Du sense of wonder à la SF métaphysique
Modérateurs : Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m
en effet : quid des images de films, avec des robots tueurs (la terre qui s'arrêta) ou ridicules (Planète interdite), des extraterrestres belliqueux (quatermass)...Roland C. Wagner a écrit :Vision étroite et réductrice.Lem a écrit :Le déni a donc porté sur l'image du genre telle que perçue à travers trois collections principales : le Rayon Fantastique, Présence du Futur et Anticipation.
On en revient à un problème énorme : ce qui motive le déni, c'est avant tout la méconnaissance, et non pas la connaissance, de la science-fiction !
donc toute tentative de relier le rejet uniquement au contenu effectif de la SF est condamnée à passer sous silence une grosse partie de ce qui fonde ce rejet, et qui n'a existé que dans un faisceau de préjugés...
Néanmoins, si on prend les collections en question et qu'on regarde ce qu'elles ont publié pendant les 10 premières années, jusqu'en 1960, on trouve...
(attention, j'en mets des tartines, mais l'effet de masse est volontaire)
Présence du Futur
extraterrestres
pastiches de SF avec ETs à yeux pédonculés, et récits de fin du monde
du lovecraft : entre SF et fantastique, l'idée de créatures qui dépassent l'entendement humain
Des histoires d'univers parallèles et d'exploration spatiale
du fantastique, avec Jean Ray
Des histoires de mutant dans l'espace ou sur Terre
des satires de notre époque (Un saint au néon est moins religieux qu'il n'y paraît, puisqu'il parle plutôt... d'érotisme)
de l'aventure spatiale absurde
tiens, encore des martiens, parodiques (Brown)
Un homme qui rétrécit
des exercices de géométrie dans l'espace
encore des aventures spatiales, mais sérieuses cette fois (Bester)
Un peu de rééditions françaises : barjavel et Rosny
des nouvelles de Klein sur des extraterrestres, l'espace, le temps
des mémoires du futur, ou comment lire sérieusement de la SF
une invasion extraterrestre
une arche spatiale devenue folle
Ah, tiens, un récit autour de la religion : Un cas de conscience (et si les extraterrestres pouvaient être des démons, en fait?)
encore une réédition de barjavel : apocalypse nucléaire
une exploration de la lune
et dans le lot, plein plein d'histoires de Bradbury sur des sujets divers.
Le Rayon fantastique
une guerre nucléaire
des aventures spatiales
un voyage dans le temps chez les gorilles
"Les demi-dieux" de Bennett, sur lequel je ne sais rien. A verser dans la métaphysique ?
de l'aventure spatiale
encore de l'aventure spatiale
une histoire d'amour
un cristal extraterrestre qui développe les pouvoirs mentaux
tiens, encore de l'aventure spatiale
une invasion secrète d'extraterrestres
une histoire de surhomme
Une lutte entre le Bien et le Mal symbolisée par... des extraterrestres !
La planète des non aristotéliciens
Une aventure spatiale
Une histoire de martien
Une aventure spatiale
Les progrès de la science, du fait d'un savant fou !
Un surhomme créé par la science
Des mondes parallèles comme s'il en pleuvait
De l'aventure spatiale, le retour
Et puis de l'aventure spatiale française, pour changer un peu
Encore de l'aventure spatiale
Une invasion extraterrestre
Une histoire de microbe meutrier
un monde postnucléaire dominé par un ordinateur et peuplé de mutants
la conquête du monde par les femmes
une histoire de surhomme
une aventure spatiale
l'exploration d'un monde microscopique
Des aventures dans l'espace
Une enquête par des policiers spatiaux
Un monde post-apocalyptique dominé par des représentations moyen-âgeuses (thème principal : l'immortalité !)
une guerre intergalactique
des univers parallèles
des mutants créés par un savant fou !
des robots
une invasion extraterrestre
une exploration de l'espace, avec des extraterrestres mystérieux
un Empire galactique remplacé par une Fondation
des surhommes
pas mal d'histoires dans l'espace
un peuple de métal enfoui sous l'himalaya !
des extraterrestres venus de l'avenir !
des aventures spatiales !
et re !
et encore !
