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par Patrice » sam. nov. 17, 2012 4:08 pm
Salut,
Venons-en au chapitres II et III, qui narrent donc les débuts de la SF en France, durant les années 50 et 60. Un chapitre passionnant, et qui ne lasse pas de m'étonner sur ce qui a pu se passer.
Grosso modo - mais peut-être que je me trompe - un petit groupe d'intellectuels (par exemple Boris Vian), avides de tout ce qui se fait outre-Atlantique, découvrent la SF et s'en font les chantres. C'est l'heure du lancement de quelques collections, dont le Rayon Fantastique, la série 2000 et Anticipation au Fleuve Noir, cette dernière étant, à mon sens, la digne héritière de la littérature en fascicules qui l'a précédé (et dont elle prend immédiatement le relais).
On s'emballe, on écrit des articles dans la grande presse, la SF c'est merveilleux. Et tout ça pour quoi, une douzaine d'année après? Une première crise. Le Rayon Fantastique s'est cassé la figure (et l'on peut deviner que des trois causes signalées par Simon - rejet par les éditeurs d'une littérature populaire, ligne éditoriale incertaine, rentabilité encore moins certaine - une combinaison des trois n'a absolument rien d'impossible), Présence du Futur semble publier des romans au petit bonheur la chance. Seuls finalement Fiction, en tant que revue, et Anticipation tiennent le cap. Mais en tout cas, pas de rentabilité et peu de lecteurs.
Du coup, je ne peux m'empêcher de penser à une cause probable de cette première crise. Alors que la SF américaine est une littérature populaire, publiée dans des pulps, une certaine élite culturelle et intellectuelle la vante comme LA nouvelle littérature. Mais il y a ici comme une imposture: si effectivement il y a du nouveau dans les idées, pour ce qui concerne la forme, on dépasse à mon avis à peine le niveau de la littérature populaire. Hamilton, Asimov, Van Vogt et consorts ne sont pas réputés pour la qualité de leur style. Bradbury, peut-être, est l'exception qui confirme la règle. Attention: je ne dénigre pas cette littérature, mais je me demande juste si à l'époque, on ne l'aurait pas vendue pour ce qu'elle n'est pas... Alors qu'à côté de ça, le FNA affiche une belle santé avec sa littérature en série, "pulp" en quelque sorte. Qu'en pensez-vous?
Sur la fin du chapitre III, Simon aborde la sortie de crise, à partir de 1968. J'y reviendrai par la suite.
A+
Patrice