Rêves de Gloire - R.C. Wagner
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- dracosolis
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Hé ! C'est MON idée !!!dracosolis a écrit :humLensman a écrit :[
Bref, je soupçonne toujours un peu (c'est mon côté "théorie du complot", à un niveau personnel...) les soi-disant "indifférents" qui le proclament d'avoir en réalité d'autres idées en tête. Mais j'admets que c'est une attitude un poil paranoïaque de ma part...
Oncle Joe
je savais que j'étais parano
zut
Oncle Joe
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Encore un point pour toi ! Le goût affiché de Cioran pour la paresse et l'inaction ne l'a pas empêché d'écrire une quinzaine de livres...Lensman a écrit : A mon sens, les gens qui publient des livres ne peuvent pas être indifférents. Les indifférents, on n'en entend pas parler.
Mais ce n'est qu'une remarque en passant sur ma manière de voir les choses...
Bref, je soupçonne toujours un peu (c'est mon côté "théorie du complot", à un niveau personnel...) les soi-disant "indifférents" qui le proclament d'avoir en réalité d'autres idées en tête.
Mais on ne peut pas douter de sa sincérité, quand on connaît un peu sa vie. C'est un type qui a toujours refusé le travail, notamment l'enseignement ou les responsabilités éditoriales. Il a vécu pauvre, sous les toits, en mangeant au restau universitaire. Et il n'a jamais connu de réel succès de librairie de son vivant... Je ne pense donc pas que son aboulie soit une simple pose, et encore moins un calcul (pour vendre des livres, par exemple, ou se prévaloir d'une petite notoriété).
Un Houellebecq ou un Bret Easton Ellis peuvent avoir ce cynisme-là. Pas Cioran, à mon avis.
"Si l'avenir n'est pas votre destination, le moment est peut-être venu de débarquer" (R. Powers)
Cioran avait beaucoup plus à se faire pardonner. Comme je l'ai indiqué, mon propos sur le cynisme ne portait pas sur l'oeuvre de Cioran, mais sur le fait de le présenter comme un modèle face à Albert Camus.Pete Bondurant a écrit : Un Houellebecq ou un Bret Easton Ellis peuvent avoir ce cynisme-là. Pas Cioran, à mon avis.
Les deux n'ont rien à voir. Camus, sur la notion d'engagement, me semble bien plus complexe que Cioran, qui lui, a choisi une solution pour éviter d'avoir à choisir. Les débats sur l'Algérie montrent que ranger Camus dans une case est simpliste.
Prendre Cioran comme exemple me paraît pas du tout opportun. Son "désengagement" est propre à son parcours, mais c'est tout. Au-delà, il n'a pas grand chose à dire, en tout cas pas plus qu'un Brassens qui affichait son "désengagement" en permanence.
Evidemment, c'est moins classieux de se réclamer de Brassens que de Cioran. Mais au moins, il reste des chansons.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/
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Aaaaaaaaaarrrrrrrrrrggggggghhhhhhhh !!!!!!Lensman a écrit :C'est pas qu'il y a TROP de rock, c'est qu'il y a DU rock... Il faudrait réécrire tout ça avec en vedette Pierre Boulez.Oncle Joedracosolis a écrit :Ah je viens d'apprendre qu'il y a trop de rock dans Rêve de Gloire
S'il vous plait ! pas la musique sérielle , balancez (le mot est juste) plutôt Gégenne Hendrix et ses six cordes électriques :
http://www.dailymotion.com/video/x5prlf ... -vers_news
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"
- Jean-Claude Dunyach
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Boulez n'a pas trop travaillé dans le sérialisme pur et dur, qu'il a vite abandonné (voir son article « Schönberg is dead » au début des années 50), mais plutôt dans le travail de texture sonore et dans la structuration d'une géométrie musicale ouverte. Pour l'avoir très brièvement rencontré dans les années 70, c'était quelqu'un d'extraordinairement stimulant, passionnant dans son discours, et dont une partie de l'héritage a percolé dans le trip-hop, la house music, le rock alternatif (Beck, entre autres).Hoêl a écrit :Aaaaaaaaaarrrrrrrrrrggggggghhhhhhhh !!!!!!Lensman a écrit :C'est pas qu'il y a TROP de rock, c'est qu'il y a DU rock... Il faudrait réécrire tout ça avec en vedette Pierre Boulez.Oncle Joedracosolis a écrit :Ah je viens d'apprendre qu'il y a trop de rock dans Rêve de Gloire
S'il vous plait ! pas la musique sérielle , balancez (le mot est juste) plutôt Gégenne Hendrix et ses six cordes électriques :
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C'est aussi un chef d'orchestre extraordinaire (sa version du Sacre de Stravinsky avec l'orchestre de Cleveland est une référence pour moi).
Cela dit, je n'imagine même pas Rêve de Gloire sans sa bande son actuelle. Ce fut un des plaisirs de ce livre, l'impression que, de temps en temps, on allume la radio et que des morceaux se succèdent pendant la lecture. Ou alors on se retrouve immergé dans une séance de studio avec des musiciens fantômes qui balancent des riffs entre les phrases... C'est un livre dans lequel tout le monde ou presque joue de quelque chose - instrument, platine, voix... Et ça donne une véritable épaisseur sonore à l'histoire, un wall of sound façon Spector !
