Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Lem

Message par Lem » mar. mars 02, 2010 9:56 am

MF a écrit :Alors, du premier texte, je retiens…

Et du deuxième… La littérature de SF est jugée comme une littérature évitant la réflexion. Une littérature creuse et pas sérieuse...
C'est ce que tu retiens ?
Pourquoi pas la suite immédiate :
Pourtant il n’en est rien. Les textes issus de la science-fiction manifestent une triple dimension réflexive. D’une part en sa forme même, ce terme paradoxal de science-fiction, en plaçant face à face la science et la fiction, opère une réflexion réciproque de ces deux manières d’appréhender le monde : celui-ci doit-il être compris et maîtrisé ou encore imaginé voire même rêvé sinon appréhendé comme un cauchemar. D’autre part, production d’une fiction exaltant les possibilités de la science, la science-fiction ne manque pas, par le fait même, de l’interroger. Enfin comme miroir que l’homme se tend à lui-même en questionnant sa raison d’être et en la projetant sur le fond incertain de l’avenir, les récits de science-fiction redécouvrent la fonction essentielle du mythe tout en le déplaçant sur la ligne de la temporalité.

Lem

Message par Lem » mar. mars 02, 2010 10:03 am

Lensman a écrit :Pourquoi parler de "réenchantement"? Le spectacle du monde est un spectacle qui passionne. (…)
Quelle drôle d'idée de "réenchanter" un monde qui est un spectacle en lui-même. Qui donc aurait perdu le plaisir de ce spectacle? (…)
"Allons… voyons… la vie est magnifique !"

Lem

Message par Lem » mar. mars 02, 2010 10:12 am

Aldaran a écrit :En cherchant vaguement des titres pas SF comportant le mot "dieu", je tombe sur L'Éclat de Dieu, de Romain Sardou. Ne manquez pas les commentaires des lecteurs, tout est là.
J'ai bien aimé celui qui a fait un lapsus en titrant son commentaire "déconcernant".

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MF
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Message par MF » mar. mars 02, 2010 10:19 am

Lem a écrit :
MF a écrit :Alors, du premier texte, je retiens…

Et du deuxième… La littérature de SF est jugée comme une littérature évitant la réflexion. Une littérature creuse et pas sérieuse...
C'est ce que tu retiens ?
Pourquoi pas la suite immédiate :
Pourtant il n’en est rien. Les textes issus de la science-fiction manifestent une triple dimension réflexive. D’une part en sa forme même, ce terme paradoxal de science-fiction, en plaçant face à face la science et la fiction, opère une réflexion réciproque de ces deux manières d’appréhender le monde : celui-ci doit-il être compris et maîtrisé ou encore imaginé voire même rêvé sinon appréhendé comme un cauchemar. D’autre part, production d’une fiction exaltant les possibilités de la science, la science-fiction ne manque pas, par le fait même, de l’interroger. Enfin comme miroir que l’homme se tend à lui-même en questionnant sa raison d’être et en la projetant sur le fond incertain de l’avenir, les récits de science-fiction redécouvrent la fonction essentielle du mythe tout en le déplaçant sur la ligne de la temporalité.
Parce que cette suite, nous la partageons depuis plus de 600 pages.
OUI, il y a des auteurs de SF qui puisent leurs réflexions dans le champ scientifique.
OUI il y a des auteurs de SF qui puisent leurs réflexions dans le champ métaphysique
OUI il y a des auteurs de SF qui puisent leurs réflexions dans le champ sociétal
OUI il y a des auteurs de SF qui puisent leurs réflexions dans le champ philosophique

Mais le déni, tel que le présente ce texte, ne repose que sur une seule assertion : Cette absence pourrait laisser penser que les productions littéraires classées dans le genre science-fiction évitent soigneusement toute réflexion, ce qui ne ferait que conforter la sévérité des jugements portés généralement sur ce domaine..

