Robert SHECKLEY - La Dimension des miracles

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Nébal
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Robert SHECKLEY - La Dimension des miracles

Message par Nébal » mer. août 11, 2010 8:54 am

Hop !

« La journée avait été très peu satisfaisante, comme à l’accoutumée. » Et, effectivement, on ne peut pas dire que la vie de Tom Carmody, à première vue, soit très palpitante ; mais c’était sans compter sur le Sweepstake Intergalactique ! Un « Envoyé » déboule dans l’appartement de Carmody, et lui annonce qu’il a gagné un Prix. Pour le récupérer, il doit l’accompagner au Centre Galactique. Carmody – après s’être interrogé sur sa santé mentale – se dit que pourquoi pas, après tout, et accompagne l’intrus. Là, après quelques quiproquos et dialogues au choix kafkaïens ou ionesciens, on lui remet son Prix, un être pensant et métamorphe. Bon, très bien.

Maintenant, il s’agit de revenir sur Terre.

Et c’est là que les choses se corsent (boum). Car il faut connaître pour ce faire les coordonnées OQQ (Où ? Quand ? Quelle ?), et ça, Carmody n’en sait strictement rien, et personne ne semble prêt à l’aider. Or son problème est aggravé par la Loi de la prédation universelle : Carmody est en effet poursuivi par un carmodyphage qui en veut à sa peau, et est prêt à toutes les ruses pour le becqueter. Commence alors pour notre « héros » un long périple hystérique à travers l’espace et le temps pour regagner notre bonne vieille planète bleue, à la bonne époque, et dans la bonne version, avec une sale bébête à ses trousses…

Un roman, La Dimension des miracles ? Oui, dans le sens où il y a bien une histoire, un fil rouge, qui va du début à la fin. Mais disons-le franchement : c’est avant tout le prétexte à une succession de saynètes toutes plus jubilatoires les unes que les autres. Bien sûr, je ne vais pas vous en dévoiler ici le fond ; mais disons simplement que, entre autres, nous aurons l’occasion de voir Carmody tailler la causette avec un dieu, en apprendre un peu plus sur l’origine de la Terre et de la science, découvrir ce qu’il y avait avant l’homme, consommer, consommer et consommer, et souffrir mille morts dans l’enfer de Bellwether. Autant de passages souvent hilarants, très bien vus, pratiquant toutes sortes de formes d’humour, allant du burlesque à l’absurde en passant par la satire et le comique de répétition. Et s’il est ici un auteur avec lequel j’aurais envie de faire un lien de parenté, bien plus que Fredric Brown ou Douglas Adams, ce serait Terry Pratchett, quand il est au sommet de sa forme.

Car La Dimension des miracles déborde littéralement d’idées géniales. C’est un roman d’une inventivité surprenante, où chaque page ou presque recèle une idée qui pourrait à elle seule donner prétexte à une nouvelle ; instant réac : c’est pas pour dire, mais ce genre de richesse est devenu bien rare de nos jours, ma bonne dame (c’était mieux avant…).

On admirera tout particulièrement les « dialogues philosophiques » généralement très savoureux, quoique un tantinet puérils à l’occasion, notamment quand la question de la religion entre en jeu (c’est régulièrement le cas, c’est un thème dominant du roman), mais peu importe : le plaisir reste intact, et c’est avec un constant sourire aux lèvres que l’on parcourt les divagations absurdes de Carmody et de ses interlocuteurs tous plus farfelus et nonsensiques les uns que les autres. Les jeux de logique auxquels on aboutit auraient de quoi réjouir un Lewis Carroll.

Un seul regret dans tout ça (minime) : une traduction qui a sans doute un peu vieilli, et qui aurait peut-être gagné à être dépoussiérée un chouia. Mais c’est vraiment pour pinailler.

Vous l’aurez compris, en ce qui me concerne, cette fois, avec La Dimension des miracles, nous sommes bien face à un grand classique de la science-fiction qui n’a pas usurpé sa réputation, et qui vaut toujours le détour aujourd’hui. Ce court roman se dévore en quelques heures à peine de pur bonheur, les pages défilent sans qu’on y prenne garde, et on arrive à la fin sans avoir vu le temps passer.

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Chaos Prayer
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Message par Chaos Prayer » mar. août 24, 2010 1:19 pm

Je suis en train de le lire, et c'est vraiment très sympa. L'humour décalé et un peu pince sans rire de Sheckley est bien meilleur au style trop souvent potache d'Adams. A mon humble avis. J'en redemande :)

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Florent
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Message par Florent » sam. sept. 18, 2010 9:11 am

J'ai toujours du mal avec cet auteur. Il ne fait aucun effort pour installer un décor, une ambiance, caractériser ses personnages... Ses histoires sont des espèces de fables où il ne cherche pas à raconter une histoire, mais à distiller un message. Donc voilà, on a ce type lambda qui se balade de dimension en dimension, prétexte pour l'auteur qui s'amuse bien, puis ça finit en queue de poisson. Le cadeau remporté à la loterie, on se demande bien à quoi il sert, il n'est pas du tout exploité, comme peut l'être le coffre vivant dans LA HUITIEME COULEUR de Terry Pratchett par exemple. Quand on utilise un objet vivant dans une intrigue, on l'utilise.

A mon avis, un auteur fait pour les histoires très courtes, comme avec LE PRIX DU DANGER, mais pas du tout pour les romans.

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Nébal
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Message par Nébal » sam. sept. 18, 2010 9:17 am

Florent a écrit :Le cadeau remporté à la loterie, on se demande bien à quoi il sert, il n'est pas du tout exploité, comme peut l'être le coffre vivant dans LA HUITIEME COULEUR de Terry Pratchett par exemple. Quand on utilise un objet vivant dans une intrigue, on l'utilise.
C'est comme le chat dans Une porte sur l'été, en somme.

Pardon.

Pardon.

Pardon.


Plus sérieusement, pour moi, qu'on se demande bien à quoi il serve, c'est justement tout l'intérêt de la chose, mais bon...

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Aldaran
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Message par Aldaran » sam. sept. 18, 2010 10:48 am

Florent a écrit :A mon avis, un auteur fait pour les histoires très courtes, comme avec LE PRIX DU DANGER, mais pas du tout pour les romans.
J'ai un autre avis : ses romans sont bons, ses nouvelles excellentes.

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