Je compte pour 1. Comme chacun de vous...
http://www.dunyach.fr/
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Evidemment, vu mes goûts, j'imaginai bien qu'il y avait une bande son en lisant le livre, mais c'était pour moi une bande son complètement virtuelle, au sens où la musique n'existait enfin... bon...) pas (ça vaut mieux pour moi, d'ailleurs...). Cependant, en creux, je me sifflotais tout de même de temps à autre des airs des Beatles, parce que...Jean-Claude Dunyach a écrit : Cela dit, je n'imagine même pas Rêve de Gloire sans sa bande son actuelle. Ce fut un des plaisirs de ce livre, l'impression que, de temps en temps, on allume la radio et que des morceaux se succèdent pendant la lecture. Ou alors on se retrouve immergé dans une séance de studio avec des musiciens fantômes qui balancent des riffs entre les phrases... C'est un livre dans lequel tout le monde ou presque joue de quelque chose - instrument, platine, voix... Et ça donne une véritable épaisseur sonore à l'histoire, un wall of sound façon Spector !
Oncle Joe
Il y a des livres dont on se dit, plus c'est long, plus c'est bon, et Rêves de Gloire est de ceux-là. RCW aurait pu céder à la facilité, en réduisant le nombre de trames narratives ou en éliminant certaines péripéties mineures, mais cela n'aurait pas servi l'oeuvre, à mon avis.
De même, il aurait pu recourir à de petits artifices techniques pour orienter son lecteur (intertitres, noms des personnages s'exprimant dans tel ou tel passage), mais il a choisi de maintenir une sorte d'anonymat pour sa polyphonie, ce qui impose en apparence un certain prix à payer pour entrer dans le roman - il faut accepter de ne pas tout suivre et de ne pas se souvenir de tout. Mais il me semble que ça fonctionne très bien, et d'une autre manière que celle à laquelle on s'attendrait : ce que le roman perd en lisibilité de l'intrigue, il le gagne en épaisseur de vie.
Je n'ai jamais lu une uchronie aussi étoffée, aussi vivante que celle-là (je n'ai pas tout lu, mais je crois que les procédés de RCW sont très originaux malgré tout) : je me suis passionné pour les trajectoires de vie de personnages presque sans visage, dont en temps normal j'aurais peu apprécié les choix de vie ; en leur donnant le temps et l'espace pour s'exprimer, RCW présente des personnages profondément humains, dont j'ai eu l'impression qu'il suffirait de faire un pas de côté pour les rencontrer (je dois dire que j'aimerais bien serrer la main du Prophète, alors que j'étais très irrité par ses premières apparitions). Cela m'a rappelé La Vie mode d'emploi - et il y aurait à mon avis une comparaison fructueuse à faire entre les deux romans. Là où Pérec montre des vies parallèles se mêlant pour tisser dans leur immeuble une trame à la fois ordinaire et saisissante, RCW défait et refait d'un même geste l'écheveau du destin d'Alger.
Alger est pour moi le personnage majeur de ce roman (le personnage principal est, bien sûr, vous l'avez reconnu), au sens où tous les témoignages servent à en détailler les multiples facettes, son Histoire, ses quartiers, ses tendances. Même si cet Alger est profondément fictionnel (car jamais on n'oublie que c'est un roman, et la conversation du narrateur avec monsieur Albert nous en rappelle les règles), il n'est pas fantasmatique. Les horizons uchroniques peuvent paraître un peu outrés (je ne les relèverai pas, de peur de gâcher le plaisir, mais par exemple l'idée d'un bombardement nucléaire pour régler les problèmes du bloc de l'Est me semble un chouïa excessive), mais l'histoire de cet Alger restant français malgré la Partition, agité de troubles divers, foyer des vautriens, enjeu géostratégique majeur et nid d'espions, m'a paru solide, fondée sur des données historiques, économiques et sociologiques très difficilement critiquables.
Même la Commune d'Alger, avec son petit parfum romantique, n'est pas si délirante que cela, à mes yeux.
Et puis, il y a la musique et la Gloire, dont les aventures forment une sorte de mélopée fascinante, servant de fil conducteur à tout le roman. Je dirai simplement que j'ai aimé retrouver ces histoires toujours un peu semblables et toujours différentes, et qu'à la fin j'ai presque eu envie de prendre du LSD en écoutant du Dieudonné Laviolette. Presque. Je ne serais jamais devenu un vautrien, moi.
Bref, lisez-le.
De même, il aurait pu recourir à de petits artifices techniques pour orienter son lecteur (intertitres, noms des personnages s'exprimant dans tel ou tel passage), mais il a choisi de maintenir une sorte d'anonymat pour sa polyphonie, ce qui impose en apparence un certain prix à payer pour entrer dans le roman - il faut accepter de ne pas tout suivre et de ne pas se souvenir de tout. Mais il me semble que ça fonctionne très bien, et d'une autre manière que celle à laquelle on s'attendrait : ce que le roman perd en lisibilité de l'intrigue, il le gagne en épaisseur de vie.
