Simon Bréan - La Science-fiction en France

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Lensman
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Message par Lensman » dim. nov. 18, 2012 4:21 pm

Erion a écrit :
Lensman a écrit : A propos de sous-littérature, c'est la même chose pour le roman policier américian (dit "noir"): tout apprécié qu'il soit, ce n'est qu'une littérature de divertissement, ce n'est pas de la "grande littérature".D'ailleurs, c'est effectivement une littérature de divertissement; mais pour certains esprits, c'est dévalorisant de le dire! Il est vrai que la SF a la particularité de s'attirer des noms d'oiseau, alors que pour le policier, on se contentait d'habitude de sourire en disant que ça pouvait tout de même être un bon divertissement. Mais on dévie du fil, on a rappelé cela si souvent...
Elsa Triolet achetait des romans de la série noire pour les lire aux toilettes, quand elle terminait un volume, elle le jetait. On peut dire que le roman policier était une littérature de cabinets.
C'est un très bel exemple!

Oncle Joe

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Patrice
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Message par Patrice » mer. nov. 21, 2012 8:07 am

Salut,

J'en viens au chapitre (mon rythme se ralentit: désolé, je bosse, hélas...).
Bref, celui-ci aurait pu s'appeler "Grandeur et décadence de la SF française", car s'il s'attache évidemment aux années 70, il est doté de quelques pages d'annexe qui va jusqu'à nos jours. On sent bien que Simon s'est retenu de ne pas développer plus cette partie: ça n'était sans doute pas l'envie qui lui manquait, mais il est vrai qu'il est encore trop tôt pour déterminer quels sont les ouvrages marquants, et donc majeurs.
Les années 70 sont étonnantes, car elles sont marquées par une expansion éditoriale sans précédent: non seulement les collections se multiplient, mais aussi les livres se vendent (ce qui est tout à fait différent de maintenant, où les collections se multiplient aussi, mais sans que les livres se vendent). Mieux encore: une bonne part de ce qui se vend est français, et Simon le souligne bien: les auteurs français sont maintenant autonomes et n'ont plus besoin du modèle "anglo-saxon". Cela-dit, il aurait été intéressant de placer de-ci de-là quelques chiffres histoire de mieux asseoir cette réalité. Par exemple le fait que l'un des plus importants succès éditoriaux est la réédition en poche d'un français: Les Galaxiales de Michel Demuth, qui, si mes souvenirs sont bons, ont dépassé les 150000 (!) exemplaires.
Cela n'empêche pas les crises, et notamment chez un des meilleurs éditeurs d'alors: Opta, qui lance des collections pour mieux les fermer après quelques mois d'activités. La revue historique Fiction elle-même est menacée. Et sur ce point, j'aurais voulu quelques éléments supplémentaires, car Fiction sert quand même largement (du fait qu'elle est le seul support critique d'alors) de fil conducteur à cet historique. Je sais que Fiction au milieu des années 70 connaît une crise importante. Une crise éditoriale avant tout. On se souvient du mot de Dorémieux en 1974 sur les auteurs français et la culture des pommes de terre. En 1976, quand la revue est donc menacée de fermeture, elle s'est pourtant lancé dans la publication d'un truc hasardeux: une BD en forme de cadavre exquis, avec un dessinateur différent par numéro. Le résultat est pour le moins grotesque et s'attire visiblement les foudres d'une bonne part du lectorat.
Et puis il y a la science-fiction politique française sur laquelle Simon ne s'attarde pas plus que ça, et si au début je m'en suis étonné, je trouve que finalement il a raison. Ls tenants de cette SF ont sans doute été les plus bruyants. Articles, tribunes, essais, etc. Mais finalement le volume éditorial de cette branche de la SF est maigre, et, par exemple, la production de l'école "Kesselring" ne dure guère plus de trois ans.
Pour autant, son héritage dans les années 80 (des années donc juste esquissées ici) est important. "On y retrouve des dystopies et de l'ultra-violence", écrit Simon (p. 254). Curieusement, le mot "punk" n'est pas employé alors qu'il aurait eu tout à fait sa place.

Allez, j'entame maintenant la partie théorique.

A suivre...

A+

Patrice

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dracosolis
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Message par dracosolis » jeu. nov. 22, 2012 4:59 am

Nébal a écrit :Tu t'y prends bien.
prends des notes^^

j'entame la thèse ce jour,
et j'ajoute que perso un intervalle de 50 piges pour juger si un livre est intégrable à un corpus ne parait ni exorbitant, ni malavisé
se foutre de la gueule des universitaires sur ce thème, et les traiter de frileux quand ils ne sont que méthodiques, patients et méticuleux et ne font que ce pour quoi ils sont créés et payés me semble un chouïa pas chié
en gros, il vaut mieux que les universitaires -- comme la Loi -- soient lents, toutes les autres options sont pires
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Message par bormandg » jeu. nov. 22, 2012 8:10 am

D'accord avec Jeanne sur ce pôint.
Il serait utile de remettre l'Université à sa juste place, importante mais qui devrait rester bien délimitée: la transmission d'un savoir durable, non figé, mais à évolution lente puisque envisagée en vue du long terme.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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Patrice
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Message par Patrice » jeu. nov. 22, 2012 8:56 am

Salut,

Moué. Bof. Avis discutable et que je ne partage pas. La préface de Gérard Klein est certes narquoise, mais elle se conclut par un appel qui est de bon sens.

