Lem a écrit :Roland C. Wagner a écrit :Il y a quand même un truc qui me chiffonne… Pourquoi faudrait-il à toute force une source de déni cachée, alors qu'on a déjà, entre autres choses, la technique et les lézards à gros seins ?
Bonne question, au fond.
Dans la préface, j'ai listé les motifs de déni connus (disons, les plus importants, les plus souvent cités), je leur ai trouvé des contre-exemples et j'en ai déduit qu'ils ne suffisaient pas. Mais cette déduction est une rationalisation ad post de :
– Si les motifs MR jouent, dans la SF, un rôle aussi important que… mettons celui décrit par GK ou Clute & Nicholls pour éviter de ré-invoquer ma propre subjectivité, est-il concevable qu'ils n'aient pas contribué au déni dans une culture où le métaphysique et le religieux sont tombés en désuétude ?
Ben oui. Tout à fait.
Entre autres parce qu'en science-fiction :
1) "le métaphysique" s'appuie sur la science, il n'est pas innocent que la forme moderne du genre apparaisse dans la décennie même où Hubble découvre l'existence des galaxies ;
2) "le religieux" n'est en général pas du tout traité
ad majorem dei gloriam.
Lem a écrit :– Le déni émane de sources si diverses (les littéraires, les scientifiques, les gens cultivés, les gens non-cultivés, la droite, la gauche, etc.), il prend des formes si contradictoires (le nombre de gens qui disent "j'ai aimé tel livre, tel film, tel auteur, et pourtant je déteste la SF"), parfois si absurdement violentes (cf Tournier ou Rinaldi), il est tellement durable – Renard le ressentait déjà… On l'a intériorisé depuis longtemps, on vit dedans, on finit par ne plus s'en apercevoir. Mais dès qu'on fait un pas de côté et qu'on le regarde comme un phénomène culturel, on s'aperçoit qu'il a quelque chose d'anormal.
Et tu ne t'es pas dit que les réactions violentes sont dues au fait que leurs auteurs n'y entravent que dalle, tout simplement ?
Je veux dire, un mec qui se branle sur le style, on peut pas lui demander de saisir des concepts élaborés nécessitant un minimum de culture scientifique.
Ma prof de français, en troisième, était catastrophée de me voir lire de la science-fiction. C'était une littéraire, euh, "pure".
Celui que j'avais en cinquième et en quatrième nous lisait des nouvelles tirées de
Fiction. Il donnait aussi, par pure passion, des cours d'électronique aux élèves que ça intéressait, on démontait des télés, des radios, tout ça.
Cherchez l'erreur.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)
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