Une satire de la société de consommation, centrée autour de Vénus !
une invasion de créatures marines
du tourisme spatial
une histoire de l'avenir
la prédiction de l'avenir
création d'une technocratie à la veille d'une apocalypse nucléaire
une aventure spatiale, avec des morceaux de métaphysique dedans : Le Gambit des étoiles, qui parle d'immortalité et de mission cosmique de l'humanité (et c'est très réussi, d'ailleurs !)
fin de l'humanité à la surface de la planète
bon, je fatigue, mais il y a des textes intéressants pour Lem ensuite
- la guerre des machines, à part la lutte contre des robots tueurs, présente un personnage d'homme-dieu immortel faisant passer sa conscience d'un corps à l'autre. Il meurt, cela dit.
- La rosée du soleil ; c'est une histoire de mondes parallèles, mais qui, comme souvent avec henneberg, nous ramène à des êtres mythiques incarnant le Mal absolu.
et après ça... des histoires d'aventures spatiales et de robots, essentiellement.
Anticipation
1951
des aventures spatiales et microscopiques
1952
des aventures spatiales, avec des bouts de robots et d'extraterrestre
1953
des aventures spatiales, avec des variantes dans des univers parallèles, et un peu d'apocalypse
1954
pas mal d'aventures spatiales et de contacts avec des extraterrestres (notamment, des guerres)
pour varier un peu, des mondes perdus
1955
Sans surprise, des aventures spatiales, mais aussi, un peu d'hétéroclite (magnifique "Agonie du verre") et des histoires de mondes parallèles
1956
des... aventures spatiales, mais de plus en plus dautres thèmes, comme les êtres oubliés et les dimensions parallèles
Arrivée notamment de Wul, avec... une aventure spatiale se terminant sur une fin du monde.
1957
un peu moins d'espace
des créatures dangereuses, qui viennent des profondeurs, des mutations, des dimensions parallèles
Wul : explorations de planètes extraterrestres et lutte contre des créatures marines
1958
Retour en force des aventures spatiales, avec des invasions extraterrestres et des explorations d'autres planètes
Steiner : une invasion venue d'une dimension parallèle
1959
des astronefs, des extraterrestres, des cerveaux électroniques, on ne sait plus où donner de la tête.
Steiner: des aventures spatiales !
Bon, je me suis déjà assez fatigué comme ça, je ne rajoute pas la série 2000, mais je peux dire qu'on y trouve surtout... des aventures spatiales !
Où veux-je en venir ?
Je ne veux pas ridiculier cette SF, sur laquelle je travaille parce que je l'apprécie.
Je ne veux pas démontrer par cette litanie simplifiée que la métaphysique et les thèmes divins n'interviennent pas dans la SF
Je veux simplement affirmer ceci : le déni vient surtout de cet effet de litanie et de répétion d'objets qui n'ont aucune espèce de sérieux à l'époque, extraterrestres et vaisseaux spatiaux.
Et que je ne vois pas ce qu'on peut démontrer d'autre, honnêtement, à partir de ces titres.
Comme l'a dit Sternberg, qui s'en offusquait
Cette Science Fiction nous arrivait des Etats-Unis sans explications préalables, sans mode d’emploi, débarquée sur le marché comme une denrée commerciale inscrite au programme du plan Marshall // et on admit ce nouveau produit littéraire avec un certain mépris, comme on avait admis le Coca-Cola, à contre cœur et sans s’y intéresser.
