‘ Fabrice Colin est mort

[Katioucha]

à 33 ans, dans l’incendie de son petit appartement de banlieue’

Extrait du préambule de Comme des fantômes : histoires sauvées du feu de Fabrice Colin, Ed. Les Moutons électriques.
Fabrice Colin vient de sortir un recueil de nouvelles et, comme il a un sens de l’humour déplorable, il a décidé de donner à ce livre une allure funèbre en mettant en scène sa propre mort. « On dirait que je serais claqué et qu’André-François Ruaud profiterait de l’occasion pour publier ce bouquin ».
De plus, comme Fabrice Colin crédite ses amis du même sens de l’humour malsain que celui dont il est affligé, le livre est bourré de rubriques nécrologiques rédigées par tout un tas de gens du milieu SFFF. Morts de rire.

Le recueil, belle chose illustrée par Arnaud Cremet avec rabats, vernis et toute la sauce, commence par une préface de Claro, qui explique qu’avec son pote Colin, ils avaient décidé « de créer une collection imaginaire de monocles. » A la mort de Colin, « j’ai jeté ma collection de monocles aux chiottes et j’ai tiré la chasse. Evidemment, ça les a bouchées illico. J’allais pas appeler le plombier pour déboucher des chiottes qu’obstruaient des trucs imaginaires. J’ai déménagé. »
Suit une biographie où l’on apprend que Colin a fait un voyage en Toscane avec Xavier Mauméjean (« Oui, eh bien parlons-en, de cette rencontre en Toscane, commente Mauméjean. J’avais fait le voyage en Italie sur les traces de Pinocchio, Colin me l’a entièrement gâché. »),
qu’il s’est brouillé avec Johan Heliot (« Au fond, Johan n’est qu’un faiseur », F. Colin, Carnets de notes),
un commentaire de Xavier Vernet, libraire (« A un moment je suis allé le trouver pour lui dire à quel point j’avais aimé son texte. C’était un mensonge, évidemment. »),
de Gilles Dumay (« Fabrice m’a envoyé une de ses nouvelles que j’ai retenue pour publication. Sincèrement, je ne me souviens plus du texte – il ne devait pas être très bon. »),
d’Audrey Petit (« Je me souviens avoir soupiré, je crois. Non, vraiment, éditeur est un métier sérieux. »),
quelques considérations de l’auteur sur l’acte d’écrire (« Pour voir si le néant est soluble dans le verbe ». C’est beau. Qu’on se rassure, c’est l’inverse.),
un souvenir d’André-François Ruaud (« Au moment où je commençais à travailler au Panorama illustré de la fantasy et du merveilleux , [j’ai téléphoné à Fabrice et] je lui ai appris que je pensais à Xavier Mauméjean pour la notice sur Rackham. « Super, a-t-il déclaré, vraiment génial. Xavier va foncer sur Wikipédia, il va te faire trois copier/coller et il va te rajouter une batterie d’adverbes. Tu as raison de prendre des types qui n’y connaissent rien. » »),
une interview par Richard Comballot (qui est une copie saoule d’une interview réellement publiée dans Bifrost :
R.C. : « Je m’efforce d’écrire chaque jour, que ça me plaise ou non », réponds-tu lors d’une interview. C’est ça, entre autres, être professionnel ?
F.C. : Ah, ah, je ne sais pas où tu as lu une connerie pareille mais je n’ai certainement jamais dit ça ! Mon idéal professionnel, c’est de trouver une nana qui accepte de m’entretenir ou de gagner au loto,
le récit anonyme de son enterrement (« le prêtre est arrivé, bourré comme un coing »),
et une épreuve de nouvelles avec les corrections (en tout cas au début, parce qu’à la fin le papier est tout froissé, c’est illisible, tout raturé, avec un grand MOI VIVANT CE PUTAIN DE TEXTE NE SERA JAMAIS PUBLIE AH AH ! griffonné par dessus.) Dans le même genre, il y a Xperiment, texte automatique en colonne dont on comprend mal le début et pas du tout la fin, vu que la tête d’impression s’est décalée et que les caractères sont brouillés, et aussi Ladicius , un pouème illustré par « une jeune dessinatrice néerlandaise internée en même temps que l’auteur ») et enfin, une postface de David Calvo (« Avant ce coup de fil de Ruaud, je n’avais jamais entendu parler de Fabrice Colin. Ruaud m’a dit : Colin est mort.
- Qui ?
- Fabrice Colin, tu sais.
- Non
[…]
- Tu crois qu’il va devenir célèbre, maintenant ? Comme Grégory Lemarchal ? »)
Tout le livre est rempli de trucs comme ça. Je me suis bien marrée.

