Livres hors collections SF (Volodine, Raspail, Capron)
Posté : jeu. déc. 27, 2007 8:40 pm
Au moins trois livres, dont je parlerai très bientôt en chroniques, et qui valent soit un petit coup d'oeil, soit de belles heures vraiment très planantes:
- Volodine, d'abord, avec Songes de Mevlido. L'impression d'une poétique d'écriture parfaitement juste, en phase avec l'immense ambition de Volodine de subvertir, par la création d'un monde "post-exotique", les rapports habituellement posés entre fiction et réalité, entre vérité et mensonge. Peut-être, dans des sociétés chaotiques post-totalitaires, faut-il s'inventer à soi ses propres mensonges, ses propres sas de passage dans des univers moisis et asphyxiés, pour retrouver la valeur qu'a toute existence. Un très grand Volodine, donc. Le début de l'histoire, grosso modo: un flic envoyé on ne sait plus quand surveiller d'anciens bolcheviques dans une espèce de ghetto, qui fait d'étranges rêves (corbeaux mutants, etc), et vit, après le décès de sa femme, avec une femme apparemment simple d'esprit, mais habitée d'éclairs de poésie et d'intelligence. Narration de moins en moins conceptuelle, de plus en plus proche de la réalité concrète, par rapport aux précédents ouvrages. Et, comme toujours, les obsessions de l'auteur: le nombre 49 (ici, le nombre de chapitres), les scènes d'auto-accusation, les scènes policières, la moisissure des choses, la dissolution des arêtes nettes de la réalité.
- Jean Raspail, ensuite, avec Septentrion. Clairement inscrit dans une certaine lignée d'écriture anti-totalitaire (bien écrit, mais trop didactique pour qu'on adhère réellement). Une plaidoirie contre l'uniformisation totale de toutes choses et de toute pensée.
L'histoire: Une trentaine de personnages hors-normes (ancien marchand d'esclaves, prêtre dévergondé, filles de joie, hussards...) fuient leur pays d'origine par un train lancé à pleine puissance, vers le "Septentrion", censé abriter un pays encore intact... Pourquoi? Parce que tous les autres êtres humains ont perdu leur individualité, s'appellent tous désormais "Rudeau", et sont habillés de gris... Le message est transparent: préserver la singularité contre l'immense uniformité qui menace les sociétés contemporaines.
- Julien Capron, enfin, avec Amende Honorable, dont j'ai lu un petit tiers pour le moment (650 pages, tout de même), qui propose une fresque épique se situant dans une République imaginaire où la peine de mort a été rétablie et où il s'agit pour les condamnés, avant d'être guillotinés, de faire "amende honorable", de regretter leurs crimes. Enjeux politico-médiatiques, fichages ADN, tout est foisonnant, servi par une plume à la fois légère et puissante, précise et inspirée.
Quelqu'un a eu l'occasion de lire l'un ou l'autre de ces livres?
(ou bien tout le monde attend mes chroniques en retard?)
- Volodine, d'abord, avec Songes de Mevlido. L'impression d'une poétique d'écriture parfaitement juste, en phase avec l'immense ambition de Volodine de subvertir, par la création d'un monde "post-exotique", les rapports habituellement posés entre fiction et réalité, entre vérité et mensonge. Peut-être, dans des sociétés chaotiques post-totalitaires, faut-il s'inventer à soi ses propres mensonges, ses propres sas de passage dans des univers moisis et asphyxiés, pour retrouver la valeur qu'a toute existence. Un très grand Volodine, donc. Le début de l'histoire, grosso modo: un flic envoyé on ne sait plus quand surveiller d'anciens bolcheviques dans une espèce de ghetto, qui fait d'étranges rêves (corbeaux mutants, etc), et vit, après le décès de sa femme, avec une femme apparemment simple d'esprit, mais habitée d'éclairs de poésie et d'intelligence. Narration de moins en moins conceptuelle, de plus en plus proche de la réalité concrète, par rapport aux précédents ouvrages. Et, comme toujours, les obsessions de l'auteur: le nombre 49 (ici, le nombre de chapitres), les scènes d'auto-accusation, les scènes policières, la moisissure des choses, la dissolution des arêtes nettes de la réalité.
- Jean Raspail, ensuite, avec Septentrion. Clairement inscrit dans une certaine lignée d'écriture anti-totalitaire (bien écrit, mais trop didactique pour qu'on adhère réellement). Une plaidoirie contre l'uniformisation totale de toutes choses et de toute pensée.
L'histoire: Une trentaine de personnages hors-normes (ancien marchand d'esclaves, prêtre dévergondé, filles de joie, hussards...) fuient leur pays d'origine par un train lancé à pleine puissance, vers le "Septentrion", censé abriter un pays encore intact... Pourquoi? Parce que tous les autres êtres humains ont perdu leur individualité, s'appellent tous désormais "Rudeau", et sont habillés de gris... Le message est transparent: préserver la singularité contre l'immense uniformité qui menace les sociétés contemporaines.
- Julien Capron, enfin, avec Amende Honorable, dont j'ai lu un petit tiers pour le moment (650 pages, tout de même), qui propose une fresque épique se situant dans une République imaginaire où la peine de mort a été rétablie et où il s'agit pour les condamnés, avant d'être guillotinés, de faire "amende honorable", de regretter leurs crimes. Enjeux politico-médiatiques, fichages ADN, tout est foisonnant, servi par une plume à la fois légère et puissante, précise et inspirée.
Quelqu'un a eu l'occasion de lire l'un ou l'autre de ces livres?
(ou bien tout le monde attend mes chroniques en retard?)