Puis, alourdissant le passif encore abstrait que supporta la Science Fiction dès son lancement en France, il y eut ses lamentables débuts, concrets ceux-là. Quel calcul sordide et niais firent exactement les éditeurs ? Ou bien étaient-ils de bonne foi ? Crurent-ils vraiment que la Science Fiction ne pouvait s’adresser qu’aux demeurés ? Que penser en effet des œuvres que l’on sélectionna pour servir de carte de visite à la Science Fiction ? Que dire des consternantes traductions que présenta en 1950 le Rayon Fantastique, la première collection spécialisée créée par Hachette Gallimard ? Le mal que firent ces ouvrages, tous basés sur les plus tristes clichés du genre, ne s’est pas encore cicatrisé. Inconnue et ignorée en 1949, en quelques mois la Science Fiction se trouva incarcérée dans les limites d’un unique poncif : la Science Fiction, ce ne pouvait être que l’histoire de monstres à tentacules débarquant sur la Terre ou l’histoire de Tarzan débarquant à charge de revanche sur la planète Mars. A ce cliché à double tranchant venait s’ajouter le vague souvenir de Wells, unique auteur connu en France, et celui, attendri et lacrymal, de Jules Verne, ce doux barbu de notre enfance.
Jacques Sternberg, Une Succursale du fantastique nommée science-fiction, Paris, Le Terrain Vague, 1958, p. 2-3
Houlà, il n'y a pas que de l'hétéroclite dans la SF d'Anticipation, loin de là. Il n'y a guère que Guieu pour verser dedans de manière très fréquente, même si Maurice Limat a des tendances intéressantes.Roland C. Wagner a écrit :Description caricaturale, même si l'on ne considère que la période pré-Wul.Lem a écrit :Et "Anticipation", dans ses premières années, transpose pour l'essentiel les schémas du vieux roman scientifique d'avant-guerre avec une prédilection pour les trucs hétéroclites, sans ambition prospective.
Et il y a de l'hétéroclite dans toutes les collections (notamment à travers la référence à l'astrologie).
Tant que j'en suis à Sternberg, j'ajoute cette citation, qui donne un exemple d'attente à l'égard de la SF au milieu des années 50
Je n'ai pas d'a priori : cette liste peut être lue comme un signe d'une lecture métaphysique de la SF. En tout cas, il ne voulait pas spécialement d'aventure spatiale...« On verra avec stupeur qu’il n’était pas nécessaire d’être célèbre pour avoir des fulgurantes idées et que même certains écrivains médiocres pouvaient avoir de temps en temps une idée de choc. Mais plus importante que la liste de leurs noms sera l’encyclopédie de leurs trouvailles avec ses multiples subdivisions : le bottin de monstres recréés, les précis nouveaux de géométrie dans l’infini, le manuel des mille supplices inédits réservés à l’homme et le catalogue complet de tous les délires atteints et jetés au vent. » Sternberg, Id., p. 14-15
C'est marrant mais Terminus les étoiles , je n'ai jamais trouvé que c'était un roman sérieux , au contraire , il y a un réjouissant côté grand-guignolesque (que l'on retrouve dans une moindre mesure dans Les clowns de l'éden) qui fait que justement , je le préfère nettement à L'homme démoli .encore des aventures spatiales, mais sérieuses cette fois (Bester)
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"
Heu… oui, on se marre bien, quand même!Lem a écrit :"Allons… voyons… la vie est magnifique !"Lensman a écrit :Pourquoi parler de "réenchantement"? Le spectacle du monde est un spectacle qui passionne. (…)
Quelle drôle d'idée de "réenchanter" un monde qui est un spectacle en lui-même. Qui donc aurait perdu le plaisir de ce spectacle? (…)
Oncle Joe
Voilà qui est assez contradictoire avec ce que raconte Sadoul de son côté sur la période :Silramil, citant Sternberg a écrit :Cette Science Fiction nous arrivait des Etats-Unis sans explications préalables, sans mode d’emploi, débarquée sur le marché comme une denrée commerciale inscrite au programme du plan Marshall // et on admit ce nouveau produit littéraire avec un certain mépris, comme on avait admis le Coca-Cola, à contre cœur et sans s’y intéresser.
