Pour une approche quantique de la SF par Claude Ecken

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caliban
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Message par caliban » mer. janv. 26, 2011 12:49 pm

Erion a écrit :Mais elle EST justifiée, en distinguant une composante corpusculaire et ondulatoire.
Et c'est cette dualité qui est l'articulation fondamentale du texte de Claude. Dire qu'il y a
deux composantes est suffisant pour la démonstration.
Mais pas pour parler de "dualité", au sens de la physique quantique.
Lem a écrit : Ah oui… Le scandale de la variable cachée. L'interdiction d'emprunter une simple métaphore
à la mq à cause du risque de confusion intellectuelle. Le bon temps.
Il n'y a là aucun scandale d'aucune sorte. Mais sans récuser, à la Sokal, la légitimité
de ce type d'analogies, on peut constater une ligne de partage entre ceux qui s'attachent
au sens physique des concepts qu'ils manipulent, et ceux qui s'en passent. Cette ligne
n'est pas innocente dans le débat sur la définition de la science-fiction.
Modifié en dernier par caliban le mer. janv. 26, 2011 4:17 pm, modifié 3 fois.

Lem

Message par Lem » mer. janv. 26, 2011 12:50 pm

MF a écrit :On passe à autre chose ?
Disons qu'il serait bon qu'une partie au moins de l'extrême rigueur intellectuelle / vigilance lexicale / exigence définitionnelle / analyse logique qui fit du fil M ce qu'il fut soit mise en œuvre ici aussi sinon, les commentaires louangeurs sur le papier de Claude risqueraient de s'en trouver amoindris.
Wikipedia, à l'article [i]Littérature[/i] a écrit :Le concept de littérature a été régulièrement remis en question par les écrivains comme par les critiques et les théoriciens : c'est particulièrement vrai depuis la fin du XIXe siècle où l'on a cherché à redéfinir - comme pour l'art - les fonctions de la littérature (par exemple avec la notion d'engagement pour Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?) et sa nature (réflexion sur l'écriture et la lecture de Roland Barthes ou études des linguistes comme Roman Jakobson) et à renouveler les critères esthétiques (du « Il faut être absolument moderne » de Rimbaud au Nouveau Roman en passant par le Surréalisme, par exemple).
Il reste que, riche de sa diversité formelle sans limite autant que de ses sujets sans cesse revivifiés qui disent l'humaine condition, la littérature est d'abord la rencontre entre celui qui, par ses mots, dit lui-même et son monde, et celui qui reçoit et partage ce dévoilement.
Tel est, résumé à très gros traits, l'état actuel de la question "qu'est-ce que la littérature" ? Une chose qui résiste à toute définition univoque, qui réside dans ses sujets, mais pas seulement, dans son expression formelle mais pas seulement, dans les processus psychiques et sociaux qu'elle produit mais pas seulement, etc.

En quoi Claude est-il fondé à dire qu'une approche quantique de la SF révèle et explique le hiatus avec la littérature ?

Edité : au programme de l'université de Toulouse le Mirail :
Programme Esthétique quantique

Objectifs du programme

Remettant en cause les principes de la physique classique, la physique quantique oppose le discontinu à la continuité, le hasard à la causalité, l'interdépendance des atomes à la séparabilité et à l'objectivité, le virtuel à l'actuel, la probabilité à la certitude... Elle a ainsi profondément modifié notre perception des phénomènes de la vie quotidienne ainsi que les grands courants de pensée actuels et a servi de terreau fertile à l'élaboration des grandes théories du XXe siècle, et tout particulièrement la « postmodernité ».

Au croisement entre arts et sciences, une approche « quantique » de l'ensemble des questions liées à l'esthétique doit permettre de mieux comprendre certains aspects de la création contemporaine, qu'elle fasse appel aux nouvelles technologies (création en réseau, écriture et image numérique, mondes virtuels sur internet, dispositifs en tous genres, etc.) ou qu'elle continue de creuser les formes classiques (roman, peinture, cinéma, etc.) en prenant en compte les grands bouleversements imposés par une vision quantique de l'univers. Si l'esthétique quantique concerne tous les domaines de la création et toutes les aires nationales, qui feront, comme tels l'objet de différentes études, la labellisation de l'esthétique quantique est un phénomène espagnol qui fera également l'objet d'une réflexion spécifique : le quantique est en effet, rappelons-le, le fer de lance d'une association internationale créée à Grenade en 1994, le Salon des Indépendants, qui définit l'esthétique quantique comme une exploration artistique du réel envisagé à partir des grands principes de la physique subatomique.