Ce ne sont pas les champs de la réflexion utilisés par la SF qui sont cause du déni, c'est la croyance dans le fait que la SF évite soigneusement (!!) toute réflexion.
Que c'est uniquement une littérature de distraction. A ranger avec les San Antonio et les Oui-Oui !
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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Hoêl
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Message par Hoêl » mar. mars 02, 2010 10:33 am

Aldaran a écrit :Ah, ah !
En cherchant vaguement des titres pas SF comportant le mot "dieu", je tombe sur L'Éclat de Dieu, de Romain Sardou. Ne manquez pas les commentaires des lecteurs, tout est là.
On tient au moins un exemple "d'échec" du gommage d'étiquette SF. L'infiltration derrière la ligne de front ne va pas être si aisée...
Ca m'a l'air intéressant , à plus d'un titre , ça fait penser à la série sur Nicolas Eymerich par Evangelisti . Est-ce que certains sur le forum l'ont lu pour étayer ou non les avis de lecteurs ? parce que ceux qui sont rebutés automatiquement par l'imaginaire ne peuvent guère nous être utiles .
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"

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Aldaran
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Message par Aldaran » mar. mars 02, 2010 10:51 am

Hoêl a écrit :
Aldaran a écrit :Ah, ah !
En cherchant vaguement des titres pas SF comportant le mot "dieu", je tombe sur L'Éclat de Dieu, de Romain Sardou. Ne manquez pas les commentaires des lecteurs, tout est là.
On tient au moins un exemple "d'échec" du gommage d'étiquette SF. L'infiltration derrière la ligne de front ne va pas être si aisée...
Ça m'a l'air intéressant , à plus d'un titre , ça fait penser à la série sur Nicolas Eymerich par Evangelisti . Est-ce que certains sur le forum l'ont lu pour étayer ou non les avis de lecteurs ? parce que ceux qui sont rebutés automatiquement par l'imaginaire ne peuvent guère nous être utiles.
À une grosse différence près : la série des Eymerich affiche sa SFittude en quatrième de couverture. Là, certains lecteurs se plaignent presque qu'on leur ait fait acheter de la SF à l'insu de leur plein gré...
EDIT : Si on parle bien du déni, c'est tout de même pas chez le public amateur d'imaginaire qu'on l'étudiera le mieux.

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Erion
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Message par Erion » mar. mars 02, 2010 10:54 am

A titre d'amusement, j'ai ressorti mon vieil exemplaire du science-fictionnaire de Stan Barets, édition 1994. Et j'ai parcouru la liste de la "bibliothèque idéale" qu'il présente. Donc, les 100 livres de SF à lire.
Ce n'est pas une liste "pure SF" parce qu'on y trouve Le cycle des Epées de Leiber, et Elric de Moorcock. Il s'agit d'une liste très élargie, on va dire.
Résultat, sur 100 titres, UN seul a le mot "Dieu" dans son titre ("Les Dieux eux-mêmes" d'Asimov). 1 sur 100.

Tout ça pour dire que, quand j'ai commencé à lire de la SF dans les années 80, je ne suis pas tombé sur un récit mettant en scène des héros immortels ou des dieux si souvent que le prétend Serge. Je devais bien avoir lu une 50aine ou une 100aine de romans avant de lire les romans "divins" de Zelazny (dieux égyptiens et mythologie hindoue). Il est facile, sans même le chercher spécifiquement à éviter les connotations divines si on est un lecteur de SF.

En revanche, c'est impossible si on lit de la fantasy ou du fantastique (à l'exception de Stephen King, mais précisément, on a bien vu qu'il n'était pas loin de la SF). Par conséquent, même si on trouve des dieux et des immortels dans la SF, prétendre qu'elle a le monopole sur ces thèmes me paraît hautement abusif, eu égard à la fantasy et au fantastique (et pas la peine de me sortir le coup des collections, on peut pas se réfugier derrière les arguments éditoriaux quand ça chante et les refuser plus tard quand ça remet en cause les théories esthétiques).

