Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Lem

Message par Lem » ven. févr. 12, 2010 3:36 pm

Fabien Lyraud a écrit :- Le matérialisme (scientiste)
Oui.
- Le lien avec le passé et l'enfance ( nostalgie, boomerang)
Interprétation abusive à mon avis. Ces mots ne sont employés qu'à propos de M, pas du passé en général et certainement pas à propos de l'enfance.
- La SF est une littérature gauchiste ( un au-delà scientiste)
Je pense que tu te trompes complètement. La politique n'a rien à voir là-dedans. Ce qui est rejeté, ce sont les solutions techniques (scientistes) à des besoins métaphysiques.
- La SF est liée à des déréglements psychiques (malsaine) - dans un pays sociologiquement à droite ça fait tâche...
Idem.
- La SF ce n'est pas la réalité (imaginaire) - et on retrouve notre bon vieux Freud. Vous savez le jeu ce n'est pas le contraire du sérieux, donc si on admet que l'imaginaire a un fonctionnement ludique l'imaginaire ce n'est pas le contraire du sérieux. Le contraire du l'imaginaire c'est la réalité.
Tu réembarques des contenus qui te sont chers mais qui ne figurent pas dans le texte et à quoi on ne peut rien rattacher.
A mon avis tu fais fausse route.
Modifié en dernier par Lem le ven. févr. 12, 2010 3:36 pm, modifié 1 fois.

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Lensman
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Message par Lensman » ven. févr. 12, 2010 3:36 pm

Lem a écrit :
Lensman a écrit :je n'ai toujours pas compris à QUI tu comptes t'adresser. A des intellectuels qui n'étaient pas capables, TOUT SEUL, de trouver de l'intérêt à la SF?
Es-tu capable de trouver tout seul l'intérêt de Nietzsche ou de la poterie bambara ?
Bien sûr, quand ça me prendra! Mais pour les poteries, c'est vrai que je préfère les touraniennes…
L'ensemble des sujets d'intérêt, de Nietzsche aux poteries bambara, en passant par le sport, l'histoire des cuirassé japonais, la SF la mécanique quantique et l'oulipo, est gigantesque; chacun y puise ce qu'il a envie d'y puiser, mais il faut pour cela faire un effort personnel, et ne tenir aucun compte de l'opinion des "prescripteurs".
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » ven. févr. 12, 2010 3:40 pm

Lensman a écrit :il faut pour cela faire un effort personnel
Oui.
et ne tenir aucun compte de l'optiion des "prescripteurs"
C'est très peu plausible. Si tu décides de te plonger dans Nietzsche mais que la seule représentation disponible à son sujet est "philosophe fou préféré des nazis", ton point d'entrée sera déjà biaisé. Et s'il n'existe aucun texte sur les poteries bambara, tu ne sauras même pas qu'elles existent.
Il faut offrir un point d'entrée. Et ça, c'est notre boulot. Personne ne peut le faire à notre place.

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Lensman
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Message par Lensman » ven. févr. 12, 2010 3:42 pm

Lem a écrit :
- La SF est une littérature gauchiste ( un au-delà scientiste)
Je pense que tu te trompes complètement. La politique n'a rien à voir là-dedans. Ce qui est rejeté, ce sont les solutions techniques (scientistes) à des besoins métaphysiques.
C'est un des dénis "sociaux" parmi d'autres: gauchistes, drogués, contre culture, tout ça, ça sert de repoussoir, si besoin est.
Oncle Joe

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Lensman
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Message par Lensman » ven. févr. 12, 2010 3:48 pm

Lem a écrit :
Lensman a écrit :il faut pour cela faire un effort personnel
Oui.
et ne tenir aucun compte de l'optiion des "prescripteurs"
C'est très peu plausible. Si tu décides de te plonger dans Nietzsche mais que la seule représentation disponible à son sujet est "philosophe fou préféré des nazis", ton point d'entrée sera déjà biaisé. Et s'il n'existe aucun texte sur les poteries bambara, tu ne sauras même pas qu'elles existent.
Il faut offrir un point d'entrée. Et ça, c'est notre boulot. Personne ne peut le faire à notre place.
Je suis bien sûr d'accord sur le fait qu'il faille parler de la SF, évidemment… Je parle de la manière.
Il s'agit d'attirer les gens qui peuvent être intéressés, mais pas (pour moi en tout cas) la faire entrer de toute force dans la légitimité culturelle (je t'ai dis que c'est impossible par nature, de mon point de vue). Les contrecultures existent, et ceux qu'elles attirent arrivent à les trouver. Sinon, comment seraient-elles apparues et comment se seraient-elles développées? Tu crois que le rock, par exemple, a eu besoin de la reconnaissance des académies de musique pour exister? (et je dis ça alors que le rock ne m'intéresse pas beaucoup…).
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » ven. févr. 12, 2010 3:55 pm

