Bonjour Marc,
Je viens de lire avec beaucoup d'intérêt votre
critique de 2053, le réveil de Trevor Narg. Je ne le
cacherai pas, avec une certaine émotion, celle
que l’on partage quelque fois en des circonstances
particulières. Ici pour avoir lu ce roman, l’avoir
savouré, même si nous n’en avons pas fait exactement
la même lecture (je parle du fond), probablement pour
être entrés dans la Trilogie autrement : vous avec
2053, moi avec 5021 puis 5022.
Ceci ajoute à mon intérêt pour vos appréciations.
Je les partage totalement sur l’écriture, tant dans la
forme que dans l’effet sur le contenu, vous avez su
trouver des « répliques à la hauteur du texte et de ce
qu’il ose. Les deux premiers romans avaient ouvert la
voie, le style accentuant les ambiances et l’évolution
psychologique de Lucas. Mais pourquoi en dire plus ?
Sur le fond, l’histoire et les personnages, je crains
que le contenu des 2 premiers romans n’ait manqué à
votre lecture, du moins sur ce terrain-là, car ce
manque semble orienter l’histoire autrement : nous n’y
trouvons pas le même développement, la même fin, ni le
même effet sur l’ensemble de la Trilogie. Tant mieux,
c’est peut-être d’ailleurs ce qu’a voulu l’auteur.
Déjà, à propos de 5021, il annonçait « autant de
lectures …».
De plus l’aboutissement de 2053 remet en question le
contexte de 5021 et 5022, donc leur lecture. Avec
malice, Narg écrit aussi quelque part sur un de ses
sites, que l’on peut commencer par l’un des trois,
qu’alors seule la « coloration » change je crois. Je
pense un peu plus, à vous lire. Mais encore une fois
tant mieux.
Plus de légèreté dans le dernier apparemment en
commençant par lui, mais dans ce cas n’a-t-on pas
envie d’en savoir plus ? 5021 et 5022 en deviennent
des « annexes » à découvrir (je ne sais si Trevor Narg
aimeraient ce terme).
Les personnages par exemple, Dou, puisque vous dites
que Lucas l’a connu en Egypte. Certes, en chair et en
os ( c’est cela qu’on dit ?), mais en fait, c’est une
longue histoire, comme celles des autres , cités eux
aussi. Dou a été recommandé à Lucas par son «
grand-père » (lui-même tout une histoire), dans une
note que ce dernier lui avait confiée avant de
disparaître, alors que Lucas était encore enfant, seul
dans sa case. Cette note, seule trace concrète du seul
être qui l'a aimé, donc essentielle dans sa vie, lui
permet de « survivre » à une épreuve déterminante
également ; après bien des péripéties, une nouvelle
rencontre, bientôt essentielle aussi, lui permettra de
la comprendre, puis de partir à la recherche de
l’archéologue. Les télécommunications les mettent en
rapport et les liens se nouent jusqu’à la promesse un
jour de se retrouver en Egypte… L’expérience et la
culture de ce personnage sur l’Afrique, l’Egypte, leur
rapport avec l’histoire, la civilisation et les «
actualités », celles de leur monde et celles du nôtre,
changeraient, je pense, votre appréciation sur le fond
et l’histoire.
L’histoire de la Trilogie se vit en effet tout au long
de cette « aventure », elle ne se révèle vraiment qu’à
sa toute fin, et là le « conte philosophique » prend
toute sa signification. Vous utilisez le mot «
pathologie », ne s’agit-il pas plutôt d’un remède à
l’un des grands maux de notre époque ?
Une agréable médecine à prescrire plutôt, sans plus
tarder.
Nath
2053 le réveil (trilogie 3) de TREVOR NARG
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- Marc Alotton
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- Localisation : Montreuil
Bonjour Nath,
Merci pour ces précisions intéressantes.
En effet, ne disposant pas des ouvrages précédents, je n'avais pas pu lire 5021 et 5022. J'avais cependant à ma disposition la chronique d'Eric Holstein sur 5021 et un certain nombre d'informations concernant la série sur Internet.
C'est parfois le cas dans nos chroniques car nous devons aussi nous placer dans la situation du lecteur qui aborderait la série par un ouvrage récemment publié sans avoir lu le premier. Cela était d'autant plus légitime que l'auteur lui-même fait état, comme vous le rappelez, d'une série à trois entrées distinctes.
Le roman m'a paru très original sur le fond (enchevêtrement de rencontres et renvois dans le temps) et la forme (découpage, qualité de l'écriture). Il reste que l'intrigue est, par rapport aux oeuvres du genre SF, très centrée sur une personne et sur ses rapports affectifs avec des personnages plutôt fantomatiques. L'action manque de corps, au-delà même des éclairages que peuvent apporter les deux premiers ouvrages. C'est ce que je voulais faire ressortir dans la chronique plutôt que le détail de l'évolution psychologique de Lucas et de ses relations affectives. Les internautes consultant ActuSF sont, en effet, amateurs de SF et connaissent bien les codes du genre. Ils veulent avant tout savoir ce qui fait l'originalité, la force et la faiblesse d'un roman de SF ou de fantasy.
Ce qui peut être qualifié de "pathologique", toujours au regard des codes en vigueur, ce n'est pas l'écriture (qui serait plutôt un exemple à suivre), ce n'est pas le propos général (le fondement de la trilogie est intelligent et novateur), mais plutôt la narration et le déroulement des actions. On sent l'auteur emporté par ses circonvolutions sentimentales ou ses commentaires idéologiques, au détriment de ses lecteurs qui attendent une histoire. On sent l'auteur surtout pas forcément conscient du décalage de la narration par rapport à d'autres ouvrages SF.
