Le Déchronologue de Stéphane Beauverger

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systar
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Message par systar » mer. nov. 25, 2009 6:12 pm

Don Lorenjy a écrit :
Et c'est quand même une constante de l'exégèse que de trouver dans une oeuvre des idées ou des concepts que l'auteur n'a pas forcément eu conscience d'y placer, non ?
Oui, bien sûr. Plus que sa constante, c'en est la définition.
Après, il y a des auteurs qui apprécient plus ou moins.

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Lensman
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Message par Lensman » mer. nov. 25, 2009 6:16 pm

systar a écrit :
Don Lorenjy a écrit :
Et c'est quand même une constante de l'exégèse que de trouver dans une oeuvre des idées ou des concepts que l'auteur n'a pas forcément eu conscience d'y placer, non ?
Oui, bien sûr. Plus que sa constante, c'en est la définition.
Après, il y a des auteurs qui apprécient plus ou moins.
Tu parles de Roland?
Oncle Joe

Jeffx
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Message par Jeffx » mer. nov. 25, 2009 6:56 pm

Transhumain a écrit : Ce passage est plutôt limpide, non ? :D
Tu as remarqué que les fusions cauchemardesques n'apparaissent que lorsque décline le marché des maravillas ? Je place Villon au centre du cataclysme. Il veut anéantir le temps pour anéantir sa culpabilité : ça se traduit par ces permutations des époques et de l'espace, qui s'emballent avant de retomber comme un soufflet à sa mort.

Soyons clairs : ceci est mon interprétation. Je ne prétends pas que Stéphane ait sciemment construit son roman ainsi, ni que c'est la seule interprétation possible : ce serait folie pure. J'ai seulement essayé, avec mes propres références, mais aussi avec ma connaissance du bonhomme, de comprendre "comment ça marche, le déchronologue", qu'est-ce qui le sous-tend, qu'est-ce qui me l'a rendu si cohérent.
Je précise qu'on est toujours dans le spoiler, désolé...

Merci pour tes précisions.
La schyzophrénie métaphorique comme catégorie esthétique passe plutot mal, mais elle est surtout révélatrice de l'écart entre tes formes de pensée et surtout d'écriture et les miennes.

Je comprends que pour toi c'est Villon qui est le centre de toutes les manifestations temporelles. Je ne l'ai pas du tout percu comme ça, car pour moi ces perturbations sont à l'echelle de la planète.
Au contraire même, seuls restent en vie au final les gens dans la zone géographique du roman, alors que l'europe par exemple est entièrement détruite.
Pareil pour la démarche christique, Villon, AMHA, ne porte que SES péchés, qui sont déjà bien lourds à porter.

Sur la fin des perturbations, je l'ai plus simplement comprise comme liée à la destruction des machines des recupérateurs d'épaves temporelles, qui en amenant les maravillas entrainaient les tempetes temporelles. Cela a d'ailleurs été clairement dit dans le livre, si je me souviens bien. Je vais re-regarder en détail.
Je préfère cette explication, et j'ai du mal à voir ce qui a amené la tienne, tout cela ayant été, pour moi, assez clairement expliqué vers la fin du roman.

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jlavadou
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Message par jlavadou » mer. nov. 25, 2009 7:05 pm

Jeffx a écrit :Je préfère cette explication, et j'ai du mal à voir ce qui a amené la tienne, tout cela ayant été, pour moi, assez clairement expliqué vers la fin du roman.
Celui qui parviendra à comprendre ce qui se passe dans l'esprit du Transhumain n'est pas encore né :) (et peut-être qu'il ne vaut mieux pas...) Mais ce qui en sort, à défaut d'y adhérer, est toujours intéressant, je trouve.

Bref, moi non plus je n'adhère pas à tout ce que le Transhu a écrit dans sa déchronique (et j'ai même sauté des passages), mais j'y ai lu des pistes auxquelles je n'avais pas pensées et qui m'ont fait voir le livre sous un autre angle, et rien que pour ça, je l'en remercie !

sTeF

Message par sTeF » mer. nov. 25, 2009 7:24 pm

systar a écrit :
Don Lorenjy a écrit :
Et c'est quand même une constante de l'exégèse que de trouver dans une oeuvre des idées ou des concepts que l'auteur n'a pas forcément eu conscience d'y placer, non ?
Oui, bien sûr. Plus que sa constante, c'en est la définition.
Après, il y a des auteurs qui apprécient plus ou moins.

(Bon, je vais me fendre de quelques paragraphes, ce qui n'est pas sans me crisper un brin, sur un fil consacré à un de mes ouvrages...)

Personnellement, j'aime bien 8)
Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire ou l'écrire ci ou là, j'ai tendance à lire les analyses et exégèses comme autant d'œuvres à part entières, amplement détachées du texte qu'elles ont soumis à la question. Et en la matière, comme vient de le dire Jérôme Lavadou ci-dessus, celles du Transhu sont de celles qui se dégustent avec délectation, tant elles développent une cohérence qui leur est propre (cf. le travail produit par l'animal en question sur "La Mémoire du Vautour" de Fabrice Colin, qui a atteint, il me semble le volume impressionnant d'un tiers du livre dédié à l'analyse et aux commentaires consacrés au-dit ouvrage). D'ailleurs (qu'il me corrige si je me trompe), le Transhumain avait prévenu avant de produire sa déchronique du Déchronologue: "je vais sur-interpréter à mort", ce qui ne l'empêche pas (et toute la beauté de l'exercice réside là, à mon sens) de développer un argumentaire structuré pour étayer les idées-forces qu'il a estimer utiles se dégager du texte initial. Quelles soient pertinentes ou pas (et de toute façon, je pense que ce n'est pas à moi de le dire) ne changent rien à mon plaisir de le lire.

systar
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Message par systar » mer. nov. 25, 2009 7:36 pm

Je rebondis rapidement sur la formule de Laurent.

