La jungle nue, Philip José Farmer
Posté : dim. déc. 12, 2010 3:50 pm
Je parle ici de ce livre au lieu d'aborder le sujet dans le fil sur Farmer parce que je voudrais avoir l'avis de personnes qui ont lu ce roman-ci spécifiquement. Et je préfère prévenir, vu les propos explicites du livres, je vais me permettre d'utiliser un langage tout autant explicite.
Je suis sortie perplexe de La jungle nue. Mais pas du type de perplexité avec bouillonnement d'idées, même si on n'est pas d'accord avec celles-ci (surtout si on n'est pas d'accord avec celles-ci). Plutôt de celle de la lectrice qui se demande comment Sturgeon et d'autres peuvent avoir vu dans ce livre tellement de choses à admirer alors que bon, voilà quoi.
J'explique ce que je veux dire par là. En glanant des informations sur internet, j'ai vu deux choses: la libération sexuelle et le fait de briser les tabous. Oui. Bon.
Tout d'abord, de libération sexuelle ici, j'en vois une modérée et pas si innovante que ça. D'accord, Farmer a (re)donné une sexualité (démesurée) à des êtres (démesurés) qui n'en avait pas dans la "littérature classique". Ça d'accord. Mais de là à parler de libération sexuelle et à mettre en avant le fait qu'il a le courage de briser des tabous, je ne sais pas...
Pour moi, sexualité à outrance ne veut pas dire libération sexuelle. Nous avons ici un auteur qui, au milieu d'un nombre incroyablement élevé d'éjaculations dans le vide suite à des massacres provoquant les jouissances à répétition (ah oui, voilà les tabous brisés, effectivement ^_^), nous offre quelques scènes de sexe dont aucune si je me souviens bien n'est une simple pénétration avec partage non forcé de la jouissance. Ici, dans les relations sexuelles mises en avant par Farmer, il y a toujours un fortement dominant et un dominé (entre viols et jeux de langues, apparemment on n'a pas le droit de jouir "en même temps" quand on se libère sexuellement).
Si on ne s'attaque pas aux actes décrits et qu'on s'en tient à la théorie énoncée par le personnage principal, on se retrouve avec la mise en avant d'un schéma animal des relations sexuelles. Idée intéressante, sauf que le schéma proposé ressemble furieusement à la sexualité des humains, y compris pour l'aspect adolescent si on considère les considérations à la mode à l'époque à laquelle est sorti ce livre (découverte et exploration de l'homosexualité en tant qu'ado, relation plus exclusive ET hétérosexuelle comme adulte, et une revendication à la possibilité d'aller voir ailleurs).
Mais ce qui me dérange dans tout ça, c'est que ça ressemble plus à des belles paroles qu'à des convictions. Prenons le cas de l'homosexualité: le personnage dit ne rien avoir contre, que c'est une étape à vivre dans une sexualité normale et épanouie et qu'il a eu lui même des relations homosexuelles. Cependant , quand quelqu'un a le malheur de sous-entendre qu'un autre personnage, et surtout le personnage principal, serait homo, bonjour les réactions de vierge effarouchée ("meuh non, pas moi, quess tu vas t'imaginer, retire ça tout de suite!"). Sans oublier que le seul personnage ouvertement homosexuel de l'histoire n'est pas des plus reluisants (un violeur) et semble être présenté comme n'ayant pas su passer au stade "adulte" des relations intimes entre humains. Dès lors, j'ai eu l'impression que Farmer avançait des choses, mais qu'au fond, il n'y croyait pas forcément. Du coup, je n'ai pas pu m'empêcher de voir dans ce livre surtout de la provocation gratuite et facile...
Alors oui, je comprends les principes du monsieur, et appliqués différemment, je les aurais mêmes applaudis. Mais zut, je ne vois vraiment pas comment prendre du plaisir en lisant un livre qui, entre les éjaculations interminables suivant des massacres de plus en plus écœurants à la limite du supportable (je pense notamment à un anus découpé de manière à faire se déverser les intestins)(à noter que je fréquente pourtant films d'horreur et films gores depuis ma pré-adolescence)(enfin, pas pour les gores, mais pour les horreurs bien) et scènes sexuelles dénuées de tout caractère érotique, sans parler de passages d'un sadisme qui peut être difficile à supporter (dégustation de couilles et clitoris (parce que le clitoris, c'est bon, miam miam), ce dernier étant arraché à une femme qui, étonnamment, n'arrive pas à se détendre et à profiter de la situation)(non, sans blague!).
Bon, j'ai peut-être tout compris de travers. Cependant, j'ai déjà lu des livres provocs, et quand cette provocation semblait appuyer un fond intéressant et à creuser, oui, d'accord. Mais quand elle veut juste choquer pour choquer, sans même permettre au lecteur de prendre le roman au second degré pour s'amuser de tout ça, ben non, là, je n'achète pas. Maintenant, comme je l'ai dit, j'ai peut-être loupé quelque chose. Pour ça que j'en parle ici, pour que les experts ès Farmer m'expliquent ce livre et pourquoi eux l'ont (éventuellement) aimé...
