi il faudrait en discuter: tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes!
Pourquoi chercher l'approbation de quiconque? Tout s'agence merveilleusement!
Champagne pour tout le monde!
Oncle Joe
Légende rurale !JDB a écrit :C'est Jacques Jorgensen qui a écrit l'histoire de la SF française moderne.
Tout le monde sait que c'est Jean Pierre Liegeois.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.
En disant cela, tu réponds à la question: la notion de déni est juste dans notre tête. D'ailleurs, finalement, tu l'as liquidée toi même, dans ta grandiose (et désespérée, je pense) description de la SF absorbant l'ensemble de la fiction… Surtout, continue à rêver, et ne te réveille pas… c'est si beau…Lem a écrit :
L'objet du débat était de mettre une nouvelle fois en évidence les épistémologies contradictoires, suite aux échanges avec GK sur Renard et Gernsback. Le minimum, me semble-t-il, c'est d'admettre que la position "stricte", voire "double stricte" et la position "large" sont toutes les deux licites : simplement, elles ne mettent pas la focale au même endroit et ne voient donc pas tout à fait la même chose. Il n'y a pas un objet SF parfaitement clair, défini, objectif qu'on ne pourrait décrire que d'une seule manière. Il y a un complexe changeant avec le temps qui se livre de manière différente suivant la façon dont on le qualifie. Et la question est : quelle est l'épistémologie la plus efficace pour liquider le déni ? A supposer qu'on le veuille, évidemment.
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Bleu, j'espère. Avec un peu de sérum en plus...Lensman a écrit : Champagne pour tout le monde!
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