Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Lem

Message par Lem » jeu. févr. 25, 2010 11:33 am

silramil a écrit :Naïvement, j'avais cru…
Notre Humour est parfois tordu.

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silramil
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Message par silramil » jeu. févr. 25, 2010 11:37 am

Lem a écrit :
silramil a écrit :Naïvement, j'avais cru…
Notre Humour est parfois tordu.
OK, mais le texte de Fischer, tu l'analyses vraiment sérieusement ? Parce que le bonhomme me paraît travailler du chapeau. Et ses remarques sur la SF (j'ai survolé le reste) ne sont pas vraiment transcendantes.
(et pour tout dire, il me semble bien... hétéroclite)

Lem

Message par Lem » jeu. févr. 25, 2010 11:39 am

Lensman a écrit : Il y a visiblement volonté de ne pas trop insister sur la SF moderne à l'"américaine". Je me demande s'il n'y a pas eu un peu évolution du discours public, depuis quelques années. Moins de Dick et d'Asimov, plus d'archaïsme. Mais je ne m'avancerai pas trop…
Je crois qu'en fait, c'est l'inverse. La référence au roman scientifique est une trace de son discours des débuts. Il citait beaucoup Verne, Wells, Maurois quand il a commencé, sans doute pour se faire comprendre sans avoir à employer le label maudit. Aujourd'hui, c'est devenu plus facile et valorisant, alors il modernise. Il parle souvent de Dick – pour s'en présenter comme l'héritier, évidemment. Dans dix ans, il fera sans doute la même chose avec Egan.

Lem

Message par Lem » jeu. févr. 25, 2010 11:43 am

silramil a écrit :OK, mais le texte de Fischer, tu l'analyses vraiment sérieusement ? Parce que le bonhomme me paraît travailler du chapeau. Et ses remarques sur la SF (j'ai survolé le reste) ne sont pas vraiment transcendantes.
(et pour tout dire, il me semble bien... hétéroclite)
Je ne l'analyse pas ; je le classe dans la catégorie "perceptions M&R" pour prouver que cette catégorie n'est pas vide. Et je renvoie ensuite à la culture de chacun pour – à défaut d'un texte critique indiscutable disant clairement : "la science-fiction, c'est de la métaphysique et de la religion déguisée, c'est grotesque, ça n'a rien à faire dans la littérature" – imaginer ce qu'une telle perception a pu causer comme dégâts, comment elle a pu nourrir le déni.

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Lensman
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Message par Lensman » jeu. févr. 25, 2010 11:44 am

Lem a écrit :
J'ai concédé à MF le fait que l'hypothèse était sans doute improuvable, qu'elle avait plutôt statut de postulat, effectivement. Ce texte établit-il (contribue-t-il à établir) sa plausibilité ? J'en ai l'impression. Si on admet que cette perception M&R a eu lieu – même sans lire les textes, juste en se fiant à "l'image générale" envoyée par le genre – je ne vois pas comment elle a pu rester sans incidence. a) De la part de ceux qui accordaient de la valeur à la véracité scientifique, c'est l'une des sources possibles de "la SF ne part pas de la réalité" (c'est "du conte de fée en scaphandre" pour reprendre une célèbre expression militaire). b) De la part de ceux pour qui, dans les milieux littéraires et intellectuels, la fin de la métaphysique et des questions religieuses étaient une évidence, la source possible de "obscur, fumeux, naïvement métaphysique" etc.
J'ai l'impression, Pascal, que tu surestimes considérablement le ressenti des gens quant aux problèmes que tu qualifies de "métaphysiques". Ce n'est pas une méchanceté de ma part: au contraire, tu as raison d'être exigeant dans le domaine, et de chercher des textes où les problèmes sont abordés avec un minimum de réflexion (l'article de Sylvie sur Ricœur me semble faire partie des textes qui essaient d'aller dans un sens très intéressant, je crois que nous sommes d'accord, pour le coup). Mais pour le ressenti général, dans ton affaire de "déni", par contre, je pense que ça n'a rien à voir, car tout peut être retourné selon l'interlocuteur. En gros, si, par extraordinaire, il repère de la "métaphysique" dans la SF, elle sera forcément "de bazar" (la SF NE PEUT PAS traiter sérieusement de sujets pareils). Et s'il trouve que c'est sérieux, ce n'est plus de la SF. C'est comme cela que fonctionne un "déni", et non pas sur une analyse "objective".
Mais ce constat ne devrait pas, par contre, nous empêcher de nous intéresser aux thématiques dites "métaphysiques" dans la SF (sauf que sur ce terme "métaphysique", comme je l'ai dis souvent, il y a des pendules à mettre à l'heure, et des cartes à rafraichir, c'est le moins que l'on puisse dire, et je ne parle pas de la mécanique quantique).
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le jeu. févr. 25, 2010 11:52 am, modifié 1 fois.

