Grande Jonction de Maurice G. Dantec
Modérateurs : Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m
- Transhumain
- Messages : 1246
- Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 11:23 am
- Contact :
Grande Jonction de Maurice G. Dantec
Bonjour,
Eric Holstein avait donné sa lecture de Grande Jonction sur le site ; vous pouvez désormais lire ma longue critique sur mon blog Fin de partie :
http://findepartie.hautetfort.com/archi ... em-up.html
Pour les paresseux, une version beaucoup plus courte de ce texte sera publié dans le prochain Galaxies.
A propos, que pensent du roman ceux qui, ici, l'ont lu ? Ceux qui l'ont lu, j'ai dit...
Eric Holstein avait donné sa lecture de Grande Jonction sur le site ; vous pouvez désormais lire ma longue critique sur mon blog Fin de partie :
http://findepartie.hautetfort.com/archi ... em-up.html
Pour les paresseux, une version beaucoup plus courte de ce texte sera publié dans le prochain Galaxies.
A propos, que pensent du roman ceux qui, ici, l'ont lu ? Ceux qui l'ont lu, j'ai dit...
- marc
- Messages : 2396
- Enregistré le : dim. mars 12, 2006 8:59 am
- Localisation : Bruxelles (Belgique)
- Contact :
Je pensais que comme tu l'avais lu, tu joindrais un avis 
Moi, pas de problème, je n'ai jamais lu Dantec. Donc les avis des lecteurs m'intéressent.

Moi, pas de problème, je n'ai jamais lu Dantec. Donc les avis des lecteurs m'intéressent.
Marc Le Blog science-fiction de Marc et Phenix Mag
Auteurs préférés : Banks, Hamilton, Simmons, Heinlein, Reynolds, Vance, Weber, Bordage, P. Anderson, Eddings
Auteurs préférés : Banks, Hamilton, Simmons, Heinlein, Reynolds, Vance, Weber, Bordage, P. Anderson, Eddings
- Transhumain
- Messages : 1246
- Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 11:23 am
- Contact :
- Eric
- Administrateur - Site Admin
- Messages : 5185
- Enregistré le : ven. déc. 16, 2005 1:03 pm
- Localisation : Paris
Salut Transhumain,
De retour en forme, donc...
C'est marrant, en relisant ta chronique, je me remémore ma lecture, qui date un peu maintenant, et je me retrouve à nouveau dans cette étrange position que j'avais évoquée en en discutant avec Fabrice Colin. Dantec ne me fascine jamais autant que dans le feu de l'action. En te lisant, peut-être parce que tu en parles beaucoup, je me rappelle surtout des échecs de Grande Jonction (son style, en partie ses personnages...), et c'est vrai qu'il y a dedans une part de ridicule inassumé. Pourtant à la lecture, Grande Jonction convainc, du moins en partie. Même si sa lisibilité par rapport à Cosmos Inc. me semble être largement accidentelle.
Mais pour en revenir à quelque chose que tu évoques toi-même, c'est la persistance du semi-échec chez Dantec depuis quelques années. Peut-être est-il temps qu'il s'engage réellement sur la voie romanesque ? J'entends par là qu'il arrête de vouloir dire absolument, pour simplement raconter.
De retour en forme, donc...
C'est marrant, en relisant ta chronique, je me remémore ma lecture, qui date un peu maintenant, et je me retrouve à nouveau dans cette étrange position que j'avais évoquée en en discutant avec Fabrice Colin. Dantec ne me fascine jamais autant que dans le feu de l'action. En te lisant, peut-être parce que tu en parles beaucoup, je me rappelle surtout des échecs de Grande Jonction (son style, en partie ses personnages...), et c'est vrai qu'il y a dedans une part de ridicule inassumé. Pourtant à la lecture, Grande Jonction convainc, du moins en partie. Même si sa lisibilité par rapport à Cosmos Inc. me semble être largement accidentelle.
Mais pour en revenir à quelque chose que tu évoques toi-même, c'est la persistance du semi-échec chez Dantec depuis quelques années. Peut-être est-il temps qu'il s'engage réellement sur la voie romanesque ? J'entends par là qu'il arrête de vouloir dire absolument, pour simplement raconter.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
- Transhumain
- Messages : 1246
- Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 11:23 am
- Contact :
Tu as totalement raison, Eric. C'est pour cela, d'ailleurs, que j'attends vraiment la suite au tournant. Surtout s'il s'agit, comme il est permis de le penser (mais je peux me tromper), d'une sorte de space opera théologique. Un nouvel échec serait non pas fatal, mais très gênant. En fait, ça fait un moment, depuis Villa Vortex précisément, que je m'inquiète des difficultés dantéciennes sur le plan romanesque. Villa Vortex était largement inspiré de livres de Raymond Abellio, entre autres Les Yeux d'Ezéchiel sont ouverts, et La Fosse de Babel, au point d'en reprendre plus ou moins la structure. Son échec n'est pas seulement formel, il est dialectique : il n'a pas encore réussi à articuler son verbe, avec le Verbe comme sujet premier. Le style de GJ, c'est ce que j'essaie d'expliquer dans mon article, est inadéquat. Trop mécanique, alors même que le paradigme "machine" équivaut tout simplement au Mal, à la parole mensongère. Je suppose que Dantec a tenté de jouer du contraste entre ce style mécanique, et des passages plus poétiques, d'où la beauté était censée jaillir. Mais ça ne fonctionne pas vraiment.