XavierMauméjean a écrit :Bah, c'est surtout que le coeur, commun à tous ici, me semble un peu perdu au profit de bisbilles...
Oh, tu sais…
On n'aurait pas tenu quatre mois et cinq cent quarante pages si le cœur commun n'avait périodiquement repris le dessus.

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Message par Lensman » ven. févr. 12, 2010 3:57 pm

Lem a écrit :
XavierMauméjean a écrit :Bah, c'est surtout que le coeur, commun à tous ici, me semble un peu perdu au profit de bisbilles...
Oh, tu sais…
On n'aurait pas tenu quatre mois et cinq cent quarante pages si le cœur commun n'avait périodiquement repris le dessus.
Au fond de nous, on a un coeur de bisounours mutant…
Oncle Joe

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Aldaran
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Message par Aldaran » ven. févr. 12, 2010 3:58 pm

Lensman a écrit :Tu crois que le rock, par exemple, a eu besoin de la reconnaissance des académies de musique pour exister? (et je dis ça alors que le rock ne m'intéresse pas beaucoup…).
Oncle Joe
Non, il n'en a pas eu besoin. En revanche des spectacles ont été montés pour tenter d'attirer un public aimant le rock vers des musiques plus académiques...

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Message par Lensman » ven. févr. 12, 2010 4:02 pm

Aldaran a écrit :
Lensman a écrit :Tu crois que le rock, par exemple, a eu besoin de la reconnaissance des académies de musique pour exister? (et je dis ça alors que le rock ne m'intéresse pas beaucoup…).
Oncle Joe
Non, il n'en a pas eu besoin. En revanche des spectacles ont été montés pour tenter d'attirer un public aimant le rock vers des musiques plus académiques...
Il me semble d'ailleurs que la lecture un peu attentive de la SF amène assez souvent à s'intéresser à d'autres domaines…
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » ven. févr. 12, 2010 4:05 pm

Lensman a écrit :Tu crois que le rock, par exemple, a eu besoin de la reconnaissance des académies de musique pour exister?
Non. Si je me souviens bien, les attaques ont même été violentes, au début. Le jazz aussi, d'ailleurs. Et la musique sérielle. Et le dodécaphonisme. En fait tout ce qui est nouveau ou rompt les règles commence par être rejeté. Il y a un temps de métabolisation. Et puis, la nouveauté cesse d'en être une et la règle, la norme, s'en trouvent élargies. La sensibilité générale aussi. Aujourd'hui, tous ces genres musicaux sont légitimes. Ça ne veut pas dire que tout le monde aime ou doit aimer. Ça veut dire que tout le monde peut.

Mais la musique est un cas à part. Elle éclipse potentiellement (ou se passe de) tout discours. On écoute et on se fait une idée. L'accès est direct.

L'accès au texte, c'est très différent – surtout ici dans une culture qui s'autodéfinit depuis presque quatre siècles par la littérature.

Lem

Message par Lem » ven. févr. 12, 2010 4:10 pm

Lensman a écrit :Je suis bien sûr d'accord sur le fait qu'il faille parler de la SF, évidemment… Je parle de la manière.
Moi aussi.
Mais tu connais la manière dont je veux m'y prendre : historiciser le genre tel qu'il s'est constitué ici pour casser la représentation "american only" (car je crois qu'elle est un facteur de rejet très important) ; et nuancer le rôle de la science qui est toujours perçu de manière unidimensionnelle (on en attend trop – il faudrait que la SF soit "scientifiquement juste" – ou on le redoute – s'il y a de la science, ce n'est pas de la littérature).
Ce que je n'ai toujours pas compris, c'est pourquoi cette stratégie te déplaît.

