Erreur.Erion a écrit :Oui, mais c'est toi-même qui avait balayé Bradbury comme n'étant pas métaphysique parce que Nietzschéen.
J'ai soutenu que Bradbury avait été bien accepté par la critique parce que les Chroniques martiennes n'allaient pas au bout de la réification ; qu'elles restaient en quelque sorte le cul entre deux chaises.
On est sur Mars, certes, ce qui semble promettre un contact avec l'altérité radicale.
Mais c'est une promesse illusoire. En définitive, il n'y a pas de merveille M. Les martiens, ce sont les hommes qui se reflètent à la surface d'un plan d'eau.
C'est une façon de rester dans le cadre de l'esthétique mainstream ; une façon de dire : il n'y a pas d'altérité, il n'y a que des images de nous-mêmes. (A quoi correspond aussi le choix de Bradbury de négliger les données scientifiques.)
Tout n'est pas aussi tranché, évidemment. Il y a des ambiguités. Mais d'une manière générale, Les Chroniques sont compatibles avec le système de valeur mainstream : à mi-chemin entre la fable et le récit SF.
Là-dessus, c'est toi, si je me souviens bien, qui met en lien un papier parlant de Bradbury et de Nietzsche et qui ajoutes "tu vois ? Il dit que les Chroniques sont nietzschéennes ! Ça prouve bien qu'elles sont métaphysiques !". Et là, je dis effectivement, "métaphysique nietzschéenne est une contradiction dans les termes".
Je ne sais pas ce que signifie cette phrase.Et dans le même temps, tu nies la teneur métaphysique de la Nausée de Sartre au nom du résultat.
L'existentialisme qui sous-tend l'œuvre est anti-métaphysique.
La racine de Roquentin peut certes être considérée comme la réification de cette philosophie. Mais dans la mesure où l'existentialisme affirme qu'il n'y a aucun arrière-monde, aucune vérité ultime à atteindre si ce n'est le substrat matériel de l'existence, nauséeux lorsque toutes les significations humaines qui le masquent ordinairement sont décapées (l'existence précède l'essence), cette réification ne crée aucun effet merveilleux ; ce serait même le contraire.
(Et il me vient ici l'idée que cette racine pourrait bien, à contrario, être considérée comme un accès sur "l'inhumain" dont parle GK. Un morceau de réel nu.)
Erion, ce n'est pas utile de relancer le ping-pong des contre-contre-contre-objections. Les ressources de la rhétorique sont infinies. Je ne convaincrai pas, tu ne me convaincras pas. J'ai répondu honnêtement à tes questions, restons-en là. Je veux bien argumenter pour défendre ma position, pas passer cent posts à constater qu'on ne parle pas de la même chose.