Une fille comme les autres

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zen arcade
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Message par zen arcade » lun. mars 05, 2007 10:25 pm

Anne a écrit : Sinon, si, je maintiens que cette démarche est rare. Et également que cette démarche rend le livre plus intéressant, en soi, à analyser.
Je ne partage pas ce point de vue.
On peut saluer la démarche d'un éditeur qui prend des risques, qui publie des coups de coeur,... mais en ce qui me concerne, je ne vois pas très bien en quoi cela interfère avec l'analyse du livre publié, d'autant plus quand il s'agit d'une simple traduction d'un ouvrage originellement édité à l'étranger.
Ceci vaut pour Bragelonne comme pour n'importe quel éditeur.
Anne a écrit :Je trouve donc le livre triplement intéressant, à ce titre: démarche éditoriale rare, sujet grave et prêtant à débat et utilisation (tant dans la stylistique que le fond) d'un genre particulier pour faire passer un message.
Mais ça reste mon avis...
C'est l'utilisation du genre pour faire passer un message qui semble vous diviser.
Certains (peut-être Dracosolis encore plus que toi) ressentent un investissement émotionnel tellement fort vis-à-vis du message et du sujet qu'il semble empêcher de débattre d'éventuels défauts relevés à tort ou à raison par une approche plus analytique et distanciée.
D'où le dialogue de sourd.

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DuncanI
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Message par DuncanI » lun. mars 05, 2007 10:38 pm

dracosolis a écrit :C’est pourquoi il tue Ruth pas seulement pour venger Meg (et même de ça je suis presque sûre que non, en fait) il la tue parce que LUI n’a rien fait.
Et pourquoi alors, blessé, traumatisé, en état de choc a-t-il soudain la présence d'esprit de pousser Ruth dans l'escalier ? David est si passif, il est tellement écrasé par la terreur que lui inspire Ruth que cette scène ne me paraît pas crédible et gâche la fin d'un roman qui se veut réaliste. Je veux bien comprendre qu'il réunisse le courage d'aller aménager une fuite à Meg en plein milieu de la nuit, pas qu'il se retourne soudain contre sa tortionnaire alors que ses référents (son père, le policier) ont repris leur place d'adultes responsables et agissants en venant le sauver.
dracosolis a écrit :Ce qui n’aurait pas été la raison de Donnie, lui à la limite, il aurait pu venger Meg, ou simplement sauver sa peau, parce que la mort de Ruth c’est l'unique solution de la fratrie pour sortir de cet enfer. Le geste de Donnie aurait été "noble". Celui de David ne l’est pas, ne le satisfait pas, ne restaure rien, et ne sauve rien, pas même David à ses propres yeux parce qu’il n’y a plus rien à sauver : c’est trop tard.
Ça ne restaure rien pour David. Par contre ça restaure le monde tel que le connait le consommateur de fiction bas de gamme US : le méchant ne passe pas devant la justice des hommes, il est mis à mort par une des victimes ou une figure de l'autorité. Cette mise en scène du sempiternel "Si t'es le méchant tu dois mourir à la fin" fout en l'air tout l'édifice de réalisme et de crédibilité érigé jusque-là par Ketchum.
Je crois que c'est là qu'on voit qu'il est en rogne : à la fin, il se laisse aller à utiliser la Loi du Talion pour Ruth plutôt qu'à lui appliquer le déroulement raisonnable et réaliste qu'il réserve aux enfants : arrestation, jugement, sentence.
A tout prendre, j'aurais préféré un David passif jusqu'au bout et savoir comment la justice américaine de l'époque aurait pu réagir devant un monstre du gabarit de Ruth.

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AK
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Message par AK » mar. mars 06, 2007 12:32 am

vous êtes trop mimi les filles.
j'adore le "ak est un génie dont les qualités de critique littéraire reconnues par ses potes informaticiens sont indiscutables". merci.

et je voulais profiter de l'occasion pour rendre hommage à la défunte collection Gore qui, en osant publier en 1986 le premier porno-gore réaliste de Ketchum (*), a pour la première fois fait tomber les frontières des genres, au nom de la littérature.

A.K.

