Le jour des Triffides

[Eons]

J'ai terminé ce livre il y a quelques jours – un des rares classiques que je n'avais pas encore lus, et je partage l'avis émis par Jérôme Lavadou dans sa critique : la fin m'a laissé sur ma faim.
J'ai dévoré ce livre, attendant toujours que les créatures qui donnent leur titre au roman prennent une place de premier rang. En vain. D'un bout à l'autre, elles ne font guère plus que de la figuration, juste là pour compliquer un peu plus la tâche des survivants. À ce titre, Wyndham aurait mieux fait de mettre en scène des rats ou autres bestioles moins "exotiques".
La conclusion m'a fait l'effet d'une claque. J'aurais préféré un "(à suivre)"...

Est-ce que personne n'a écrit de suite à ce roman ? Elle fait cruellement défaut.

[sandrine.f]

(Hodder & Stoughton, 2001, couverture de Chris Moore)

sans aucun intérêt.

[Papageno]

J’ai lu ce livre pour la première fois quand il est parut dans les années 70 chez Opta (sous le titre «Les Triffides ») A l’époque c’était pour moi le chef-d’œuvre absolu, le livre de SF parfait. A l’occasion de sa récente réédition j’ai pris la peine de le relire. Bon, le mot Chef-d’œuvre est un peu exagéré mais malgré les petits défauts constatés par Jérome, cela reste toujours un très bon livre, vraiment un classique. Le premier chapitre par exemple est exemplaire. Des les premières lignes on est accroché et on a envi de connaître la suite (si j’etais méchant, je pourrais faire la comparaison avec certains livres actuels ou l’histoire commence a devenir intéressant qu’au environ de la 200ième pages !), et à mon avis cette suite ne déçois pas.
Pour la fin, à l’époque je m était fait la même réflexion que toi, trop rapide, laissant trop de questions en suspend ! Mais aujourd’hui je ne suis plus très sur qu’une suite apporterait autre chose que des banalités, enfin ce n’est qu’un avis.

[jerome]

(Hodder & Stoughton, 2001, couverture de Chris Moore)

sans aucun intérêt.

Je ne dirais qu'un mot devant tant de mémoire : chapeau !

[Eons]

Pour résumer, je crois que le meilleur qualificatif pour ce roman serait « chef-d'œuvre inachevé ».
Et si je comprends bien, une BONNE suite reste toujours à écrire...

[Papageno]

Ho, je n’avais pas lu la post de Sandrine. Je ne savais pas non plus qu’une suite existait. Impressionnante Sandrine, comme d’habitude!

[Patrice]

Salut,

Juste comme ça pour faire le malin: c'est Arkadi Strougatski qui a traduit ce roman en russe (pas la suite, le vrai).

A+

Patrice

[jlavadou]

Je suis effectivement d'accord avec toi, Eons : les triffides auraient pu être mieux exploités. Je dis "auraient pu" et non pas "auraient dû", car je pense que Wyndham a fait exactement ce qu'il voulait : un livre plus sociologique que romanesque. La fin nous semble ête en queue de poisson, mais finalement ce qui intéressait Wyndham c'était la situation de crise, instable, la période de transition entre un monde civilisé et un monde en reconstruction. Je pense que les triffides ne sont qu'une manifestation de notre manque de contrôle sur notre développement. Wyndham n'a pas voulu en faire des monstres, ni des êtres animés sciemment de mauvaises intentions à l'égard de l'humanité, mais juste un élément de plus à prendre en compte dans l'échec de notre société.

Tiens Patrice, c'est marrant ce que tu dis par rapport à la traduction en russe, car c'est un peu la même démarche que je crois déceler dans les quelques oeuvres de Strougatski que j'ai lues : l'argument SF ou fantastique n'est qu'un déclencheur ou un élément du décor, mais c'est l'humain et sa société qui restent au centre du livre.

[Papageno]

qu'une manifestation de notre manque de contrôle sur notre développement

Est-ce qu’on pourrait pas faire le rapprochement entre Triffides et OGM d’aujourd’hui : c’est qu’une question ?

[Magda Dorner]

Je cite la conclusion :
"Un roman qui se laisse lire, mais qui n'a rien d'exceptionnel. Si vous voulez du triffide, allez plutôt lire le roman original de Wyndham, et découvrez Simon Clark par l'un de ses autres romans (The Fall, par exemple, ou La Rançon des Ténèbres, sorti il y a quelques mois chez Bragelonne). "

[robo32ex]

Est-ce qu’on pourrait pas faire le rapprochement entre Triffides et OGM d’aujourd’hui : c’est qu’une question ?

je rapprocherais plutot les Triffides d'une histoire de zombies sans zombies. j'imagine que ce roman, couplé au Je Suis une Legende de Matheson à du servir de point de depart pour Russo et Romero.

enfin, c'est ce qui m'avait semblait logique lors de sa lecture (en Fleuve Noir Anticipation - donc certainement avec pas mal de coupes...)

[Monstermadness]

On pourrais se demander si Wyndham ne s'inquiétait pas déjà de notre environnement, en effet, à la fin du livre, la nature revient en force et les hommes ne sont que des habitants comme les autres, les villes n'existent plus! C'est vraiment actuel comme question non?

[jlavadou]

Je ne suis pas persuadé que Wyndham n'avait que l'écologie en tête. Je pense qu'il parlait plus largement d'une décomposition de la civilisation occidentale qui se met en danger non seulement physiquement (avec la menace atomique) mais aussi socialement.

En revanche tu as raison, c'est plus que jamais d'actualité

[Monstermadness]

C'est vrai mais quand même il était un peu en avance sur son temps, mais pour la décomposition de la civilation occidentale, c'est vrai!

[Tigerlily]

Je ne suis pas persuadé que Wyndham n'avait que l'écologie en tête. Je pense qu'il parlait plus largement d'une décomposition de la civilisation occidentale qui se met en danger non seulement physiquement (avec la menace atomique) mais aussi socialement

Il ne faut pas perdre de vue que le livre a été écrit dans les années cinquante juste après la guerre et dans une société en pleine mutation. (le rôle et la psychologie des personnages féminins par exemple ne sont plus crédibles de nos jours)
Il s'agit d'un excellent auteur mais un peu "suranné"

Ps : lisez aussi le village des damnés et ses nouvelles !