Le problème fondamental de Dantec, c'est qu'il prétend nous révéler certaine Vérité, nous faire entrevoir une autre réalité (tout ça est très dickien) au mépris de l'artifice romanesque, tout en se servant du roman comme d'une arme. C'était patent dans Cosmos Incorporated. Aporie ! C'est au contraire en maîtrisant parfaitement la forme romanesque, que les plus grands écrivains (Kafka, Faulkner, Dostoïevski, Nabokov, Orwell, Melville, Bernanos, et même Beckett), et ne parlons pas des plus grands auteurs de SF (Dick, Ballard, Herbert, etc.), ont su transmettre des idées, des réflexions. Ou bien, dans le cas de Burroughs et de quelques autres, en la dynamitant radicalement.
Pour revenir à ta remarque, il me semble en effet que Dantec n'est jamais aussi bon que dans l'action. Se souvenir des Racines du Mal ou de Babylone Babies ! C'est par le feu des armes que les idées brassées par l'auteur se mettaient à germer de façon certes chaotique, mais tellement grisante !
Et puis, tout de même. Ce n'est pas qu'une question de forme. La SF théologique serait-elle moins fertile que la hard-science ? Pas forcément, a priori les deux sont appelées à se rejoindre, mais si Dantec persiste à s'évader de la vraisemblance scientifique (bizarrement, alors qu'il se produit dans GJ bien des événements surnaturels - et après tout pourquoi pas, il y a une logique interne -, je n'ai pourtant pas digéré l'effacement littéral, irrationnel, de tout Logos), il y perdra beaucoup de crédit. Même un roman formellement poussif comme L'Enigme de l'Univers, est plus excitant, pour l'esprit, que le dernier Dantec. Mon agnosticisme y est-il pour quelque chose ?...
Mais, et je concluerai là-dessus, ils ne sont pas légion, aujourd'hui, les écrivains français aussi passionnants (je sens que l'homonyme du compositeur favori de Louis II de Bavière va encore fulminer), ceux qui vous poussent à creuser, à explorer une littérature qui vous est étrangère, un champ de la connaissance, ou de la culture (y compris religieuse) qui vous était inconnu. D'où mon vif intérêt, en dépit d'échecs répétés. A tout prendre, je préfère un Dantec laborieux à une oeuvre de "conteur" sans contenu, par exemple [insérer le titre d'un livre d'un soi-disant conteur de votre choix].
A suivre...
Le problème fondamental de Dantec, c'est qu'il prétend nous révéler certaine Vérité, nous faire entrevoir une autre réalité (tout ça est très dickien) au mépris de l'artifice romanesque, tout en se servant du roman comme d'une arme. C'était patent dans Cosmos Incorporated. Aporie ! C'est au contraire en maîtrisant parfaitement la forme romanesque, que les plus grands écrivains (Kafka, Faulkner, Dostoïevski, Nabokov, Orwell, Melville, Bernanos, et même Beckett), et ne parlons pas des plus grands auteurs de SF (Dick, Ballard, Herbert, etc.), ont su transmettre des idées, des réflexions. Ou bien, dans le cas de Burroughs et de quelques autres, en la dynamitant radicalement.
Pour revenir à ta remarque, il me semble en effet que Dantec n'est jamais aussi bon que dans l'action. Se souvenir des Racines du Mal ou de Babylone Babies ! C'est par le feu des armes que les idées brassées par l'auteur se mettaient à germer de façon certes chaotique, mais tellement grisante !
Et puis, tout de même. Ce n'est pas qu'une question de forme. La SF théologique serait-elle moins fertile que la hard-science ? Pas forcément, a priori les deux sont appelées à se rejoindre, mais si Dantec persiste à s'évader de la vraisemblance scientifique (bizarrement, alors qu'il se produit dans GJ bien des événements surnaturels - et après tout pourquoi pas, il y a une logique interne -, je n'ai pourtant pas digéré l'effacement littéral, irrationnel, de tout Logos), il y perdra beaucoup de crédit. Même un roman formellement poussif comme L'Enigme de l'Univers, est plus excitant, pour l'esprit, que le dernier Dantec. Mon agnosticisme y est-il pour quelque chose ?...