A la rigueur (même si je suis réticent), j'aurais préféré une théorie M qui ENGLOBE la fantasy et le fantastique. Ca aurait été un poil plus cohérent. Mais restreindre à la SF, ça tient pas.
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dracosolis
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Message par dracosolis » mar. mars 02, 2010 11:50 am

MF a écrit :[
Ce ne sont pas les champs de la réflexion utilisés par la SF qui sont cause du déni, c'est la croyance dans le fait que la SF évite soigneusement (!!) toute réflexion.
Que c'est uniquement une littérature de distraction. A ranger avec les San Antonio et les Oui-Oui !
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Lem

Message par Lem » mar. mars 02, 2010 12:07 pm

Erion a écrit :Par conséquent, même si on trouve des dieux et des immortels dans la SF, prétendre qu'elle a le monopole sur ces thèmes me paraît hautement abusif, eu égard à la fantasy et au fantastique (et pas la peine de me sortir le coup des collections, on peut pas se réfugier derrière les arguments éditoriaux quand ça chante et les refuser plus tard quand ça remet en cause les théories esthétiques).
Le déni s'est noué dans les dix premières années d'existence du label, entre 1950 et 1960. A ce moment-là, il n'y avait aucune collection de fantasy et le fantastique était réputé clos, justement "tué" par la SF (je pense que la seule collection dédiée était Angoisse).

Le déni a donc porté sur l'image du genre telle que perçue à travers trois collections principales : le Rayon Fantastique, Présence du Futur et Anticipation. C'est d'ailleurs amusant de noter à quel point chacune de ces collections porte un nom mal adapté à sa ligne éditoriale. Le Rayon est "Fantastique" alors qu'il est le plus SF des trois. Présence est "du Futur" alors que c'est là qu'il y a le plus de fantastique. Et "Anticipation", dans ses premières années, transpose pour l'essentiel les schémas du vieux roman scientifique d'avant-guerre avec une prédilection pour les trucs hétéroclites, sans ambition prospective.

Le noyau dur du déni est bien connu et je ne vois aucune raison de le remettre en cause. Je ne le fais pas dans la préface, je ne l'ai pas fait ici, je ne le fais toujours pas. Une littérature intégrant la science était inadmissible pour la critique mainstream. Elle aurait pu susciter l'intérêt des curieux, voire de l'avant-garde (c'est d'ailleurs le sens de l'investissement de Queneau, Le Lionnais et Vian, ainsi que de l'affaire du Nouveau Roman) mais hormis quelques auteurs, Drode en particulier, la SF ne travaillait pas consciemment sur sa propre esthétique à l'époque ; elle se contentait de la produire. Beaucoup de textes (français et traductions) ont été jugés approximatifs : mauvaise réputation littéraire. Les lieux communs sur le système de valeurs impliqué (goût du futur, de la science et de la technique, optimisme et esprit pionnier "typiquement américains") ont également joué.

Tous ces facteurs de déni sont la source des clichés habituels : la SF, ce n'est pas de la littérature. La SF, c'est mal écrit. La SF, c'est les Américains.

Le parfum MR émis par le genre tel qu'il était représenté alors continue de me sembler un facteur de déni non encore repéré avant ce fil. Il heurtait de plein fouet le rationalisme et l'esprit anti-métaphysique de l'époque. Je pense qu'il est la source du cliché déniant "SF = un truc impossible, qui ne peut pas arriver = fumeux = n'importe quoi (au point que le sigle a finalement été utilisé comme un synonyme de cette acception). Là où mon analyse s'est enrichie grâce au fil, c'est dans la possibilité de mettre cette perception en parallèle avec "la SF n'est pas sérieuse sur le plan scientifique". Source vraisemblable : les textes réifiant effectivement des images MR, les textes à base de "super-science", les textes hétéroclites, les textes non-strictement-SF (fantasy au sens large et fantastiques) pourtant publiés sous le label donc brouillant sa perception.

L'Affaire Planète, qui commence au début des années 60, a sans doute contribué à renforcer une partie de cette perception biaisée.