L'existence d'une riche SF américaine et des possibilités contenues dans ce genre de littérature furent révélées par Claude Elsen, dans un article publié en 1950 dans Le Figaro : "La science-fiction remplacera-t-elle le roman policier ?" Cet article avait été écrit à la suite d'une rencontre d'Elsen avec Gallet, le fan de la première heure. L'enthousiasme de Gallet, communiqué à Claude Elsen, parvint jusqu'aux grands éditeurs qui envisagèrent alors de créer des collections spécialisées.
(…)
Un mouvement d'intérêt en faveur de la SF se dessina à cette époque. En mars 1951, dans la revue Critique, Raymond Queneau publia un article : "Un nouveau genre littéraire : les sciences-fictions", bientôt suivi en octobre de la même année par Boris Vian et Stephen Spriel avec "un nouveau genre littéraire : la science-fiction". D'autres articles consacrés à la SF furent publiés entre 1951 et 1953 dans de nombreuses revues littéraires sous la plume d'écrivains tels que Michel Carrouges, Jacques Audiberti, etc. Enfin, Michel Butor, dans le numéro de mai 1953 des Cahiers du Sud, pubia une étude assez mal informée : "la crise de croissance de la science-fiction". Par ailleurs, Boris Vian fit paraître, au début de l'année 52, dans l'hebdomadaire France-Dimanche, une série de traductions d'excellentes nouvelles de SF américaines (Bradbury, Leinster, etc.) Puis, dans le numéro du 1er juin 1953 du Mercure de France, il traduisit le remarquable récit de Lewis Padgett, Tout smouales étaient les borogoves. On le voit, en ce début des années 50, un mouvement d'intérêt s'était créé en faveur de la SF qui, dans notre pays avait pris un bon départ.
En effet.
La manière dont Sadoul présente les choses est typique du scénario du "rendez-vous manqué" : il s'en est fallu de peu que la SF n'entre dans les sphères littéraires les plus respectables et respectées.
Sternberg lui-même en parle d'une manière cohérente avec ce que dit Sadoul
J'analyse les événements de manière un peu différente : pour moi, c'est un malentendu. Vian et Queneau défendent la voie de l'imagination débridée, mais pas du tout celle de l'adaptation. Il n'est pas question de faire de la SF une littérature française. Ils ne sont pas des défenseurs de la SF, mais de certaines possibilités symbolisées, parmi d'autres par la SF (possibilités que chacun explore d'une manière qui n'est pas, à mon sens restreint, de la SF).
Néanmoins, rendez-vous manqué ou malentendu, l'impression d'une introduction positive de la SF dans la culture française n'est pas confirmée par les faits, justement.
Ce qui est significatif, c'est le contraste entre le discours valorisant et les textes publiés : on nous promet des choses grandioses, et tout ce qu'on reçoit, ce sont des invasions extraterrestres !
En somme, le relatif respect lettré (qui se maintient indéfectiblement, mais en choisissant ses oeuvres, cf le procès en dissolution) n'a rien à voir avec le déni massif de tous ces lecteurs qui ne veulent rien avoir à faire avec les petits hommes verts.
La manière dont Sadoul présente les choses est typique du scénario du "rendez-vous manqué" : il s'en est fallu de peu que la SF n'entre dans les sphères littéraires les plus respectables et respectées.
Sternberg lui-même en parle d'une manière cohérente avec ce que dit Sadoul
Ce scénario est répercuté depuis et repris couramment.p. 5-6 : « En 195[1], on faillit même // croire que la Science Fiction allait faire son entrée officielle dans les mœurs littéraires : la revue Les Temps Modernes laissait en effet Stephen Spriel et Boris Vian défendre la Science Fiction. »
P. 6 : « En 1953, Les Cahiers du Sud, Le Mercure de France et Esprit ouvraient également leurs sommaires à d’importantes études consacrées à la Science Fiction. Quelques mois plus tard, apparaissaient les deux premières revues spécialisées : Fiction et Galaxie. »
J'analyse les événements de manière un peu différente : pour moi, c'est un malentendu. Vian et Queneau défendent la voie de l'imagination débridée, mais pas du tout celle de l'adaptation. Il n'est pas question de faire de la SF une littérature française. Ils ne sont pas des défenseurs de la SF, mais de certaines possibilités symbolisées, parmi d'autres par la SF (possibilités que chacun explore d'une manière qui n'est pas, à mon sens restreint, de la SF).