Je n'ai jamais lu une uchronie aussi étoffée, aussi vivante que celle-là (je n'ai pas tout lu, mais je crois que les procédés de RCW sont très originaux malgré tout) : je me suis passionné pour les trajectoires de vie de personnages presque sans visage, dont en temps normal j'aurais peu apprécié les choix de vie ; en leur donnant le temps et l'espace pour s'exprimer, RCW présente des personnages profondément humains, dont j'ai eu l'impression qu'il suffirait de faire un pas de côté pour les rencontrer (je dois dire que j'aimerais bien serrer la main du Prophète, alors que j'étais très irrité par ses premières apparitions). Cela m'a rappelé La Vie mode d'emploi - et il y aurait à mon avis une comparaison fructueuse à faire entre les deux romans. Là où Pérec montre des vies parallèles se mêlant pour tisser dans leur immeuble une trame à la fois ordinaire et saisissante, RCW défait et refait d'un même geste l'écheveau du destin d'Alger.
Alger est pour moi le personnage majeur de ce roman (le personnage principal est, bien sûr, vous l'avez reconnu), au sens où tous les témoignages servent à en détailler les multiples facettes, son Histoire, ses quartiers, ses tendances. Même si cet Alger est profondément fictionnel (car jamais on n'oublie que c'est un roman, et la conversation du narrateur avec monsieur Albert nous en rappelle les règles), il n'est pas fantasmatique. Les horizons uchroniques peuvent paraître un peu outrés (je ne les relèverai pas, de peur de gâcher le plaisir, mais par exemple l'idée d'un bombardement nucléaire pour régler les problèmes du bloc de l'Est me semble un chouïa excessive), mais l'histoire de cet Alger restant français malgré la Partition, agité de troubles divers, foyer des vautriens, enjeu géostratégique majeur et nid d'espions, m'a paru solide, fondée sur des données historiques, économiques et sociologiques très difficilement critiquables.
Même la Commune d'Alger, avec son petit parfum romantique, n'est pas si délirante que cela, à mes yeux.
Et puis, il y a la musique et la Gloire, dont les aventures forment une sorte de mélopée fascinante, servant de fil conducteur à tout le roman. Je dirai simplement que j'ai aimé retrouver ces histoires toujours un peu semblables et toujours différentes, et qu'à la fin j'ai presque eu envie de prendre du LSD en écoutant du Dieudonné Laviolette. Presque. Je ne serais jamais devenu un vautrien, moi.
Bref, lisez-le.
Ce dont on ne peut parler, il faut le faire.
Il y a une expression de Pete que j'aime, c'est "contre-histoire de la contre-culture". Il y aurait beaucoup à dire sur cette expression, bien sûr, mais je la trouve très évocatrice. Je pense que RCW a vraiment une connaissance en profondeur de certains mouvements, et un vécu personnel qui participe au côté "vivant"(*) de ses personnages. Le "glissement", la "transposition", si j'ose dire, du monde réel dans le monde uchronique, se fait avec un naturel confondant.silramil a écrit : Je n'ai jamais lu une uchronie aussi étoffée, aussi vivante que celle-là (je n'ai pas tout lu, mais je crois que les procédés de RCW sont très originaux malgré tout) : je me suis passionné pour les trajectoires de vie de personnages presque sans visage, dont en temps normal j'aurais peu apprécié les choix de vie ; en leur donnant le temps et l'espace pour s'exprimer, RCW présente des personnages profondément humains, dont j'ai eu l'impression qu'il suffirait de faire un pas de côté pour les rencontrer
.
Oncle Joe
PS: Histoire de faire le bisounours (mais je m'arrête tout de suite après, c'est promis!!!), je signalerai que si le sujet du fil (fermé) m'a paru fort incongru, la critique de Pete ici présente est très intéressante. Par ailleurs, J'espère lire davantage de critique de D'Or et d'émeraude, car je reste un peu sur ma faim, malgré tout. Il y a un fil qui y est consacré sur le forum (d'autant que dans des discussions "orales", je me suis aperçu, avec un peu de surprise, que tout le monde ne l'appréciait pas de la même manière). Si tu lis ce roman, j'espère que tu en diras quelques mots.
(*) J'ai failli écrire "authentique", mais tout le monde aurait rigolé...
- dracosolis
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yep, tu ferais bien d'y penser d'ailleurs silsilramil a écrit : ; en leur donnant le temps et l'espace pour s'exprimer, RCW présente des personnages profondément humains, dont j'ai eu l'impression qu'il suffirait de faire un pas de côté pour les rencontrer
.
(ceci n'est pas une vacherie, envers personne, juste un rappel de conversation entre Sil et moi^^)
pareilIl y a une expression de Pete que j'aime, c'est "contre-histoire de la contre-culture".
ben vi, hein ?J'ai failli écrire "authentique", mais tout le monde aurait rigolé...