
"Voici l'histoire d'une révolution". C'est par quoi commence le 4ème de couverture de l'édition Terre de Brume de ce classique de la science-fiction écrit par Robert Heinlein en 1966. Le livre a obtenu le prix Hugo l’année suivante. Cela aurait pu être la révolution de n'importe quelle nation sur Terre, mais aussi de n'importe quelle civilisation dans l'univers.
Je signale que le livre a été chroniqué par Magda Dorner sur ActuSF.
http://www.actusf.com/spip/?article1524
A travers un personnage très attachant, Manuel Garcia O'Kelly (plus familièrement appelé Mannie ou Man) qui est technicien en informatique, on découvre comment un peuple va se libérer du joug des Nations Fédérées qui se trouvent sur Terre. Mannie est monsieur tout le monde. Mais le jour où il va réparer l’ordinateur de l’autorité lunaire, il va se rendre compte que celui-ci a une conscience, s‘appelle Mike, et fera de lui son meilleur ami. Mike est comme un grand enfant un peu naïf, qui possède des ressources exceptionnelles, qu’il mettra au service de son ami humain. Au fil du temps son intelligence se développe au point de la confondre réellement avec celle d’un humain. On peut se demander ce qui se serait passé si Mike avait été mauvais. Mais pour le bien de l’histoire, Heinlein nous montre une image très humaine d’un ordinateur.
En 2075 la Lune possède 3 millions de ressortissants appelés "lunatiques", principalement composé des déportés que la Terre n'a plus voulu, puis de leurs descendants. Six villes (ou terriers devrait-on dire) rassemblent cette population composée à deux tiers par des hommes et un tiers par des femmes. Les familles ne sont plus composées par de simples couples.
La lune abrite en sous-sol de grandes exploitations agraires qui exportent leur production vers la Terre. Une autorité terrienne contrôle cette population en même temps que les échanges commerciaux. Et la population est de plus en plus exploitée par les terriens qui ne voient en eux que des travailleurs qui n’ont pas droit à la parole (presque des esclaves). La colère gronde et un mouvement de révolte s’organise, surtout que les ressources de la Lune ne sont pas inépuisables et qu’un avenir catastrophique se profile si rien ne change. C’est dans ce contexte que Mannie se retrouve par hasard, en compagnie de la jolie Wyoming et du professeur de La Paz, dans une réunion politique clandestine. A trois, avec l’aide de Mike, ils vont mettre en place un réseau qui va bouleverser l’avenir de la Lune. Heinlein nous décrit minutieusement comment un réseau de résistants va se mettre en place. A travers les yeux de Mannie, on voit la résistance neutraliser l’autorité et prendre le contrôle de la Lune. Et on ne peut pas s’empêcher de donner raison aux insurgés.
Mais les choses ne s’arrêtent pas là. Mannie et le professeur sont envoyés sur Terre comme émissaires de la nouvelle nation. Leur mission est de convaincre les peuples de la Terre que la Lune a droit à son indépendance et est une nation à part entière. C’est ici qu’on constate que les médias et les politiques perçoivent les choses différemment et ne voient en la Lune qu’une colonie qui doit continuer à produire les aliments que la Terre consommera. Malheureusement pour nos héros, les choses ne tournent pas aussi rond que prévu. Et quand ils retournent sur la Lune, c’est pour se préparer à faire la guerre. Mais comment faire la guerre quand on n’a pas d’arme et pas de vaisseaux ?
Heureusement Heinlein va nous raconter une fin héroïque qui ne sera pas sans sacrifices de part et d’autres. Du très grand Heinlein, qui se lit avec beaucoup de plaisir et qui n’a pas pris une ride quatre décennies plus tard. J'avais beaucoup aimé Une porte sur l'été, mais j'ai encore plus adoré Révolte sur la Lune