Fatherland (Robert Harris)
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Fatherland (Robert Harris)
Et si l'Allemagne hitlérienne avait gagnée la seconde guerre mondiale ?
C'est dans ce contexte que se passe l'action, en 1964.
Mais c'est franchement décevant. Le monde présenté est une caricature de l'Allemagne pendant la guerre, peuplée presque uniquement de spectres rescapés (puisqu'ils ont gagné) du parti nazi.
Et là dedans, un brave policier berlinois - dont on se demande pourquoi il est encore en poste tant il est non-conformiste - va partir dans une cavale incroyable à la recherche d('un secret inavouable (oui, mais nous, lecteurs, on le connait, ce secret - depuis l'école - alors il est un peu éventé ).
Bref, j'espérais franchement beaucoup mieux que ça, plus d'imagination et de projection dans cette uchronie !
C'est dans ce contexte que se passe l'action, en 1964.
Mais c'est franchement décevant. Le monde présenté est une caricature de l'Allemagne pendant la guerre, peuplée presque uniquement de spectres rescapés (puisqu'ils ont gagné) du parti nazi.
Et là dedans, un brave policier berlinois - dont on se demande pourquoi il est encore en poste tant il est non-conformiste - va partir dans une cavale incroyable à la recherche d('un secret inavouable (oui, mais nous, lecteurs, on le connait, ce secret - depuis l'école - alors il est un peu éventé ).
Bref, j'espérais franchement beaucoup mieux que ça, plus d'imagination et de projection dans cette uchronie !
C'est moins grave que si c'était pire ! (S.A.)
Re: Fatherland (Robert Harris)
ca a été adapté en téléfilm de qualité correcte avec rutger hauer.Jean a écrit :Et si l'Allemagne hitlérienne avait gagnée la seconde guerre mondiale ?
- Eric
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Ah je te trouve dur sur ce coup-là. C'est vrai que le gros secret du roman, le point d'orgue de l'intrigue, est forcément un peu éventé, puisque c'est la Shoah (je ne spoile pas vraiment en disant cela tout de même). Mais justement, comme on le voit arriver assez vite, le roman vaut surtout pour l'intrigue autour de la dissimulation d'un secret d'état.
Et là où je te trouve vraiment surper raide, c'est sur la crédibilité de cette Allemagne nazie, que je trouve au contraire assez bien vue. Speer y a fini ses travaux et a mis en place le Berlin qu'il avait en tête en 44. Les autres nations, 20 ans après, ont fini par s'accomoder de cette encombrante, mais incontournable puissance, et pour certaines (comme les US, ça n'a pas été si difficile que ça - rappellons qu'en 36, l'ambassadeur à Berlin était le père de JFK et qu'il trouvait ce jeune Hitler tout à fait sympathique et plein d'allant), et la manière dont le Reich s'est institutionalisé dans les anciens pays occupés est assez crédible.
Le personnage principal est certes assez anti-conformiste, mais n'oublions pas que ça se passe 20 ans après la guerre. La Gestapo n'a plus nécessairement besoin de cadres ayant une foi inébranlable, comme le régime est une dictature qui cache ses aspects les plus répugnants, elle s'accomode très bien d'une bureaucratisation qui laisse la place à des gars comme le héros.
Perso, j'avais bien aimé. En revanche j'avais lu Archange, du même Robert Harris, et qui cette fois lorgne du côté du l'URSS stalinienne, et après un début très réussi, une peinture très crédible du dernier cercle de fidèles, et notamment de Béria, on part sur quelque chose d'assez moyen. Dommage.
Et là où je te trouve vraiment surper raide, c'est sur la crédibilité de cette Allemagne nazie, que je trouve au contraire assez bien vue. Speer y a fini ses travaux et a mis en place le Berlin qu'il avait en tête en 44. Les autres nations, 20 ans après, ont fini par s'accomoder de cette encombrante, mais incontournable puissance, et pour certaines (comme les US, ça n'a pas été si difficile que ça - rappellons qu'en 36, l'ambassadeur à Berlin était le père de JFK et qu'il trouvait ce jeune Hitler tout à fait sympathique et plein d'allant), et la manière dont le Reich s'est institutionalisé dans les anciens pays occupés est assez crédible.