Autre constante de l'exégèse, ou plutôt, puisque c'est de ça qu'Olivier s'inspire, de l'herméneutique (l'exégèse, c'est l'interprétation des textes bibliques, elle postule qu'ils ont des sens originaires bien stables, qu'il s'agit simplement de "retrouver", de faire parvenir à la pleine intelligibilité):

par définition, un interprète ne peut pas retrouver ce que l'auteur a pensé quand il a écrit son texte.
Parce que ça supposerait une espèce de fusion entre l'état d'esprit de l'auteur au moment où il écrivait, et l'état d'esprit de l'interprète au moment où il lit. Empathie, fusion des consciences, passage par-dessus les ambiguïtés de la langue: tout cela est impossible.

Quel demeure alors le critère d'une interprétation acceptable?
Sa proximité au texte, sa façon de faire tout ce qu'elle peut pour circuler entre tout et partie, lettre du texte et contexte de celui-ci, et surtout, puisqu'on lit toujours les bouquins des autres avec des présupposés qui nous sont propres, de rendre compte clairement de ces présupposés, de ne pas se croire "tabula rasa" quand on lit un texte alors qu'on va toujours le lire à la lumière de ce qu'on sait et de ce qu'on a vécu ou lu.

L'exact bon critère d'une interprétation, c'est la "fusion des horizons": horizon du texte (sa lettre, son contexte, etc.) et l'horizon des présupposés de l'interprète.


(tout ce laïus imbitable étant repris de Gadamer, Vérité et méthode)

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Don Lorenjy
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Message par Don Lorenjy » mer. nov. 25, 2009 7:36 pm

Donc, tu es mort de rire, je le note !
(c'est en tout cas l'exégèse que je fais de ta réponse :wink: )

Reviens paragrapher plus souvent sur ton oeuvre, elle le mérite.

Edit : zut, je répondais à sTeF et je me suis fait doubler.
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Transhumain
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Message par Transhumain » jeu. nov. 26, 2009 2:39 pm

Je ne prétends pas que dans le monde du Déchronologue, les événements ne surviennent pas. Je ne prétends pas que Villon hallucine quoi que ce soit. Je prétends seulement que le monde du déchronologue est un paysage intérieur, qui n'obéit qu'aux lois de la psyché du flibustier (conviction née d'une étude rigoureuse des grandes lignes de force du roman : déchronologie / culpabilité / maravillas / tempêtes-permutations, et de leurs agencements). Ca n'a rien d'une surinterprétation. Et c'est ce que je trouve le plus admirable dans ce roman, qui illustre d'éclatante manière ce que permettent la science-fiction ou la fantasy, quand elles s'en donnent la peine.

Ma foi, on peut toujours ricaner et se contenter de rappeler que c'est une histoire de pirates sur fond de perturbations temporelles. Ca fait peut-être vendre (pas sûr), , mais ça ne va pas chercher très loin...

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Message par Lensman » jeu. nov. 26, 2009 2:56 pm

Transhumain a écrit :
Ma foi, on peut toujours ricaner et se contenter de rappeler que c'est une histoire de pirates sur fond de perturbations temporelles. Ca fait peut-être vendre (pas sûr), , mais ça ne va pas chercher très loin...
Tu veux dire que la passion pour les aventures de pirates sur fond de perturbations temporelles est sans noblesse?
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Message par gutboy » jeu. nov. 26, 2009 3:11 pm

Ah mince j'ai rien compris au roman moi! J'ai cru que c'était une histoire de perturbations temporelles sur fond d'aventures de pirates. Argh.
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Message par systar » jeu. nov. 26, 2009 3:12 pm

Alors que c'était une histoire de pirates sur fond de perturbations temporelles.

Nuance.

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Don Lorenjy
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Message par Don Lorenjy » jeu. nov. 26, 2009 3:14 pm

J'y ai lu une histoire de pirates temporels assez perturbés... j'ai tout faux aussi ?
Les marques Don Lorenjy et Don Lo sont retirées des rayons

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Message par gutboy » jeu. nov. 26, 2009 3:18 pm

systar a écrit :Alors que c'était une histoire de pirates sur fond de perturbations temporelles.

Nuance.
Finalement je me demande si ce ne sont pas des histoires temporelles sur fond de pirates perturbés? Ou alors des histoires perturbées de pirates temporels?

[Edit] Argh, grillé par Don Lorenjy pour les pirates temporels [/Edit]
Modifié en dernier par gutboy le jeu. nov. 26, 2009 3:20 pm, modifié 1 fois.
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Message par Eons » jeu. nov. 26, 2009 3:20 pm

Une certitude : ça perturbe les lecteurs... :lol:
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr

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gutboy
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Message par gutboy » jeu. nov. 26, 2009 3:22 pm

Eons a écrit :Une certitude : ça perturbe les lecteurs... :lol:
Oui, mais ça reste un bon bouquin. Je lui prédis un Grand Prix de L'Imaginaire qui lui sera décerné en septembre-octobre dernier.
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