Dans la continuité du programme consacré au théâtre quantique et des journées consacrées au (dis)continu, ce programme permettra donc la rencontre de spécialistes de littérature (espagnole et française, notamment) et d'art (musicologie, arts plastiques, cinéma) avec des scientifiques issus de disciplines dites "dures" (physique, astrophysique, informatique). La question de la filiation avec le surréalisme ou le postisme, particulièrement féconds en Espagne, sera notamment posée, permettant ainsi de revisiter certaines productions du début du XXe siècle quasi contemporaines de la théorie.

On se demandera s'il est possible d'élaborer des modèles de création quantique, au-delà des simples analogies permises par la théorie quantique. On s'interrogera aussi sur la pertinence des nouveaux modèles représentatifs ou figuratifs induits par cette dernière, mais régulièrement remis en cause par l'évolution de notre connaissance de l'infiniment petit et de l'infiniment grand.

On prévoit d'ores et déjà de faire appel tant à des théoriciens (Frédéric Plasy, Françoise Balibar, Jorge Wagensberg) qu'à des artistes (David Jiménez, Théo, Joan Fontcuberta), des écrivains ou des critiques (Chantal Maillard, Anxo Albuin, Jean-Claude Chirollet), sans négliger l'apport de scientifiques quantiques (notamment physiciens).

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Erion
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Message par Erion » mer. janv. 26, 2011 1:05 pm

Lem a écrit : Edité : au programme de l'université de Toulouse le Mirail :
J'espère que tu as bien vu que ce programme de l'université de Toulouse n'a strictement rien à voir avec le papier de Claude et sa démarche dans les moyens de poser une définition de la SF ?
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

Lem

Message par Lem » mer. janv. 26, 2011 1:08 pm

Oui. C'était juste une manière de montrer que la littérature aussi (et pas seulement elle) s'intéresse ouvertement à l'impact des sciences sur sa propre matière.

Et maintenant, il faut répondre à la question : En quoi Claude est-il fondé à dire qu'une approche quantique de la SF révèle et explique le hiatus avec la littérature ?

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Lensman
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Message par Lensman » mer. janv. 26, 2011 1:14 pm

Lem a écrit :
En quoi Claude est-il fondé à dire qu'une approche quantique de la SF révèle et explique le hiatus avec la littérature ?
Il me semble que c'est plutôt le hiatus avec le discours de critiques qui se voient comme compétents pour parler au nom de la littérature (si j'ose écrire), qu'avec la littérature, dont il est question. L'analyse que Claude fait du texte de Réjà est révélatrice à ce sujet, en ce qu'elle révèle certains a priori sur ce que devrait être la littérature, ou plutôt, sur ce que devrait être la "bonne" ou la "vraie" littérature, ou la littérature "légitimée".
Mais j'ai toujours l'impression que tu tiens à prendre au pied de la lettre le titre de l'article", Pour une approche quantique de la SF, dont pourtant l'énoncé même sonne comme un clin d'œil (j'aime bien l'expression "sonner comme un clin d'œil")…
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » mer. janv. 26, 2011 1:29 pm

Lensman a écrit :Mais j'ai toujours l'impression que tu tiens à prendre au pied de la lettre le titre de l'article", Pour une approche quantique de la SF, dont pourtant l'énoncé même sonne comme un clin d'œil (j'aime bien l'expression "sonner comme un clin d'œil")
Oui, c'est joli.

Quant au sérieux… Je ne sais pas. Le titre est explicite. L'analogie est clairement posée à la fin de l'introduction ; elle inaugure une première partie (la SF onde et particule) qui s'étend sur quatre pages ; on la retrouve après le segment historique pour une section intitulée SF et physique quantique qui structure le raisonnement jusqu'à la fin ; elle fonde ce que Erion appelle "le hiatus" avec la littérature générale ("On a vu, à travers ce long détour aux sources de la SF que la science-fiction s'intègre mal au reste de la littérature. Si celle-ci a tout de même un peu perdu de son héliocentrisme, elle a une conception du monde qui s'apparente davantage à la théorie de la relativité et à physique newtonienne." (p. 138) ; et après de multiples analogies, elle est au cœur même de la conclusion : "Ces deux littératures restent incompatibles entre elles comme les deux systèmes physiques dont elles relèvent et dont on sait pourtant qu'il faudra les unir un jour… etc."

