Françatome de Johan Heliot

[marie.m]

L'avis de Joseph Altairac sur Facebook :

Café, SF, et assimilé (même de très loin…) n°131. Aujourd’hui (27/05/2013) :
« Françatome » de Johan Héliot et « Les Éléphants bleus » de Rosny aîné

Et hop ! Le billet du café du matin est de retour, après un raid documentaire exceptionnel et prolongé aux Imaginales d’Épinal ! Bravo et merci à toute l’équipe de cet incontournable festival, que, du coup, je me suis promis de ne plus contourner, à l’avenir !
Ce voyage fut entrepris à but purement documentaire, comme on s’en doute, et s’il demeure des sceptiques, je le leur prouve, en alignant quelques mots sur un ouvrage qui n’existe pas encore (puisque son copyright est de juin 2013, c’est marqué dessus) : « Françatome », de Johan Héliot (Mnémos, collection Hélios, 9€ (c’est pas cher)).

« Nous ne sommes rien d’autre que l’addition d’images et de sensations révolues, soumises au filtre de la mémoire. » (p.242)

Au filtre, mais aussi au philtre, serait-on tenté d’ajouter à cette pertinente réflexion du narrateur et protagoniste principal (quantique ?) de ce roman au titre bien trouvé de Johan Héliot, auteur justement réputé pour ses uchronies.
Dans un accès de purisme (ce qui me prend parfois), je qualifierais les uchronies de Johan Héliot d’univers parallèles à tendance uchronique, plutôt que d’uchronies à strictement parler, et c’est particulièrement flagrant pour « Françatome », mais enfin, ce débat nous mènerait trop loin et ne présente guère d’intérêt dans le cadre ludique du billet du café du matin. Ce qui importe, c’est de dire que « Françatome » va réjouir tous les savanturiers (ou assimilés) fascinés par les somptueuses fusées et autres stations spatiales à la von Braun qui, dans les années cinquante-soixante, hantaient les pages des magazines type « Collier’s » aux États-Unis, ou « Science et Vie » en France : Johan Héliot leur redonne vie dans « Françatome » et, cerise sur le gâteau, en fait une spécialité… française ! Dans son monde parallèle, en effet, ce ne sont pas les Américains, mais les Français qui ont récupéré le savant allemand, lequel construit la « Roue », une station spatiale pour le compte du général de Gaulle, au moyen de fusées à propulsion atomique !!!
Il y a cependant un petit problème, du fait que Magnus Maximillian — comme se fait désormais appeler le concepteur des V2 — semble avoir perdu les pédales, tout comme le père du héros, atomiste de génie un tantinet dépourvu de sens moral.

On aura compris que malgré les apparence, il ne faut pas s’attendre à trouver dans « Françatome » la pure description d’un univers technophile aseptisé sur papier glacé pour passionnés de machines prodigieuses. Car chez Johan Héliot, la réflexion socio-politique pointe toujours son nez, la satire n’est jamais loin, et le moins que l’on puisse dire est que l’univers cancéreux de « Françatome », saturé de radiations et dévasté par la guerre civile, n’apparaît guère comme une alternative heureuse à celui que nous avons le bonheur (hum) d’habiter. En imaginant les conséquences qu’aurait eu sur la France (et par contrecoup le reste du monde) un général de Gaulle légèrement plus mégalomane et davantage influencé par certains militaires, jusqu’au boutistes de l’empire français (ce n’est pas ce qui manquait, dans les années cinquante-soixante…), l’auteur de « La Trilogie de la Lune » dénonce les mécanismes de toute une tradition politique française d’égémonisme à tendance paranoïaque encore souvent et inexplicablement valorisée de nos jours (et ayant débouché sur l’obsession de l’arme atomique, par exemple).
On saluera au passage la réussite que constitue l’illustration de couverture signée Carlo Oliveira, parfaitement dans le ton… avant que tout ne commence à se déglinguer sérieusement… Fortement recommandé !
Mon grand regret : ne pas pouvoir discuter de ce roman avec Roland C. Wagner, l’auteur de « Rêves de gloire ».

Pour les admirateurs de Rosny, une petite curiosité, dénichée dans le n°202 (15 octobre 1922) de « Je Sais Tout » : « Les Éléphants bleus ». On ne peut pas dire qu’il s’agisse d’un chef-d’œuvre, mais ça se laisse lire, surtout à 8h du matin et en dégustant un bon café.

[bormandg]

Je ne devrais pas avoir lu cette critique alors que je n'ai pas encore rédigé ma propre recension: je ne vois pas quoi dire d'autre que ce qu'a dit Joseph...
Comme lui je classe ce roman dans les univers parallèles (perpendiculaires plutôt dans le cas présent) et non dans les "vraies" uchronies qui partent du point de divergence (dans ce roman, pas plus que dans RdG on ne saurait se limiter à un point unique) pour en tirer les conséquences; ici Johan construit un univers différent, grossit et déforme certains traits de l'histoire qu'il veut discuter et se sépare complètement du fil historique plutôt que d'en étudier l'enchevêtrement et la réaction à une modification.
Je vois bien un thème du roman que n'a pas évoqué Joseph, mais en parler m'imposerait une dose de gâchage excessive, et je le tairai moi aussi dans ma chronique. Si je parviens à la rédiger. Sinon, excusez-moi Johan et Charlotte, je plussoie 42 fois le commentaire de Joseph et je m'en tiens là. Pas encore sûr, je vais quand même essayer d'écrire quelque chose de non plagiaire...

[marie.m]

Une chronique à lire sur le Salon littéraire.

Ce roman ambitieux sur le plan historique, politique, scientifique et social est aussi une aventure, menée tambour battant. Les pages défilent à grande vitesse. Cerise sur le gâteau pour les amateurs de science-fiction et d’imaginaire au sens large, l’intrigue aborde un autre versant du réel sur lequel il serait maladroit de déflorer le mystère. Françatome est une œuvre dense, enrichissante, pénétrante et mélancolique, servie par un style limpide. A mon avis, une très grande réussite !

[marie.m]

Et une autre sur le blog d'Unwalkers.

Bref c’est un petit bijou, à ceux que l’Uchronie rebute, je vous prie de croire qu’ici, tout fonctionne à merveille, et le récit est constitué de beauté d’âme et d’aventures

De ce livre ce n’est pas uniquement l’uchronie que je retiendrai , mais les liens et tissus humains qui nous lient..

[Jacques Ah !]

L'uchronie me laisse dubitatif : à ces œuvres de pure fiction, je préfère les space-opéras ambitieux et réussis ou les œuvres de (science-)fiction qui se reconnectent au "réel"... histoire d'amener le lecteur dans un monde, voire dans un avenir possible.
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Les rêves de Cléopâtre, de Napoléon ou d'Hitler ne m'apportent pas grand chose, cela n'empêche pas qu'il y a de bonnes uchronies et de mauvaises uchronies, je pense en particulier à "Les Croisés" ou aux ouvrages de "La patrouille du temps" de Poul Anderson car ça donne un angle d'attaque très particulier à des sujets qui restent bien souvent historiques, ce qui donne parfois des idées à de vrais scientifiques, de vrais philosophes, de vrais acteurs de la vie sociale qui ont des résultats positifs.
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Mais je suis très difficile en matière d'uchronie, voire très réservé sur cet art ;

[Oph]

Françatome, c'est de la balle.
(mode "frustrant et laconique", tous droits réservés Dracosolis)

[dracosolis]

Ce que j'adore avec les adieux fracassants au music hall, c'est que c'est jamais définitif.
et sinon Johan héliot , c'est top cool de la mort qui tue du futur (je fais au niveau de lorindil)