Bien entendu, si le lecteur est capable de s'affranchir des exigences du genre, il peut se laisser volontiers guider par cette narration faite d'associations en spirale. J'éprouve une réelle sympathie pour les auteurs qui affirment leur personnalité en transgressant les usages, mais je dois aussi reconnaître que l'univers de Trevor Narg et sa façon de dérouler une histoire sont totalement décalés par rapport aux canons de la SF et aux attentes du public. Ou alors, pour éradiquer la dimension pathologique, il faudrait créer un nouveau genre (et un nouveau public) qui serait aux frontières de la littérature générale, de la SF et de la poésie, où la forme et la musique intérieure l'emporteraient sur le cheminement linéraire ou hypertextuel d'une histoire. Asile (refuge) pour les uns. Asile (enfermement) pour les autres.
Pour votre information, après Eric et moi-même, la chronique du 5022 a été volontairement confiée à un nouveau rédacteur, Jean, afin de multiplier les points d'entrée et les points de vue sur l'oeuvre de Trevor Narg, ainsi qu'il nous y invite lui-même.
Marc
Merci pour ces précisions intéressantes.
En effet, ne disposant pas des ouvrages précédents, je n'avais pas pu lire 5021 et 5022. J'avais cependant à ma disposition la chronique d'Eric Holstein sur 5021 et un certain nombre d'informations concernant la série sur Internet.
C'est parfois le cas dans nos chroniques car nous devons aussi nous placer dans la situation du lecteur qui aborderait la série par un ouvrage récemment publié sans avoir lu le premier. Cela était d'autant plus légitime que l'auteur lui-même fait état, comme vous le rappelez, d'une série à trois entrées distinctes.
Le roman m'a paru très original sur le fond (enchevêtrement de rencontres et renvois dans le temps) et la forme (découpage, qualité de l'écriture). Il reste que l'intrigue est, par rapport aux oeuvres du genre SF, très centrée sur une personne et sur ses rapports affectifs avec des personnages plutôt fantomatiques. L'action manque de corps, au-delà même des éclairages que peuvent apporter les deux premiers ouvrages. C'est ce que je voulais faire ressortir dans la chronique plutôt que le détail de l'évolution psychologique de Lucas et de ses relations affectives. Les internautes consultant ActuSF sont, en effet, amateurs de SF et connaissent bien les codes du genre. Ils veulent avant tout savoir ce qui fait l'originalité, la force et la faiblesse d'un roman de SF ou de fantasy.
Ce qui peut être qualifié de "pathologique", toujours au regard des codes en vigueur, ce n'est pas l'écriture (qui serait plutôt un exemple à suivre), ce n'est pas le propos général (le fondement de la trilogie est intelligent et novateur), mais plutôt la narration et le déroulement des actions. On sent l'auteur emporté par ses circonvolutions sentimentales ou ses commentaires idéologiques, au détriment de ses lecteurs qui attendent une histoire. On sent l'auteur surtout pas forcément conscient du décalage de la narration par rapport à d'autres ouvrages SF.
Bien entendu, si le lecteur est capable de s'affranchir des exigences du genre, il peut se laisser volontiers guider par cette narration faite d'associations en spirale. J'éprouve une réelle sympathie pour les auteurs qui affirment leur personnalité en transgressant les usages, mais je dois aussi reconnaître que l'univers de Trevor Narg et sa façon de dérouler une histoire sont totalement décalés par rapport aux canons de la SF et aux attentes du public. Ou alors, pour éradiquer la dimension pathologique, il faudrait créer un nouveau genre (et un nouveau public) qui serait aux frontières de la littérature générale, de la SF et de la poésie, où la forme et la musique intérieure l'emporteraient sur le cheminement linéraire ou hypertextuel d'une histoire. Asile (refuge) pour les uns. Asile (enfermement) pour les autres.
Pour votre information, après Eric et moi-même, la chronique du 5022 a été volontairement confiée à un nouveau rédacteur, Jean, afin de multiplier les points d'entrée et les points de vue sur l'oeuvre de Trevor Narg, ainsi qu'il nous y invite lui-même.
Marc
2053 le réveil (trilogie 3) de TREVOR NARG
Bonsoir Marc,
Je comprends que vous soyez sensible aux textes de
Trevor Narg, je trouve que les vôtres leur
ressemblent, votre réponse par sa clarté et son tact.
Vous apportez à mes questions les explications qui me
manquaient, ou que j'attendais, sur le fond en
particulier et son rapport avec le genre SF, ainsi que
sur l'originalité du roman.
Je trouve qu'avec Eric vous réservez à cette trilogie
un traitement de choix, je ne vous surprendrai pas en
vous disant qu'il me tarde de découvrir la chronique
de Jean.
Pour tout cela, merci.
Nath
Je comprends que vous soyez sensible aux textes de
Trevor Narg, je trouve que les vôtres leur
ressemblent, votre réponse par sa clarté et son tact.
Vous apportez à mes questions les explications qui me
manquaient, ou que j'attendais, sur le fond en
particulier et son rapport avec le genre SF, ainsi que
sur l'originalité du roman.
Je trouve qu'avec Eric vous réservez à cette trilogie
un traitement de choix, je ne vous surprendrai pas en
vous disant qu'il me tarde de découvrir la chronique
de Jean.
Pour tout cela, merci.
Nath
Une bonne nouvelle ! Pour ceux qui n'auraient pu
l'entendre sur "Ici et maintenant" en octobre, Trévor
Narg est l'invité de "Radio Libertaire 89.4FM" le 3
janvier 2008 à 18 heures pour l'émission "Si vis
pacem".
2 nouveaux blogs aussi :
http://cequinousattend.vox.com/
http://aquandlereveil.vox.com/
A ne pas manquer !
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janvier 2008 à 18 heures pour l'émission "Si vis
pacem".
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