Hop !
L'Ecorcobaliseur de Berengére Cournut et un OLNI de belle facture publié par les éditions Attila, déjà responsables des Jardins statuaires et des Mers perdues dont j'ai pu parler à l'occasion de mon article sur Le Cycle des contrées de Jacques Abeille.
L'écorcobaliseur, mot inspiré d'un poéme d'Henri Michaux reproduit en première page, est le nom, bien étrange certes, d'un personnage. Dans la petite île bien-pensante de Menfrez, ce personnage malfamé disparait en emportant la tête coupé de son frère aîné. Leur soeur cadette, l'isandreline, héroïne du roman dont elle est d'ailleurs la narratrice un chapitre sur deux (l'autre est curieusement raconté à la troisième personne), et qui sait bien que le frére aîné, l'anicétonque, est vivant, part à la recherche de ses deux fréres. Il importe que la fratrie se reconstitue, car leur relation fusionnelle est celle d'un univers à eux seul. D'ailleurs, l'écorcobaliseur est incapable de penser sans son frère et sa soeur.
Pour cette quête, l'isandreline est pleine de ressource, car elle est sa fratrie sont de prodigieux inventeurs de machines étranges. A travers cet univers insituable mais essentiellement maritime, son voyage la mènera sur l'île de La-Mer, où vivent au côté des pêcheurs des Bédouins amenés avec leurs dunes par une tempête de sable. Elle connaîtra également un petit voyage à travers le corps d'un marin où elle entendra le récit confié par son père disparu, puis retournera pour un plus grand voyage vers La-Mer, en compagnie de son père adoptif qui emmène avec lui le cercueil de son épouse.
Bref, c'est ouvertement surréaliste, d'un surréalisme particulier, qui peut être d'un burlesque rafraichissant comme cela est un peu devenu le tout-venant des héritiers bâtards du mouvement, mais aussi se rapprocher d'une forme plus originale, celle de Michaux avec laquelle la parenté est établie dés la première page déjà évoquée : mêmes images un peu trash, souvent organiques, et même fabuleuses spéculations pseudo-scientifiques, qui pour parodier la science-fiction n'en restent pas moins très cohérentes dans leurs raisonnements absurdes.
Pour renforcer ce haut patronage, vient le doubler celui du peintre surréaliste Victor Brauner, dont quatre tableaux viennent ouvrir les quatre parties du roman et ainsi témoigner du grand soin qu'apportent les éditions Attila à la confection de leurs ouvrages (à cet égard la revue de presse fantaisiste à l'intérieur de la couverture est plutôt amusante).
L'Ecorcobaliseur montre donc que le grand arbre généalogique du surréalisme peut encore réserver des surprises jusqu'à l'heure actuelle.
Pour clore cette chronique, selon mon habitude de l'URLite aigue, je renvoie à l'article qui m'a fait découvrir ce fabuleux OLNI, sur un site que j'ai déjà eu l'occasion d'évoquer: http://latavernedudogeloredan.blogspot. ... iseur.html
L'Ecorcobaliseur de Berengére Cournut
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Modifié en dernier par Soslan le lun. janv. 03, 2011 12:32 pm, modifié 1 fois.
"La Lune commence où avec le citron finit la cerise" (André Breton)
http://karelia.over-blog.com/
Et pour ne pas faire que ma propre promo :
http://musardises.moonfruit.fr/
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Pour le poème , c'est Le grand combat , un chef-d'oeuvre
"Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupète jusqu'à son drâle ;
Il le pratèle et le libucque et lui baroufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine ,
Le manage rape à ri et ripe à ra .
Enfin il l'écorcobalisse ..."
"Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupète jusqu'à son drâle ;
Il le pratèle et le libucque et lui baroufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine ,
Le manage rape à ri et ripe à ra .
Enfin il l'écorcobalisse ..."
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"