Ian McDONALD La petite déesse
Posté : sam. oct. 26, 2013 8:15 pm
Bonsoir
Robert Silverberg, en 1980, nous livrait Le château de Lord Valentin, premier opus de la série consacrée à Majipoor. En 1982, les Chroniques de Majipoor, complétait le panorama de la planète géante à travers quelques unes de ces facettes. Pareillement, Ian Mac Donald, après Le Fleuve des Dieux, poursuit son exploration d'une Inde futuriste à travers les sept nouvelles de La petite déesse.
L'anthologie Cyberabad Days (titre original de La Petite Déesse) est de toute beauté et on souhaite à l'écrivain britannique le même succès que son illustre prédécesseur américain.
Les nouvelles sont toutes différentes mais en même temps toutes guidées par le même fil conducteur : l'impact sociétal et humain de l'arrivée des nouvelles technologies. Les racines irlandaises de l'auteur et son vécu du conflit irlandais transpirent à travers le paysage de cette Inde déchirée en une multitude d’États, soumis à la tutelle économique du géant américain.
Les textes phares me semblent être Un beau parti, La petite déesse et l'épouse du djinn. La première nouvelle entremêle avec beaucoup de finesse deux thèmes : celui du génocide des fœtus féminins actuellement pratiqué en Inde et celui de l'arroseur arrosé. La fin est superbe d'intelligence et le Diderot du Le Paradoxe du comédien ne l'eut pas reniée ! Les deux autres textes traitent de la cohabitation des anciens (ici deux femmes) et des nouveaux indiens (les Intelligences Artificielles). Deux femmes, l'une, ancienne Kumari népalaise, l'autre, danseuse traditionnelle, vivent dans leur chair et dans leur âme le rapprochement avec ces IA qui, telles les dieux de l'hindouisme, régissent la nouvelle Inde. Deux nouvelles différentes, deux fins différentes puisque la petite déesse découvre comment vivre avec les IA alors que l'épouse du djinn ne réussit pas la symbiose. L'auteur en profite pour explorer la condition féminine dans le sous-continent indien et, du coup, nous plonge au cœur d'un océan culturel, dans une société cloisonnée entre des castes mais, en même temps, si unie dans la religion et les valeurs.
L'assassin poussière, avec un suspens digne des meilleurs policiers, se rapproche des coulisses du pouvoir. Hîr, le neutre, se souvient de l'étrange destinée des eunuques byzantins, faiseurs d'empereurs.
Les autres nouvelles sont très belles à l'instar de Sanjiv et Robot-wallah, traitement doux amer du thème, finalement très français, des anciens combattants. Kyle fait la connaissance du fleuve se veut plus politique et dénonce les inégalités sociales.
Le seul bémol pourrait porter sur Vishnu au cirque de chats. Ian Mac Donald n'est pas Olaf Stapledon et vouloir raconter, à vitesse forcée, l'histoire de l'Inde sur presque 50 ans, revêt un caractère superficiel. Des longueurs et le recours systématique au Deux ex machina font regretter ce qui aurait pu faire un superbe roman de 400 pages !
Mais ne faisons pas la difficile. La petite déesse est un livre magnifique. Il ravira celles et ceux qui ont apprécié Le fleuve des dieux. Les critiques ont d'ailleurs récompensé la nouvelle ayant donné son titre au recueil qui a obtenu le grand prix de l’imaginaire 2013.
Au final, une seule question s'impose. A quand un troisième Opus ?
Cordialement
Eléanore-clo
Robert Silverberg, en 1980, nous livrait Le château de Lord Valentin, premier opus de la série consacrée à Majipoor. En 1982, les Chroniques de Majipoor, complétait le panorama de la planète géante à travers quelques unes de ces facettes. Pareillement, Ian Mac Donald, après Le Fleuve des Dieux, poursuit son exploration d'une Inde futuriste à travers les sept nouvelles de La petite déesse.
L'anthologie Cyberabad Days (titre original de La Petite Déesse) est de toute beauté et on souhaite à l'écrivain britannique le même succès que son illustre prédécesseur américain.
Les nouvelles sont toutes différentes mais en même temps toutes guidées par le même fil conducteur : l'impact sociétal et humain de l'arrivée des nouvelles technologies. Les racines irlandaises de l'auteur et son vécu du conflit irlandais transpirent à travers le paysage de cette Inde déchirée en une multitude d’États, soumis à la tutelle économique du géant américain.
Les textes phares me semblent être Un beau parti, La petite déesse et l'épouse du djinn. La première nouvelle entremêle avec beaucoup de finesse deux thèmes : celui du génocide des fœtus féminins actuellement pratiqué en Inde et celui de l'arroseur arrosé. La fin est superbe d'intelligence et le Diderot du Le Paradoxe du comédien ne l'eut pas reniée ! Les deux autres textes traitent de la cohabitation des anciens (ici deux femmes) et des nouveaux indiens (les Intelligences Artificielles). Deux femmes, l'une, ancienne Kumari népalaise, l'autre, danseuse traditionnelle, vivent dans leur chair et dans leur âme le rapprochement avec ces IA qui, telles les dieux de l'hindouisme, régissent la nouvelle Inde. Deux nouvelles différentes, deux fins différentes puisque la petite déesse découvre comment vivre avec les IA alors que l'épouse du djinn ne réussit pas la symbiose. L'auteur en profite pour explorer la condition féminine dans le sous-continent indien et, du coup, nous plonge au cœur d'un océan culturel, dans une société cloisonnée entre des castes mais, en même temps, si unie dans la religion et les valeurs.
L'assassin poussière, avec un suspens digne des meilleurs policiers, se rapproche des coulisses du pouvoir. Hîr, le neutre, se souvient de l'étrange destinée des eunuques byzantins, faiseurs d'empereurs.
Les autres nouvelles sont très belles à l'instar de Sanjiv et Robot-wallah, traitement doux amer du thème, finalement très français, des anciens combattants. Kyle fait la connaissance du fleuve se veut plus politique et dénonce les inégalités sociales.
Le seul bémol pourrait porter sur Vishnu au cirque de chats. Ian Mac Donald n'est pas Olaf Stapledon et vouloir raconter, à vitesse forcée, l'histoire de l'Inde sur presque 50 ans, revêt un caractère superficiel. Des longueurs et le recours systématique au Deux ex machina font regretter ce qui aurait pu faire un superbe roman de 400 pages !
Mais ne faisons pas la difficile. La petite déesse est un livre magnifique. Il ravira celles et ceux qui ont apprécié Le fleuve des dieux. Les critiques ont d'ailleurs récompensé la nouvelle ayant donné son titre au recueil qui a obtenu le grand prix de l’imaginaire 2013.
Au final, une seule question s'impose. A quand un troisième Opus ?
Cordialement
Eléanore-clo