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Message par Aldaran » ven. févr. 12, 2010 4:14 pm

Lem a écrit :Mais la musique est un cas à part. Elle éclipse potentiellement (ou se passe de) tout discours. On écoute et on se fait une idée. L'accès est direct.
C'est d'ailleurs très triste, cette "simplicité" dont trop de monde se contente. Le futur nous réserve pire que la Starac' avec ce syndrome de l'accès direct.

Giangi
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Message par Giangi » ven. févr. 12, 2010 4:22 pm

Lem a écrit :Dans un texte de Patrick Hutchison consacré à l'œuvre du sculpteur Jean Amado
Petite illustration :
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Message par Lem » ven. févr. 12, 2010 4:27 pm

Aldaran a écrit :[]C'est d'ailleurs très triste, cette "simplicité" dont trop de monde se contente…
Un cas intermédiaire entre l'accès direct à la musique et l'accès complexe à la littérature, c'est la peinture.
On en a déjà parlé ici mais il a fallu longtemps à la culture ambiante pour métaboliser la figuration déformée et l'abstrait. La réation basique du public, c'était le célèbre "c'est pas de la peinture ; mon gosse de cinq ans fait la même chose".
L'élargissement de la sensibilité ne pouvait pas se produire simplement par immersion et répétition, comme pour la musique. Il a fallu produire et faire circuler un discours critique sur ce que signifie "regarder une peinture". Il a fallu expliquer qu'on était sorti de l'idéal de la représentation pour amorcer une nouvelle phase de l'histoire de l'art, où la peinture est vécue comme expérience, où le sujet de l'œuvre, c'est ce qu'on éprouve quand on se tient devant elle, etc.
Le public – pas tout le monde, bien sûr, mais beaucoup de gens – a fini par recevoir ce discours. En tout cas, il était disponible et donnait une clé d'accès aux œuvres.

Ce n'est pas directement transposable à la littérature mais le déplacement à produire est du même ordre.
Modifié en dernier par Lem le ven. févr. 12, 2010 4:28 pm, modifié 1 fois.

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Message par Lensman » ven. févr. 12, 2010 4:28 pm

Lem a écrit :
Lensman a écrit :Tu crois que le rock, par exemple, a eu besoin de la reconnaissance des académies de musique pour exister?
Non. Si je me souviens bien, les attaques ont même été violentes, au début. Le jazz aussi, d'ailleurs. Et la musique sérielle. Et le dodécaphonisme. En fait tout ce qui est nouveau ou rompt les règles commence par être rejeté. Il y a un temps de métabolisation. Et puis, la nouveauté cesse d'en être une et la règle, la norme, s'en trouvent élargies. La sensibilité générale aussi. Aujourd'hui, tous ces genres musicaux sont légitimes. Ça ne veut pas dire que tout le monde aime ou doit aimer. Ça veut dire que tout le monde peut.

Mais la musique est un cas à part. Elle éclipse potentiellement (ou se passe de) tout discours. On écoute et on se fait une idée. L'accès est direct.

L'accès au texte, c'est très différent – surtout ici dans une culture qui s'autodéfinit depuispresque quatre siècles par la littérature.
Je ne suis pas d'accord.

L'immense majorité des gens qui lisent pensent avoir une approche "directe" de la lecture. C'est comme cela qu'ils la ressentent, même si on leur démontre que ce n'est pas le cas. Ils lisent pour le plaisir, il faut toujours s'en rappeler.

La légitimation de certaines méthodes de composition en musique n'a aucun effet sur le public, qui n'écoute pas ces musiques (ce sont des musiques savantes pour les professionnels).
Il y a des habitudes d'écoute (un chinois n'aura pas du tout la même qu'un français, par exemple), et ces habitudes ont une importance considérable. L'accès "direct" dont tu parles est conditionné par ces habitudes d'écoute.
Mais les gens sont aussi persuadé d'avoir un accès "direct" à la musique, ce qui est faux, mais c'est comme cela qu'ils verront les choses.

Si tu veux faire la promotion de la SF, il faut passer PAR DESSUS les prescripteurs, et adopter un langage compréhensible par les lecteurs potentiels, c'est-à-dire jeunes, et donc non rompu aux subtilités de la métaphore réifiée.


Oncle Joe

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