Même en tenant compte de la part d'humour et de jeux de langage, cette analogie est le principe même du papier, du titre à la dernière ligne. Je ne vois pas comment parler du papier sans la prendre un minimum au sérieux. Ou alors, on se contente juste de dire "c'est remarquable" et on passe à autre chose.

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Message par Lensman » mer. janv. 26, 2011 2:53 pm

Lem a écrit :
Même en tenant compte de la part d'humour et de jeux de langage, cette analogie est le principe même du papier, du titre à la dernière ligne. Je ne vois pas comment parler du papier sans la prendre un minimum au sérieux. Ou alors, on se contente juste de dire "c'est remarquable" et on passe à autre chose.
Un des intérêts, c'est que les analogies en question parlent pas mal à bon nombre de lecteurs de SF, lesquels, je pense, ne sont pas suffisamment fous (malgré la réputation qu'on leur fait...) pour penser que les règles de la critique littéraire doivent s'énoncer avec la rigueur et la cohérence indispensables aux sciences physiques... Relis les cinq points de la conclusion, c'est vraiment très astucieux (notamment le chat de Schrödinger).

Oncle Joe

Lem

Message par Lem » mer. janv. 26, 2011 3:13 pm

Eh bien mais alors – qu'est-ce qu'on fait ? De quoi on parle ? Dans son intro, Claude espère susciter "des travaux qui enrichiraient le débat de perspectives nouvelles" ? Comment le faire si tout ça n'est qu'une analogie-pour-rire ? Sur le fil des razzies, tu dis "formidable !". Erion dit "remarquable." Mais encore ?

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Lensman
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Message par Lensman » mer. janv. 26, 2011 4:05 pm

Lem a écrit :Eh bien mais alors – qu'est-ce qu'on fait ? De quoi on parle ? Dans son intro, Claude espère susciter "des travaux qui enrichiraient le débat de perspectives nouvelles" ? Comment le faire si tout ça n'est qu'une analogie-pour-rire ? Sur le fil des razzies, tu dis "formidable !". Erion dit "remarquable." Mais encore ?
J'ai un peu de boulot là, j'y reviendrai. Pour l'instant, il doit y avoir trois pelés et deux tondus qui ont lu l'article (je l'ai lu cette nuit...). Il n'y a pas le feu au lac, comme disent les helvètes confédérés...
Oncle Joe

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Eons
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Message par Eons » mer. janv. 26, 2011 4:28 pm

Lensman a écrit :Pour l'instant, il doit y avoir trois pelés et deux tondus qui ont lu l'article (je l'ai lu cette nuit...).
Auquel des deux groupes appartiens-tu ? :lol:
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr

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Message par Lensman » mer. janv. 26, 2011 5:06 pm

Eons a écrit :
Lensman a écrit :Pour l'instant, il doit y avoir trois pelés et deux tondus qui ont lu l'article (je l'ai lu cette nuit...).
Auquel des deux groupes appartiens-tu ? :lol:
Personne ne veut vraiment le savoir...
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MF
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Message par MF » jeu. janv. 27, 2011 9:29 am

Lem a écrit :Eh bien mais alors – qu'est-ce qu'on fait ?
Déjà, on essaye de décortiquer l'article.
Car il me semble devoir se lire à plusieurs niveaux.

C'est un texte SUR la SF mais c'est aussi un texte DE SF.

Il me rappelle beaucoup certaines nouvelles de Sheckley, qu'il est nécessaire de lire à plusieurs reprises pour identifier les différentes strates.

Claude Ecken affiche cet article comme un jeu de l'esprit ("et si..."; "pourquoi pas" ; "poussons le jeu plus loin" ; "on ne doit pas s'empêcher de délirer" ...), ce qui est une des composante de la SF, mais fait, bien évidemment, tout le contraire en apportant le plus grand sérieux méthodologique à ses analogies et à l'analyse de leurs conséquences potentielles.
Ce qui est aussi une des composantes de la SF (nécessité de cohérence interne).
Tout en parsemant les texte de clins d'œil, de références, de second degré ("Michel et la Soucoupe Volante" par exemple).