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Message par Lem » jeu. févr. 25, 2010 11:49 am

silramil a écrit :En passant, je compte participer à ceci, dont je ne sais si c'est un symptôme de déni ou de son contraire,
http://www.fabula.org/actualites/article36052.php
Liquidation en cours.
Un de ces jours, il faudrait qu'une structure de recension quelconque se mette à centraliser toutes les recherches universitaires sur la SF parce qu'il commence à y en avoir pas mal. (Ça existe peut-être déjà ?)

Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » jeu. févr. 25, 2010 11:52 am

Erion a écrit :
Fabien Lyraud a écrit :Tiens une idée en passant. Il serait bon de publier une liste des personnalités publiques françaises qui apprécient le genre. On se rendrait peut être compte que le déni n'est que dans la tête et que l'on a de formidables ambassadeurs si l'on veut s'en donner la peine.
Il est illégal de publier le casier judiciaire de personnalités.
Tu aurais pu mettre un smiley.
:D
Je comprends ce que tu veux dire. Mais on pourrait se contenter de publier la liste des personnalités qui ont revendiqué publiquement leur amour pour le genre.
La balle est dans le camps de Jérome sur ce coup.
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Message par Lensman » jeu. févr. 25, 2010 11:55 am

Lem a écrit :
silramil a écrit :En passant, je compte participer à ceci, dont je ne sais si c'est un symptôme de déni ou de son contraire,
http://www.fabula.org/actualites/article36052.php
Liquidation en cours.
Un de ces jours, il faudrait qu'une structure de recension quelconque se mette à centraliser toutes les recherches universitaires sur la SF parce qu'il commence à y en avoir pas mal. (Ça existe peut-être déjà ?)
Une journaliste connue m'a dit, il n'y a pas très longtemps, que c'était une preuve que le genre était mort… Mes yeux auraient dû sortir de ma tête, pousser les verres de mes lunettes, et se mettre à voler sur leurs orbites. Mais je me suis contenté de mon fameux ricanement. J'ai eu tort?
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Erion
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Message par Erion » jeu. févr. 25, 2010 12:02 pm

silramil a écrit :En passant, je compte participer à ceci, dont je ne sais si c'est un symptôme de déni ou de son contraire,
http://www.fabula.org/actualites/article36052.php
Tu sais, il y a toujours eu, ici et là, des colloques sur la SF, dans des lieux plus ou moins étranges. Ca tient à des lubies individuelles.

Il ne faut pas négliger non plus, l'impact de personnalités comme Maffesoli qui, quoi qu'on en pense, ont justifié des colloques sur des sujets jadis "non honorables".
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

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Message par Lem » jeu. févr. 25, 2010 12:08 pm

Lensman a écrit :J'ai l'impression, Pascal, que tu surestimes considérablement le ressenti des gens quant aux problèmes que tu qualifies de "métaphysiques".Ce n'est pas une méchanceté de ma part
Je le sais bien.