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Hoêl
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Message par Hoêl » mar. mars 02, 2010 12:08 pm

Tout ça pour dire que, quand j'ai commencé à lire de la SF dans les années 80, je ne suis pas tombé sur un récit mettant en scène des héros immortels ou des dieux si souvent que le prétend Serge. Je devais bien avoir lu une 50aine ou une 100aine de romans avant de lire les romans "divins" de Zelazny (dieux égyptiens et mythologie hindoue). Il est facile, sans même le chercher spécifiquement à éviter les connotations divines si on est un lecteur de SF.
Globalement , je suis assez d'accord avec toi , à l'exception notable de Dick pour qui la divinité a quand même constitué une obsession majeure .
Et puis n'oublions pas Ptath quand même mais j'ai jamais réussi à déterminer si c'était de la S.D. ou de la Fantasy ...
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"

Lem

Message par Lem » mar. mars 02, 2010 12:12 pm

Aldaran a écrit :
Hoêl a écrit :
Aldaran a écrit :Ah, ah !
En cherchant vaguement des titres pas SF comportant le mot "dieu", je tombe sur L'Éclat de Dieu, de Romain Sardou. Ne manquez pas les commentaires des lecteurs, tout est là.
On tient au moins un exemple "d'échec" du gommage d'étiquette SF. L'infiltration derrière la ligne de front ne va pas être si aisée...
Ça m'a l'air intéressant , à plus d'un titre , ça fait penser à la série sur Nicolas Eymerich par Evangelisti . Est-ce que certains sur le forum l'ont lu pour étayer ou non les avis de lecteurs ? parce que ceux qui sont rebutés automatiquement par l'imaginaire ne peuvent guère nous être utiles.
À une grosse différence près : la série des Eymerich affiche sa SFittude en quatrième de couverture. Là, certains lecteurs se plaignent presque qu'on leur ait fait acheter de la SF à l'insu de leur plein gré...
EDIT : Si on parle bien du déni, c'est tout de même pas chez le public amateur d'imaginaire qu'on l'étudiera le mieux.
En effet : la moitié des commentaires client sont positifs.

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Message par Roland C. Wagner » mar. mars 02, 2010 12:41 pm

Lem a écrit :Le déni a donc porté sur l'image du genre telle que perçue à travers trois collections principales : le Rayon Fantastique, Présence du Futur et Anticipation.
Vision étroite et réductrice.
Lem a écrit :Et "Anticipation", dans ses premières années, transpose pour l'essentiel les schémas du vieux roman scientifique d'avant-guerre avec une prédilection pour les trucs hétéroclites, sans ambition prospective.
Description caricaturale, même si l'on ne considère que la période pré-Wul.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

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Message par Lem » mar. mars 02, 2010 12:48 pm

Roland C. Wagner a écrit :[Vision étroite et réductrice.
Commentaire large et amplificateur !

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Message par Roland C. Wagner » mar. mars 02, 2010 12:54 pm

Lem a écrit :
Roland C. Wagner a écrit :[Vision étroite et réductrice.
Commentaire large et amplificateur !
Mais ô combien exact.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

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Message par Aldaran » mar. mars 02, 2010 12:56 pm

Lem a écrit :
Aldaran a écrit :
Hoêl a écrit :
Aldaran a écrit :Ah, ah !
En cherchant vaguement des titres pas SF comportant le mot "dieu", je tombe sur L'Éclat de Dieu, de Romain Sardou. Ne manquez pas les commentaires des lecteurs, tout est là.
On tient au moins un exemple "d'échec" du gommage d'étiquette SF. L'infiltration derrière la ligne de front ne va pas être si aisée...
Ça m'a l'air intéressant , à plus d'un titre , ça fait penser à la série sur Nicolas Eymerich par Evangelisti . Est-ce que certains sur le forum l'ont lu pour étayer ou non les avis de lecteurs ? parce que ceux qui sont rebutés automatiquement par l'imaginaire ne peuvent guère nous être utiles.
À une grosse différence près : la série des Eymerich affiche sa SFittude en quatrième de couverture. Là, certains lecteurs se plaignent presque qu'on leur ait fait acheter de la SF à l'insu de leur plein gré...
EDIT : Si on parle bien du déni, c'est tout de même pas chez le public amateur d'imaginaire qu'on l'étudiera le mieux.
En effet : la moitié des commentaires client sont positifs.
Moué... C'est moins tranché que ça quand même. Ça va de l'enthousiasme à la perplexité tandis que les autres se sentent trompés et détestent.

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