Le personnage principal est certes assez anti-conformiste, mais n'oublions pas que ça se passe 20 ans après la guerre. La Gestapo n'a plus nécessairement besoin de cadres ayant une foi inébranlable, comme le régime est une dictature qui cache ses aspects les plus répugnants, elle s'accomode très bien d'une bureaucratisation qui laisse la place à des gars comme le héros.
Perso, j'avais bien aimé. En revanche j'avais lu Archange, du même Robert Harris, et qui cette fois lorgne du côté du l'URSS stalinienne, et après un début très réussi, une peinture très crédible du dernier cercle de fidèles, et notamment de Béria, on part sur quelque chose d'assez moyen. Dommage.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Oui, c'est vrai que je suis un peu dur...
Comme je l'ai dit c'est bien écrit.
Mais j'attendais mieux, autre chose. L'auteur a simplement projeté la hiérarchie nazie sur le monde des années 60 (avec quelques anachronismes quand même) sans essayer d'aller plus loin dans l'uchronie. En fait, son histoire aurait été aussi crédible à Moscou dans notre monde.
Car l'impact d'une dictature comme celle-là sur le monde scientifique, artistique et culturel serait (je le pense) bien plus fort qu'il n'est présenté.
Les avions sont identiques aux boeings (et les dirigeables ? ), la musique c'est les Beatles, l'art c'est Leonard de Vinci, etc...
Non, sincérement, j'attendais un monde plus divergent du notre.
Comme je l'ai dit c'est bien écrit.
Mais j'attendais mieux, autre chose. L'auteur a simplement projeté la hiérarchie nazie sur le monde des années 60 (avec quelques anachronismes quand même) sans essayer d'aller plus loin dans l'uchronie. En fait, son histoire aurait été aussi crédible à Moscou dans notre monde.
Car l'impact d'une dictature comme celle-là sur le monde scientifique, artistique et culturel serait (je le pense) bien plus fort qu'il n'est présenté.
Les avions sont identiques aux boeings (et les dirigeables ? ), la musique c'est les Beatles, l'art c'est Leonard de Vinci, etc...
Non, sincérement, j'attendais un monde plus divergent du notre.
C'est moins grave que si c'était pire ! (S.A.)
- Eric
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Ben au niveau technologique, spécialement dans l'aéronautique, les progrès des trentes glorieuses viennent pour beaucoup des recherches faites par les nazis.
Bon OK, niveau musique, ça le fait pas. Pas de Beatles sans base US en Angleterre. Mais sinon, rien ne m'avait vraiment choqué.
Bon OK, niveau musique, ça le fait pas. Pas de Beatles sans base US en Angleterre. Mais sinon, rien ne m'avait vraiment choqué.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Je viens de terminer ce bouquin, comme je ne suis pas une grosse lectrice de SF je suis peut-etre moins exigeante car j'ai peu de références pour comparer. En tout cas, je l'ai trouvé très bien, avec une alliance polar + uchronie vraiment bien foutue.
Je ne me suis pas trop posée cette question de la crédibilité de l'Allemagne reconstruite à partir de l'organisation nazie, mais en tout cas l'incrédibilité ne m'a pas sauté au visage. Le fait effectivement que le type anti conformiste soit toujours en poste (et vivant) malgré son refus d'entrer dans le parti et de mener une vie "normale" me semble être cohérent avec plusieurs réflexions éparpillées dans le roman, au sujet du ramollissement de l'Allemagne. Et ceci me semble cohérent aussi sur le plan humain, la population s'est habituée à la dictature, même les pays autour s'y sont habitués (au point d'accepter de signer une alliance de la part des USA qui résistaient jusque là), les gens d'une certaine façon s'auto domestiquent, il n'y a plus besoin de types en manteau noir dans chaque maison pour surveiller puisque la population a intégré le système au point de le défendre elle-même (par peur essentiellement, mais peu importe au niveau des faits c'est ce qui se passe). Au point même que les gens peuvent se trahir au sein de la même famille, tant le modèle propagandiste est fortement intégré.