Néanmoins, rendez-vous manqué ou malentendu, l'impression d'une introduction positive de la SF dans la culture française n'est pas confirmée par les faits, justement.
Ce qui est significatif, c'est le contraste entre le discours valorisant et les textes publiés : on nous promet des choses grandioses, et tout ce qu'on reçoit, ce sont des invasions extraterrestres !
En somme, le relatif respect lettré (qui se maintient indéfectiblement, mais en choisissant ses oeuvres, cf le procès en dissolution) n'a rien à voir avec le déni massif de tous ces lecteurs qui ne veulent rien avoir à faire avec les petits hommes verts.
A propos de Queneau, je trouve ceci dans sa biographie (Queneau, de Michel Lécureur, éditions Archimbaud) :
En 1950, il suggère un recueil d'écrits courts de jeunes écrivains qui annonce sans doute L'Anthologie des jeunes auteurs. Dans la même note, il s'enquiert auprès de Gaston Gallimard de la couverture et du titre de la collection de science-fiction qui est en préparation. Gaston choisit d'abord de l'appeler "collection atomique" mais en définitive, ce sera "le Rayon fantastique", bien plus évocateur et attrayant. Boris Vian y participera en traduisant deux ouvrages de A. E. Van Vogt, Le monde des A et Les aventures de A (les joueurs). Suggérée par Pilotin, l'ambition était " de faire connaître les meilleurs ouvrages de science-fiction et les romans fantastiques les plus originaux d'auteurs français ou étrangers. Comme à son habitude, Queneau multiplie les lectures pour communiquer ses avis à Gaston Gallimard. Le 15 mai 1951, il signale que Les chroniques martiennes de Bradbury l'ont enthousiasmé. Les expressions qui viennent alors sous sa plume sont "Quasi géniales. Tout à fait exceptionnelles (qualité littéraire). Passionnant (qualité commerciale)." Démons et merveilles de Lovecraft son jugés "de grande classe" (qualité littéraire) et passionnants (qualité commerciale)". Quant à Cailloux dans le ciel, d'Asimov, il est jugé "excellent" et tout aussi "passionnant" que les deux précédents. Queneau ne s'arrête pas là. Il lit également Cristal qui songe de Sturgeon ; Encore un peu de verdure de Ward Moore ; L'homme qui vendit la lune d'Heinlein ; La faune de l'espace et Le monde des A, de Van Vogt, etc. La collection, qui connut un certain succès, dura plusieurs années.
C'est marrant, la liste des titres signalés par Queneau est exactement celle qui est attribuée à Pilotin. Ils se connaissaient, donc ça n'a rien d'étonnant. (merci pour la référence!)
cela dit, l'intérêt de Queneau pour la SF est indéniable, et je en conteste pas sa compétence... mais ses objectifs : il s'y intéresse mais ne cherche pas à la promouvoir après son lancement initial.
cela dit, nous nous éloignons de la question initiale
si l'image de la SF est donnée en grande partie par les 3 collections pendant les années 50, quel rapport avec la métaphysique ?
cela dit, l'intérêt de Queneau pour la SF est indéniable, et je en conteste pas sa compétence... mais ses objectifs : il s'y intéresse mais ne cherche pas à la promouvoir après son lancement initial.
cela dit, nous nous éloignons de la question initiale
si l'image de la SF est donnée en grande partie par les 3 collections pendant les années 50, quel rapport avec la métaphysique ?
Où veux-je en venir ?
Je ne veux pas ridiculiser cette SF, sur laquelle je travaille parce que je l'apprécie.
