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Plaguers de Jeanne A Debats

Posté : jeu. janv. 13, 2011 11:07 am
par Lensman
Terminé Plaguers de Jeanne A Debats, paru chez l'Atalante.
Au début, on a l’impression qu’on va assister à un drame relationnel dans un refuge pour mutants adolescents… et on assiste effectivement à un drame relationnel dans un refuge pour mutants adolescents. Seulement, au lieu de s'en tenir à l’aspect pittoresque mais somme toute classique des chamailleries entre apprentis X Men que doit canaliser l’équipe des professeurs Xavier de service, l’histoire racontée par JAD va progressivement mettre l’accent sur la nature même des mutants en question, et la place qu’ils occupent dans le fonctionnement de l’univers, ou pour mieux dire, dans la trame même de l’univers. C’est cette double approche qui, par ses contrastes vertigineux, fait l’intérêt principal du roman (à mes yeux).
La conception du monde adoptée est celle du vitalisme, ou tout au moins d’une de ses variantes. On ne pas dire que ce soit la moins risquée (le New Age l'exploite jusqu'à l'écoeurement) , et pourtant JAD parvient à nous faire croire, le temps du récit, à sa plausibilité, ou à son caractère viable (si j’ose dire…), sans basculer dans la niaiserie. La fin, spectaculaire, évoque d’une certaine manière les visons de vieux maîtres comme John Taine ou Olaf Stapledon, avec une plongée dans un chaotique flot du temps en compagnie de faiseurs d’univers un rien inexpérimentés (ce qui ménage le suspense quand au sort réservé à la réalité…)
J’ai lu de ci de là, pour qualifier Plaguers, le terme d’ « optimisme » employé par quelques commentateurs. Sans doute s’explique-t-il par un choix idéaliste de l’auteur, sans doute accro à la vie et à son riche panel émotionnel et événementiel (chausse-trappes et râteaux compris). De fait, le ressenti du personnage principal – qui est aussi le narrateur – restera accessible au lecteur jusqu’aux ultimes métamorphoses, alors qu’on pourrait se dire qu’à ces niveaux, l’empathie avec l’homo sapiens de base n’est plus qu’anecdotique. Amour pour ses personnages, quand tu tiens leur concepteur…
La lecture de cette œuvre étonnante s’impose aux démoralisés de l’existence… ça ne les consolera qu’un moment, mais un moment, c’est déjà ça de pris !

Oncle Joe

Posté : jeu. janv. 13, 2011 11:37 am
par MF
Dis moi, Joe, t'as jamais pensé à faire critique professionnel ? ^^

Posté : jeu. janv. 13, 2011 11:40 am
par Lensman
MF a écrit :Dis moi, Joe, t'as jamais pensé à faire critique professionnel ? ^^
Vil scolopendre!
Oncle Joe

Posté : jeu. janv. 13, 2011 3:22 pm
par Hoêl
J'ai beaucoup apprécié le propos de fons également , même si je me suis posé des questions sur les "unis" et leurs évolutions , en particulier pour ce qui concerne les membres surnuméraires .
Par ailleurs , même si ce n'est pas mentionné , il m'a semblé qu'il s'agissait d'un roman "jeunesse" car les personnages et les thématiques sont quasi exclusivement centrés sur des ados -l'univers et les questionnements des ados sont particulièrement bien rendus d'ailleurs- ce qui risque d'en étonner plus d'un(e) .
J'ai quand même regretté que la miss prisonnière d'un corps masculin n'ait pas plus la parole , le thème passionnant a été un peu esquivé à mon goût .

Posté : jeu. janv. 13, 2011 3:47 pm
par Lensman
Hoêl a écrit :J'ai beaucoup apprécié le propos de fons également , même si je me suis posé des questions sur les "unis" et leurs évolutions , en particulier pour ce qui concerne les membres surnuméraires .
Par ailleurs , même si ce n'est pas mentionné , il m'a semblé qu'il s'agissait d'un roman "jeunesse" car les personnages et les thématiques sont quasi exclusivement centrés sur des ados -l'univers et les questionnements des ados sont particulièrement bien rendus d'ailleurs- ce qui risque d'en étonner plus d'un(e) .
J'ai quand même regretté que la miss prisonnière d'un corps masculin n'ait pas plus la parole , le thème passionnant a été un peu esquivé à mon goût .
Je me suis aussi posé la question sur la possible (voir probable) destination "jeunesse" initiale du livre, et j'ai même failli décider de ne pas le lire à cause de ce fort soupçon... Mais, finalement, je me suis dis que ce n'est pas parce que l'histoire est vue par un adolescent, que le livre est destiné automatiquement à être lu par un adolescent. Et je pense que si, finalement, il n'a pas été estampillé "jeunesse", ce n'est pas complètement par hasard. On a tendance à penser ça, au prétexte qu'une grande partie (beaucoup trop grande, me semble-t-il) de la littérature dite "jeunesse" fonctionne en obéissant au schéma que je trouve - c'est personnel - surévalué, réducteur et souvent... gonflant, du récit dit d'"apprentissage". Je suis étobnné quand on présnte ce procédé comme une "qualité" dans les critiques, moi, j'y vois souvent un défaut, en tout cas un gros risque de "conformisme". Dans Plaguers (tel que je l'ai lu, d'autres feront sans doute des analyses différentes, ce récit posant pas mal de problèmes intéressants), le personnage principal ne devient pas un adulte de l'espèce homo sapiens, il devient une créature autre. Tu auras noté l'infime critique que j'émets, quant à cette concession au sentimentalisme de l'humanité "classique" que fait l'auteur. J'accorde à cette dernière (l'auteur, pas l'humanité) le bénéfice de la pulsion d'ampathie (l'auteur aime l'humanité, va-t'en savoir pourquoi...la solidarité intra-espèce...)
Oncle Joe

Posté : jeu. janv. 13, 2011 4:01 pm
par Hoêl
Oui , la thématique ado se sent surtout dans les différentes quêtes identitaires , y compris sur le vaste bordel qu'ils vivent sur le plan sexuel , ce qui est rigolo , c'est qu'à partir d'éléments science-fictifs , Jeanne a bien rendu le bouillonnement effectif de cette période .
Pour la fin optimiste , ben , c'était ça ou plus rien , et comme c'est sous-entendu dans les dernières pages , ça c'est probablement produit ailleurs mais il ne reste plus personne pour en parler .