Par ailleurs, je ne conteste pas le grossissement ; l'effet-loupe est celui de toute attention soutenue pendant longtemps sur un problème donné. Après 600 pages, on dirait qu'il occupe tout l'univers alors qu'il ne s'agit que de quatre pages dans la préface.

L'analyse du déni – dans la mesure où je décris moi-même, peut-être avec un brin d'optimisme, la période comme celle de sa liquidation – n'est qu'un problème de critique historique.

Plus intéressant est ce que tu dis :
nous intéresser aux thématiques dites "métaphysiques" dans la SF (sauf que sur ce terme "métaphysique", comme je l'ai dis souvent, il y a des pendules à mettre à l'heure, et des cartes à rafraichir, c'est le moins que l'on puisse dire, et je ne parle pas de la mécanique quantique).
Si le fil a permis d'introduire dans le débat ces sujets M&R que la critique française n'aime pas, en général, et sur lesquels elle a très peu produit, il aura servi à quelque chose. On boit un coup pour fêter ça ?

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Message par Lensman » jeu. févr. 25, 2010 12:39 pm

silramil a écrit :
Lem a écrit :
silramil a écrit :Naïvement, j'avais cru…
Notre Humour est parfois tordu.
OK, mais le texte de Fischer, tu l'analyses vraiment sérieusement ? Parce que le bonhomme me paraît travailler du chapeau. Et ses remarques sur la SF (j'ai survolé le reste) ne sont pas vraiment transcendantes.
(et pour tout dire, il me semble bien... hétéroclite)
La conclusion laisse pensif:

"La science et la technologie occupent désormais dans nos sociétés la place centrale qui revenait aux dieux… et aux démons. A cette différence près que l'enfer, lorsqu'il surgit ici-bas, s'en prend le plus souvent aux innocents et aux plus démunis."

Vivement la mort!
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Message par MF » jeu. févr. 25, 2010 12:41 pm

Lensman a écrit :La conclusion laisse pensif
et si il n'y avait que la conclusion...
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

JDB
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Message par JDB » jeu. févr. 25, 2010 12:47 pm

[Peut-être HS, mais je ne crois pas]
J'ai eu besoin de relire un des essais de Michel Meurger recueillis dans Lovecraft et la SF (Encrage). Du coup, j'en ai relu deux ou trois autres dont "Anticipation rétrograde", sur le contresens absolu de la réception de Lovecraft en France.
J'hésite entre "Rien de nouveau sous le soleil" et "On n'est pas sortis de l'auberge".
Qu'est devenu Michel Carrouges, au fait ?
JDB

Lem

Message par Lem » jeu. févr. 25, 2010 1:21 pm

Lensman a écrit :Une journaliste connue m'a dit, il n'y a pas très longtemps, que c'était une preuve que le genre était mort… Mes yeux auraient dû sortir de ma tête, pousser les verres de mes lunettes, et se mettre à voler sur leurs orbites. Mais je me suis contenté de mon fameux ricanement. J'ai eu tort?
Veux-tu une de Nos Analyses également fameuses en retour ?

a. Contrairement à ce que tu penses, la culture française n'a plus rien contre les subcultures. Tout simplement parce qu'elle n'en a plus les moyens théoriques. Elle n'a aucun argument de fond – aucun système de valeur absolu – à leur opposer (elle moins que les autres, car elle est ce qui a produit la déconstruction). On est entré dans une ère de relativisme total.

b. Chacun est donc fondé à dire "moi ! moi ! ce que je fais, c'est aussi bien que tout le reste ! Vous devez le reconnaître !" Chacun fait son petit galop d'essai. (Le net est à la fois le symbole et l'instrument de cette omni-équivalence de tout.)