Bon, c’est pas le tout, passons aux nouvelles. D’abord Naufrage mode d’emploi, GPI 1999, ou « Ce qui se passe dans les marécages de l’inconscient d’un auteur de fantasy que son éditeur oblige à écrire du roman historique », texte aussi connu sous le nom de Frodon et le mildiou, très bien.
Ensuite vient Arnarstapi , Alice Liddell à l’age de, euh… 130 ans, bon pied bon œil, et son garde malade un peu névrosé qui traque avec son chiffon ce fichu chat du Cheshire qui fout des sourires partout.
Puis Une autre fois, Damon , immonde. C’est l’histoire d’un père qui essaye de se remettre de la mort de son fils, elle est immonde.
Suit Chez les vivants, immonde aussi, si vous voulez savoir ce qui se passe entre le moment où votre médecin vous dit, sur un ton doucereux : « Il faudrait faire une biopsie / un scanner / un test HIV» et le moment où les résultats tombent, lisez-la.
Après, on trouve Le coup du lapin , (« Papa, ils vont où les lapins après les tours de magie ? », ça ! C’est de l’intro), et Eloge des poissons-gouffres, où un type nommé Elric fait des choses sexuelles à une fille nommée Etyhelia avec une épée nommée Strombringer, hahaha ! Ca a l’air vachement bien. Sauf à la fin où ça dérape, forcément. Bien fait. Never play leapfrog with a unicorn.
Dans le tas, on trouve aussi Ghost story, quand un jeune homme rencontre son grand père pourtant décédé :
- Papy, j’ai dit. Tu es censé être mort.
- Je suis mort, fils.
- Alors qu’est-ce que tu fous là ?
Comme d’habitude avec Fabrice Colin, l’écriture est à la fois poétique et drôle. Comme le dit certain critique émérite : « Et puis zob, c’est bien écrit ». Moi, je n’avais jamais remarqué à quel point Fabrice Colin est obsédé par la mort mais c’est que je me fatigue peu à réfléchir. En tout cas, ce type est un vrai punk à la Patti Smith : il a réussi à avoir une mort rock’n roll sans devoir mourir vraiment. Chapeau.
Bon, c’est pas tout ça, mais je n’ai pas tout fini alors j’y retourne. J’en suis à un texte nommé Ivre au temps . Il paraît que quand on le lit, on finit bourré. C’est bien, ça fait des économies.

[Transhumain]

Putain, une fraction de seconde j'ai flippé. Ca va pas, non, d'intituler un thread comme ça ?!?

[Eric]

Pareil ! Odieux marketing. Dire qu'il a 33 ans.

[Virprudens]

Bordel !
Si tu trouves ça marrant...
Je viens d'arriver au taff - j'ai fait un bon commak - tous mes collègues se demandent pourquoi.
Bordel de scrogneugneu !

[Eric]

Arrêter de conforter Catherine dans ses plus viles pulsions forumesques.

[jlavadou]

Ben je suis déçu que ce soit une blague, je pensais que du coup son bouquin prendrait plus de valeur et qu'on pourrait le revendre plus cher, mais même pas...

(bon en tout cas ça aura eu le mérite de donner envie de le lire, ce bouquin)

[orcusnf]

Putain, une fraction de seconde j'ai flippé. Ca va pas, non, d'intituler un thread comme ça ?!?

comme tout le monde je crois. catherine, c'est pas beau comme méthode marketing. C'est trop tôt, le souvenir de Arthur C Clarke est encore trop frais.

[Nébal]

'tain, ça tombe comme des mouches...

CATHERINE DUFOUR N'EST PLUS

Saint-Jérôme-sur-Pauline, 14 avril, 13h43.

L'écrivaine d'heroic fantasy Catherine Dufour, contre laquelle avaient été intentées dans la matinée du lundi 14 avril des poursuites pour divulgation de fausse nouvelle, méthode de marketing que-même-TF1-ils-oseraient-à-peine, name-dropping éhonté et humour post-moderne (TF1, les anti-pubs, Vincent Delerm et la Ligue Contre le Rire s'étant portés parties civiles), a trouvé la mort à 13h42 dans le pittoresque petit village de Saint-Jérôme-sur-Pauline (72), où elle s'était réfugiée pour fuir la colère des sympathisants colinophiles. Ceux-ci l'ont cependant débusquée dans une cave à 13h36, et l'ont reconnue malgré sa barbe. Au cri de : "Vengeance !", ils ont alors lapidé Mme Dufour avec les oeuvres complètes de Léa Silhol.

Les dernières paroles de Catherine Dufour, qui était connue pour avoir écrit des livres, furent : "Aaaaargh."

Le meneur forcené des colinophiles, du nom de Fabrice Colin, a alors été saisi par les forces de l'ordre. Tandis que les gendarmes le faisaient monter dans leur camionnette, il continuait de hurler : "Ouais, ben d'abord c'est çuy qui dit qu'y est !" Après quoi il s'est suicidé d'une rafale de mitraillette dans la nuque, enfermé dans une cabine de haute tension qu'il avait lui-même jetée dans la Pauline. "On a rien pu faire", a déclaré le commissaire Bourin.