Posté : jeu. janv. 13, 2011 4:05 pm
par Lensman
Hoêl a écrit :Oui , la thématique ado se sent surtout dans les différentes quêtes identitaires , y compris sur le vaste bordel qu'ils vivent sur le plan sexuel , ce qui est rigolo , c'est qu'à partir d'éléments science-fictifs , Jeanne a bien rendu le bouillonnement effectif de cette période .
Pour la fin optimiste , ben , c'était ça ou plus rien , et comme c'est sous-entendu dans les dernières pages , ça c'est probablement produit ailleurs mais il ne reste plus personne pour en parler .
Voilà, c'est ça... perso, j'aurais préféré le "plus rien", mais il ne faut pas désespérer Billancourt, comme disait l'autre.
Oncle Joe

Posté : jeu. janv. 13, 2011 7:06 pm
par MF
Lensman a écrit :
Hoêl a écrit :Pour la fin optimiste , ben , c'était ça ou plus rien , et comme c'est sous-entendu dans les dernières pages , ça c'est probablement produit ailleurs mais il ne reste plus personne pour en parler .
Voilà, c'est ça... perso, j'aurais préféré le "plus rien", mais il ne faut pas désespérer Billancourt, comme disait l'autre.
Mouais...
Le "plus rien" a quand même été usé jusqu'à la corde.
Et reste, amy, une solution de facilité pour un auteur.

Re: Plaguers de Jeanne A Debats

Posté : jeu. janv. 13, 2011 7:40 pm
par Jean-Claude Dunyach
Lensman a écrit : La lecture de cette œuvre étonnante s’impose aux démoralisés de l’existence… ça ne les consolera qu’un moment, mais un moment, c’est déjà ça de pris !
C'est effectivement un livre étonnant, difficile à lâcher en ce qui me concerne. L'univers des ados ainsi décrit est remarquablement fouillé, et les dialogues sonnent superbement.
Ce qui est étonnant, c'est que ce livre marche pour des raisons indéfinissables qui tiennent au charme, à la magie, mais aussi à une puissance de conviction rarement rencontrée en SF. C'est ça qui m'a scotché dès le départ : un livre qui, d'entrée, te dit qu'il va falloir s'accrocher, mais qui te donne en échange quelque chose de fort.

Posté : jeu. janv. 13, 2011 11:02 pm
par Hoêl
MF a écrit :
Lensman a écrit :
Hoêl a écrit :Pour la fin optimiste , ben , c'était ça ou plus rien , et comme c'est sous-entendu dans les dernières pages , ça c'est probablement produit ailleurs mais il ne reste plus personne pour en parler .
Voilà, c'est ça... perso, j'aurais préféré le "plus rien", mais il ne faut pas désespérer Billancourt, comme disait l'autre.
Mouais...

Et puis , encore une fois , si on avait abouti au "plus rien" , y'aurait pas eu d'histoire à raconter...

Posté : jeu. janv. 13, 2011 11:07 pm
par Lensman
Hoêl a écrit :
MF a écrit :
Lensman a écrit :
Hoêl a écrit :Pour la fin optimiste , ben , c'était ça ou plus rien , et comme c'est sous-entendu dans les dernières pages , ça c'est probablement produit ailleurs mais il ne reste plus personne pour en parler .
Voilà, c'est ça... perso, j'aurais préféré le "plus rien", mais il ne faut pas désespérer Billancourt, comme disait l'autre.
Mouais...

Et puis , encore une fois , si on avait abouti au "plus rien" , y'aurait pas eu d'histoire à raconter...
Mouais... si on veut...
Oncle Joe

Posté : jeu. janv. 13, 2011 11:52 pm
par Razheem L'insensé
Très mitigé sur ce livre, je dois le critiquer depuis genre 3 semaines mais je suis pas emballé. le monde apo est pas exploité à part le passage en dehors, ça fait ENORMEMENT X-Men (l'école isolé, les pouvoirs extraordinaires, le devenir des normaux et des mutants...) Mais les personnages sont bien campés, c'est bien écrit et l'idée de la fusion est pas mal/ Par contre la fin...

Posté : jeu. janv. 13, 2011 11:54 pm
par Lensman
Razheem L'insensé a écrit : Par contre la fin...
Justement, tu en penses quoi ?
Oncle Joe

Posté : jeu. janv. 13, 2011 11:59 pm
par Razheem L'insensé
Je sais pas ce que l'auteur fume, mais j'en veux !
Sans plaisanter, j'ai pas aimé du tout, ça fait trop Deus ex Machina et je déteste ça. C'est too much pour ma personne.

Posté : ven. janv. 14, 2011 12:01 am
par Erion
"Deus ex Machina" ????
Euh, c'est quand même bien annoncé et on le suppute très rapidement ce qui peut/va se passer. Y'a des tas d'indices dans le récit.
Un "Deus ex Machina", c'est un truc qui arrive, sans prévenir, et résout tout sans avoir été annoncé auparavant.