Après une tentative infructueuse de lire l'intégrale en version originale (échec constaté à la page 10), j'ai eu le bonheur de mettre la main sur Gormenghast, dans un mignon format rose intégrale, j'ai failli passer à côté. Ce qui eut été bien dommage.
Gormenghast est le second volume de la série Gormenghast, dont j'avais lu, si je me souviens bien, une élogieuse présentation dans Cartographie du merveilleux.
L'ouvrage peut manifestement se lire sans avoir effleuré le précédent, ça se passe très bien.
Gormenghast parle essentiellement de Gormenghast, un gigantesque château tombant doucement en ruine, dont l'essentiel est inhabité et inconnu des occupants. On y suit l'enfance de Titus, l'héritier de la famille régnante, victime d'une tradition pesante qui lui répugne. On y découvre la trépidante vie amoureuse du corps enseignant. On y espionne les complots et les infâmies de Finelame l'arriviste.
Le roman possède trois grandes qualités.
En premier lieu, les personnages sont savoureux. La plupart du temps grotesques, ils arrivent à être sympathiques malgré l'étalage de leurs défauts. Ils sont mesquins, arrogants, paresseux, bêtes et pourtant, on s'attache, on s'émeut.
Quelques idées fascinent : le comtesse qui flotte sur sa marée de chats, par exemple.
D'autre part, le château de Gormenghast ébouriffe. Eh oui. Le lieu semble infini, quasiment intégralement à l'abandon. Chaque promenade dans Gormenghast semble être pour les personnages l'occasion de découvrir des lieux oubliés depuis des siècles, des trésors fanés, des secrets perdus. La démesure de l'édifice enthousiasme et, pour ma part, j'attendais avec impatience les expéditions dans les profondeurs ou sur les hauteurs du château, passages qui m'enchantent plus que les révoltes de Titus.
Gormenghast m'a rappelé un autre château que j'avais adoré, celui de l'aube écarlate, tout aussi étendu et dangereux.
Finalement, l'écriture est incroyable. Il existe une adéquation parfaite entre la démesure de Gormenghast et le ton employé par l'auteur. Mais, échouant à décrire exactement mon ressenti, je m'en tiendrai à dire : c'est incroyable. Par contre, c'est un peu dur à lire. C'est un peu comme Proust : il faut se laisser emporter par le mouvement et après ça va mieux.
Au chapitre des irritants, on pourrait reprocher une certaine tendance à partir dans tous les sens, avec des intrigues suivies quelques temps, puis totalement abandonnées, des personnages décrits avec minutie qui disparaissent au chapitre suivant.
Le contraste entre le début du roman, assez drôle, plein de pitreries et de grotesque et la seconde partie, beaucoup beaucoup plus sombre est assez troublant. Mais, encore une fois, cela sert assez adéquatement à cerner l'état d'esprit de Titus.
Enfin bon. Voilà. Ardu, mais le valant totalement.
Gormenghast - Mervyn Peake
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- bormandg
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Passée à la télé, l'adaptation en mini-séries par la BBC est disponible sous YouTube.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."
Vu un peu à la télé, mais ça m'avait paru absolument soporifique... Je pense que c'est quelque chose à lire, pas à regarder...bormandg a écrit :Passée à la télé, l'adaptation en mini-séries par la BBC est disponible sous YouTube.
Oncle Joe
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Disons que l'effort nécessaire pour comprendre est partiellement camouflé à la lecture. C'st vrai qu'un tel baroque passe mal à 24 images /seconde.
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