Le Président de la République, immédiatement informé du drame, s'est rendu à Saint-Jérôme-sur-Pauline (72) en début d'après-midi. "C'est bien fait pour leur gueule, à ces pauvres cons de terroristes", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse improvisée. Après quoi il a beaucoup regretté Catherine Dufour et "ses livres immortels".

Le Président de la République s'est ensuite exprimé sur l'épineuse question de l'origine génétique de l'écriture d'Appel d'air, a recommandé aux Français de faire "confiance au Gouvernement et à Dieu", et s'est engagé énergiquement à légiférer par ordonnances sur l'interdiction des livres, "afin que de tels drames atroces ne se reproduisent plus jamais dans notre si beau pays".

Cela pourrait donc compromettre la stratégie marketing élaborée conjointement par les deux auteurs. Catherine Dufour devait en effet livrer prochaînement L'odeur de l'immortalité dans un quart d'heure et la version final cut collector edition with fishes du Goût de l'immortalité.

Désolé...

Sinon, j'ai envie de lire cette chose.

[Eric]

Pour leur rendre hommage, le président à aussitôt préconisé la lecture de leurs participations respectives à l'antho Appel d'air, toujours disponible sur le site des éditions ActuSF.

"C'était quand même une belle brochette d'enculés de gauchos !", aurait-il ajouté en aparté. Aparté hélas surpris par les journalistes du blog du Courrier de Luché-Pringé (72). Blog qui a, depuis, été attaqué par le mystérieux gang de hackers néo-libéraux Cult of Sarkow.

[jlavadou]

Hier à Saint-Jérôme-sur-Pauline, ce fut une journée comme une autre : le soleil a brillé toute la journée, les gens sont sortis se promener au bord de l'étang du Gardon Joyeux, et le soir tout le monde est rentré heureux, louant le gouvernement de leur offrir un cadre de vie si épanouissant. Bref, il ne s'est absolument rien passé d'exceptionnel.

[Katioucha]

Mouahaha !

[Fred Combo]

Woufff !
Moi aussi, j'y ai cru !
Faut dire que c'est efficace parce que maintenant j'ai foutrement envie de l'acheter, ce livre, même si ce n'est pas très moral, cette méthode de vente...
Attention, Katioucha, tu le paieras un jour : c'est "le coût de l'immoralité" !
Mouarfff ouarff ouarfff... (et hop, une pustule !)

[Eric]

Mouahaha !

C'est ce que s'est écriée Catherine Dufour, à la fin du happening médiatique auquel elle venait de participer en compagnie de Fabrice Colin, hier dans la sympathique bourgade de St Joseph sur Pauline.

Tôt dans l'après-midi, les deux auteurs de science fiction, sans doute en mal de reconnaissance littéraire, se sont livrer à une sinistre plaisanterie au beau milieu de la Place Claude Guéant. Plaisanterie qui s'est terminée par le simulacre de lynchage de Catherine Dufour, et le faux suicide de Fabrice Colin.

Joint par téléphone, Auguste Lamouillette, maire divers droite de St Joseph sur Pauline, s'est déclaré "scandalisé des dérives médiatico-germanopratoise de ces scribouillards à la con !" "Qu'y gardent leurs saloperies pour l'arrière salle de chez Lipp ! On des gens convenables, nous." a-t-il conclu.

Lucienne Belpère, originaire de Loche, mais de passage dans notre région, a assisté à toute la scène, et en est restée particulièrement choquée :

"C'est vrai quoi, moi je lis jamais. Sauf Paris Match, mais c'est pas vraiment lire, hein ? Alors pourquoi qu'ça m'tombe dessus. Est-ce que je vais les faire chier dans leurs librairies ?"

Seuls les jeunes semblent avoir trouvé l'initiative sympathique. Kevin, assis sur Booster, était là lui aussi.

"C'était trop frais ! Putain, pour une fois qu'y s'passe un truc ici. C'est c'quon a eu de plus cool depuis le concert de Yelle, pour la St Jean. À part peut-être celui de Daniel Guichard pour le 11 septembre. Le jour de la fête du village. Z'avaient l'air cool en plus. Dommage qu'y z'écrivent de la merde." a-t-il finalement lâché avant de se replonger dans son De Aeternitate Mundi. "Philon D'alexandrie, mec ! Ça, ça déchire vraiment sa race !"

[Seb]

J'ai pris un gros coup de vieux là...

[Katioucha]

comme tout le monde je crois. catherine, c'est pas beau comme méthode marketing.

Mémémé ! Je ne touche pas un sou, moi, dans cette affaire. Je tenais seulement à saluer bien bas le gag le plus lamentable de l'année.