A+

Patrice

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Message par Lensman » jeu. nov. 22, 2012 9:07 am

Quelle importance, la place de l'université ? Ce qui est important, c'est que l'universitaire ait quelque chose d'intéressant à dire.

Oncle Joe

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Message par dracosolis » jeu. nov. 22, 2012 9:33 am

Patrice a écrit :Salut,

Moué. Bof. Avis discutable et que je ne partage pas. La préface de Gérard Klein est certes narquoise, mais elle se conclut par un appel qui est de bon sens.

A+

Patrice
je ne discutais pas de la préface de Klein (que je n'ai pas terminée et qui est intéressante) mais de la facilité (que tu relatais) qu'il y a à reprocher à l'université des choses qui sont la base de son fonctionnement, sa lenteur en particulier
ce qu'en dit Klein est plus fin, il attribue ça (pour faire court) à la volonté politique de Richelieu de faire ein wolk ein reich ein fuhrer (point godwin^^+ anachronisme patent^^)

n'empêche que si c'est lent, ça protège aussi des effets de mode, toujours nuisibles à la réflexion un peu rigoureuse
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Message par Patrice » jeu. nov. 22, 2012 9:41 am

Salut,

Ma foi, je n'ai jamais dit que je faisais juste un résumé du livre: je me permets de critiquer et d'interpréter. Il s'agit donc d'une lecture tout à fait subjective, évidemment. Après, faut-il que je mette en italique ce qui relève de mon interprétation, histoire que ce soit bien clair?

A+

Patrice

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Message par dracosolis » jeu. nov. 22, 2012 9:44 am

Patrice a écrit :Salut,

Ma foi, je n'ai jamais dit que je faisais juste un résumé du livre: je me permets de critiquer et d'interpréter. Il s'agit donc d'une lecture tout à fait subjective, évidemment. Après, faut-il que je mette en italique ce qui relève de mon interprétation, histoire que ce soit bien clair?

A+

Patrice
et moi dois je te rappeler que c'est à toi que je parle et pas à Klein ?^^ (d'autant plus que je ne l'avais pas lue)
je ne peux te répondre donc que sur TON avis discutable et subjectif et affirmer que je ne le partage pas
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Message par Patrice » jeu. nov. 22, 2012 9:52 am

Salut,

Eh bien voilà. Tout le monde est content (même si je ne vois pas trop en quoi mon avis diverge de celui de Gérard Klein qui, s'il est subtil, n'en demande pas moins aux universitaires de cesser de ronronner au coin du feu en lisant Stendhal). Bref, passons.

A+

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Message par JDB » jeu. nov. 22, 2012 12:23 pm

On pourrait changer le titre du fil ? Le science-fiction, ça fait pédant (voire escarpitien, pour les vieux fossiles comme moi).
JDB
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Message par dracosolis » jeu. nov. 22, 2012 12:34 pm

le science fictionniste ?
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Message par Patrice » jeu. nov. 22, 2012 2:35 pm

Salut,

Ayé.

A+

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Message par Patrice » jeu. nov. 22, 2012 6:36 pm

Salut,

Allez, dernier élément de critique avec les chapitres V, VI et VII et la conclusion.
Je l'avoue, même si j'ai tout lu, j'ai parfois été un peu lâché. Ca n'est pas la faute de l'auteur, mais bien la mienne: mon petit cerveau étriqué a du mal avec ce champ d'analyse littéraire. Ca n'est pas mon truc. Je serai donc fort mal placé pour juger ou critiquer le fonds, même si là encore, cela m'a semblé fort bien fichu, bien argumenté.
Une remarque générale: si Simon n'emploie bien évidemment que des exemples français, la quasi-totalité de ses propos peuvent convenir à l'ensemble de la SF.
Des petits détails rigolos. Simon revient durant quelques pages sur un article de Marc Angenot, lequel notamment, compare une description de robe dans Mme Bovary, et une autre dans un texte de B.R. Bruss. Cette comparaison, critiqué évidemment par Simon, entre un objet supposé réaliste et un autre relevant de la SF, tient d'autant moins la route que dans Mme Bovary, il se trouve des éléments vestimentaires qu'on ne peut qualifier de réaliste, et notamment la fameuse casquette de Charles Bovary jeune:
http://www.loustal.nl/museum597.htm

Autre passage rigolo: celui sur le lexique. Quelques pages pour dire que finalement, l'auteur de SF jargonne, même si Simon n'emploie pas ce terme. Les champions du genre pourraient être d'ailleurs les auteurs du FNA. Les titres de leurs romans peuvent souvent se résumer à cette formule:
Le (les, très rarement la) + nomdébile1 / de + nomdébile2.

Simon détaille ensuite tous ces processus créatifs qui visent à créer des univers. Le passage sur la genèse de Surface de la planète de Drode est vraiment chouette, Simon ayant eu la chance d'avoir sous la main les différentes versions manuscrites du roman, il peut se baser dessus pour montrer le cheminement d'écriture.

Au final, une thèse vraiment intéressante, tout public, doublé d'un bel outil de travail grâce à ses tableaux et annexes. Une chouette lecture.

A+

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Message par dracosolis » jeu. nov. 22, 2012 9:09 pm

pour l'instant je navigue dans les régimes ontologiques et c'est cool
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