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Hop, comme je suis en forme, un résumé de mes lectures de vacances avec de vrais morceaux de trolls à l'intérieur.

Alain Damasio, "la zone du dehors". Je vais certainement en faire bondir quelques uns, mais c'est un mélange entre "Révolte sur la lune", "en terre étrangère" et un pamphlet libertaire. Coté écriture, c'est globalement plus léger que "la horde du contrevent", a part quelques passages difficiles à digérer. Politiquement, c'est beaucoup plus rigolo: Les gentils libertaires arrivent assez facilement à lutter contre la méritocratie et à batir leur utopie. Je passerais sur le fait que le mouvement que le mouvement libertaire en question est finalement organisé autour d'un bureau politique léniniste, pour insister sur le fait que la manière dont ils organisent leurs coups d'éclat n'est tout simplement pas crédible. Reste le discours politique qui parraitra naif pour certains et iréaliste pour beaucoup. Bon, vu comme ca, on pourrait croire que je suis négatif, mais c'est malgré tout une lecture agréable.

Fabrice Colin, "la mémoire du vautour". Je préfère prévenir tout de suite: je suis un grand fan des bouquins de littérature "générale" de Fabrice Colin. "La mémoire du vautour" permet de suivre des instants de vie de quelques personnes, qui semblent prédestinées à s'attirer des ennuis dans des endroits exotiques: les communautés hippies en Inde, les services secrets US au moyen-orient, les hotels thailandais les jours de tsunamis. On suit ainsi la vies de quelques personnages ayant des liens ténus entre eux entre les années 70 et maintenant. L'écriture est toujours aussi claire et ca se dévore sans pouvoir s'arreter, voir ces personnages entourés par la mort et une sorte de prédestination les conduisant ou les faisant froler la tragédie est fascinant.

Thomas Day, "le trone d'ébène". Un version fantasy de la vie de Chaka, grand chef de guerre zoulou du début du XIXeme. Un bouquin tout à fait agréable, que j'ai juste trouvé un peu trop "propre" pour etre du thomas Day.

Jérome Noirez, "Les nuits vénéneuses", tome 2 du cycle. J'ai déjà dit le bien que je pensais du premier tome, ce deuxième est encore meilleur, peut-etre parce qu'il semble plus facile à digérer, certainement parce que je commence à m'habituer à cet univers debordant.

Théodore Roszak, "le diable et Daniel Silverman". Un écrivain juif homosexuel de San Francisco est invité par une communauté religieuse chrétienne du Minnesota à faire une conférence le 31 décembre. Arrivé sur place, on lui fait comprendre que ca serait bien qu'il ne parle pas de "ces histoires sur le prétendu holocauste" et quelques autres trucs du même genre. Evidemment ca se passe mal, et par dessus tout ca le blizzard se leve et il se retrouve coincé chez les intégristes. C'est plein de péripéties, on se bat à coup de citation biblique contre citation romanesque, il n'y a pas de lourdeur et la communauté religieuse fait froid dans le dos tout en étant crédible.

Bref, coup de chance ou bonne sélection, 5 bons livres à lire.

Zone du Dehors: pas fini. Je dois le reprendre depuis le début. Ce qui n'est pas forcément mauvais signe. Mais j'ai pas peur de dire que les engagements rêveurs d'Alain, les cours de philo improbables et autres bris de tibia de gamine de dix ans m'avaient un peu gonflé. Alors même que rien que la scène initiale de bobsleigh et les quelques instants dans la Zone du 1er chapitre imposent le livre comme bien meilleur que pas mal de choses prétendûment "réussies"...

La mémoire du vautour: fini, et relu, et toujours pas "compris", mais déjà pas mal analysé. Effectivement, en lecture linéaire coulante, ça se lit comme tu le décris. En réalité, il y a plein de trucs à creuser. Je m'y remets ces jours-ci pour livrer un papier dès que possible.

Du même Colin, j'ai lu sur la plage Dreamericana, et j'en suis ressorti fasciné et très ému. J'y ai décelé, d'ailleurs, pas mal de choses, côté thèmes, style, narration, qu'on trouve dans La mémoire du vautour. Un GPI pas volé, un grand, grand livre.
Je sens que lorsque Fabrice aura le temps suffisant pour écrire un gros, gros livre (vue sa vitesse d'écriture, en un an/un an et demi, il devrait pouvoir faire ça), ça va faire très mal. Pour peu, toutefois, que l'ampleur du livre lui permette de ne pas verser dans l'ellipse à outrance, défaut formel majeur de la Mémoire du Vautour, qui finit par plomber le bouquin alors même que tout détail narratif fait sens, et que le plaisir de la lecture, quoique aveugle, est bien réel. Fabrice voit des trucs, pige et fait piger des tas de choses, mais ça finit presque par aller trop vite. La fluidité de sa plume finit par installer le lecteur dans une sorte de vitesse absolue qui désoriente et laisse le lecteur désemparé.

Et comme toujours, les défauts s'inversent aussi en qualités: c'est précisément l'une des définitions possibles d'un vrai grand auteur doté d'un style: la faculté d'imposer au lecteur une vitesse de lecture singulière. Très rapide, très lente, syncopée, faite d'accélérations et de ralentissements, mais toujours unique, et surtout dictée par le texte lui-même.
Je garde de côté, pour le moment, mes premiers éléments d'analyse sur la MDV, on en reparlera!