La chair et l'ombre - Robert Holdstock
Posté : ven. janv. 13, 2012 4:28 pm
J'ai profité de mon passage sur le sol béni de la mère patrie pour acheter plein plein de gros livres beaux pas trop chers. Tel un cabri sous extasy, je déambulais dans les rayonnages de la Pochothèque, mignonne bouquinerie clermontoise, où, anecdote cocasse, j'ai été arrêté en plein vol par une personne d'un âge certain qui chipa La chair et l'ombre sous mon nez, avec autorité, la sacripante.
J'ai remarqué que, après un mouvement de sympathie involontaire envers un membre de la confrérie des lecteurs de SF que je surprends à farfouiller dans les mêmes rayons que moi, monte en moi une gêne certaine à l'idée que l'animal me chourre mes livres, dans mes bouquineries, enculé. Et donc c'est la rivalité.
Mais bon, en l'occurence, la chère aïeule a reposé l'opus en énonçant pour elle-même : "ah non, je l'ai déjà lu celui-là", en gloussotant. C'est un peu comme si ma grand-mère avouait qu'elle couche avec Bukowski, ça m'a tout tourneboulé de l'intérieur.
Bref.
Donc, j'aime beaucoup Holdstock et je ne sais pas pourquoi. Quand j'étais jeune, tellement jeune qu'il n'existe probablement pas de nombre pour mesurer les années écoulées depuis, j'ai dévoré la forêt des Mythagos. Enfin, je l'ai semi-dévoré, parce que je me souviens avoir un peu peiné sur le second volume.
J'éprouve moi-même, à cause de mes origines bretonnes je présume, une attirance particulière pour les forêts, leurs gros arbres phalliques, leurs fougères humides et leurs champignons rigolos. Des fois, on entend grattouiller un sanglier, c'est beau.
Donc, fatalement la forêt des mythagos, la forêt d'Iscambe, tous ces trucs-là, ça passe bien.
Et dans la chair et l'ombre, même si officiellement on ne parle pas trop de forêts, il y a quelques beaux passages quand même.
Donc grosso modo, je vous la fais courte (car c'est une spécialité), depuis qu'il est tout petit, Jack a des petits moments d'absence au cours desquels il vit intensément la fuite d'un couple étrange à travers toutes sortes d'environnements, toujours marqué à la culotte par un Taureau vachement remonté. John Garth, un archéologue surnaturel, reconnaît en ces deux personnages des figures rencontrées parmi les ruines de Glanum, une cité qu'il traque depuis toujours et dont les ruines semblent se déplacer sous terre (ce qui est moyennement orthodoxe). Et puis un jour, un des personnages dans la tête de Jack décide de prendre le frais dans le monde réel et ça commence un peu à devenir n'importe quoi.
Donc, nous avons une cité en ruine et en goguette, des personnages doués de vie autonome qui crapahutent dans la conscience d'un homme, thèmes qui me réjouissent.
Comme dans la forêt des Mythagos, le parti-pris des personnages réels, si on peut dire, est l'étude scientifique des phénomènes inexplicables qui surviennent. Je ne suis pas intrinsèquement contre, notez, mais en l'occurence toute la partie justificative m'a semblé relever de la digression agaçante et, au final, peu convaincante. C'est peut-être voulu remarquez, les passages scientifiques étant quand même assez marqués d'humour. La finale du roman, d'ailleurs, me fait m'interroger sur la réelle volonté de justification.
Quand bien même j'ai un peu de mal à adhérer, les idées me séduisent, tous ces personnages qui barbotent dans le cerveau reptilien, l'univers mental peuplé de ruines, de temples et autres icônes, je ne sais pas pourquoi ça me titille la glande chabougnale.
C'est un peu pénible à lire parfois, je me suis quelques fois exclamé, en des termes dont vous pardonnerez la trivialité "putain, j'ai rien compris de qu'est-ce qui vient de se passer". Alors il faut relire ou se laisser porter par le courant, c'est bien aussi.