c. Qu'est-ce qui tranche, en dernière analyse, la légitimité de telle ou telle chose dans une culture relativiste ? Qu'est-ce qui s'apparente le plus à un système de valeurs objectif incontestable ? La quantité. La capacité à draîner l'attention du plus grand nombre, rétribuée en conséquence (succès commercial) ou simplement à vide (buzz – éventuellement prélude à rétribution). C'est pourquoi les discours contestataires n'effraient plus personne : la logistique se contente de prélever sa dîme sur chaque circulation et plus le discours est radical, plus l'émoi est intense, plus la circulation augmente, plus le produit de la dîme est élevé. La contestation renforce la logistique ; c'est pourquoi celle-ci a placé la rébellion au sommet de sa hiérarchie.

d. Dans ce contexte, que peut bien signifier "la mort de la SF" et peut-elle être mise en regard avec les recherches universitaires dont elle est désormais l'objet ?

d/1. "La mort" ne peut pas être celle de la SF comme subculture, pour les raisons ci-dessus. C'est toute la culture, désormais, qui se perçoit comme une juxtaposition de sub-. J'ai reçu il y a peu l'essai d'Etienne Barillier sur le steampunk, paru aux Moutons. Il y a une subculture steampunk ! Il y a des gars qui créent des costumes, des objets, des expos, qui s'inventent des pseudos bizarroïdes… Jamais je n'aurais imaginé un truc pareil à l'époque où je tâtonnais autour de ces sujets en écrivant Nulle part à Liverion ou en prenant des notes pour Metropolis, ce qui prouve que je suis un piètre futurologue.

d/2. "La mort" ne peut pas être celle de la spéculation scientifique ou de la prospective. L'essentiel des débats publics porte en ce moment sur des sujets qui, il y a vingt ans, était de la SF pure : réchauffement global, projection systématique en l'an 2100, surveillance épidémiologique mondiale, innovation techno tous les dix-huit mois, cybermonde, thérapie génique et clonage, organisation terroriste mondiale, etc. La SF peut sans problème revendiquer d'avoir anticipé le monde dans lequel on vit et on lui demande d'ailleurs très souvent de prévoir la prochaine étape.

d/3. "La mort" n'est pas non plus commerciale : il suffit de voir la place qu'occupe la SF (pour ne rien dire de "l'imaginaire") dans les recettes films, livres, séries télé, BD, jeux…

e. Bref : inocuité subculturelle + participation décisive à l'ambiance de l'époque + succès commerciaux = l'université peut s'y intéresser. Si mort il y a, elle n'est pas là. Mais alors, où ?

f/1. Dans la fin de l'autoperception "rebelle" du domaine. Dans la conscience qu'il avait d'être intensément marginal. S'il n'y a plus de centre, il n'y a plus de marge. S'il n'y a plus de Culture monolithique, il n'y a plus de contre-cultures.

f/2. Dans l'essoufflement créatif dont la Singularité est l'un des symptômes. Quoi de vraiment neuf depuis la relance techno du début des années 90 ? Rien ne dit évidemment qu'une nouvelle relance n'est pas en train de se préparer quelque part mais pour l'instant, on ne voit rien venir.

Donc, pour répondre à ta question, non, tu n'as sans doute pas eu tort de pousser ton "fameux ricanement". Mais si tu veux qu'il soit suivi d'effet, il te faudra peut-être accepter de repenser la situation de la SF dans le nouveau contexte (par exemple admetre qu'un jour, on écrira des thèses comme : Figures du déni et de la mort dans la science-fiction française : le ricanement avunculaire comme antidote paradoxal. Remarque, ça aurait de la gueule.)
Modifié en dernier par Lem le jeu. févr. 25, 2010 1:23 pm, modifié 1 fois.

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Message par Lensman » jeu. févr. 25, 2010 1:21 pm

JDB a écrit : Qu'est devenu Michel Carrouges, au fait ?
JDB
Décédé en 1988, d'après la BNF.
Et, bien sûr:

http://www.bdfi.net/auteurs/c/carrouges_michel.php


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