Mais, et je concluerai là-dessus, ils ne sont pas légion, aujourd'hui, les écrivains français aussi passionnants (je sens que l'homonyme du compositeur favori de Louis II de Bavière va encore fulminer), ceux qui vous poussent à creuser, à explorer une littérature qui vous est étrangère, un champ de la connaissance, ou de la culture (y compris religieuse) qui vous était inconnu. D'où mon vif intérêt, en dépit d'échecs répétés. A tout prendre, je préfère un Dantec laborieux à une oeuvre de "conteur" sans contenu, par exemple [insérer le titre d'un livre d'un soi-disant conteur de votre choix].
A suivre...
- Eric
- Administrateur - Site Admin
- Messages : 5185
- Enregistré le : ven. déc. 16, 2005 1:03 pm
- Localisation : Paris
Bizarrement, et en dépit de son final absolument raté et de ses trop visibles références (du moins d'une volonté trop didactique), Villa Vortex me semblait prêt à toucher du doigt une forme intéressante.
D'une part parce que l'histoire en elle-même étit intéressante, et c'est toujours un bon point pour un roman, et d'autre part parce que dans les parties où il n'était pas obsédé par dire, il racontait, et même foutrement bien. Seulement il n'était au cœur de son métier de romancier que sur un petit tiers de cet énorme pavé. Assez pour disqualifier le roman aux yeux de beaucoup de lecteurs. Et c'est tout ce qu'il y a de normal.
D'une part parce que l'histoire en elle-même étit intéressante, et c'est toujours un bon point pour un roman, et d'autre part parce que dans les parties où il n'était pas obsédé par dire, il racontait, et même foutrement bien. Seulement il n'était au cœur de son métier de romancier que sur un petit tiers de cet énorme pavé. Assez pour disqualifier le roman aux yeux de beaucoup de lecteurs. Et c'est tout ce qu'il y a de normal.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
- Transhumain
- Messages : 1246
- Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 11:23 am
- Contact :
Je suis assez d'accord. En fait, pour moi, seules les 200 dernières pages (la partie SF) étaient ratées dans Villa Vortex (d'où mes interrogations d'alors). Le reste, malgré quelques trop longues (mais passionnantes) digressions très, très hard-science, était vraiment bon. Son dernier grand livre, à ce jour.
Je crois d'ailleurs que Dantec n'a pas abandonné l'idée de la suite du cycle Libre Mundi, dont Villa Vortex devait constituer le premier tome.
Quelqu'un, sur un blog ou un forum, écrivait que Dantec a aujourd'hui une position chrétienne radicale, anti-gnostique, alors même que Villa Vortex était ouvertement gnostique. Sans doute y a-t-il en effet matière à creuser de ce côté-là. Cette suite de VV sera sans doute intéressante, pour qui veut comprendre l'évolution de Dantec. Mais d'ici là, je vais devoir me pencher plus sérieusement sur ces questions théologiques, dont je ne maîtrise, je l'avoue, qu'une trop faible partie !
Je crois d'ailleurs que Dantec n'a pas abandonné l'idée de la suite du cycle Libre Mundi, dont Villa Vortex devait constituer le premier tome.
Quelqu'un, sur un blog ou un forum, écrivait que Dantec a aujourd'hui une position chrétienne radicale, anti-gnostique, alors même que Villa Vortex était ouvertement gnostique. Sans doute y a-t-il en effet matière à creuser de ce côté-là. Cette suite de VV sera sans doute intéressante, pour qui veut comprendre l'évolution de Dantec. Mais d'ici là, je vais devoir me pencher plus sérieusement sur ces questions théologiques, dont je ne maîtrise, je l'avoue, qu'une trop faible partie !
- Eric
- Administrateur - Site Admin
- Messages : 5185
- Enregistré le : ven. déc. 16, 2005 1:03 pm
- Localisation : Paris
Le problème dans cette approche chrétienne, c'est qu'on touche aux limites de l'argumentation, puisque Dantec lui-même dit être dans la révélation (la Révélation ?). Donc, à la limite son propose ne nécessite pas documentation.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
- Transhumain
- Messages : 1246
- Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 11:23 am
- Contact :
Comme promis, voici un deuxième article autour de Grande Jonction. Mais il ne s'agit que d'une divagation, à propos de la légende du "Grand Monarque", dont plusieurs éléments rappellent étrangement le roman de Dantec. C'est ici, et c'est complètement frappé : http://findepartie.hautetfort.com/archi ... ation.html.
A bientôt.
A bientôt.