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Ballard est-il un auteur bobo ?

Posté : ven. avr. 28, 2006 4:05 pm
par Eric
Bon, j'ai lu la Trilogie de béton, et... cruelle déception.

Crash sort du lot, même si perso je n'ai pas aimé parce que les bouquins pornos m'emmerdent. Mais c'est très bien écrit, parfaitement maîtrisé dans le rythme, très bien vu.

Mais les deux autres (L'île de béton et I.G.H) sont plats, dispensables, et surtout particluièrement nombrilistes et centrés sur la petite élite intellectuelle de cette vaste classe moyenne. Ca m'a un peu rappelé le Eyes Wide Shut de Kubrick, et provoqué un peu le même genre de désintérêt diffus. Les affres du doute "petit bourgeois" de ce médecin new-yorkais m'avaient profondément ennuyés, parce que fondamentalement, sa vie ne m'intéresse pas, et plus que tout, son ennui ne m'intéresse pas.

Exactement le même genre de sentiment pour la Trilogie de béton. La crise de quarantaine de Ballard ne m'intéresse pas.

Si il ne gère pas ses périodes de doute, qu'il se paye une analyse... et si c'est le cas, qu'il attende de l'avoir digérée avant de se relancer dans l'écriture.

Re: Ballard est-il un auteur bobo ?

Posté : ven. avr. 28, 2006 4:28 pm
par rmd
Eric a écrit :Si il ne gère pas ses périodes de doute, qu'il se paye une analyse... et si c'est le cas, qu'il attende de l'avoir digérée avant de se relancer dans l'écriture.
A son age, c'est un peu tard. Bon, j'ai eu une période Ballard très intense ou je ne jurais que par lui (ca devait etre juste après ma période Dick :) ), et j'en garde le souvenir de romans pas forcément simples à digérer, mais je me permet quand même de conseiller quelques livres:

- vermilion sands, un recueil de nouvelles contenant quelques textes magnifiques
- La forêt de cristal
- le jour de la création

Posté : ven. avr. 28, 2006 4:54 pm
par Eric
Vermillion Sands, je cautionne. Très joli recueil, j'avais d'ailleurs fait la chronique ppour l'Archiviste.

la Forêt de cristal m'estombé des mains, mais généralement les histoires en Afrique m'emmerdent un peu, je n'ai aucune fascination pour ce continent.

Le jour de la création, connaît pas.

J'avais aussi essayé la Foire aux Atrocités, qui est assez typique du genre de bouquin qui est basiquement illisible mais qui rend les lecteurs qui ont tenu jusqu'au bout tellement fiers d'eux, que ça en devient un roman culte. Ajouter à cela que ça la fout mal pour un critique de dire qu'il n'a rien pané au bouquin, donc, de base et dans le doute il va dire que c'est génial. D'où une réputation flatteuse, mais usurpée.

Posté : ven. avr. 28, 2006 5:44 pm
par kibu
Et le rapport avec les bobos ?

Posté : ven. avr. 28, 2006 5:52 pm
par Eric
Oui pardon, j'ai un peu sauter directement de l'argumentation de ma chronique au post.

Dans chacun des bouquins de la Trilogie, qui prétend être un instantanné du monde moderne, les personnages sont tous des petits bourgeois dans le coup. Les quelques approches de Ballard pour parler du prolétariat sont caricaturales (l'île de béton) ou risibles (I.G.H, où l'échelle sociale qui est sensée être symbolisée par la progression dans les étages est ridicule puisque ce qui est sensé représenter le prolétariat sont des hôtesses de l'air et des techniciens de l'audiovisuel). Résultat, les trois romans ne sont qu'une projection de la crise de la quatantaine d'un auteur branché, très upper middle class.

Il projette ses angoisses sur le monde dans son entier et tente de nous convaincre que ses symptômes sont universels. Or ils ne le sont pas.