Et puis il est encore en poste mais quand même à un moment son dossier constitué par la Gestapo depuis des années remonte à la surface, et on se rend bien compte que même s'ils n'ont rien fait pendant des années, ils l'ont quand même surveillé, ce qui est cohérent avec un système totalitaire.
J'ai lu quelque part que le roman avait été au départ censuré en Allemagne, ce qui m'a un peu étonnée d'abord, mais en y réfléchissant, le fait de représenter la population allemande complètement soumise et domestiquée, et désireuse aussi de ne pas savoir ce que les juifs relogés à l'est sont vraiment devenus (même si tout le monde s'en doute plus ou moins) a effectivement de quoi choquer cette population. Et ce, même si ça n'est pas à mon avis dirigé contre la population allemande elle-même, mais plus une réflexion globale sur l'attitude humaine vis à vis du totalitarisme.
D'ailleurs, les Etats-Unis aussi en prennent pour leur grade, lorsque :
SPOILER
dans les documents retrouvés, il y en a qui laissent entendre que la population américaine comprend le dégout des allemands vis à vis des juifs. Pourtant c'est assez "juste", non pas vis à vis de la population américaine en elle-même, mais plus généralement, à une certaine époque l'antisémitisme était très répandu, ça n'était pas "mal" comme maintenant, c'était comme avant de penser que les noirs n'avaient pas d'âme ou autres trucs du même genre. C'est une histoire de contexte et d'époque. L'antisémitisme est devenu un tabou total et le symbole du mal à l'état pur ou presque après la guerre, lorsqu'on s'est rendu compte où ça pouvait mener. Mais dans le contexte du bouquin de Harris, où l'on ne sait pas ce qui est arrivé aux juifs, rien n'est venu bouleverser l'antisémitisme généralisé et commun, donc il perdure.
FIN SPOILER
Bref, pour ma part je trouve ce bouquin bien construit, je l'ai lu d'une traite, car en plus le côté thriller est bien foutu, avec la petite histoire d'amour qui vient pimenter le tout.
Peut-être pas le chef d'oeuvre qu'on m'avait annoncé, mais un bon bouquin, agréable à lire.
Je ne me suis pas trop posée cette question de la crédibilité de l'Allemagne reconstruite à partir de l'organisation nazie, mais en tout cas l'incrédibilité ne m'a pas sauté au visage. Le fait effectivement que le type anti conformiste soit toujours en poste (et vivant) malgré son refus d'entrer dans le parti et de mener une vie "normale" me semble être cohérent avec plusieurs réflexions éparpillées dans le roman, au sujet du ramollissement de l'Allemagne. Et ceci me semble cohérent aussi sur le plan humain, la population s'est habituée à la dictature, même les pays autour s'y sont habitués (au point d'accepter de signer une alliance de la part des USA qui résistaient jusque là), les gens d'une certaine façon s'auto domestiquent, il n'y a plus besoin de types en manteau noir dans chaque maison pour surveiller puisque la population a intégré le système au point de le défendre elle-même (par peur essentiellement, mais peu importe au niveau des faits c'est ce qui se passe). Au point même que les gens peuvent se trahir au sein de la même famille, tant le modèle propagandiste est fortement intégré.
Et puis il est encore en poste mais quand même à un moment son dossier constitué par la Gestapo depuis des années remonte à la surface, et on se rend bien compte que même s'ils n'ont rien fait pendant des années, ils l'ont quand même surveillé, ce qui est cohérent avec un système totalitaire.