Je ne veux pas démontrer par cette litanie simplifiée que la métaphysique et les thèmes divins n'interviennent pas dans la SF
Je veux simplement affirmer ceci : le déni vient surtout de cet effet de litanie et de répétition d'objets qui n'ont aucune espèce de sérieux à l'époque, extraterrestres et vaisseaux spatiaux.
Et que je ne vois pas, honnêtement, ce qu'on peut démontrer d'autre, à partir de ces titres.
Modifié en dernier par silramil le mar. mars 02, 2010 3:52 pm, modifié 1 fois.
"tu lis de la SF ? Mais c'est con la SF !?!" (sic le fils - à peu près la trentaine à l'époque - de mon beau-père du moment, vers 2002-2003)silramil a écrit : En somme, le relatif respect lettré (qui se maintient indéfectiblement, mais en choisissant ses oeuvres, cf le procès en dissolution) n'a rien à voir avec le déni massif de tous ces lecteurs qui ne veulent rien avoir à faire avec les petits hommes verts.
Toute la métaphysique de ce monde et des autres ne pourra rien changer à ce type de réactions.
Et, corollaire : s'il y a (et j'accepte de considérer cette hypothèse) une partie, voire une majorité, du déni lettré qui s'explique en fonction de la métaphysique, ce déni me paraît anecdotique rapporté au rejet général des images grotesques.Sand a écrit :"tu lis de la SF ? Mais c'est con la SF !?!" (sic le fils - à peu près la trentaine à l'époque - de mon beau-père du moment, vers 2002-2003)silramil a écrit : En somme, le relatif respect lettré (qui se maintient indéfectiblement, mais en choisissant ses oeuvres, cf le procès en dissolution) n'a rien à voir avec le déni massif de tous ces lecteurs qui ne veulent rien avoir à faire avec les petits hommes verts.
Toute la métaphysique de ce monde et des autres ne pourra rien changer à ce type de réactions.
Histoire de mettre à plat ma position actuelle (qui a évolué)
- Deux sources, sinon plus, d'acceptation :
+ le cercle lettré/intellectuel, qui attribue la légitimité
+ l'avis général, qui attribue une validation cuturelle
(à déconnecter des circuits internes de légitimation, qui valorisent pour les fans uniquement).
- Mécanismes du rejet/déni selon les sources
+ cercle lettré :
o sources d'intérêt : on y trouve des sources de réflexion ; de la poésie étrange ; une vision du monde ; une stimulation intellectuelle + "c'est le genre par excellence de la modernité, de l'âge atomique".
o sources de rejet : ce n'est pas sérieux ; ça fait bon marché de la science ; c'est répétitif ; c'est laid ; + "c'est de la métaphysique de bazar"
+ avis général :
o sources d'intérêt : c'est impressionnant ; ça emporte ; ça fait s'évader ; ça apprend des choses sur le futur ; c'est rigolo ; ça détend ; + "c'est surtout bien au cinéma"
o sources de rejet : c'est répétitif, c'est laid, il y a plein de trucs qui n'existent pas ; ça ne me parle pas de moi ; c'est dur à lire ; + "c'est vraiment pour les pervers ces lézards à gros seins".
Cet échafaudage, bien sûr n'engage que moi.
C'est un plan ?silramil a écrit :Histoire de mettre à plat ma position actuelle (qui a évolué)
- Deux sources, sinon plus, d'acceptation :
+ le cercle lettré/intellectuel, qui attribue la légitimité
+ l'avis général, qui attribue une validation cuturelle
(à déconnecter des circuits internes de légitimation, qui valorisent pour les fans uniquement).