(*)"Saison de mort" (prochainement réédité chez Brage). Moins bon qu'une fille... mais bien quand même, avec des thématiques très voisines et curieusement le même revirement déshumanisant et manichéen sur la fin.
Contains strong violence, pervasive language,
sexual content/nudity and drug use.

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dracosolis
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Message par dracosolis » mar. mars 06, 2007 6:51 am

DuncanI a écrit :
dracosolis a écrit :C’est pourquoi il tue Ruth pas seulement pour venger Meg (et même de ça je suis presque sûre que non, en fait) il la tue parce que LUI n’a rien fait.
Et pourquoi alors, blessé, traumatisé, en état de choc a-t-il soudain la présence d'esprit de pousser Ruth dans l'escalier ? David est si passif, il est tellement écrasé par la terreur que lui inspire Ruth que cette scène ne me paraît pas crédible et gâche la fin d'un roman qui se veut réaliste. Je veux bien comprendre qu'il réunisse le courage d'aller aménager une fuite à Meg en plein milieu de la nuit, pas qu'il se retourne soudain contre sa tortionnaire alors que ses référents (son père, le policier) ont repris leur place d'adultes responsables et agissants en venant le sauver.
il la pousse dans un escalier, c'est un meurtre lâche, un meurtre mou si j'ose dire, presque un réflexe
c'est l'occasion qu'il n'a pas su saisir avant mais ça rate (en tout cas à mon sens) et si les adultes avaient repris leur place d'adultes ils n'auraient pas (comme pour Meg) "laissé courir" le meurtre de Meg.
dracosolis a écrit :Ce qui n’aurait pas été la raison de Donnie, lui à la limite, il aurait pu venger Meg, ou simplement sauver sa peau, parce que la mort de Ruth c’est l'unique solution de la fratrie pour sortir de cet enfer. Le geste de Donnie aurait été "noble". Celui de David ne l’est pas, ne le satisfait pas, ne restaure rien, et ne sauve rien, pas même David à ses propres yeux parce qu’il n’y a plus rien à sauver : c’est trop tard.
Ça ne restaure rien pour David. Par contre ça restaure le monde tel que le connait le consommateur de fiction bas de gamme US : le méchant ne passe pas devant la justice des hommes, il est mis à mort par une des victimes ou une figure de l'autorité. Cette mise en scène du sempiternel "Si t'es le méchant tu dois mourir à la fin" fout en l'air tout l'édifice de réalisme et de crédibilité érigé jusque-là par Ketchum.
Je crois que c'est là qu'on voit qu'il est en rogne : à la fin, il se laisse aller à utiliser la Loi du Talion pour Ruth plutôt qu'à lui appliquer le déroulement raisonnable et réaliste qu'il réserve aux enfants : arrestation, jugement, sentence.
A tout prendre, j'aurais préféré un David passif jusqu'au bout et savoir comment la justice américaine de l'époque aurait pu réagir devant un monstre du gabarit de Ruth.
pour moi ce meurtre n'est que la cerise sur le gâteau de David, justement, il ne restaure, comme je l'ai rien,

pas même à nos propres yeux, (la preuve cela te déçoit)
Antéchrist N°4
Idéologue Relativiste à mi-temps
Antéchrist N°4 :

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Anne
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Message par Anne » mar. mars 06, 2007 9:07 am

Je ne répondrai plus à ce sujet.
Certains sont trop à cran dès qu'on parle de littérature.

Beuh, ça me rappelle que je reprends les cours en septembre...


Bizzz et sans rancune!

PS: je vais ptêtre même le vérouiller mais je ne ferai rien sans l'aval de mes supérieurs...hé hé...

jerome
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Message par jerome » mar. mars 06, 2007 10:29 am

bon, finalement c'est moi qui le vérouille.

Relisez les 7 pages de discussion sur le forum, il y a pas mal de choses qui ont été dites sur le bouquin.

Malheureusement y'a de petits tacles ici et là qui gênent la discussion. Trop de passion dans les propos on va dire poliment.

Comme je ne suis pas sûr que la discussion apporte de nouvelles choses (les points de vue étant assez éloignés, même si finalement chacun a aimé le livre) et qu'on puisse éviter ces petits règlements de compte à droite à gauche, ben je locke.
Jérôme
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley

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