Comme il le dit dans l'article, les textes de SF ne sont pas contradictoires entre eux -c'est une évidence une fois que c'est exprimé.
Il est donc inutile -si l'on admet que cet article est AUSSI de la SF- de chercher des contradictions entre ce texte et d'autres.

Donc, il va falloir, comme dit Joe, un peu de temps de digestion.
Modifié en dernier par MF le jeu. janv. 27, 2011 9:38 am, modifié 1 fois.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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Lensman
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Message par Lensman » jeu. janv. 27, 2011 9:38 am

MF a écrit :
Lem a écrit :Eh bien mais alors – qu'est-ce qu'on fait ?
Déjà, on essaye de décortiquer l'article.
Car il me semble devoir se lire à plusieurs niveaux.

C'est un texte SUR la SF mais c'est aussi un texte DE SF.

Il me rappelle beaucoup certaines nouvelles de Sheckley, qu'il est nécessaire de lire à plusieurs reprises pour identifier les différentes strates.
Claude Ecken affiche cet article comme un jeu de l'esprit ("et si..."; "pourquoi pas" ; "poussons le jeu plus loin" ; "on ne doit pas s'empêcher de délirer" ...) ce qui est une des composante de la SF mais fait, bien évidemment, tout le contraire en apportant le plus grand sérieux méthodologique à ses analyses analogiques. Ce qui est aussi une des composantes de la SF (nécessité de cohérence interne).
Tout en parsemant les texte de clins d'œil, de références, de second degré ("Michel et la Soucoupe Volante" par exemple).

Comme il le dit dans l'article, les textes de SF ne sont pas contradictoires entre eux (c'est une évidence une fois que c'est exprimé). Il est donc inutile -si l'on admet que cet article est AUSSI de la SF- de chercher des contradictions entre ce texte et d'autres.

Donc, il va falloir, comme dit Joe, un peu de temps de digestion.
C'est aussi un texte militant, à un certain niveau (l'observateur influe sur la chose observé, et ça tombe bien, car il veut influer sur la chose observée...)
Si je ne suis pas trop fatigué du cerveau second (pas terrible en ce moment), j'espère en faire un comte-rendu pour le week-end, que je posterai ici.
Oncle Joe

Vinze
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Message par Vinze » jeu. janv. 27, 2011 12:31 pm

Lensman a écrit :
Lem a écrit :Eh bien mais alors – qu'est-ce qu'on fait ? De quoi on parle ? Dans son intro, Claude espère susciter "des travaux qui enrichiraient le débat de perspectives nouvelles" ? Comment le faire si tout ça n'est qu'une analogie-pour-rire ? Sur le fil des razzies, tu dis "formidable !". Erion dit "remarquable." Mais encore ?
J'ai un peu de boulot là, j'y reviendrai. Pour l'instant, il doit y avoir trois pelés et deux tondus qui ont lu l'article (je l'ai lu cette nuit...). Il n'y a pas le feu au lac, comme disent les helvètes confédérés...
Oncle Joe
Comment sais-tu que j'ai tondu mes cheveux ?
Vinze 101010
In theory there's no difference between theory and practice, but in practice there is.

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Message par Lensman » jeu. janv. 27, 2011 1:07 pm

Vinze a écrit :
Lensman a écrit :
Lem a écrit :Eh bien mais alors – qu'est-ce qu'on fait ? De quoi on parle ? Dans son intro, Claude espère susciter "des travaux qui enrichiraient le débat de perspectives nouvelles" ? Comment le faire si tout ça n'est qu'une analogie-pour-rire ? Sur le fil des razzies, tu dis "formidable !". Erion dit "remarquable." Mais encore ?
J'ai un peu de boulot là, j'y reviendrai. Pour l'instant, il doit y avoir trois pelés et deux tondus qui ont lu l'article (je l'ai lu cette nuit...). Il n'y a pas le feu au lac, comme disent les helvètes confédérés...
Oncle Joe
Comment sais-tu que j'ai tondu mes cheveux ?
Un sursaut du cerveau second; sans doute...
Oncle Joe

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