- Mécanismes du rejet/déni selon les sources
+ cercle lettré :
o sources d'intérêt : on y trouve des sources de réflexion ; de la poésie étrange ; une vision du monde ; une stimulation intellectuelle + "c'est le genre par excellence de la modernité, de l'âge atomique".
o sources de rejet : ce n'est pas sérieux ; ça fait bon marché de la science ; c'est répétitif ; c'est laid ; + "c'est de la métaphysique de bazar"
+ avis général :
o sources d'intérêt : c'est impressionnant ; ça emporte ; ça fait s'évader ; ça apprend des choses sur le futur ; c'est rigolo ; ça détend ; + "c'est surtout bien au cinéma"
o sources de rejet : c'est répétitif, c'est laid, il y a plein de trucs qui n'existent pas ; ça ne me parle pas de moi ; c'est dur à lire ; + "c'est vraiment pour les pervers ces lézards à gros seins".
Résultat en 1960 : "la SF, acceptable, ou non?"
Avis général : ça ne rime à rien ces trucs avec des estratéress', d'ailleurs on m'a parlé d'un film où un type avec une combinaison en caoutchouc était mangé par un lézard géant. Moi les trucs fantastiques, comme ça, ça m'ennuie, même si j'aime bien quand ça fait peur. (= pas question de valider un truc pareil).
Avis lettré : il ne faudrait pas confondre la véritable SF, comme Bradbury ou Lovecraft, avec le tout venant des soucoupes volantes. Dans Bradbury et Lovecraft, il y a une vraie pensée, une manière de produire du fantastique avec des images de la science. Au fond, comme toute bonne littérature, ce genre de fiction parle de l'homme, avant tout. (= on peut en lire, à condition de faire preuve de discernement.)
Résultat actuel : "la SF, acceptable, ou non?"
Avis général : ça fait partie du paysage, il arrive que ce soit sympa, d'ailleurs j'ai des potes qui adorent ça, ils connaissent par coeur la Guerre des étoiles et ils m'ont conseillé le dernier Werber. (= validé culturellement, mais pas vraiment dans le détail)
Avis lettré : il y a des choses intéressantes, tenez, d'ailleurs, lisez donc le dernier Houellebecq ; cela dit, on y trouve plein de machins pas très propres, qu'un certain peuple apprécie, c'est un phénomène de société ; mais bon, ce n'est pas parce qu'il y a des Macdonalds qu'on ne peut pas apprécier une bonne viande (= légitime si c'est distingué de la SF populaire ; accord de principe pour valider culturellement la SF populaire, vu que la masse le fait et en achète).
Avis général : ça ne rime à rien ces trucs avec des estratéress', d'ailleurs on m'a parlé d'un film où un type avec une combinaison en caoutchouc était mangé par un lézard géant. Moi les trucs fantastiques, comme ça, ça m'ennuie, même si j'aime bien quand ça fait peur. (= pas question de valider un truc pareil).
Avis lettré : il ne faudrait pas confondre la véritable SF, comme Bradbury ou Lovecraft, avec le tout venant des soucoupes volantes. Dans Bradbury et Lovecraft, il y a une vraie pensée, une manière de produire du fantastique avec des images de la science. Au fond, comme toute bonne littérature, ce genre de fiction parle de l'homme, avant tout. (= on peut en lire, à condition de faire preuve de discernement.)
Résultat actuel : "la SF, acceptable, ou non?"
Avis général : ça fait partie du paysage, il arrive que ce soit sympa, d'ailleurs j'ai des potes qui adorent ça, ils connaissent par coeur la Guerre des étoiles et ils m'ont conseillé le dernier Werber. (= validé culturellement, mais pas vraiment dans le détail)
Avis lettré : il y a des choses intéressantes, tenez, d'ailleurs, lisez donc le dernier Houellebecq ; cela dit, on y trouve plein de machins pas très propres, qu'un certain peuple apprécie, c'est un phénomène de société ; mais bon, ce n'est pas parce qu'il y a des Macdonalds qu'on ne peut pas apprécier une bonne viande (= légitime si c'est distingué de la SF populaire ; accord de principe pour valider culturellement la SF populaire, vu que la masse le fait et en achète).
Modifié en dernier par silramil le mar. mars 02, 2010 4:29 pm, modifié 1 fois.