Posté : sam. avr. 29, 2006 9:52 am
par kibu
OK, je comprends mieux.
Personnellement, les romans de Ballard évoquent plus chez moi une un regard misanthropique sur la "modernité" (je sais que l'on prête à ce terme le sens que l'on désire). Ceci peut se comprendre au regard de son expérience d'interné en Chine (un camp d'internement doit être un microcosme assez révélateur sur les rapports humains).
Par ailleurs, je me demande si les derniers romans de Ballard ne sont pas davantage une projection du malaise vécu par la classe moyenne qui voit ses conditions de vie se rapprocher de celles du prolétariat.
Evidemment, c'est un ressenti très personnel et, à ma décharge, je dois avouer que je n'ai pas lu Crash, L'île de béton et IGH.

Posté : sam. avr. 29, 2006 10:09 am
par Eric
C'est un peu l'impression que laissaient ses propos sur Millenium People (que je n'ai pas lu). Encore qu'il soit certainement plus préoccupé par le mirage d'une uniformisation des modèles sociaux. Mais ce qui est étrange c'est qu'à lire ses textes dans Millénaire Mode d'emploi, le bonhomme n'a pas l'air si misanthrope que ça.

Je ne pense pourtant pas qu'il y est une posture chez lui, ce qui me laisse d'autant plus perplexe.

Posté : sam. avr. 29, 2006 10:16 am
par kibu
Ceci dit, mon impression ne repose que sur la lecture de Millenium people, Super-Cannes et Le massacre de Pangbourne.
Peut-être un peu court pour juger définitivement le bonhomme.

Posté : sam. avr. 29, 2006 1:17 pm
par Eric
Déjà pas mal. Ce sont ces plus récents je crois ?

Posté : sam. avr. 29, 2006 6:01 pm
par kibu
Ce sont ces plus récents je crois ?
Respectivement 2003, 2000 et 1988.
Cependant, il me manque Le jour de la création (1988), La bonté des femmes (1992), La face cachée de soleil (1998).
En réfléchissant davantage, je me demande si Ballard n'aurait pas une tendance à se répéter actuellement.

Posté : sam. avr. 29, 2006 6:53 pm
par Eric
J'ai plutôt entendu du mal de ses derniers efforts, mais ne les ayant pas lus...

Posté : lun. mai 01, 2006 5:08 pm
par rmd
Eric a écrit :Le jour de la création, connaît pas.
tu peux passer, ca se déroule aussi en afrique.

Posté : jeu. mai 11, 2006 7:29 am
par jerome
Tiens, une critique de Millenium People

http://www.liberation.fr/page.php?Article=379702

Posté : ven. mai 19, 2006 10:27 am
par Gracie
Mais les deux autres (L'île de béton et I.G.H) sont plats, dispensables, et surtout particluièrement nombrilistes et centrés sur la petite élite intellectuelle de cette vaste classe moyenne.
De Ballard je n'ai lu que Millenium people et ce bouquin me semble tout à fait répondre à cette définition.
Vision acerbe, mais pas trop, de cette classe moyenne (mais pas trop moyenne non plus) d'intellectuels et autres érudits. Ce qu'il y a au dessus et au dessous, on n'en sait rien, ça ne semble pas exister. Donc, à mon avis, ça ne mène nulle part puisqu'on a l'image d'une société tronquée, artificielle et finalement ses petits problèmes existentiels m'intéresse peu.

J'ai quand même l'intention d'essayer "Crash" et "Vermillion sand"...

Posté : sam. mai 20, 2006 10:47 am
par Olivier
Moi j'ai beaucoup aimé IGH, où tu as une réflexion sur la nature humaine, telle que Ballard a pu la voir dans les camps japonais.

Vermilion sands est une petite merveille, à condition de rentrer dedans.
Au pire, lisez ses recueils de nouvelles parus en leur temps chez J'ai lu comme La plage ultime ou La région du désastre.
Priest dit que Ballard restera comme nouvelliste, et je suis plutôt d'accord.