J'en parle de manière détaillée ici.
Je suis sortie perplexe de La jungle nue. Mais pas du type de perplexité avec bouillonnement d'idées, même si on n'est pas d'accord avec celles-ci (surtout si on n'est pas d'accord avec celles-ci). Plutôt de celle de la lectrice qui se demande comment Sturgeon et d'autres peuvent avoir vu dans ce livre tellement de choses à admirer alors que bon, voilà quoi.
J'explique ce que je veux dire par là. En glanant des informations sur internet, j'ai vu deux choses: la libération sexuelle et le fait de briser les tabous. Oui. Bon.
Tout d'abord, de libération sexuelle ici, j'en vois une modérée et pas si innovante que ça. D'accord, Farmer a (re)donné une sexualité (démesurée) à des êtres (démesurés) qui n'en avait pas dans la "littérature classique". Ça d'accord. Mais de là à parler de libération sexuelle et à mettre en avant le fait qu'il a le courage de briser des tabous, je ne sais pas...
Pour moi, sexualité à outrance ne veut pas dire libération sexuelle. Nous avons ici un auteur qui, au milieu d'un nombre incroyablement élevé d'éjaculations dans le vide suite à des massacres provoquant les jouissances à répétition (ah oui, voilà les tabous brisés, effectivement ^_^), nous offre quelques scènes de sexe dont aucune si je me souviens bien n'est une simple pénétration avec partage non forcé de la jouissance. Ici, dans les relations sexuelles mises en avant par Farmer, il y a toujours un fortement dominant et un dominé (entre viols et jeux de langues, apparemment on n'a pas le droit de jouir "en même temps" quand on se libère sexuellement).
Si on ne s'attaque pas aux actes décrits et qu'on s'en tient à la théorie énoncée par le personnage principal, on se retrouve avec la mise en avant d'un schéma animal des relations sexuelles. Idée intéressante, sauf que le schéma proposé ressemble furieusement à la sexualité des humains, y compris pour l'aspect adolescent si on considère les considérations à la mode à l'époque à laquelle est sorti ce livre (découverte et exploration de l'homosexualité en tant qu'ado, relation plus exclusive ET hétérosexuelle comme adulte, et une revendication à la possibilité d'aller voir ailleurs).
Mais ce qui me dérange dans tout ça, c'est que ça ressemble plus à des belles paroles qu'à des convictions. Prenons le cas de l'homosexualité: le personnage dit ne rien avoir contre, que c'est une étape à vivre dans une sexualité normale et épanouie et qu'il a eu lui même des relations homosexuelles. Cependant , quand quelqu'un a le malheur de sous-entendre qu'un autre personnage, et surtout le personnage principal, serait homo, bonjour les réactions de vierge effarouchée ("meuh non, pas moi, quess tu vas t'imaginer, retire ça tout de suite!"). Sans oublier que le seul personnage ouvertement homosexuel de l'histoire n'est pas des plus reluisants (un violeur) et semble être présenté comme n'ayant pas su passer au stade "adulte" des relations intimes entre humains. Dès lors, j'ai eu l'impression que Farmer avançait des choses, mais qu'au fond, il n'y croyait pas forcément. Du coup, je n'ai pas pu m'empêcher de voir dans ce livre surtout de la provocation gratuite et facile...
Alors oui, je comprends les principes du monsieur, et appliqués différemment, je les aurais mêmes applaudis. Mais zut, je ne vois vraiment pas comment prendre du plaisir en lisant un livre qui, entre les éjaculations interminables suivant des massacres de plus en plus écœurants à la limite du supportable (je pense notamment à un anus découpé de manière à faire se déverser les intestins)(à noter que je fréquente pourtant films d'horreur et films gores depuis ma pré-adolescence)(enfin, pas pour les gores, mais pour les horreurs bien) et scènes sexuelles dénuées de tout caractère érotique, sans parler de passages d'un sadisme qui peut être difficile à supporter (dégustation de couilles et clitoris (parce que le clitoris, c'est bon, miam miam), ce dernier étant arraché à une femme qui, étonnamment, n'arrive pas à se détendre et à profiter de la situation)(non, sans blague!).
Bon, j'ai peut-être tout compris de travers. Cependant, j'ai déjà lu des livres provocs, et quand cette provocation semblait appuyer un fond intéressant et à creuser, oui, d'accord. Mais quand elle veut juste choquer pour choquer, sans même permettre au lecteur de prendre le roman au second degré pour s'amuser de tout ça, ben non, là, je n'achète pas. Maintenant, comme je l'ai dit, j'ai peut-être loupé quelque chose. Pour ça que j'en parle ici, pour que les experts ès Farmer m'expliquent ce livre et pourquoi eux l'ont (éventuellement) aimé...
J'en parle de manière détaillée ici.