J'ai lu quelque part que le roman avait été au départ censuré en Allemagne, ce qui m'a un peu étonnée d'abord, mais en y réfléchissant, le fait de représenter la population allemande complètement soumise et domestiquée, et désireuse aussi de ne pas savoir ce que les juifs relogés à l'est sont vraiment devenus (même si tout le monde s'en doute plus ou moins) a effectivement de quoi choquer cette population. Et ce, même si ça n'est pas à mon avis dirigé contre la population allemande elle-même, mais plus une réflexion globale sur l'attitude humaine vis à vis du totalitarisme.
D'ailleurs, les Etats-Unis aussi en prennent pour leur grade, lorsque :
SPOILER
dans les documents retrouvés, il y en a qui laissent entendre que la population américaine comprend le dégout des allemands vis à vis des juifs. Pourtant c'est assez "juste", non pas vis à vis de la population américaine en elle-même, mais plus généralement, à une certaine époque l'antisémitisme était très répandu, ça n'était pas "mal" comme maintenant, c'était comme avant de penser que les noirs n'avaient pas d'âme ou autres trucs du même genre. C'est une histoire de contexte et d'époque. L'antisémitisme est devenu un tabou total et le symbole du mal à l'état pur ou presque après la guerre, lorsqu'on s'est rendu compte où ça pouvait mener. Mais dans le contexte du bouquin de Harris, où l'on ne sait pas ce qui est arrivé aux juifs, rien n'est venu bouleverser l'antisémitisme généralisé et commun, donc il perdure.
FIN SPOILER
Bref, pour ma part je trouve ce bouquin bien construit, je l'ai lu d'une traite, car en plus le côté thriller est bien foutu, avec la petite histoire d'amour qui vient pimenter le tout.
Peut-être pas le chef d'oeuvre qu'on m'avait annoncé, mais un bon bouquin, agréable à lire.
Un bon thriller dont l'uchronie n'est qu'un prétexte.
En ce qui concerne la "crédibilité" (l'emploi de ce terme me fait toujours doucement marrer), le roman a le mérite de pousser la logique du secret autour de la Solution finale jusqu'au bout. Bon 1963, ce n'est peut-être pas assez éloigné dans le temps.
PS : vachement documenté sur les grades militaires allemands.
En ce qui concerne la "crédibilité" (l'emploi de ce terme me fait toujours doucement marrer), le roman a le mérite de pousser la logique du secret autour de la Solution finale jusqu'au bout. Bon 1963, ce n'est peut-être pas assez éloigné dans le temps.
PS : vachement documenté sur les grades militaires allemands.
J'ai beaucoup apprécié ce roman. Maintenant, évidemment, il faut accepter le concept d'uchronie... J'y vois d'ailleurs une subtile réponse au négationnisme (à supposer que cette dérive mérite une réponse "subtile"). L'effort de documentation me semble très sérieux, et je pense qu'une bonne partie des anachronies sont relativement volontaires, pour "raccrocher" le lecteur au monde d'aujourd'hui (les Beatles... on pourrait en effet se dire que dans ce monde, des personnages comme les Beatles ne pourraient pas exister...). C'est un des problèmes de l'uchronie: si l'auteur réfléchit trop à la "vraisemblance" (si on ose dire, en effet), il sera obligé de supprimer la plupart des allusions au monde récent tel que nous le connaissons. C'est possible, mais cela risque d'aller fortement à l'encontre de ses objectifs.
Oncle Joe
Oncle Joe
Perso ce bouquin a été une sacrée claque à l'époque où je l'ai lu, au point que je me souviens encore du nom du héros.
Un des trucs qui me reste particulièrement de ce livre c'est l'ambiance déprimante de cette Allemagne victorieuse, j'avais vraiment une sensation de traverser un pays tristouille et malsain, où ça ne respire pas du tout la joie de vivre.
Un des trucs qui me reste particulièrement de ce livre c'est l'ambiance déprimante de cette Allemagne victorieuse, j'avais vraiment une sensation de traverser un pays tristouille et malsain, où ça ne respire pas du tout la joie de vivre.