Le truc qui fait, de mon point de vue, la force de ce bouquin, ce sont des images complètement folles, des maelstroms de forêts d'où emergent des ruines, des masques aveugles, des ruines impossibles qui courent sous toute une ville, des cités enterrées qui font des sauts de carpe à la surface, des coutumes bizarres, des temples abandonnés, des idoles fracassées, des mystères inexplicables. C'est tout foisonnant, l'auteur explique peu, il suggère tout au plus, et au final, j'aime, même si ne je comprends pas grand chose.
J'ai remarqué que, après un mouvement de sympathie involontaire envers un membre de la confrérie des lecteurs de SF que je surprends à farfouiller dans les mêmes rayons que moi, monte en moi une gêne certaine à l'idée que l'animal me chourre mes livres, dans mes bouquineries, enculé. Et donc c'est la rivalité.
Mais bon, en l'occurence, la chère aïeule a reposé l'opus en énonçant pour elle-même : "ah non, je l'ai déjà lu celui-là", en gloussotant. C'est un peu comme si ma grand-mère avouait qu'elle couche avec Bukowski, ça m'a tout tourneboulé de l'intérieur.
Bref.
Donc, j'aime beaucoup Holdstock et je ne sais pas pourquoi. Quand j'étais jeune, tellement jeune qu'il n'existe probablement pas de nombre pour mesurer les années écoulées depuis, j'ai dévoré la forêt des Mythagos. Enfin, je l'ai semi-dévoré, parce que je me souviens avoir un peu peiné sur le second volume.
J'éprouve moi-même, à cause de mes origines bretonnes je présume, une attirance particulière pour les forêts, leurs gros arbres phalliques, leurs fougères humides et leurs champignons rigolos. Des fois, on entend grattouiller un sanglier, c'est beau.
Donc, fatalement la forêt des mythagos, la forêt d'Iscambe, tous ces trucs-là, ça passe bien.
Et dans la chair et l'ombre, même si officiellement on ne parle pas trop de forêts, il y a quelques beaux passages quand même.
Donc grosso modo, je vous la fais courte (car c'est une spécialité), depuis qu'il est tout petit, Jack a des petits moments d'absence au cours desquels il vit intensément la fuite d'un couple étrange à travers toutes sortes d'environnements, toujours marqué à la culotte par un Taureau vachement remonté. John Garth, un archéologue surnaturel, reconnaît en ces deux personnages des figures rencontrées parmi les ruines de Glanum, une cité qu'il traque depuis toujours et dont les ruines semblent se déplacer sous terre (ce qui est moyennement orthodoxe). Et puis un jour, un des personnages dans la tête de Jack décide de prendre le frais dans le monde réel et ça commence un peu à devenir n'importe quoi.
Donc, nous avons une cité en ruine et en goguette, des personnages doués de vie autonome qui crapahutent dans la conscience d'un homme, thèmes qui me réjouissent.
Comme dans la forêt des Mythagos, le parti-pris des personnages réels, si on peut dire, est l'étude scientifique des phénomènes inexplicables qui surviennent. Je ne suis pas intrinsèquement contre, notez, mais en l'occurence toute la partie justificative m'a semblé relever de la digression agaçante et, au final, peu convaincante. C'est peut-être voulu remarquez, les passages scientifiques étant quand même assez marqués d'humour. La finale du roman, d'ailleurs, me fait m'interroger sur la réelle volonté de justification.
Quand bien même j'ai un peu de mal à adhérer, les idées me séduisent, tous ces personnages qui barbotent dans le cerveau reptilien, l'univers mental peuplé de ruines, de temples et autres icônes, je ne sais pas pourquoi ça me titille la glande chabougnale.
C'est un peu pénible à lire parfois, je me suis quelques fois exclamé, en des termes dont vous pardonnerez la trivialité "putain, j'ai rien compris de qu'est-ce qui vient de se passer". Alors il faut relire ou se laisser porter par le courant, c'est bien aussi.
Le truc qui fait, de mon point de vue, la force de ce bouquin, ce sont des images complètement folles, des maelstroms de forêts d'où emergent des ruines, des masques aveugles, des ruines impossibles qui courent sous toute une ville, des cités enterrées qui font des sauts de carpe à la surface, des coutumes bizarres, des temples abandonnés, des idoles fracassées, des mystères inexplicables. C'est tout foisonnant, l'auteur explique peu, il suggère tout au plus, et au final, j'aime, même si ne je comprends pas grand chose.